Le 23 septembre 2010, on y était

vendredi 17 septembre 2010 à 07:19, par B. Javerliat

Jamais, dans l’histoire de la cinquième république, un Président n’a été aussi impopulaire [1] et embourbé dans des scandales [2]. Jamais dans l’histoire de cette même cinquième république, un gouvernement n’a tenté d’imposer une telle régression sociale. Les conditions semblent donc idéales pour mobiliser la population et faire échec à ce projet. Pourtant, le recul de l’âge légal de la retraite a bien été voté à l’Assemblée Nationale [3].

Le 23 septembre 2010, on y était

Bien sûr, l’UMP dispose de la majorité à l’assemblée, et peut donc voter ce qu’elle veut. Bien sûr, Sarkozy, après avoir déclaré qu’il n’a pas été élu pour augmenter l’age de départ en retraite [4], a pour la énième fois menti, pour en faire LA réforme de son quinquennat. Pourtant, malgré des manifestations monstres [5] et une population aux trois quarts hostile au projet [6], l’augmentation de la durée de cotisation pour la retraite a bien été votée à l’Assemblée Nationale.

Ca aussi, c’est une première sous la cinquième. Contre le CPE en 2006 [7] , plus de 2 millions de personnes dans la rue avaient fait reculer Chirac. En 1995, plus d’un million de personnes ont fait échec au plan Juppé [8] sur la sécurité sociale. Contre la réforme de l’enseignement privé en 1984 [9] , plus d’un million de personnes dans la rue avaient fait reculer Mitterrand. C’est que jusqu’alors, le Président de la République était le garant de la cohésion du pays, et savait retirer un projet qui divise par trop le pays. Sarkozy, lui, ne se conduit pas en chef d’Etat, mais en chef de clan.

Son clan, à lui, c’est les banques et le CAC 40. Ce sont eux qui l’ont mis au pouvoir. Il fait son job [10], il n’est pas au service des Français. Pas question pour autant de remettre en cause la légitimité de son élection [11]. Mais il n’a pas pour autant obtenu un blanc seing. Si l’élection de Sarkozy est légitime, les grèves et les manifestations contre sa réforme des retraites le sont tout autant. La résistance à l’oppression est un droit imprescriptible. Car il s’agit bien d’une oppression : « mauvais traitement systématique d’un groupe social avec le soutien des structures de la société oppressive » selon Wikipedia. Le « mauvais traitement systématique » ce sont les réformes Sarkozistes qui sont à chaque fois des régressions sociales. Le groupe social oppressé, c’est celui qui n’a que sa force de travail à vendre. La société oppressive, ce sont les possédants qui ne possèdent jamais assez. La structure, c’est l’État Sarkoziste.

Dans un pays démocratique, les grèves et les manifestations ne devraient pas être le seul recours. L’opposition aussi devrait faire son job. Et là, force est de reconnaître qu’il n’y a pas vraiment d’ardeur au travail. A part quelques gesticulations « grand guignolesques » pour retarder l’heure (juste l’heure !) du vote à l’Assemblée [12], pas grand chose. Ségolène Royal déclare "solennellement," que le PS reviendra sur cette loi si son candidat est élu [13] ? Comment croire celle qui a avoué, après sa défaite en 2007, ne jamais avoir cru au SMIC à 1500 euros, alors qu’elle le défendait pendant sa campagne [14] ? Et le « contre-projet » socialiste de Martine Aubry ne prévoit-il pas 41,5 années de cotisation pour obtenir une retraite pleine [15] ? Le « meilleur » candidat socialiste à la prochaine Présidentielle n’est-il pas Dominique Strauss Kahn [16], patron du FMI qui a ruiné tant de pays ?

