Nos vies sous surveillance

ou l’inconsistance du comité d’éthique de "vidéoprotection"
mardi 12 mai 2015 à 10:32, par epujsv

Un braquage continuel du regard et l’esprit d’ici est devenu détestable

Mon appartement donne sur une petite place calme qui donne elle-même sur une rue calme, la rue Édouard Vaillant. J’ai des voisins. Nous ne sommes pas beaucoup sur cette petite place dotée d’un petit parking. Qui est en fait un cour. Depuis toutes ces années où j’habite dans cet environnement il ne s’y passe rien. Rien de notoire sinon la vie ordinaire des uns et des autres et ses rares pépins collectifs. Ce cour débouchant également sur le Boulevard Chanzy, des gens de passage l’empruntent régulièrement. J’avais choisi cet appartement parce que c’est sympa ici. On s’y sent bien. C’est le Cour Mauduit [1].

L’autre matin, je salue l’électricien grimpé sur son échelle qui travaille sur un poteau électrique à l’entrée du cour. Le soir, il était parti. Mais monsieur l’électricien nous a laissé un bien vilain objet : à 4 ou 5 mètres de hauteur, au coin de l’habitation où il travaillait, je vois la boule blanche et noire qui fascine tant les politiciens et les services d’ordre : une rutilante caméra de surveillance et son œil d’expert à 360 degrés.

Mes amis, ma famille, les amis de mes voisins, la famille de mes voisins, les personnes qui nous rendent parfois visite sont désormais filmés. Les passagers réguliers du cour et de la rue Édouard Vaillant sont filmés. Les parents qui emmènent chaque jour leurs enfants à l’école du Cour Chertier qui se trouve en face sont filmés. Mes allées-venues sont filmées. Celles de mes voisins également. Toute une partie de notre vie est filmée. Toute la vie extérieure et privée des habitants et habitués dans la vision des 360 degrés de cette caméra est filmée 24h/24.

Là où je vais déjeuner le midi, il y a également une caméra de surveillance sur la place. Et là où je vais certains soirs, il y a aussi des caméras. Dans la rue où je travaille il y a une caméra de surveillance. Quand je rends visite à un parent, il y a une caméra sur mon chemin. Plus qu’une redondance c’est un abus.

Totale : le centre de surveillance urbaine de la police municipale filme et sait à peu près tout de mes habitudes, de mes connaissances, qu’elle efface ou pas les enregistrements au bout d’un certain temps. C’est une intrusion institutionnelle et perpétuelle dans mon existence.

Chaque jour mes pensées vont au comité d’éthique et aux membres de cette baudruche municipale qui existe depuis 8 ans, assemblée inerte de faux-culs cautionnant ces pièges à lapins : Pascal Blanc, Philippe Mercier, Nathalie Bonnefoy, Daniel Serre, Pascal Tinat, Hugo Lefelle, Alexsandra Gaiffe, Eric Pagenaud, Frédéric Droguet, Pierre Cantabella, Jean-Pierre Castelain, Alain Brunaud, Santi Gonzalez, Philippe Thiault, Gilles Oustatlet, Thierry Boyer, Marie-Paule Dupont, Hervé Blaise, Noël Drif, Annie Quenet, Pierre Charles Harry, Monique Geguen, Aline de la Perelle.

47 caméras de surveillance fin 2014 : la Mairie compte en implanter le double d’ici la fin du mandat de P. Blanc dont 15 d’ici la fin 2015 : coût de l’opération 140.000 euros H.T. [2].

Combien sommes-nous dans ce cas à Bourges, où pour ainsi dire toute notre vie quotidienne est filmée par la municipalité ? Combien sommes-nous à nous taire ? Combien sommes-nous à endurer cette saloperie ? À ne rien faire.

Nous n’avons aucun droit légal d’opposition à l’installation des caméras sur la voie publique où nous habitons ou que nous fréquentons régulièrement. La seule opposition réaliste reste le sabotage. Tout le reste, c’est bisounours ou seulement une étape : signaler les caméras sur une carte interactive, les mettre en évidence sur place avec un sourire, etc...Pour ne pas se laisser démonter, il faut les démonter.

L’auteur de cet article n’a pas les solutions pour s’opposer légalement à cet aspect de la surveillance, ingérence généralisées de et dans nos vies (puisqu’elles n’existent pas). Mais une certitude pour moi est que les politiciens et les marchands de technologies sécuritaires et de contrôle agissent sur les fantasmes et réalités de la rue dans leur propagande. Lieu de mélange entre bourgeois, petits bourgeois, pauvres la rue permet à ces obsédés du quadrillage de renforcer une vision, une pensée, une idéologie des relations entre citoyens socialement inégaux : la rue serait par définition le lieu de la délinquance qui serait uniquement le fait des pauvres (SDF, jeunes "des quartiers sensibles", jeunes tout court) et le bourgeois, petit-bourgeois ou le travailleur moyen en seraient les victimes (la caméra ou la grille anti-sdf c’est la même chose) . Non seulement ces politiciens et lobbies façonnent notre vison sociale et politique de la rue (et bien au-delà) mais en plus ils nous surveillent tous du pas de notre porte ou quel que soit le pas que nous fassions. Seuls ceux qui marchent au pas s’accommodent de tels équipements fascistes et totalitaires.

Sur 2014/15 340.000 euros H.T [3] ont donc déjà été investis en rénovation et nouvelles implantations. Payer des impôts locaux pour se faire harceler par la prunelle de la police confine à l’absurde et ne déclenche aucune réaction publique berruyère que ce soit de la part de journaux ou de personnes, personnalités impliquées en politique sinon de la complaisance. Quant aux citoyens, tant qu’ils ne se sont pas exprimés par eux-mêmes, les journaux et politiciens peuvent bien leur faire dire ce qu’ils veulent les uns relayant les mensonges des autres [4].

