Sans vouloir faire de procès d’intention...
« Je plaide pour que l’on ne fasse pas de procès d’intention. Il sera toujours temps de faire le bilan dans deux ans et j’accepterai toutes les critiques ». Avec une belle sincérité, le maire de Bourges, Serge Lepeltier a souhaité lors de sa première réunion au Val d’Auron, que l’on laisse le temps aux Conseils de Quartier de s’installer, pour éventuellement adapter les règles du jeu parfois assez directives, fixées par la municipalité. Sans vouloir rompre ce pacte de non agression, et avec toute la bonne foi de gauchistes patentés qui nous caractérise, permettons-nous d’apporter, sur la belle mise en scène de ce beau spectacle de démocratie participative, un regard constructif pour dans deux ans.
Contrôler et orienter
Sans vouloir faire de procès d’intention, ce n’est pas le principe d’organisation de Conseils de Quartiers qui semble interpeller quelques détracteurs, mais surtout le recours à une société privée de communication pour mettre en place ce dispositif. Il y a en effet un paradoxe pour le Maire à affirmer que cette initiative n’a pas pour objectif de faire de la propagande municipale mais au contraire d’essayer d’impliquer des citoyens (qui à Bourges ne se sont que très peu déplacés aux urnes lors des municipales), alors qu’elle fait appel à une société de communication chargée de « guider les débats ». Traduction de la novlang : contrôler et orienter les débats. Et puis le fait d’avoir recours à une société extérieure signifie implicitement qu’il n’y avait pas à Bourges, dans une entreprise ou dans une association, les talents nécessaires pour la mise en oeuvre de ce projet. Les intéressés apprécieront...
La démocratie participative, c’est pas cher
Sans vouloir faire de procès d’intention, il faut bien reconnaître que le public du Val d’Auron avait un bien mauvais esprit pour dénoncer le coût de l’opération proposée par Etik Presse, à savoir, 200.000 euros pour trois ans. Une paille quand on sait que la société Coulisse du Directeur du Printemps de Bourges recevra 70.000 euros pour trois ou quatre semaines d’animations commerciales du Marché de Noël. Et qu’il en récoltera tous les bénéfices.
Grosse boulette de François Camé
Sans vouloir faire de procès d’intention, on se demande si François Camé, le big chef d’Etik Presse, est bien au courant de l’actualité locale. Lors de la première réunion pour les Conseils de Quartiers au Val d’Auron, ce doux utopiste a évoqué la possibilité de mettre en débat le passage du TGV à Bourges. Devant les quelques toussotements et rires discrets venant d’une partie du public de plus en plus dubitatif au regard de la tournure des événements, François Camé ne s’est pas démonté : « Comment ? Vous n’y croyez pas au TGV ? Moi j’y crois ! Et je serais bien malheureux s’il n’y en avait pas parce que j’ai l’intention de m’installer à Bourges ! » , a-t-il dit, en substance. Lors de la réunion à Bourges Nord, il a récidivé et le public s’est encore gargarisé. « Mais pourquoi tout le monde rigole quand je parle du TGV ?! » , s’est-il exclamé. Au premier rang de la salle où figuraient les élus, il y a certainement eu quelques serrements de fesses et quelques regards baissé sur leurs pompes en peau de crocodile. Mais ne désespérons pas. Reggae Man pourra peut-être s’offrir un bon rail de Bourges jusqu’à Paris, en 2040 lorsqu’il sera en retraite.
Paradoxe
Sans vouloir faire de procès d’intention, une jeune femme, au Val d’Auron, a questionné le maire sur le fait que chaque Conseil de Quartier soit composé de cinq élus de la majorité pour seulement un élu de l’opposition municipale. Serge Lepeltier a répondu qu’il s’était basé sur le rapport de représentativité au Conseil Municipal. Pourtant, il a aussi expliqué que les Conseils de Quartier ne devaient pas être des Conseils Municipaux bis. D’ailleurs, à Bourges, la représentation au Conseil municipal ne signifie pas grand chose puisque la répartition des voix entre la droite et la gauche est proche du 50-50.
Les 24 heures du Maire
Sans vouloir faire de procès d’intention, le maire de Bourges devrait démissionner de l’une de ses fonctions annexes. « Les journées ne font que 24 heures », s’est emporté le maire de Bourges à qui une citoyenne de la Chancellerie reprochait son manque d’écoute et de disponibilité. « Je ne me plains pas, mais lorsque je peux rentrer chez-moi le dimanche à 17h30, c’est exceptionnel ! » a-t-il déclaré sous les applaudissements de ses fans de plus de 65 ans. Le maire à raison. S’il démissionnait de son poste de membre du Conseil général de la Banque de France, de contrôleur général économique et financier ou encore de Président du comité de bassin Loire Bretagne, il pourrait rentrer chez lui un peu plus tôt le Dimanche. Puisqu’il a déjà du mal à assumer ses fonctions, on n’imagine donc pas le maire se présenter à la présidence du Conseil Régional. Sauf s’il se fait cloner. Mais la technique n’est pas très au point. La dernière fois, lorsqu’il a été nommé Ministre, le clonage du Lepeltier avait donné un truc assez indéfinissable : le Roland Chamiot.