Côté syndical, c’est guère mieux. A part le train-train des manifs automnales et printanières, rien. A part faire perdre de l’argent à ceux qui font grève, elles n’ont eu aucun résultat. On fait une manif pour fixer la date de la prochaine manif. Et la prochaine, c’est le 23 septembre prochain. Que faire, y aller ou laisser tomber ? Y aller, bien sûr ! Ne pas y aller reviendrait à capituler en rase campagne. Y aller moins nombreux signifierait résignation à cette réforme inique. Il faut donc y aller, et plus nombreux. Nous étions près de 10 000 à Bourges et près de 3 millions en France le 15 septembre. Dépasser ces chiffres, c’est le seul moyen dont on dispose pour forcer les syndicats et la gauche parlementaire à prendre vraiment conscience du refus des Français de voir appliquée cette réforme des retraites. Sinon, c’est mort. Et la prochaine fois qu’on descendra dans la rue, ce sera pour s’opposer au projet de ramener de 5 semaines à 4 la durée des congés payés. Car après les retraites, c’est aux congés payés qu’ils s’attaqueront [17]. C’est la logique capitaliste. Celle qu’on appelle la lutte des classes.


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commentaires
Le 23 septembre 2010, on y était - Eulalie - 24 septembre 2010 à 13:34

Et alors, on continue, la nuit, le jour, occupation des lieux de travail, des places publiques, on dort et mange sur place, on se rencontre, on discute, on s’organise ? On combat ?


Le 23 septembre 2010, on y était - B. Javerliat - 21 septembre 2010 à 08:42

le « contre-projet » socialiste de Martine Aubry ne prévoit-il pas 41,5 années de cotisation pour obtenir une retraite pleine ?

Le tract du PS lors de la manifestation du 7 septembre a fait un peu (beaucoup) tâche. Alors que le projet de Sarkozy prévoit 42 annuités de cotisation, le tract du PS parlait de... 41,5 annuités ! Quelle différence ! Interrogé sur le sujet, Yann Galut a tenu à préciser : « Ma réponse est claire. Je suis pour la retraite a 60 ans avec une durée de cotisation de 40 ans maxi !!! Sur cette question, je suis sur la position de Gérard Filoche. » Pas simple à comprendre, le PS...


Le 23 septembre 2010, on y était - bombix - 23 septembre 2010 à  19:57

J’ai (enfin) pu me procurer un document qui présente les revendications du Collectif de défense des retraites du Cher.
Parmi les partis politiques de gauche importants ne figurent pas le PS (mais les Jeunes socialistes sont là ... cherchez l’erreur) ni Lutte Ouvrière.
Parmi les organisations syndicales, la CFDT est absente. FO est absent aussi. Pourtant, dans la manif d’aujourd’hui, les FO scandaient le seul slogan clair et acceptable : Retrait du projet de loi, pas un jour de plus, pas un euro de moins.

Ce qui me semble important aussi sur ce document, c’est que rien n’est dit concernant le nombre d’annuités.
Demander le maintien du départ à 60 ans, et la prolongation à 41,5 annuités, n’est pas la même chose que d’exiger la préservation des acquis. Nous n’allons pas reprendre la démonstration. Parmi les leaders du PS dans le Cher, Yann Galut s’est prononcé clairement pour une durée de cotisation de 40 ans, Irène Félix est favorable à 41,5 ... Pierre Dedet refuse de se prononcer sur un chiffre exact.

Il est bien sûr indiqué : "Garantir le droit au départ à 60 ans au plus tard et à taux plein." Que veut dire cet "au plus tard et à taux plein" ? Est-ce que les organisations signataires sont pour la suppression de la décote actuelle avant 65 ans si le salarié n’a pas atteint 162 trimestres (voir tableau) ?
L’âge moyen de départ à la retraite est aujourd’hui de 61,5 ans.

J’en conclus donc que le CDR 18 est non seulement défensif, mais offensif sur la question des retraites. Fichtre ! Mais avec quelle issue, dans les faits ?

Le front syndical est certes uni. Mais les organisations qui le composent sont si diverses, leurs revendications si incompatibles, qu’on se demande bien pour quoi les gens défilent exactement. Pour le retrait de la loi, pour son aménagement ? Pour une autre réforme ? Pour une réforme favorable aux salariés, comme pourrait le faire croire le document du CDR ? Les choses ne sont pas claires du tout.

