Yannick Bedin, conseiller municipal communiste, chargé des questions culturelles, signe un billet après le dernier conseil municipal : « Maison de la culture, on avance ». Ah ! On avance vers quoi ? On avance vers la construction d’un nouvel équipement Place Séraucourt, en lieu et place de l’ancienne « Macu », l’ancienne Maison du peuple transformé en Maison de la culture, première du genre en France, inaugurée par Malraux et De Gaulle. Pour l’instant, on n’a toujours pas trouvé les sous. Mais c’est sans doute un détail négligeable.
Ainsi, l’opposition, « l’extrême gauche » selon les médias (c’est comique, mais il n’est pas rare de voir qualifier le PCF et le Front de gauche ainsi) apporte son soutien à Pascal Blanc (UDI) grand Vizir de Lepeltier, devenu Calife à la place du Calife, et qui était chargé des grands travaux dans la municipalité précédente. Avec la réussite qu’on sait.
Monsieur Bedin qui affiche partout une belle photo de lui portant cravate — alors que dans la vie, personne ne l’a jamais vu en porter une — apporte ainsi la preuve de sa respectabilité et de son sens des responsabilités. Il rejoint d’un pas décidé les rangs de l’oligarchie, qui sait mieux que nous ce qui est bon pour nous.
L’oligarchie a décidé de détruire l’ancienne Macu. L’oligarchie se fout du patrimoine. L’oligarchie jongle facilement avec l’argent, surtout celui du contribuable. L’oligarchie a des goûts raffinés. L’oligarchie défend « la culture ». Et tant pis si la dite « culture » est hors sol, concocté par une autre oligarchie, parisienne de préférence. L’oligarchie parle à l’oligarchie.
L’oligarchie à Bourges n’est pas à confondre avec l’oligarchie parisienne. Qui elle-même n’a que peu à voir avec l’oligarchie internationale. Mais l’oligarchie de Bourges ou d’ailleurs suit toujours la même logique. Elle sait, elle a le pouvoir, et les moyens de l’exercer. Elle ne fait jamais d’erreurs, ce qui supposerait qu’il y a une véracité. Or l’idée de véracité est une idée vulgaire. La Maison de la culture de Bourges n’est pas tombée suite à une série calamiteuse de bévues et d’erreurs de jugements incroyables. Elle est tombée par une suite fâcheuse de circonstances. Qui est responsable ? Personne. Blanc était chargé des travaux. Non seulement il ne s’est pas fait licencier, mais le voilà Maire. Bonus pour les nuls. Nul il était, nul il reste. Et nous ne sommes qu’au début de son mandat. Au fait, qui a voté pour lui ?
La nouvelle Maison de la culture devrait coûter au bas mot 36 millions d’euros. Voilà qui va donner du grain à moudre à une société d’architectes et à de multiples entreprises du bâtiment. Relance de l’économie par les grands travaux ! Bourges, qui perd des habitants et des emplois, se doit d’avoir une politique culturelle prestigieuse. C’est sûr : une boite qui cherche à s’implanter quelque part va sans doute regarder la gueule de la nouvelle MCB avant de prendre sa décision !
Le bon peuple fait la moue. Il l’aimait bien la vieille Macu, même si il y mettait rarement les pieds. Il ne trouve pas raisonnable de s’endetter jusqu’au cou, voire davantage, pour financer un équipement qui au total offrira moins de places que l’existant. S’il arrive à votre maison de prendre l’eau, vous appelez un couvreur. Vous ne songez pas à la démolir pour en construire une autre, plus petite et plus moche, à côté.
Mais le bon peuple raisonne mal. Il ne voit pas l’intérêt de ces insipides nouveaux bâtiments publics en béton et en verre qui ornent partout les centre villes. Il ne savait pas que c’était pour son bien qu’on élevait le centre Avaricum, ce chef d’oeuvre nécessaire. Il résiste donc aussi à ce nouveau « projet ambitieux ». Par milliers, les gens, pour la plupart des inconnus, ont signé contre l’abattage des arbres de Séraucourt et pour la réhabilitation de la vieille Macu. Quelques dizaines de personnalités, du monde de l’art, de la politique et de la culture, défendent le nouveau projet. Les uns n’ont aucun pouvoir. Les autres tous les pouvoirs : culturels, politiques, économiques. Monsieur Lepeltier, Monsieur Blanc, Monsieur Colling, Monsieur Maillard, Monsieur Ruffin, Monsieur Bedin : même combat.
