Réforme des retraites ? Quelle réforme ?
Décidément, on ne doit pas tous vivre dans le même monde. Alors que des milliers de personnes sont descendues dans les rues de Bourges et du Cher pour manifester leur opposition à la réforme des retraites, la droite locale ne pipe pas mot sur le sujet. Courageusement (sûrement pour ne pas nuire au bon déroulement de la réforme), elle observe un silence radio total.
Prenez nos deux députés UMP, Cosyns et Fromion. Ils l’ont votée, à l’Assemblée, cette réforme « nécessaire, juste et responsable ». Mais la modestie leur interdit de s’en vanter. D’aucun aurait pu craindre quelque fanfaronnade : « Moi, Député Cosyns (ou Fromion, comme vous préférez), je suis fier d’avoir participé à cette réforme nécessaire, juste et responsable qui porte l’âge de la retraite à 62 ans ! ». Eh bien non, humilité oblige, ils préfèrent ne pas en parler. Et c’est tout à leur honneur. D’ailleurs ils ne se vantent jamais d’avoir participé à d’autres réformes « nécessaires, justes et responsables ». Prenez le bouclier fiscal, par exemple : ils l’ont voté, mais ils n’en parlent jamais. Il a pourtant permis de rembourser 679 millions d’euros aux 18764 Français les plus riches en 2009. Il y a de quoi en être fier, non ? C’est comme la Révision Générale des Politiques Publiques - qui aura supprimé plus de 120000 fonctionnaires d’Etat d’ici 2011 - ils l’ont voté aussi mais n’en parlent jamais non plus. Trop modestes. Pourtant, la liste des réformes « nécessaires, justes et responsables » qu’ils ont voté est longue [1]. Il serait légitime qu’ils en éprouvent quelque fierté. Mais ils vous répondront qu’ils n’ont fait que leur devoir, que ce ne sont que de fidèles serviteurs de la Sarkozie République. Devant tant d’abnégation, devant une telle conscience de l’intérêt national, on reste confondu.
Ça, c’est pour les « grands élus » comme les appelle sans rire Aymar de Germay. Les petits élus de droite, eux non plus d’ailleurs, n’en parlent pas de la réforme des retraites. Quelqu’un sait-il ce qu’il en pense Aymar, de la réforme des retraites ? Et Bensac [2] ? Et Lepeltier ? Rien. Ils n’en pensent rien. A moins qu’ils ne disent rien mais qu’ils n’en pensent pas moins. En tous cas, on sait pas. Plutôt, on se doute. Parce que la réforme « nécessaire, juste et responsable », c’est pas très bon pour les élections. Allez savoir pourquoi, mais les gens la trouvent plutôt « inutile, injuste voire inique », cette réforme. Ils sont ingrats, les gens, quand même. Alors, plutôt que de perdre leur temps à expliquer, lors de la prochaine campagne des cantonales, pourquoi cette réforme est « nécessaire, juste et responsable », ils ont déserté depuis longtemps. Fini l’UMP, vive le groupuscule Nouveau Centre. « Courage fuyons ! » semblent se dire Aymar et Bensac [3]. Lepeltier, lui, ne se présente pas aux cantonales, et préfère « donner à d’autres personnalités la chance d’émerger. » Et n’allez pas croire que c’est pour une bête histoire de cumul des mandats. Non, non, c’est juste pour laisser la place aux jeunes !
Du coup, la Conseillère Générale sortante Irène Félix, va se retrouver face à une « personnalité émergente ». Pour le moment, cette personnalité n’est pas désignée, et ce n’est pas le propos de ce billet. Mais ça permet de parler de l’opposition . Elle en pense quoi, l’opposition, de la réforme des retraites ? Unanimement, elle refuse le projet et demande le maintien de l’âge légal de départ en retraite à 60 ans. C’est logique, puisqu’il s’agit d’une conquête sociale obtenue quand cette même opposition était au pouvoir en 1982 [4]. Le PS se fend d’un contre projet intitulé « Une réforme juste, efficace et durable des retraites » [5]. L’âge légal de départ en retraite y est bien maintenu à 60 ans. Mais pour y avoir droit, à cette retraite, combien de temps faudra-t-il travailler (en 1982, c’était 37,5 ans) ? Mystère et boule de gomme, ça n’est pas précisé. Il a fallu attendre les manifestations du 7 septembre dernier pour qu’un petit tract [6] lève le voile : le PS propose d’allonger à 41,5 années la durée de cotisation ! Pratiquement autant que le projet Sarkozy (42 ans) ! Autant dire qu’il y avait quelques remous dans les manifestations [7] ! Le projet du PC [8] est en ce sens plus cohérent, puisqu’il propose aussi le maintien à 60 ans mais, surtout, le retour aux 37,5 annuités (portées à 40 par Edouard Balladur en 1993). Au vu des résultats électoraux du PC lors des dernières présidentielles, il y a peu de chances que ce projet devienne réalité. On est bien obligé de ne considérer que le projet du PS - seul parti à même de parvenir au pouvoir - et de constater qu’il n’y a pour le moment rien à en attendre. Il y a hélas bien longtemps que le PS n’est plus un parti d’alternative, mais un parti d’alternance...
Autrement, du côté des syndicats ? On prévoit une nouvelle promenade de santé le 2 octobre. Moi, j’ai prévu d’aller aux champignons, ce jour là. Il paraît qu’il y en a plein. Et quitte à marcher, autant que ce soit pour quelque chose.
[1] Voir les votes du député Cosyns : http://mondepute.free.fr/depute.php?num=134
Voir les votes du député Fromion : http://mondepute.free.fr/depute.php?num=224
[2] Qui a dit « on s’en fout » ?
[3] Qui a dit « on s’en fout aussi » ?