EDITORIAL FÉVRIER 2010

Le 13 mars, c’est l’ouverture de la pêche

lundi 1er février 2010 à 07:30, par B. Javerliat

Le mois prochain, on vote. Si, si, c’est officiel, on vote. Pour élire les Conseillers Régionaux. Vous savez ces élus que personne ne sait qui c’est. Et bien, on vote pour eux les 14 et 21 mars 2010. Les Conseillers Régionaux, ils s’occupent des Régions. Comme la Bretagne, la Bourgogne ou le Languedoc-Roussillon. Pour nous… ben y’a pas de nom. Comme on est au centre de la France, on l’appelle la Région Centre. Ceux qui ont créé les Régions se sont vraiment creusé pour trouver ça. Donc, dans un mois, on vote pour des gens qu’on connaît pas, qui s’occupent d’un truc qu’on connaît pas non plus et qui, en plus, n’a pas de nom. Ça donne envie, non ?

A droite, ils n’ont rien à perdre dans cette élection

Pourtant, il va falloir y aller, voter. Parce que les Régions, en France, c’est comme qui dirait les derniers bastions de l’anti-sarkozysme. Sur 26 Régions, seules deux sont dirigées par la droite. Autant dire qu’à droite, ils n’ont rien à perdre dans cette élection. Ils vont donc mettre le paquet en promesses de tous genres qui n’engagent que ceux qui les croient. Chez nous, dans la Région Centre, la super promesse de droite, c’est le TGV qui va bientôt passer, c’est sûr. Et pas plus tard qu’en 2020. Quand on vous dit qu’ils sont prêts à promettre n’importe quoi pour gagner ! Remarquez, S. Lepeltier a déjà fait le coup en 2008 aux municipales, et il a été ré-élu dès le premier tour. C’est vous dire si ça marche, le coup du TGV ! Et cette fois-là, il en rajoute une couche, notre maire : « Le TGV Grand Centre irriguera nos territoires si nous gagnons en mars. Sinon, il ne verra jamais le jour ». Pas de Novelli, pas de TGV !

Novelli, c’est le chef de la droite dans la Région pour l’élection de mars. Un vrai chef de la vraie droite. Tellement chef, qu’il n’y qu’une seule liste de droite. A part l’extrême droite, personne n’a osé faire une autre liste de droite. Tellement à droite qu’il était au Front National, justement, il y a encore pas si longtemps. Il aime pas qu’on le dise [1], mais un ancien dirigeant du FN ministre de la République, c’est suffisamment rare pour le rappeler !

« Novelli », c’est aussi le nom d’un nouveau truc qu’il a inventé et qui porte son nom : l’Auto-Entrepreneur. Un peu comme « Poubelle » pour parler d’un récipient destiné aux ordures ménagères. Comment ? vous avez encore pas monté votre Novelli ? C’est pourtant simple : une simple déclaration administrative et hop, vous voilà patron ! Tout le monde y a droit, à sa Novelli : salariés, fonctionnaires, chômeurs. Surtout les chômeurs. Quand ils ont monté une Novelli, ils sont plus au chômage. Et un patron ça chôme pas, c’est bien connu !

A gauche ? C’est le bordel !

Et à gauche ? Ben, là… y’a pas de chef. Ou plutôt, y’a trop de chefs. Et quand y’a trop de chefs, c’est le bordel. Au PS, le chef de bande, c’est un certain Bonneau. Personne ne sait qui c’est. Dans le Cher, le sous-chef du PS c’est Rafesthain. Il est déjà chef du département, mais ça lui suffit pas. D’habitude, il est copain avec le chef du PC, François Dumon, et ils font liste commune. Mais cette fois, ils se sont engueulés pour une sombre histoire de places, et les socialistes font leur liste à eux tous seuls. Du coup, les communistes se retrouvent Gros-Jean comme devant, et sont obligés de se retourner vers le Front de Gauche. Sauf que certains communistes ne sont pas d’accord. Y’aurait une sale histoire de place la-dessous aussi, qu’on n’en serait pas surpris…

Et il y a les écolos. Avant, ils s’appelaient « Les Verts » et ils étaient de gauche. Maintenant qu’ils s’appellent Europe Ecologie, ils sont plus de gauche. Normal, leur chef est un ex gauchiste qui a viré libéral [2] (comme beaucoup). Pas de gauche, mais pas de droite non plus. Comme le centre. Pas la région, le parti. Il s’appelle le MODEM, comme MOu au DEMarrage. Enfin, il y a le NPA qui est à gauche aussi, mais qui n’aime pas les autres gauches, et LO qui vous le dit depuis des décennies : « on vous ment, on vous spolie ». C’est pas faux, d’un autre côté.

