Quand le Berry travaille pour la Sarkozie
Ton bien ironique, et un peu déplacé tout de même, au Berry Républicain, le journal local qui tente de couvrir l’actualité de Bourges et du Cher. Relatant le blocage du péage de l’autoroute par les syndicalistes, le désormais unique canard berruyer, s’autorise – une fois n’est pas coutume – l’analyse politique et le commentaire des faits sociaux. « Investis d’un pouvoir singulier, celui de soulever les barrières à défaut des foules … » peut-on lire à propos des syndicalistes qui menaient cette action. Faut-il rappeler au pisse-copie qui a commis ce papier — puisque semble-t-il il n’était pas dans la rue mardi — que presque dix mille personnes avaient cessé le travail et investi la rue à Bourges le 7 septembre ? Il doit, comme Sarkozy, être victime de problèmes de vision, concernant les manifestations. L’article se termine par : « Car « gagner (sur les retraites), c’est possible ». C’est Sud Solidaires qui le dit. » Pas mal cette façon vaguement condescendante de limiter la revendication du retrait du projet de réforme Woerth-Sarkozy à l’organisation syndicale la plus radicale.
Une façon comme une autre de soutenir le gouvernement, en travaillant l’opinion, en lui laissant croire que l’opposition à la réforme des retraites, c’est un truc de « gauchistes » et d’« anarchistes » [1].
De la même manière, on pouvait remarquer que, dans le diaporama de la journée de mardi, il y a un gros plan sur JL Julien [2], mais pas un cliché sur les responsables de la gauche bourgeoise ; pourtant, les Alain Rafesthain, Jean-Pierre Saulnier et autres Yann Galut étaient bien présents.
Le Berry Républicain, depuis qu’il a perdu son concurrent, se laisse un peu aller. Entre publi-reportages au bénéfice de nos gloires locales de la culture ou de la politique, faits divers croustillants, rubriques des chiens écrasés et élections des catherinettes, on ne peut vraiment pas dire que les choses s’améliorent. C’est même sans doute devenu pire. Voilà un journal, entre ronron et acquiescement béat à l’idéologie ambiante, qui ne tente vraiment plus rien.
[1] Même technique, de la part d’Hortefeux, lorsqu’il commente la mobilisation de samedi contre la xénophobie : « Une telle manifestation hétéroclite, où se sont retrouvés une mosaïque de partis traditionnels mais aussi des groupuscules gauchistes et anarchistes, ne fait pas une politique. »
[2] Candidat d’extrême gauche aux dernières municipales