Revue de web du 15 au 21 Février 2010

Sous nos yeux

lundi 22 février 2010 à 10:30, par B. Javerliat, bombix, Charles-Henry Sadien, Mercure Galant, Mister K

Derrière l’idée d’une revue de web, il y a l’idée de mettre en avant des sujets qui n’ont pas été abordés par « les grands médias » ou qui l’ont été différemment. Il y a aussi l’idée qu’avec internet, que beaucoup mettent un peu rapidement dans la case des médias vite consommés, on peut revenir un peu en arrière et réfléchir tranquillement à l’actualité au rythme où on l’a décidé. Internet est un média à plusieurs vitesses, si vous cherchez un peu, vous y trouverez certainement ce que vous cherchez : du missile en carton à la bombe latine, la gamme de choix est très, très large. Expulsion des étrangers, crise économique, chômage...il n’y a pas que du sexe et du glamour sur internet. Et tout se passe sous nos yeux.

Bourges

On a pas mal parlé de Bourges cette semaine en France à cause d’une maquette de missile retrouvée dans un fossé.

Par contre, on n’a pas trop parlé de l’expulsion d’une famille russe. Les associations et quelques politiques s’indignent de ces faits, des méthodes [1]. Mais l’écho est tout juste local. Alors, certains imaginent d’autres méthodes, peut-être plus spectaculaires, comme ce réveil à 5h30 du secrétaire général de la Préfecture du Cher qui aurait pu avoir lieu ce samedi 20 janvier 2010. Alors ces expulsions, est-ce le fait de fonctionnaires zélés ou tout simplement l’application stricte d’un système politique, celui de la Sarkozie, qui a oublié l’humain ? Un truc est sûr, c’est que les citoyens français ont élu les gouvernants qui appliquent cette politique inhumaine et que malgré les dérives évidentes, ils laissent faire. Mais personne ne peut dire que l’on ne sait pas ce qui se passe, cela se passe sous nos yeux.

Politique

Peut-on être socialiste et libéral ? « Je dois admettre que l’opposition entre libéralisme et socialisme me déplaît, car cela fait plus de dix ans que j’essaie d’expliquer aux socialistes qu’ils sont libéraux. » : celui qui s’exprime ainsi, c’est Vincent Peillon député européen PS, bras droit de Ségolène Royal. Avec Jean-Fabien Spitz, il revient sur les rapports houleux entre socialisme et libéralisme, notion polysémique s’il en est. « Opposer les deux termes (comme Ségolène Royal) ou les réduire l’un à l’autre (comme Bertrand Delanoë) me semblent deux régressions intellectuelles, car cette opposition a déjà été dépassée, dès 1830, et ce dépassement se trouve au fondement même du socialisme. » Osera-t-on suggérer la lecture de cet article à Yann Galut — autre soutien de Ségolène Royal —, qui dans son livre, Demain est un autre jour, s’est révélé on ne peut plus léger pour traiter de la question du libéralisme dans ses rapports avec le socialisme : « Pour l’UMP, être moderne, c’est accepter l’ultra libéralisme ... en appeler à une doctrine politique dont les fondements remontent au moins au XVIIIe siècle et qui prennent surtout leur envol au XIXe siècle ... la modernité économique dont se revendiquent les politiques de droite commence historiquement à dater. » (p. 61)

Culture

BHL encore : philosophie au ventilateur. Dans un entretien, Frédéric Pagès revient sur l’affaire BHL. Frédéric Pagès est ce Botul dont venait tout le mal, celui qui a fait trébucher le philosophe à la chemise blanche et au si beau poitrail. Pour cet auteur malicieux qui est aussi une plume du Canard Enchaîné, cette affaire pose des questions sur la manière de travailler de Bernard-Henri Lévy, mais pas seulement : « Cela jette un doute sur les méthodes de Bernard-Henri Lévy, mais aussi sur celles de sa maison d’édition. Vérifier les références d’un livre, c’est le ba-ba du travail d’éditeur. Je m’interroge sur les normaliens, puisque Bernard Henri-Lévy dit avoir évoqué Botul lors d’une conférence à l’Ecole normale supérieure de la rue d’Ulm. » Bref, après le rire, le doute : l’affaire BHL ne serait-elle pas au fond le symptôme d’une certaine déliquescence de la vie intellectuelle en France ?

Michel Foucault sur France Culture. Si vous avez l’avez loupée, vous pouvez encore podcaster la série d’émissions que France Culture a consacré à Michel Foucault la semaine dernière.

Société

Les Français regrettent le franc. Qui s’en étonnera ?

Chômage : à quand une mobilisation générale ? En voilà une putain de bonne question...

L’anticipation économique, c’est flippant. On ne sait pas si ces prévisions sont crédibles, en tout a cas, elles sont documentées. La question est de savoir si le gouvernement français va être capable d’anticiper ou si il va attendre que passe la tempête...

Et si nous étions en pleine mutation ? Vous allez dire que ce n’est pas un scoop. Oui, mais si cette mutation était positive pour les hommes ? Oh là, là, de l’optimisme sur l’Agitateur ? Bon, on ne vendra pas la peau de l’ours...

