Quand le Berry se pose des questions sur le train
Le Berry Républicain quitterait-il les voies bien balisées du « politiquement correct » ? Un récent article de Franck Simon sur la situation du rail ne nous entretient pas, pour une fois, du dernier site internet de l’UMP pour la promotion du TGV dans le grand Centre [1]. Il admet même que l’avenir du TGV a un peu de plomb dans l’aile. Reprenant une information dont nous nous faisions l’écho ici-même il y a quelques temps, le Berry écrit « la SNCF ... laissait filtrer récemment son intention de réduire son offre de déplacements en TGV faute d’une rentabilité porteuse [...] Peu d’attentes à avoir donc du côté de l’État pour inciter les usagers à prendre le train plutôt que la voiture. » Non, quelle surprise ! Malgré les chants d’amour émouvants entonnés lors du Grenelle de l’environnement à la gloire du train et de ses avantages du point de vue de la cause environnementale, les efforts de l’Etat seraient encore bien timides ? ...
Reste donc aux Régions d’agir. Ben voyons. « Cent trente millions de tonnes de marchandises sont transportées sur le territoire régional dont la moitié en trafic national. Un chiffre de trafic important sauf que 95 % de ces marchandises sont transportées non par le rail mais par la route. » Exact. Dommage que M. Simon ne poursuive pas. Pour quelles raisons la route a pris un tel avantage sur le train ? C’est que le camion a toujours été l’enfant chéri des politiques. « Si le droit du travail et les réglementations de sécurité étaient rigoureusement respectés par les entreprises de transport routier, les coûts du transport de marchandises par camions seraient supérieurs d’environ 20 %. » écrivait JP Besset dans un article du Monde du ... 26 novembre 1996 [2], il y a presque 15 ans ! Dans le même article on apprenait que « L’Etat a encouragé le mouvement en offrant au fret routier des conditions de concurrence extrêmement favorables par rapport au rail (dont le fret a diminué de 13 % depuis 1985), bien que, selon l’Agence de l’environnement et de maîtrise de l’énergie (Ademe), un camion de 35 à 40 tonnes consomme deux fois et demi plus d’énergie qu’un train complet pour transporter une tonne de marchandises sur un kilomètre. »
Bref le déséquilibre entre le train et la route, aux avantages de la route, est la conséquence d’une volonté politique ancienne, jamais démentie. Le Grenelle de l’environnement n’y a rien changé. Il a simplement fait preuve de beaucoup d’hypocrisie, mode de l’écologie oblige.
Le Berry intitule son article L’avenir du train face à la rentabilité ... comme si les conditions économiques du moment étaient seules déterminantes dans cette affaire. Belle façon de passer sous silence l’essentiel.
Que nos politicards soient rassurés, le Berry Républicain ne déroge toujours pas au politiquement correct — sur la question du train comme sur bien d’autres dossiers régionaux.
[1] cf. Un site internet à grande vitesse. Ouah, ça c’est du titre ! On ne saura pas son coût. Plus de 1100 euros HT ?
[2] Des conditions de travail imposées par le choix du « tout-camion », Jean-Paul Besset et Sylvia Zappi, Le Monde 26-11-96