A droite, ils ont déjà presque tout. Ne pas voter, c’est leur donner les régions en plus.

Avec un tel programme, vous n’avez toujours pas envie d’aller voter ? Et bien, vous avez tort. Un point c’est tout. Comment ça, c’est un peu court ? Qu’est-ce que vous voulez qu’on vous dise de plus, on fait comme vous, on n’y connaît rien en Régions ! Mais par contre, y’a des trucs qui nous dérangent.

La droite, elle a déjà le Président, les ministres [3], l’Assemblée Nationale, le Sénat. Vous voudriez pas qu’elle ramasse les Régions, en plus ? Comment ça, qu’est-ce que ça changerait, la droite, la gauche c’est kif-kif ?

Ah bon, la gauche et la droite c’est pareil ?

Si c’était la gauche qui avait gagné en 2007, vous croyez qu’on aurait eu la Loi TEPA et le bouclier fiscal, les franchises médicales, la réintégration dans le commandement de l’OTAN, la RGPP, la LSI, EDVIGE, la Loi HADOPI, ?

Croyez-vous que la gauche aurait osé piétiner le suffrage populaire du "non" à l’Europe libérale de 2005 ? Qu’elle aurait décidé d’aller faire la guerre en Afghanistan ? Qu’elle aurait osé ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux, osé supprimer autant de tribunaux, d’hôpitaux, de gendarmeries ?

Là, tout de suite, on rigole moins, hein ?

L’incurie de la gauche ne doit pas faire oublier qui est le véritable adversaire

Et encore, on en oublie sûrement. Si après ça, vous pensez toujours que la droite et la gauche, c’est bonnet blanc et blanc bonnet, allez plutôt à la pêche (l’ouverture c’est la veille du premier tour, le 13 mars, comme dit dans le titre). Pour les autres, allez donc voter. L’incurie de la gauche ne doit pas faire oublier qui est le véritable adversaire. Et puis, la pêche est ouverte jusqu’en septembre.

[1Enquête de France 3 sur le passé d’Hervé Novelli Novelli a obtenu sa censure sur le site de France 3, mais on la trouve encore sur le Net.

[3Quoiqu’il y en a de gauche, là aussi pour de très sombres histoire de places ou de trahisons


Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Qui êtes-vous ?

commentaires
Le 13 mars, c’est l’ouverture de la pêche - Erline - 13 avril 2012 à 13:18

Je n’ajoute pas beaucoup des billets a mes Marques pages mais il est vrai que le votre merite une relecture.

pneu 4x4 bf goodrich

Avoir le pneu pas cher 195 50 r16 88v mais encore pneus discount saint dizier

conqurir pneumatique} somme premier pneus discount marseille pneus discount acheres pneus discount nimes et aussi pneu 100 Ou alors un pneus discount acheres egalement un pneu pas cher pour 4x4 ou bien encore pneus discount montpellier pneus discount laxou pneus discount alfortville


Le 13 mars, c’est l’ouverture de la pêche - papagayo - 16 février 2010 à 03:48

C’est surtout depuis un moment la pêche aux voix comme toujours en appâtant par tous les moyens


Le 13 mars, c’est l’ouverture de la pêche - Mister K - 10 février 2010 à 12:20

Donc, dans un mois, on vote pour des gens qu’on connaît pas, qui s’occupent d’un truc qu’on connaît pas non plus et qui, en plus, n’a pas de nom. Ça donne envie, non ?

Bon, on va essayer de remédier à cela dans la mesure de nos petits moyens. Les lecteurs peuvent déjà commencer à lire cet article...


Le 13 mars, c’est l’ouverture de la pêche - à votre santé ! - Cyrano - 4 février 2010 à 18:13

Notre Bernard écrit :

Ah bon, la gauche et la droite c’est pareil ?
Si c’était la gauche qui avait gagné en 2007, vous croyez qu’on aurait eu la Loi TEPA et le bouclier fiscal, les franchises médicales, la réintégration dans le commandement de l’OTAN, la RGPP, la LSI, EDVIGE, la Loi HADOPI, ?