Roué de coups par des policiers à une fête chez moi Un "riverain" du site Rue 89 et ses colocataires organisent une fête. Il raconte comment ils ont été frappés, menottés et gazés par les policiers.

Comment la France est devenue moche. Zones industrielles, hangars, échangeurs, pavillons hideux reproduits à l’identique, poussés là comme vilains champignons après la pluie : depuis le début des années 60, la France s’enlaidit, et s’étendent ces chancres informes qui défigurent toutes les entrées des villes de France. Fatalité, ou conséquence de choix politiques ? On votera bientôt pour les régionales. L’article de Télérama nous rappelle par exemple que la décentralisation n’a pas eu que des conséquences positives, en matière d’urbanisme particulièrement : En 1983, les lois de décentralisation donnent tout pouvoir aux maires en matière de permis de construire « et la catastrophe commence, estime Thierry Paquot. La plupart des élus sont totalement incompétents en matière d’urbanisme, et de plus ont un goût exécrable ». Ils se reposent sur les promoteurs pour produire du clés en main. « L’habitat se banalise et conduit à cette France moche qui nie totalement l’esprit des lieux. »

Médias et Multimédias

Les jeunes cadres de l’UMP forcés à s’inscrire sur le site Web 2.0 du parti Une note interne exige des membres des cadres des Jeunes populaires qu’ils adhèrent à Créateurs de possibles sous peine d’être démis de leurs fonctions.

Attachés au JT ou comment s’informer sans internet en 2010 ?

A modérer avec modération, une autre explication de la difficulté de modérer les forums sur internet.

Assemblée : les portes du pénis tancé ! Miséricorde ! Les députés sont les premiers à faire les frais de la loi sur la sécurité intérieure (LOPPSI) votée mardi. Un filtrage internet en interne les prive d’accès aux sites pornographiques. Avec quelques ratés…

"Wired" invente le magazine du futur sur iPad. Une démonstration intéressante de ce que peut donner un magazine utilisant les nouvelles technologies en 2010. Bon, contrairement à ce que vous pouvez penser, ce n’est pas forcément une incitation à s’équiper d’un iPad, hein...

Les médias "lents". Dans la course à l’information, on s’aperçoit que pour véritablement s’informer, on doit utiliser plusieurs vitesses. Et on a comme l’impression que l’Agitateur répond à pas mal de points de ce manifeste. L’Agitateur serait-il un média lent ?

Un chose est sûre, l’Agitateur est issu du Web à papa, du web indépendant de la seconde moitié des années 90. En 1997, l’Agitateur était un webzine. En 2010, c’est encore un webzine. En 1997, l’Agitateur était sans pub. En 2010, il est toujours sans pub. Bon, on a quand même pris 13 ans dans la tronche. Mais le Scarabée, qui est de retour, aussi.

Bakchich.info fait du mauvais esprit à propos de Twitter Autrefois, on avait Acrimed , des ordinateurs qui pèsent trois tonnes, et des journalistes « professionnels » qui voyaient internet comme un minitel avec des images. Presque quinze ans plus tard, les « pros » de la communication et du journalisme s’emparent enfin du web. Sur la toile pullulent les sites qui débattent à propos de « comment c’est qu’on peut faire de l’information de professionnels uniquement sur internet et en faire un ’’business model’’ ». Les cyberjournalistes se reconnaissent entre eux et ils sont contents. On y parle de « chatroulette », d’Ipad, et de Twitter. C’est la génération des journalistes geeks un peu nombrilistes. Bakchich.info s’en est un peu amusé en se moquant gentiment de Twitter où l’on trouverait beaucoup de journalistes fabricants ou suiveurs de buzz, qui passeraient leur temps à surfer sur internet pour trouver les meilleurs articles. Ils en tireraient une certaine notoriété, sans jamais écrire eux-même grand chose de très intéressant. Plus besoin de faire de longues enquêtes et de risquer la taule comme Denis Robert pour être un grand professionnel. En tout cas, les filières « info-com’ option documentation » à l’IUT de Tours ou Bordeaux ont de l’avenir.

Sous nos yeux

The Whale Hunt / A storytelling experiment C’est surprenant, c’est beau, c’est déroutant. C’est une performance technique, et ça explore de nouvelles façons de raconter. De nouvelles façons de faire des images et de les faire parler. Jonathan Harris a rapporté 3214 photos (une photo en moyenne toutes les cinq minutes !) de son périple de neuf jours avec une famille d’Inuits partant à la chasse à la baleine. Le résultat, c’est ce webreportage inouï. Le web, c’est ça aussi : de l’invention au service de la création. Pour découvrir le monde et pour rêver ...

[1interpellation à 5h30 du matin au foyer St François le jeudi 18 février 2010, embarquement à 12h45 ce même jour à Roissy direction Moscou


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commentaires
Sous nos yeux - Eulalie - 27 février 2010 à 13:13

Ce qui n’est pas non plus passé au JT : suppression de la Commission Nationale de Déontologie de la Sécurité

En Sarkozie, l’IGS, c’est beaucoup mieux.