Monsieur Bedin, avec sa jolie cravate, est enfin parmi les siens. Quelques gueux campent encore à Séraucourt. On a la ZAD qu’on peut. Les représentants politiques et la Maison de la culture qu’on mérite.
Bourges, la culture et l’oligarchie
- epujsv
- 5 décembre 2014 à 12:47
Ce jour dans le Berry Républicain un long article interviewant Pascal Blanc (p.6)
Passages retenus :
– A propos de la réunion d’hier avec les professionnels de la culture : "Et je dois dire que je me fécilite du bon accueil avec beaucoup de questions et pas d’opposition. Ce dont je me réjouis car cela veut dire qu’il y a désormais un consensus sur ce dossier" - Faux, puisque des personnes ont gardé le silence.
– Sur les manifestants de Séraucourt : " C’est de la politique politicienne menée par des opposants qui cherchent à destabiliser le maire en début de mandat" : M. Blanc ne fait pas de politique politicienne et les 60000 signatures sont faits par des politiques politiciens. :-)
– Sur l’initiative du Président du CG de demander une mission d’étude - à vrai dire, cette "mission d’étude" n’est explicitée nulle part ; de quelle expertise s’agit-il au juste ? - " Maintenant il m’a assuré qu’il n’y avait aucune difficulté sur le soutien du département et qu’il avait agi par soucis d’apaisement"
– Sur le volet financier : " J’ai eu la Drac hier au téléphone pour me faire part du courrier qu’elle fait parvenir à la ministre de la Culture et rappelant en substance qu’aujourd’hui toute la partie administrative était conforme et que tous les feux étaient au vert pour la participation de l’Etat se monte à 6 millions, contrairement à ce que peuvent dire certains tentant de trouver toutes les failles administratives pour faire capoter le projet. A l’image de ce recours porté devant l’Unesco qui, je le rappelle, doit simplement être informé et qui n’a en aucun cas d’avis bloquant" . Il oublie l’architecte des bâtiments de France.
– Sur la macu à ciel ouvert : " une grande consultation, à partir du début d’année prochaine, pour recueillir des idées [...] etc. Ceci afin de nous permettre de lancer des études - financées à 80% par la Drac autour des différentes idées et d’occuper les sites à l’issue de la construction de la nouvelle MCB " Les sites ? Faut-il comprendre l’ancienne école de musique et l’ancienne macu ? Divisées dès le départ du projet de rénovation de la macu puisque le cahier des charges de la rénovation ne prenait pas en compte l’ancienne école de musique. Ce qui est à l’origine des diffultés à rénover la macu par manque d’espace.
Pour le reste de l’article, ça parle adjoints, communauté d’agglo, endettement, etc....
Toujours pas de chiffre sur le montant de la construction , le financement, le cout global des sommes déjà engagées dans la rénovation-démolition-consolidation, des couts d’entretien de l’existant fragile, du cout du budget de fonctionnement de la MCB hors-les murs. C’était une communication de Pascal Blanc.
Bourges, la culture et l’oligarchie
- epujsv
- 5 décembre 2014 à 17:09
La suite p.14 où dans un souci d’équilibre le Berry a interviewé certains acteurs culturels présents à la réunion, sélectionnés au hasard en toute égalité : Georges Buisson Président de l’EPCC, Olivier Atlan, Daniel Colling, Jean Pierre Mercier vice-président de l’EPCC, François Carré. Ils confirment tous que la réunion s’est bien passée. Ouf ! on avait eu peur que ça se passe mal !
Puis Erik Noulette qui s’est tu au cours de cette réunion et déclare au Berry : " On est piégé : si on ne vient pas, on dit que c’est du mépris ; si on vient et qu’on s’exprime, on nous reproche de vouloir déshabiller Paul pour habiller Pierre [ou l’inverse ; je ne comprends pas ce que ça signifie. De quels Pierre et Paul parle t-il ? ] .... Ce qui m’importe c’est que la ville réfléchisse à une politique culturelle. "
Y avait-il d’autres associations, acteurs, professionnels culturels ? Qui avaient d’autres choses à dire ? silence radio.