Eh bien, puisque on a un bel hôpital à Bourges, prenons exemple sur la santé - et ces franchises médicales qu’on n’aurait pas eues...

En 1967, De Gaulle par voie d’ordonnance majore la cotisation des salariés et éclate la Sécurité Sociale en 3 branches (maladie, famille, vieillesse), chaque branche étant autonome dans ses recettes et ses dépenses. Depuis 40 ans, tous les plans de redressement des dépenses de santé (sous gouvernements de droite ou de gauche) suivent le même processus : diminution du remboursements des soins et relèvement des cotisations - mais... relèvement des cotisations des salariés et abaissement ou exonération des cotisations patronales (qu’on nomme "charges") au nom d’une aide à l’emploi (aussi fumiste et illusoire que les 5,5% de TVA applicables à la restauration).

Les dépenses hospitalières constituant le gros morceau des dépenses de santé, pour "maitriser" on s’occupa des hôpitaux, la Gauche s’y colla : le forfait journalier dans les hôpitaux, c’est Bérégovoy (en 1982). En 1983 on fixa un attribua un budget annuel à chaque hôpital qui devait se débrouiller avec sa dotation. Pour économiser, on économisa sur les besoins en personnel et alors on commença à fermer des lits, on introduisit la sous-traitance (maintenance, restauration, blanchisserie). Et c’était la Gauche qui gouvernait.

D’un gouvernement l’autre, sous la formule "maitrise des dépenses de santé", on entama un processus qui se traduisit sans arrêt par la dégradation des conditions de travail du personnel de santé, et par des dépenses de santé faisant de plus en plus appel à la bourse personnelle des malades.

Par exemple, en 1977 et 1978 Raymond Barre et Simone Weil avaient ramenés le remboursement de certains médicaments de 70% à 40%. En 1979, les cotisations de salariés furent augmentées et on imposa les indemnités maladies. La Gauche en arrivant au pouvoir en 1981 aurait pu supprimer ces mesures ? Elle les prolongera avec zèle, eh oui... On commença par relever illico de 1% encore le taux de cotisation, on instaura le forfait hospitalier, on réduisit encore plus le taux de remboursement de certains médicaments, d’autres ne furent plus remboursés purement et simplement. On supprima la franchise postale pour le courrier entre assurés et caisse d’assurance maladie. Et on rajoutera encore, en 1985, presque 400 médicaments à la liste de ceux remboursé à 40%.

On ne va pas tout résumer. Hop, on se transporte à la fin de cette histoire : en 2001, alors qu’une importante chaine de cliniques (Générale de santé) était introduite en bourse, Lionel Jospin accordait 2 milliards de francs aux cliniques privées.

Hélas... Certes, certes, ce n’est pas blanc-bonnet, bonnet-blanc, certes... mais plus on monte dans les hiérarchies de la République ça devient difficile de s’y retrouver. Municipalité ? oui, on arrive à distinguer... Conseil général ? oui, dans une certaine mesure... Conseil régional ?... là, faut déjà moins s’enthousiasmer, même si en cherchant on trouve des différences... Et ensuite ? ça se complique, c’est vraiment du cas par cas...


Le 13 mars, c’est l’ouverture de la pêche - à votre santé ! - mozi - 5 février 2010 à  15:42

« Par exemple, en 1977 et 1978 Raymond Barre et Simone Weil avaient ramenés le remboursement de certains médicaments de 70% à 40%. »

Ne s’agirait-il pas plutôt de S. Veil ?

Sinon, je suis d’accord avec votre commentaire.

Le discours idéologique de la gauche, comme la droite, n’est plus aujourd’hui qu’un paravent destiné à masquer, plus ou moins, le fait que l’Etat, du fait qu’il ne dispose pas de moyen autonome pour agir, est complètement soumis aux lois froides et impersonnelles de l’économie. Pour pouvoir agir il faut à l’Etat du fric…et pour avoir du fric il faut être toujours plus compétitif, plus efficace etc.

