Le street art, le Berry Républicain, le Maire et l’ordre

Ou comment redorer son image
mardi 25 août 2015 à 07:30, par epujsv

L’actuel Maire de Bourges, Monsieur Pascal Blanc, souffre indéniablement d’un déficit communicationnel [1] en matière de culture. Mais heureusement le Berry Républicain est là pour voler à son secours.

Bourges est actuellement sous secousse culturelle : les péripéties de la Maison de la Culture, les suppressions de la Biennale d’Art contemporain, du festival du film écologique et la dernière décision en date qui consiste à rendre payante l’entrée des musées municipaux. Voilà qui ne donne pas bonne presse à l’élu. Alors comment faire pour se sortir de cette image écornée ?

Les remèdes déjà employés : une cure de course de caisses à savon, une perfusion d’urban trail by Nissan, une hypnose promotionnelle d’un bâtiment fantomatique. Mais ça ne suffit pas, il faut d’autres expédients. Séance tenante, c’est sur le street art que la municipalité s’appuie pour investir sa publicité. Comment s’y prend elle pour le faire savoir ? directement ? non, le chemin est plus tortueux et opportuniste.

Depuis plusieurs mois, sur les murs de la ville, un graffeur du nom d’artiste Oznek nous régale de ses dessins. Un nouveau trouble culturel pour Bourges. Mais cette fois, un bon. Ce qu’il fait est très chouette. Ca n’est pas passé inaperçu et le Berry Républicain s’en est emparé dans un article du 4 août 2015 titré : " Les collages du street artist Oznek égayent les murs de Bourges". Le titre de l’article laisse donc entendre qu’il est entièrement consacré au grapheur. Mais non, ce n’est pas comme ça que ça se passe au Berry.

A Bourges, dans le journal local, lorsque l’on s’intéresse aux graffs et à son créateur, c’est en fait pour passer de la pommade à la Mairie et aux flics. Dès le 3e paragraphe de "c’est avant tout un plaisir" où l’artiste paraît interviewé sur ses motivations, le journal ne peut pas s’empêcher d’en appeler à la police et à la mairie. Un automatisme professionnel ? "À Bourges, les autorités et l’administration semblent sensibles à cette forme d’art pourtant encore peu développée. La police municipale indique simplement, lorsqu’elle rencontre ce type de création, « prendre des photos pour faire des rapports à la mairie  ». Nous voilà sécurisés. Des photos, des rapports... C’est en effet une tournure très particulière de rapport sensible à l’art urbain qui existe depuis au moins les années 60.

Infiniment réceptive à ce genre d’art en trompe-l’oeil, la mairie devait dès lors faire l’objet de la conclusion de l’article censé être sur Oznek et le street art : " Et du côté de la mairie justement, on se veut même encourageant. « Nous avons nous-même un projet d’art urbain qui devrait prendre forme à la rentrée », indique Frédéric Charpagne, maire adjoint délégué à la culture. Il précise toutefois qu’il est important que cela se passe dans un cadre « structuré ». « Une belle oeuvre à un endroit bien placé, nous serions plutôt enclins à la conserver. » À condition qu’elle ne dégrade pas un bâtiment classé, ni le périmètre sauvegardé du centre-ville."

Implicitement très bien placée pour donner des leçons et des autorisations en ce qui concerne les dégradations de bâtiment classé et de périmètre sauvegardé la Mairie compte sans doute commander pour la rentrée un Banksy afin d’ égayer l’entrée murée de la Maison de la Culture.

[1Définition de communicationnel ou encore pour les accros


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commentaires
Le street art, le Berry Républicain, le Maire et l’ordre - JP Gilbert - 7 septembre 2015 à 11:40

Bien vu, bien dit !