Procès des Ripous
Le Berry Ripou, journal satirique créé en 2009 par Jean-Michel Pinon [1] et Laurent Quillerié [2], est poursuivi en justice pour « injure publique envers un fonctionnaire public », le fonctionnaire public en question étant Matthieu Bourrette, ancien secrétaire général de la Préfecture de Bourges [3].
Rappel des faits : Jeudi 18 Février 2010 à 5H30 du matin, au Foyer
Saint-François, une famille de russes sans papiers a été embarquée par la police sur ordre de la Préfecture du Cher, en direction d’un camp de rétention avant d’être embarquée dans un vol charter dès 12H45 à Roissy, direction Moscou. Seule, la grand-mère, atteinte d’une maladie grave, n’a pas été expulsée. Elle ne s’est rendue compte de l’enlèvement de sa famille qu’à son réveil. Cette expulsion a provoqué à Bourges une grande émotion et, en soirée, une manifestation était improvisée devant les grilles de la Préfecture du Cher.
Pour illustrer cet événement, dont les méthodes rappellent les rafles sous le régime de Vichy, le Berry Ripou publie sur son site web une caricature de l’affiche du film « La Rafle ». On y voit un policier français emmener de force des enfants. Au montage, le visage de Matthieu Bourrette été inséré sur la tête de ce policier. Trois mois plus tard, celui-ci dépose plainte pour injure publique envers un fonctionnaire public, « cette affiche constituant une expression outrageante ou une invective ne renfermant l’imputation d’aucun fait ».
L’audience se déroulera le Vendredi 17 septembre 2010 à 14h au Tribunal de Grande Instance de Bourges. Le Berry Ripou sera défendu par Yann Galut.
L’Agitateur, dont Jean-Michel Pinon a été le co-fondateur, soutient
pleinement le Berry Ripou dans cette affaire. La partie risque cependant d’être serrée puisque Matthieu Bourrette n’est pas n’importe qui : il est depuis le 9 juillet dernier procureur de la République auprès du tribunal de grande instance de Vienne. Espérons que ce procès, qui porte atteinte à la liberté d’expression, aura une issue favorable au Berry Ripou. Le premier magistrat de France n’a-t-il pas déclaré « Je préfèrerai toujours les excès de la caricature à l’absence de droit à la caricature qui est la marque de tous les régimes totalitaires [4] . » ?