Ainsi, la caste politicienne lorsqu’elle accède au « pouvoir » (droite ou gauche) est contrainte de gérer l’Etat comme s’il était une vaste entreprise. Le problème étant bien évidemment qu’à la différence d’une entreprise, l’Etat a plus de mal à licencier sa population lorsque le chiffre d’affaire n’est pas au rendez-vous…

Répondre à ce message #25669 | Répond au message #25655
Le 13 mars, c’est l’ouverture de la pêche - à votre santé ! - Cyrano - 7 février 2010 à  15:46

Houps, plouf ! Heureusement que des lectrices ou lecteurs attentifs veillent !... Faut évidemment remplace le "w" par un "v".

Vos remarques, mozi, me laisse dubitatif... L’Etat peut-il ?... ne peut-il pas ?... C’est une question aussi ardue que le bonheur par la lumière au Conseil municipal...

On se souvient de la célèbre petite phrase de Lionel Jospin - « L’Etat ne peut pas tout » - prononcée à la télévision, en 2000, au sujet de licenciements (dans l’entreprise Michelin, je crois). François Mitterrand avouait : « Contre le chômage, on a tout essayé. ». Le président Sarkozy qui aime à paraître volontariste semble lui aussi être atteint par un fatalisme de gauche sur l’augmentation quotidienne du chômage. Ainsi donc, à croire sur paroles nos dirigeants politiques, l’Etat ne pourrait pas...

On a un exemple récent de l’Etat agissant : avec la crise de la fin 2008, l’Etat a versé des milliasses de milliasses d’euros aux banques et compagnies d’assurance. Pourtant, en septembre 2007, remember ! François Fillon avait crée un buzz en déclarant que la France était en faillite - paroles, paroles... Avec des caisses vides, évidemment, on ne peut pas augmenter les infirmières et les aides-soignantes, mais ça alors ! on peut verser une subvention indirecte aux industriels de l’automobile avec la prime à la casse. Ainsi donc, à constater les faits de nos dirigeants politiques, l’Etat pourrait...

Alors, L’Etat y peut pas ? L’Etat y peut ? Il semble bel et bien qu’il ne peut pas quand il s’agit de la petite friture, et il peut quand il s’agit de soigner les requins et autres gros poissons.

Répondre à ce message #25686 | Répond au message #25669
Le 13 mars, c’est l’ouverture de la pêche - à votre santé ! - mozi - 9 février 2010 à  08:41

Bravo, Cyrano, pour le jeu de mots !

Sinon, il me semble que l’exemple d’agissement que vous donnez aille au contraire dans mon sens.

L’Etat a donné des tonnes de fric aux banques et aux assurances car il ne pouvait faire autrement. La faillite de ces dernières institutions se serait en effet sinon soldée par la disparition, dans une très large mesure, du crédit, et incidemment l’économie en aurait pris un sérieux coup ! En gros pas de crédit = pas d’investissement = pas de croissance = pas d’argent pour faire fonctionner l’Etat.

D’ailleurs, je crois savoir que tous les gouvernements (droite au gauche ) de la planète ont agit de la même façon.

Peut-on alors appeler ça du pouvoir ? Si ce que peut ou ne pas faire l’Etat est dicté par les lois de l’Economie, il me semble bien alors que le pouvoir de l’Etat est essentiellement impouvoir !

Par ailleurs, il est vrai que la classe politique utilise aujourd’hui le fatalisme comme mode de gestion. Ce qui était d’ailleurs déjà le cas avec M. Thacher et son There Is No Alternative. Ce mode de domination possède de sérieux avantages puisqu’il permet à celui qui le met en oeuvre d’être tout à la fois responsable et irresponsable. Ce qui désarçonne la critique…

Répondre à ce message #25696 | Répond au message #25686
Le 13 mars, c’est l’ouverture de la pêche - Gwyddno - 4 février 2010 à 07:22

Bravo pour la question finale :« Qui est le véritable adversaire ? ».

Pour moi ce n’est pas Sarkozy qui n’est qu’une marionnette (efficace) manipulée par des intérêts privés.
Le véritable adversaire est le système qui nous a mené à cette situation.
Et la région est un maillon (pour l’instant) de la chaîne. Son pouvoir est certes limité mais réel.
On peut y voter des mesures de rupture avec la logique de profit qui auront un impact sur la vie quotidienne des gens.

Après, pour le NPA qui ne veut pas de l’autre gauche... il faudra se documenter une peu.

François


Le 13 mars, c’est l’ouverture de la pêche - 2 février 2010 à 21:18

Voilà un article de haute volée !