Cerise sur le gâteau : sur Bourges Plus notamment, puisque donnant sur la voie publique, les entreprises peuvent donc se faire payer un systèmes de vidéo-surveillance par l’argent public destiné à la prévention de la délinquance (223.000 euros H.T pour 20 caméras en 2014 dont 40 pour cent subventionnés par le Fonds Interministériel de Prévention de la délinquance) [5]. Choix politique discutable de l’utilisation des deniers publics dont le but est théoriquement d’éviter le développement des crimes et délits dans la population. Cette orientation laisse plutôt à penser que les édiles locaux permettent aux entreprises de s’équiper technologiquement aux frais de la princesse et au détriment des besoins réels des services publics et associations œuvrant pour la prévention de la délinquance.

[1En réalité, je n’habite pas précisément Cour Mauduit mais je suis proche de cette zone.

[2"La mairie voudrait installer quinze nouvelles caméras de vidéosurveillance", Berry Républicain du 11/09/14 : http://www.leberry.fr/cher/actualite/2014/09/11/la-mairie-de-bourges-voudrait-installer-quinze-nouvelles-cameras-de-videosurveillance_11138346.html

[3Appel d’offre des travaux d’extension paru le 30/08/14 : http://www.boamp.fr/avis/detail/14-130844/officiel (attribution du marché introuvable) +
le 23.07.14 marché conclu entre la Mairie et SRTC St Jean de Bray pour la rénovation du système : 200.000 euros H.T (c’est dans Services > 200.000 H.T : http://www.ville-bourges.fr/__medias__/files/pdfs/marches/marches2014.pdf)

[4Châteauroux, la ville la plus craignos de France http://www.lanouvellerepublique.fr/Indre/Actualite/Faits-divers-justice/n/Contenus/Articles/2013/01/10/Chateauroux-ville-la-plus-video-surveillee-de-France représente certainement un modèle à suivre pour la municipalité de Bourges.


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commentaires
Nos vies sous surveillance - epujsv - 3 octobre 2015 à 21:17

A signaler un excellent reportage de Cash Investigation diffusé le 21 septembre 2015 sur France 2 " Le business de la peur" qui démonte et démontre les stratégies marketing des vendeurs de technologies sécuritaires : passeports biométriques, empreintes digitales, caméras de surveillance sont passés au crible par l’équipe de journalistes. Y sont interviewés notamment Brice Hortefeux, Alain Bauer, Christophe Naudin, C’est encore visible pendant 18 jours en replay.
+ de la même équipe de journalistes et pour faire suite à ce reportage, un documentaire : " ces entreprises qui vendent leurs systèmes de sécurité aux pires dictatures de la planète".

Le Berry Republicain du 15/09/2015 annonçait la poursuite d’implantations de 16 nouvelles caméras par Bourges Plus . Un premier appel d’offre en juillet 2015 valable jusqu’au 16.09.15. Clôturé. La suite ne dit pas s’il y a eu candidats, marché, montant du marché et date d’execution.


Nos vies sous surveillance - Mister K - 4 octobre 2015 à  02:50

Le Berry Republicain du 15/09/2015 annonçait la poursuite d’implantations de 16 nouvelles caméras par Bourges Plus . Un premier appel d’offre en juillet 2015 valable jusqu’au 16.09.15.

La preuve que la maire de Bourges à quasi plein temps a bien des sous pour ce qu’il veut. Sa ville est quasi en faillite mais Bourges Plus (qui n’est pas Bourges, soit) achète des trucs qui servent quasi à rien. En fait, le maire de Bourges - président de Bourges Plus - c’est quasimodo : Il garde un oeil - le bon - sur les berruyers qu’il sonne de temps en temps.

Répondre à ce message #42136 | Répond au message #42135
Nos vies sous surveillance - epujsv - 4 octobre 2015 à  12:44

Oui, la mutualisation des moyens ça sert à ça.

Quelque chose me chiffone : l’article du BR se termine sur les ascenseurs des 2 passerelles qui vont vers Bourges Nord : celle de la gare et celle de la rue Marx Dormoy. Il y est affirmé que les ascenseurs sont regulièrement vandalisés ; voire il y est quasi affirmé que les vandales attaquent par là les personnes handicapées. Voyez les monstres....

Mais où sont les preuves que ces ascenseurs sont régulièrement vandalisés ? J’ai lu ailleurs, sur Bourges Bazar que ces ascenseurs sont régulièrement en panne. Que la société qui les gère a manifestement fourni du matériel défectueux qu’elle ne répare pas. Alors, ces ascenseurs, ils sont vandalisés par les vilains méchants de Bourges Nord ou sont ils surtout régulièrement en panne pour des raisons techniques ?

Et ainsi la rumeur bien d’cheu est bien entretenue, elle.

Répondre à ce message #42137 | Répond au message #42136
Nos vies sous surveillance - 15 juin 2015 à 14:41

Et pendant que le Maire surveille l’improbable malfrat qui choisira de commettre un délit juste devant ses caméras, la ville de Bourges compte une place en crèche pour 12,5 enfants âgé de 0 à 4 ans, là où des villes comme Nantes, Tours, Rennes ou Orléans compte plutôt 6 enfants pour une place en crèche.
Il y a des choix de société qui ne trompe pas...Même la liste dite d’union de la Gauche n’avait pas tiqué en 2007.
Consternant ce fric foutu par les fenêtres au moment où les finances des collectivités locales sont dans le rouge.


Nos vies sous surveillance - epujsv - 12 mai 2015 à 20:26

Nicolas Sansu député-maire de Vierzon a voté contre la loi sur le renseignement mais fait installer des caméras à Vierzon : Verzonitude