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CHRONIQUES

Kaolin et de deux ?

Avis partagés sur le dernier album de Kaolin
lundi 1er mars 2004 à 00:23, par Charles-Henry Sadien, Mister K

Le nouvel album de Kaolin fait débat. Petite déception pour les uns, brillante confirmation pour les autres, une fois n’est pas coutume, deux chroniques se répondent et se complètent. De quoi vous donner l’envie d’écouter ce disque afin de vous faire votre propre opinion sur un des meilleurs groupes de rock français, en tout cas parmi les plus prometteur.

Kaolin explore des fonds sans fonds. Par JMP

Très attendu, « De retour dans nos criques » le second album du groupe Montluçonnais Kaolin [1], semble faire du surplace. Si la production est toujours aussi irréprochable, l’ensemble n’apporte rien de nouveau par rapport au premier album « Allez », et manque de profondeur. Petite déception.

Certains groupes ont réussi leur carrière en reproduisant définiment les mêmes plans. Nirvana savait utiliser à merveille l’alternance des passages calmes et agressifs. La « marque de fabrique » de Kaolin est tout aussi facilement identifiable : des compositions aux guitares brillantes et puissantes sur lesquelles viennent se fondre des paroles - en français, douces comme la peau d’un bébé dauphin. Pourtant, dès le second album, la formule semble déjà usitée. Non pas que « De retour dans nos criques » soit un mauvais album, mais les titres sont dans la parfaite continuité du premier, sans être cependant aussi accrocheurs. En poussant la critique un peu loin, on pourrait même écrire que ce second album n’est en fait qu’une compilation des fonds de tiroirs et des morceaux qui n’avaient pas pu être retenus sur le premier opus. Bien entendu, « Loin de l’île », « C’est la vie » ou « Ne dis rien » sont de magnifiques singles en puissance. Bien entendu « Cette roche », « Shalem » ou « Caraïbes », démontrent un sens mélodique et une maîtrise musicale sans doute au dessus de la moyenne des productions actuelle. Mais l’album dans sa globalité ressemble plus à un exercice de style se conformant aux goûts du moment (Mogwaï, Muse...) qu’à une décharge émotive que le groupe aimerait faire partager. Probablement que Kaolin n’avait rien a dire de plus avec « De retour dans nos criques ». Mais la logique du business de la musique fait qu’après un album et une tournée, il faut enchaîner avec un second album pour battre le fer pendant qu’il est encore chaud. L’écoute et la lecture attentive des paroles confirment bien ce défaut d’inspiration. Si Kaolin a l’habitude de choisir ses mots davantage en fonction de leurs sonorités qu’en fonction de leur signification, « De retour dans nos criques » accentue cette tendances, parfois jusqu’à l’absurde tant la recherche de l’esthétisme musical est faite sans concession par rapport au signifiant. Une chanson doit-elle forcément raconter une histoire ou signifier quelque chose ? Sans doute pas. Mais assurément, la faiblesse criante des textes de ce deuxième album risque d’en déranger plus d’un. « De retour dans nos criques » aura certainement à ce titre, une durée de vie très limitée.


Kaolin, l’art des mélodies agiles. Par Mister K

Dés le titre de l’album, on nous le rappelle, il s’agit d’un retour...pas gagné d’avance. Car après l’excellent premier album, Kaolin était attendu, peut-être un peu trop d’ailleurs. On attendait mieux, plus loin, plus fort. Ils se contentent de faire aussi bien, ce qui n’est déjà pas si mal.

"De retour dans nos criques" est atmosphérique, même si les bourbonnais semblent vouloir nous embarquer, de la pochette à certains titres de chansons (Caraïbes, Loin de l’île) en passant par leur nouveau site web, vers le milieu marin. Car en fait d’île, il s’agit plutôt de l’île Dunlop, bien connu des Montluçonnais. Leur musique, fidèle au premier album, est stratosphérique, les couches mélodiques s’empilent, les guitares, encore plus présentes sur cet album que sur "Allez", montent en pression, les mots se font discrets.

C’est avec un talent intact, qu’ils nous ont concocté onze chansons inspirées, certes de recettes pas très nouvelles, mais toujours aussi efficaces. Les guitares de Kaolin connaissent bien les chemins des monts d’Auvergne, elles montent et descendent, grondent puis se calment avec naturel.
"De retour dans nos criques", qui donne le titre à cet album sort quelque peu du lot puisqu’on y reconnait la patte de l’excellent Sylvain Vanot, preuve s’il en fallait que les Kaolin ont le goût de la mélodie, et savent s’entourer.

Kaolin passe donc l’étape difficile du second album, haut la main. Pas de doute, ils sont pétris de talent. On espère juste qu’ils en gardent sous le pieds et qu’ils sauront nous surprendre dans les prochaines années. En attendant, on leur souhaite bonne route [2].

[1Kaolin - De retour dans nos criques - 2004 Barclay

[2Kaolin sera en tournée en Mars et Avril 2004 avec notamment des étapes à Paris les 25 et 26 Mars.