Répondre à ce message #29538 | Répond au message #29499
Le 23 septembre 2010, on y était - 23 septembre 2010 à  20:19

Bonsoir Bombix

Le PCF a des propositions claires sur la réforme à mener : vous les trouverez en suivant ce lien. Ces propositions sont diffusées depuis des mois, font l’objet d’une proposition de loi défendue par les parlementaires PG-PCF

Bonne lecture,

Yannick BEDIN

Répondre à ce message #29539 | Répond au message #29538
Le 23 septembre 2010, on y était - B. Javerliat - 23 septembre 2010 à  21:05

Le PCF a des propositions claires sur la réforme à mener : vous les trouverez en suivant ce lien

Désolé Monsieur Bedin, mais je n’ai rien trouvé dans ce site sur la durée de cotisation. On y trouve bien l’age légal de départ en retraite (60 ans comme le PS), mais rien sur la durée de cotisation pour y avoir droit. Alors, c’est combien au PC ? 37,5 - 40 - 41,5 - 42 années ? Avez-vous des informations sur le sujet ?

Tract spécial "Retraites" du PC
Les 12 articles de la loi PCF-PG sur le financement de la retraite

Répondre à ce message #29540 | Répond au message #29539
Le 23 septembre 2010, on y était - pascale - 24 septembre 2010 à  17:02

On peut toujours batailler sur le point 1a ou 6c de tel ou tel projet de tel ou tel parti politique. Pourquoi pas. Moi, ce que je remarque, c’est qu’"en bas" ça bouge (lisez les sites appropriés et certains journaux), et je pense que l’important, pour le moment, c’est de faire reculer le gouvernement, montrer une colère salutaire et revigorante, encourager les gens à discuter en commun : "retrait du projet gouvernemental" : c’est ce que stipule le premier principe de la charte du CDR. Si déjà on arrive à mettre à terre Woerth-Sarkozy là-dessus, ce sera une victoire. Et une première victoire peut en entraîner d’autres...

Répondre à ce message #29553 | Répond au message #29540
Le 23 septembre 2010, on y était - B. Javerliat - 24 septembre 2010 à  18:54

Si déjà on arrive à mettre à terre Woerth-Sarkozy là-dessus, ce sera une victoire.

Alors là, faut pas rêver. Les enjeux sont trop importants. Et il ne s’agit pas d’enjeux politiques, mais d’enjeux financiers. Sarko se fout de l’équilibre des caisses de retraite comme de sa premiere Rolex. Ce qu’il veut, c’est transférer la manne des retraites par répartition vers les fonds de pension et la retraite par capitalisation. J’ai tenté de l’expliquer ici, mais on doit sûrement trouver d’autres textes bien plus complets sur le sujet, comme par exemple celui-ci.

Répondre à ce message #29555 | Répond au message #29553
Le 23 septembre 2010, on y était - 24 septembre 2010 à  20:47

« Le retour aux 37,5 annuités pour tous, y compris les fonctionnaires pour le calcul d’une pension complète avec 75 % du salaire minimum, la revalorisation des basses retraites »

C’est ici

Le PCF est pour le départ à la retraite à 60 ans, anticipé si carrière longue ou pénibilité. La question de la durée de cotisation, si elle est importante est un débat qui masque la réalité qui est que nombre de personnes rentrent plus tard dans le marché du travail. Nous sommes donc aussi pour la prise en compte des années d’études ce qui implique de changer l’assiette des cotisation en trouvant de nouvelles ressources, mais aussi l’augmentation des salaires et une politique de l’emploi volontaire, entre autre.

Yannick BEDIN

Répondre à ce message #29562 | Répond au message #29540
Le 23 septembre 2010, on y était - B. Javerliat - 24 septembre 2010 à  21:22

Merci, mais je n’avais pas réussi à trouver ce texte. Le PCF préconise donc le retour aux 37,5 annuités pour tous. Ca parait en effet cohérent, compte tenu du fait que les jeunes entrent de plus en plus tard dans la vie active (stages, interim...) et que les vieux se font virer bien avant 60 ans.

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Le 23 septembre 2010, on y était - Eulalie - 25 septembre 2010 à  21:10
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