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VIE MUNICIPALE

Gestion municipale : mais où va l’argent ?

lundi 10 décembre 2001 à 19:19, par Charles-Henry Sadien

C’est la grande surprise de ce mois-ci : les finances de la ville de Bourges sont dans le rouge. Le maire Serge Lepeltier va augmenter les impôts de 5%. Questions : comment a-t-on pu en arriver là ? Où est passé l’argent ?

Les impôts vont augmenter à Bourges. Mon dieu, c’est horrible, c’est affreux, c’est un scandale. Monsieur Lepeltier (RPR) avait pourtant promis lors de la campagne électorale pour les municipales qu’il n’augmenterait pas les impôts. Mais les hommes politiques, vous les connaissez aussi bien que moi : ils vous disent ce que vous voulez bien entendre mais font exactement l’inverse. Ce n’est ni le premier ni le dernier à se comporter de cette façon. Et puis monsieur Lepeltier, à défaut de tenir sa parole est un homme très malin : il préfère prendre les mesures impopulaires en début de mandat... Tout sera oublié lorsqu’à la veille des prochaines élections municipales, il inaugurera la patinoire prévue depuis... depuis combien d’années déjà ?

Moi, ça ne me dérange pas de payer des impôts pour ma ville. J’ai envie de m’y sentir bien, qu’il s’y passe plein de choses, d’en être un peu... disons, fier. Sauf que là, non. Je n’ai pas du tout envie de donner du fric à des rigolos qui se prennent pour des chefs d’entreprise rigoureux et qui vont mendier auprès des contribuables pour combler les trous. Tout simplement parce que je n’ai pas l’impression que cette augmentation résulte d’une amélioration de la qualité de vie en terme de structures et de services nouveaux.

Je veux bien comprendre que le coût de constructions ou de nouveaux services ait été sous évalué. On ne peut pas tout prévoir, même lorsque l’on est un super génie gestionnaire qui sort d’une grande école où l’on apprend à être le maître du monde, comme c’est le cas de monsieur Lepeltier. Il a peut-être séché deux ou trois cours. Rien de bien méchant. A moins qu’il ait eu le même prof que moi : un vieux bonhomme alcoolique qui enlevait ses chaussures sous son bureau et qui se contentait, en guise de cours, de lire pendant des heures un vieux bouquin aux pages jaunies.

Plus sérieusement, il était légitime de penser que puisque les réalisations de la municipalité avaient été peu nombreuses ces dernières années, il en résultait des finances saines. Le maire de Bourges semblait si concentré à faire des petites économies d’épicier que l’on pouvait penser que le magot était soigneusement mis de côté pour financer de futurs grands projets mégalomanes capable de faire rayonner la ville au-delà des frontières du département. Parce que lorsque l’on compare ce qui a été réalisé à Bourges sous la municipalité des affreux socialo-communistes et ce qui a été fait sous le règne de Serge Lepeltier, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’y a pas photo. Que l’on se situe politiquement à gauche ou à droite, c’est un constat indiscutable.

Comment se fait-il donc que malgré les investissements lourds (stade Jacques Rimbault, Palais des Congrès, Médiathèque, aménagement de rues piétonnes, parc paysager des Gibjoncs etc.), les communistes aient laissé la municipalité dans une situation honorable (et sans hausse importante des impôts), et que l’équipe de Serge Lepeltier ait à ce point contribué à dégrader la situation ?

A son arrivée à la mairie, Serge Lepeltier avait fait réaliser un audit qui était censé démontrer la gestion fantaisiste de ses prédécesseurs. Il n’en a rien été. Le maire, sans conviction, a mollement tenté de trouver des ’poux dans la paille’, mais cela n’a trompé personne.

Mais où est donc passé l’argent ?

Dans la police municipale et les caméras de surveillance. En avait-on réellement besoin ? Aujourd’hui, la police et la gendarmerie de Bourges sont verts de jalousie lorsqu’ils voient leurs homologues de la police municipale rouler sur de belles motos toutes neuves et avoir du matériel top niveau. Allez faire un tour du côté du commissariat annexe des Gibjoncs (vitres criblées de balles, bureaux miteux et matériel informatique désuet du style vieux PC à 286 Mhz équipé de Windows 3.1 et d’une imprimante à aiguille) et comparez avec les locaux de la police municipale... Ça fait tout de même beaucoup de moyens accordés pour des concierges en uniformes payés pour donner des contraventions et renseigner les touristes, non ? Et puis, ces gars là, on ne les voit pas dans les quartiers. C’est encore un truc pour faire plaisir aux gentils électeurs du centre-ville. C’est sûr que ça fait classe : "regardez ma belle police municipale comme elle est belle !". Mais elle sert à quoi ?

