Le petit cachotier
Le maire de Bourges annonce beaucoup de changements pour les prochaines années. Mais il le fait à voix basse, pour ne pas réveiller la population. Si un jour on vous annonce que votre maison va être rasée suite a une décision du Conseil Municipal en date du Dimanche 31 février 2001, prise à huis clos et l’unanimité de trois ou quatre membres présents, ne vous étonnez pas : c’est la méthode Lepeltier.
Pendant que vous étiez bien tranquillement en train de bronzer sur les plages de Saint-Malo, de Deauville ou d’ailleurs, le maire de Bourges Serge Lepeltier changeait les meubles de place dans votre maison, sans prendre le soin de vous demander votre avis.
Ainsi, en vrac, le maire de Bourges a-t-il annoncé que le projet de réalisation d’une nouvelle piscine (promise depuis son élection en 1995...) tombait finalement à l’eau, que les immeubles de la cour Avaricum allaient être rasés, que l’Ecole Nationale de Musique et de Danse ainsi que l’Institut International de Musique Electroacoustique déménageraient sur le site de la Halle au Blé, que la patinoire serait bien construite... dans quelques années, nul ne sait où (en tout cas pas au Pré Doulet), et nul ne sait avec quel argent, que l’ilôt Victor Hugo allait être démoli... Aux dernières nouvelles, le maire de Bourges n’a pas annoncé le 15 août que la cathédrale serait transformée en parking aérien.
Curieuse méthode que celle d’annoncer des projets d’envergures portant à controverses, en plein mois de juillet alors que la moitié de la population berruyère s’évade sous les sunlight des tropiques...
Mieux vaut en rire qu’en pleurer. Le premier magistrat de la ville passe son temps à changer d’avis et à imposer ses choix (ou ses non-choix) sans concertation avec les habitants. La gestion du site du Pré Doulet est une bonne illustration des errements de l’actuelle municipalité.
A l’origine, le site devait être un pôle de loisirs, comprenant un cinéma multiplex, une patinoire, une piscine à vagues et quelques commerces. Au fil des mois, il est apparu que ce site serait surtout un site commercial puisque seul le cinéma a été construit et que les projets de patinoire et de piscine ont été abandonnés. On comprend la stupeur des commerçants du centre-ville qui dès le début avaient fait part de leurs craintes quant à l’implantation à proximité de l’hyper centre-ville de grandes enseignes qui allaient dévorer tout cru les petits commerçants indépendants du « vieux Bourges ».
Serge Lepeltier s’était à l’époque voulu rassurant alors qu’il se préparait déjà à lever des fonds publics pour permettre l’installation d’enseignes privées. A la veille des municipales 2001, il savait pertinemment que la patinoire ne pourrait être construite sur le Pré Doulet, ce qui ne l’a pas empêché de faire installer des panneaux de construction et de creuser des trous afin de faire croire que les travaux avaient débutés ! Cette volonté délibérée de tromper les électeurs avec un culot inouï voire crapuleux a de quoi choquer.
« Si on s’occupe de l’avis des gens, on n’arrive à rien », nous avait confié un des militants de l’actuel maire lors de la campagne municipale. C’est peut-être là toute la philosophie de Serge Lepeltier qui a tendance à vite oublier qu’il a été élu par la population et qu’il a des comptes à lui rendre... et pas seulement au moment des élections. Dans son infinie bonté, le maire avait promis de solliciter par voie de référendum, l’avis de la population sur les choix cruciaux engageant l’avenir de la ville de Bourges. Craindrait-il aujourd’hui d’être désavoué ?
A force de tâtonnements incessants, la population berruyère est maintenue dans un flou artistique qui n’a d’équivalent que le fameux brouillard Londonien. Serge Lepeltier sait-il lui même ce qu’il veut réellement faire ?