Discrimination négative
Sans vouloir faire de procès d’intention, on peut observer qu’à l’heure où le fait d’inviter un terroriste d’Etat à planter sa tente dans la cours de l’Elysée ne choque plus personne, il apparaît pour le moins étonnant que l’équipe de la majorité municipale ait exigé que les futurs Conseillers de Quartier aient un casier judiciaire vierge. Lors de la réunion du quartier de la Chancellerie et de l’Aéroport, des travailleurs sociaux, des représentants associatifs et de simples citoyens, se sont émus de cette limitation qui relève d’une véritable forme de discrimination qui va stigmatiser et mettre au ban de la société des personnes qui auraient payé pour leurs méfaits et qui voudraient s’investir positivement dans la société. Paradoxalement, cela pourrait conduire également des personnes à avoir le droit de vote mais à ne pas avoir le droit de participer à ces Conseils de Quartier. Le Maire de Bourges Serge Lepeltier, n’a pas été très convainquant dans ses explications lors de la réunion pour le Conseil de Quartier de Bourges-Nord. Il n’était d’ailleurs visiblement même pas convaincu lui même de la crédibilité de ses explications. A tel point qu’il a fini par concéder que cette mesure était « un peu forte » et que cette règle pourrait être portée à débat lors des premières réunions des Conseillers de Quartier. Il est tout de même surprenant que cette règle votée en Conseil Municipal n’ait pas fait broncher l’opposition.... Réflexion faite, finalement, ce n’est pas surprenant.
Vous préférez une sucette à la framboise ou une sucette à la fraise ?
Sans vouloir faire de procès d’intention, il semblerait que la notion de démocratie participative soit assez restrictive dans l’esprit du maire et de la société privée Etik Presse. En effet, on a lourdement insisté lors des différentes réunions sur le fait que c’est la mairie de Bourges qui fixait les objectifs et les thèmes qui devront être débattus par les Conseils de Quartiers. Tout est cadré, bouclé, cadenassé. Le responsable d’Etik Press a même prononcé une phrase quelque peu hallucinante lors de la réunion de quartier du Val d’Auron : « si vous n’êtes pas d’accord avec le programme de Serge Lepeltier, ce n’est même pas la peine de vous inscrire ! » Bref, en gros, si la mairie décide de mettre en débat l’achat d’une voiture, la question qui sera posée aux conseillers de quartier ne sera pas de savoir si cet achat est utile ou opportun, mais s’il est préférable d’acheter une voiture rouge ou une voiture bleue.
Le sens de l’écoute
Sans vouloir faire de procès d’intention, il serait bon que les initiateurs et les animateurs des Conseils de Quartiers apprennent à écouter et à accepter les critiques. Lors de la réunion du Val d’Auron, le responsable d’Etik Presse s’est permis de supposer qu’une jeune femme intervenue plusieurs fois dans le public pour poser des questions un peu gênantes, était de gauche. Il a été soutenu, à chaque question impertinente, par les rires gras et mines faussement exaspérées des élus de droite et des fans du maire Serge Lepeltier invités par l’UMP à se rendre en masse à cette réunion. Sur son site du fou du roi, le maire adjoint Roland Narboux dont on ne compte plus les dérapages incontrôlés, a carrément écrit que des « gauchistes » et des « vieux grognons », avaient posé des « questions idiotes ». Si à chaque fois que quelqu’un pose une question dérangeante ou émet un avis critique, il se voit posé une étiquette sur le dos et se retrouve raillé, méprisé et insulté, on se dit qu’il y a du boulot à Bourges pour la démocratie participative ! Avant de faire de la démocratie participative, il faudrait sans doute que les élus de la majorité municipale apprennent le respect des citoyens, l’humilité et le sens de l’écoute.
Quelle représentativité ?
Sans vouloir faire de procès d’intention, on se demande bien de qui ou de quoi seront représentatifs les Conseils de Quartiers. Avec une première obligation qui est d’accepter le programme de la municipalité, les conseillers de quartiers ne seront finalement représentatifs que du faible pourcentage qui a élu l’actuel maire de Bourges, compte tenu du fort taux d’abstention. Et puis, à voir l’âge moyen des participants aux réunions, il est clair que les aspirations des jeunes risquent de ne pas être très bien appréhendées et prises en compte par les conseillers. D’ailleurs, quand on sait que des centaines d’invitations à participer aux réunions avaient été lancées par l’UMP à l’intention de ses adhérents et sympathisants, il y a de quoi s’interroger très sérieusement sur la notion de représentativité et sur la légitimité de ces conseillers. Mais ce sont dans doute là des questions « idiotes » de « gauchistes » ou de « vieux grognons ». Sans vouloir faire de procès d’intention. Bien entendu.