BOURGES ROULE SUR L’OR...DURE. Les délires écologistes de Serge Lepeltier ont coûté également pas mal d’oseille. C’est la mode du tri sélectif. J’ai lu, il y a quelques mois, un article du Nouvel Observateur qui expliquait qu’un maire d’une ville historiquement communiste s’était lui aussi lancé dans une politique du tri sélectif alors que la plupart des habitants de sa cité étaient au chômage ou au RMI. Aux municipales, même les électeurs les plus marxistes-léninistes se sont précipités pour voter en faveur du candidat de droite ! Comment ne pas les comprendre ? Demander à des citoyens de trier leur déchets et de payer plus cher alors qu’ils n’ont même pas les moyens de payer leur loyer... de qui se moque-t-on ? Le maire de Bourges peut bien se défendre en expliquant que ceci cela, les normes européennes patati et patata, toujours est-il que pour économiser de l’énergie, préserver l’environnement (c’est bien connu, au niveau de la pollution, Bourges est pire que San Francisco !), et se donner une image d’écolo hystérique, il n’a pas lésiné sur les moyens.

A cela s’ajoute l’achat de bus fonctionnant au gaz naturel (a moins que ce ne soit à la pisse de vache folle, si l’on se fie au respect des horaires de passage...), et la journée sans voiture où une pelouse est installée rue Moyenne (nos Champs Elysées à nous !) et dans les rues piétonnes. C’est bon pour l’image de la ville et du maire. Mais à quoi ça sert ?

Serge Lepeltier rêve de devenir ministre de l’environnement. Voilà une ambition très respectable. Et puis, ça serait bien pour la ville d’avoir un maire-ministre. La France entière pourrait admirer sa jolie moustache. Il a pas une mauvaise tête. C’est une sorte de panda ou de grand nounours contre lequel on a envie de se blottir durant les froides soirées d’hiver, quand l’effet de serre nous manque terriblement. On le verrait souvent à la télé, puisqu’on ne le voit jamais au quartier, sauf en période électorale. Mais ça va finir par coûter très cher à la ville pour propulser son maire à Matignon.

LES COPAINS D’ABORD. Il y a aussi la Maison des Associations située à la place de l’ancien hôpital L’Hôtel Dieu. Voilà enfin quelque chose d’utile et sympathique qui coûte un million de francs par an en frais de fonctionnement. Mais ça les vaut. Enfin, ça les vaudrait si les associations locataires n’étaient pas soigneusement triées. Parce qu’une association qui touche déjà une subvention conséquente de la mairie et qui bénéficie en plus d’importantes aides en natures, il me semble que ce n’est pas très sain. Gare à la gestion de fait ! A quoi ça sert une maison des associations si il faut avoir une certaine importance pour pouvoir y entrer ?

SALOPERIE DE FONCTIONNAIRES. Mais l’argument principal avancé par le maire de Bourges, Serge Lepeltier, pour justifier la hausse des impôts, c’est le coût du personnel municipal. Il paraît que ce sont les primes d’ancienneté, les promotions internes et les nouveaux emplois créés qui ont plongé la ville dans des abîmes financières. Je ne vais pas faire de recopiage : allez faire un tour sur le site du parti communiste du Cher. Entre deux publicités qui apparaissent impunément sur votre écran (saloperie de société capitaliste !), vous trouverez un excellent dossier sur le sujet. Après sa lecture, je vous laisse le choix de la conclusion :
1) « Non mais, il se fout de notre gueule, le maire ou quoi ? »
2) « Je suis au chômage et je recherche un poste de Directeur de la sécurité. J’ai ma carte du RPR et je n’accepte que les lingots d’or ».
3) « Ils sont cool, les placards de la mairie ! Reste-t-il une petite place pour moi ? »
4) « Je vais faire un tour sous la fenêtre du bureau du maire. Des fois qu’il jette des billets de cinq cent francs... ».