Toujours sur cette page 14, attention, ça va chier des bubulles, les Verts s’invitent au débat : veulent un médiateur pour sortir de la crise, déminer la situation, y voient un risque de radicalisation si le projet se fait en force [ah. Parce que là, c’est un projet passé en douceur ? qu’y a t-il donc de pire à craindre ? ]
En tous cas, "les Verts, autant attachés aux arbres qu’à la culture, restent clairs : pas question de défendre un site plutôt qu’un autre pour rebâtir une Maison de la Culture du XXIe s. " Ca pour être clair, c’est clair. Ne se prononcent pas. S’abstiennent. Ne savent pas. S’engagent fermement. Demandent au maire de renouer le dialogue et trouver un médiateur pour gagner l’adhésion de tous. L’adhésion de tous, c’est ce qu’il y a de pire en démocratie.
Bourges, la culture et l’oligarchie
- epujsv
- 3 décembre 2014 à 17:49
"« Monsieur le conseiller général du Cher, Monsieur le maire communiste de
Bourges (comment peut-on ?) (1), Monsieur le président du conseil régional
de la région Centre, Messieurs les politicards de droite et de gauche,
Mesdames et Messieurs les professionnels honnêtes ou véreux du spectacle,
Camarades artistes, vedettes ou ringards. Cher Daniel Colling, qui avez su
faire du Printemps de Bourges ce qu’il est aujourd’hui, je veux dire un
authentique et véritable bordel. A tous les amis de la musique de nègres et de
la culture sous chapiteau, bonsoir !
"
En l’absence de Coluche qui a été retenu par un cercueil et de mon confrère
Guy Bedos qui participe en ce moment même à la remise du prix Gauche-
caviar à Laurent Fabius pour son livreJe m’ai bien maré à Matignon, en
l’absence des rois du rire, c’est à moi, Mesdames et Messieurs, qu’échoit le
redoutable honneur de présider cette grotesque mascarade promotionnelle et
médiatique dont l’intérêt culturel n’échappera à personne ».
"
« En effet Mesdames et Messieurs, le Printemps de Bourges j’en ai rien à
secouer, je hais le rock, je conchie la musique classique, le jazz m’éreinte et
Jane Birkin commence à nous les gonfler avec ses regards désolés de mérou
au bord des larmes ». « J’ai reçu le dossier de presse de ce énième
Printemps de Bourges. C’est avec consternation que j’ai pris connaissance
du programme des réjouissances qui vont se dérouler chez les bouseux
berrichons. Le croirez-vous : en dehors du mien, aucun des noms d’artistes
tous azimuts qui défilaient sous mes yeux ébahis ne m’était familier ».
"
« Bien sûr, on relève dans cette liste, ô combien cosmopolite, les noms de
vieilles célébrités du flon-flon pré-pompidolien comme Charles Trénet
, le
Fanon chantant, ou Gustav Mahler du Balajo munichois, ou ceux de quelques
brâmeurs moribonds du gospel des fifties comme ce pauvre Ray Charles qui,
lui non plus, n’est pas blanc-blanc dans cette affaire. Pour le reste, rien. Le
désert, le néant. La boîte crânienne à Lalanne. Dans ces conditions,
Mesdames et Messieurs, je vous le demande : pourquoi diable aller à
Bourges ? ».
"
« Car enfin, que nous propose ce Printemps pourri, en dehors de ces
spectacles nauséabonds ? Des expositions. Quelles expositions ? (je lis) A la
Maison de la Culture, seront exposés les instruments traditionnels des
musiciens du Berry. Quel Berry ? Richard Berry ? Claude Berri ? Jules
Berry ? Strawberry ? Quels instruments du Berry ? La bombarde à six trous ?
La Flûte à Pompe ? La cornemuse berruyère à souffler dans les chèvres ?
La suite ici : Discours de Pierre Desproges en février 1987, au Balajo à Paris, pour
présenter l’édition 87 du Printemps de Bourges.