Point 64 : leçon de mépris des citoyens
Lors du Conseil Municipal du 19 décembre 2008, le Conseil Municipal de Bourges a adopté la décision de fermer définitivement les écoles maternelle et élémentaire Jean-Jacques Rousseau de Bourges. Retour sur les circonstances de l’adoption de ce fameux « Point 64 », qui illustre de manière assez significative la « méthode Lepeltier » en matière d’écoute et de concertation avec les citoyens.
Après le vivifiant rassemblement place Etienne Dolet, de nombreux parents d’élèves montèrent assister au Conseil Municipal (avec les enfants). Avec bonne volonté, môssieur le maire refusa bien sûr que les banderoles et autres pancartes des parents d’élèves-terroristes fussent arborées dans la salle du conseil. Ok, on laissa tout ça dans l’escalier.
M. Jean-Luc Julien (représentant d’A Gauche Bourges) demanda que le point 64 [1] soit traité en priorité, puisque les parents d’élèves étaient là, avec les enfants. Ah mais non, pas question ! Et monsieur le maire en tripotant de vagues papiers, sans même daigner regarder l’interlocuteur, répond en bougonnant que « ce n’est structurellement pas possible » et que pour les enfants présents, c’est « de la responsabilité des parents. »
Mon dieu ! pensez-donc ! Y’a rien qui empêchait de traiter le point 64 illico – puisque des citoyens concernés étaient là - Mais faire preuve d’élégance ? koi ?! une populace méprisable voudrait chambouler l’ordre du jour ? Ça, c’est impossible pour notre maire...
Heureusement, le maire se rattrapera par la suite lorsque le point 64 sera venu, en faisant un couplet larmoyant sur ces pov’ enfants de J.J. Rousseau. C’est une décision qui lui déchire le foie, car « ce sont d’enfants dont il s’agit ». J’ai cru qu’il allait sortir un mouchoir pour essuyer une larmiche, se moucher bruyamment. Mais non, c’était juste du papier-cul : en fait, il s’en torche, des enfants de l’école J.J. Rousseau.
Et ça dure, ça dure, la suite du conseil... 63 points à traiter avant... Il reste finalement 6 ou 7 parents, on est allé coucher les enfants.
Citoyens pas contents = terroristes ultra gauche. Mais que fait la police ?
Lorsque le sujet de l’école arriva, l’opposition demanda que les parents d’élèves puissent s’exprimer (je ne sais plus qui a demandé). Là encore, ah non, mon dieu ! pensez-donc ! ce n’est pas prévu dans le déroulement de cette farce sinistre qu’est un conseil municipal !... Fermez vos gueules, les parents d’élèves et autres manants outrecuidants. Cassez-vous...
Le mépris affiché du citoyen alla même plus loin. Avant le traitement du point J.J. Rousseau, il y eut la pause-sandwich. On vit arriver deux policiers municipaux - quel heureux hasard - qui avaient probablement été convoqués pour le traitement du point 64... au cas où les parents d’élèves la ramèneraient. Pitoyable... L’expression citoyenne n’a évidemment pas "structurellement" sa place au Conseil Municipal.
D’ailleurs, Jean-Luc Julien, perfidement, durant la discussion sur l’école J.J. Rousseau, demandera au maire : « Vous pouvez renvoyer les deux policiers que vous avez convoqués. Ils seront mieux chez eux, et c’est insultant pour les parents d’élèves. » L’autre à qui s’adressait cette pertinente remarque, le maire, mâchonnera une vague réponse (sans regarder de face) : faut assurer le bon déroulement du conseil, et au cas où...
De la fermeture d’une école... aux déportations staliniennes !
M. Yannick Bedin (PCF) avait parlé de la gêne que représentait le transfert de cette école, des déplacements piétonniers qui ne seraient plus possibles pour une grande partie des parents d’élèves et même de la pollution supplémentaire qui en résulterait.
Lorsque Mme Colette Cordat (Lutte Ouvrière) put avoir la parole (c’est pas forcément simple), elle revint sur ce thème dans son intervention : pour de nombreux parents d’élèves, la fermeture de J.J. Rousseau occasionnera des déplacements éloignés du domicile, une gêne supplémentaire qui s’ajoutera aux autres contraintes de la vie quotidienne. On n’ira plus chercher le petit garçon ou la fillette à pied.
La réponse de monsieur le maire à Colette Cordat (et peut-être que ça incluait aussi Yannick Bedin ?) fut surprenante... « Je trouve incroyable que vous puissiez parler des déplacements occasionnés, quand on sait les déportations réalisées par les régimes que vous souteniez ». ?!!
URSS come-back, Staline et tutti quanti. C’est là qu’il en est, notre grand penseur politique, notre monsieur le maire, 20 ans après la chute du Mur. C’est même pas risible. Et dire cela à Colette Cordat, membre de Lutte Ouvrière qui se réclame du trotskysme, c’est minable : les trotskistes ayant payé un très lourd tribu sous la répression stalinienne.
Surréaliste, cette réponse... M. Serge Lepeltier parlant encore comme un vulgaire réac’ basique, avec juste 2 neurones actifs : la droite ? l’argent ? y’a bon ! La gauche ? les rouges ? Caca !
Citoyens : votez et taisez-vous !
« La décision de fermer cette école fut prise avant les élections municipales mais M. Lepeltier n’a jamais voulu le dire explicitement aux parents d’élèves », écrit une lectrice de L’agitateur dans un forum. Oui, comme la démolition d’Avaricum [2]. Même si ensuite, pour faire joli, on paye (cher) un soi-disant audit, une étude aux résultats télécommandés implicitement.
Lorsque le point 64 du Conseil Municipal fut clôturé, les quelques parents d’élèves qui étaient restés s’en allèrent. Ils étaient bel et bien dépités, atterrés par la façon dont le point 64 avait été traité.
Ils ont redescendu les escaliers, ramassé les banderoles qui étaient posées dans l’escalier majestueux de l’ancienne mairie... « Je ne croyais pas que ça se passait comme ça. », « Il nous prend carrément pour de la merde. » La discussion continua un peu entre eux devant cette ancienne mairie – et avec Yannick Bedin qui était redescendu avec eux... et qui en profita du coup pour en griller une... mais ça ne nous regarde pas !