Il apparaîtrait en effet que ce ne sont pas les primes et autres promotions qui aient coûté beaucoup d’argent, mais la mise au placard de cadres conservant leurs salaires de ministres et remplacés par d’autres personnes toutes aussi chèrement payées, ayant la confiance éphémère du grand Marabout Lepeltier. Le maire bouffe autant de directeurs que Napoléon de soldats.

« ILS SONT BEAUX MES RONDS-POINTS ! » En fait, l’argument avancé par l’opposition municipale de gauche pour expliquer la situation précaire dans laquelle se trouve la ville de Bourges, c’est « le coût de constructions luxueuses et mégalomanes décidées par le maire de Bourges ». Là, j’avoue que j’ai un peu de mal à y croire. Il y a certes les dizaines de ronds-points réalisés un peu n’importe où dans la ville. Le maire a fait réaliser une sculpture sur l’un d’entre-eux par un de ses amis artiste (qui ne lui a pas fait un prix d’ami, c’est le moins que l’on puisse dire !). On peut citer aussi la réalisation de toilettes de luxe à un million de francs, sous le Jardin de l’Archevêché, des travaux de réfection des trottoirs, des trous creusés près du cinéma CGR pour faire croire au moment des municipales que la construction de la patinoire était imminente... Mais de là à parler de réalisation mégalomanes... ça ne colle pas très bien avec le personnage du maire qui, s’il est arriviste carriériste et menteur comme un arracheur de dents, est tout le contraire d’un mégalomane. Paradoxalement, son absence de mégalomanie peut même constituer une forme de reproche.

Si Serge Lepeltier était un mégalomane, il aurait fait raser le gymnase du Prado pour faire construire à la place, un Palais des Sports de 10.000 places pour les basketteuses du CJMBB (qui le mériteraient bien, d’ailleurs), de la même manière que le communiste Jacques Rimbault a fait construire en son temps un stade top niveau pour les footeux du FCB. Mais il semble que les réalisations « terre-à-terre », de Serge Lepeltier aient été payées au prix fort. L’embellissement d’une ville n’est pas gratuit : les pots de fleurs, les couches de peinture « cache misère », les panneaux indicatifs pour les touristes, les installations pour « Les Nuits de Lumière », la réfection des trottoirs...tout cela a un coût...et n’est sans doute pas inutile. Mais ce genre de chose se planifie. Serge Lepeltier a probablement manqué de rigueur à ce niveau là, comme le lui reproche actuellement l’opposition municipale.

Il en résulte aujourd’hui une situation un peu étrange où il n’y a pas eu de gros changements à Bourges depuis plusieurs années, et où, pourtant, les finances sont dans le rouge. Chapeau. Fallait le faire !

Maintenant, chers berruyers, vous avez le choix :

1) Payer les 5% d’augmentation sans broncher, en profitant des bus qui passent toutes les 45 minutes dans votre quartier, des poubelles qui sont ramassées aléatoirement, du magnifique journal municipal tout en couleur qui vous dit que la vie est merveilleuse, et des toilettes de luxe du Jardin de l’archevêché dont il faut amortir le coût.

2) Vous mordre les doigts pour avoir voté en faveur d’une majorité municipale un peu crapuleuse et pas très sérieuse. Payer ensuite vos impôts en déduisant les 5% d’augmentation en signe de désapprobation et fonder une association citoyenne de vigilance par rapport aux finances de la mairie. Mais là, ça m’étonnerait que l’on vous réserve une petite place du côté de la Maison des Associations.

3) Déménager, fuir loin de cette ville où rien ne bouge sauf les impôts.

Moi qui commence à bien vous connaître, je suis prêt à parier ma virilité que c’est la première option que vous allez choisir...

commentaires
Gestion municipale : mais où va l’argent ? - 31 août 2006 à 21:46

Félicitation pour cet article, au moins on sait que la démagogie et le ridicule sont dans l’opposition municipale.


#5229
police nationale, municipale et société de surveillance - criTique - 10 janvier 2005 à 15:02

Mais que voulez vous au juste ?
Vous crachez sur la police nationale, vous insultez la police municipale au cours de vos différents articles.
Tout celà coute cher, et c’est un prix qu’il faut payer, puisque l’état se désengage de tout.
Il suffit de regarder les sociétés de surveillance qui s’ouvrent un peu partout. Ce n’est pas au nombre de policiers qu’on mesure l’insécurité. On masque les chiffres, on truque les stats, mais l’insécurité est toujours présente !


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