La lutte à Caen

Communiqué suite aux actions caennaises du 3 novembre 2010
dimanche 7 novembre 2010 à 14:54, par caro

Le mouvement social de 2010 aura aussi été une guerre de la communication. Et à cet égard, internet, même s’il a joué un rôle, n’a pas été déterminant. On a pu juger du poids encore bien réel des média classiques dans le façonnage de l’opinion. Puisqu’il avait un large soutien de la population, le mouvement contre la réforme des retraites ne pouvait être complétement illégitime. La stratégie a donc été de le priver de son tranchant en ne donnant la parole qu’aux représentants patentés des centrales syndicales. Lors du débat chez Calvi le 25 octobre, seules la CFDT et la CGT étaient représentées, et seul, ou presque, Chérèque a parlé pour le mouvement. Le tour était joué.
Pourtant, on continuait et on continue de se battre. Mais dans le silence, ou presque. Il nous a semblé intéressant, à cet égard, de mettre en ligne le document ci-dessous, Info de la contestation sociale et de la répression policière sur Caen que l’on nous a proposé à la publication. Nous ne connaissons pas exactement sa provenance, mais il nous semble un témoignage éloquent sur cette bataille dans la bataille. (La rédaction de l’Agitateur)

Des actions, de la répression et toujours de la détermination !

A Caen, ce mercredi 3 Novembre, à l’appel de l’assemblée générale intercatégorielle et de l’assemblée générale des étudiant-e-s, une soixantaine de personnes a bloqué, dès 4 heures du matin, le centre routier de Mondeville, anticipant de 2 heures l’appel de l’intersyndicale. L’objectif était de rendre ce blocage réellement efficace, puisque nous avons été mis-e au courant de chargements de camions avant l’heure de l’action annoncée. Contrairement aux centrales syndicales, la primeur médiatique nous importe peu. Néanmoins, nous n’avons pas pour but d’attirer sur nous la répression. Seulement, depuis le début du mouvement, quelques bureaucrates syndicaux décident d’actions et d’horaires, négligeant les personnes activement présentes sur les piquets, syndiquées ou non. Les blocages des dépôts de carburant en sont un exemple : c’est par la volonté des grévistes présent-e-s sur place que ceux-ci ont été maintenu-e-s plusieurs jours, instaurant un rapport de force par un blocage économique effectif.

Nous l’observons : la répression est proportionnelle à l’efficacité de ces blocages.

C’est ainsi que ce mercredi vers 5H40, nous sommes contraint-e-s de quitter les lieux à l’arrivée des forces de l’ordre qui visaient à lever le blocage en cours, et aussi à empêcher celui appelé par l’intersyndicale. Ensuite, une décision collective d’organiser un second blocage au centre commercial Mondeville 2 est prise devant la Maison des syndicats.

Vers 7H30, nous bloquons à une cinquantaine le deuxième objectif. Rapidement, les forces de l’ordre expulsent le piquet de grève. Après une longue charge de la gendarmerie mobile et des forces d’intervention de la Police Nationale, sur la 4 voies Caen-Lisieux, entre les véhicules, la quasi-totalité des manifestant-e-s est arrêtée pour un contrôle d’identité. Bien que conscient-e-s des risques répressifs engendrés par ce type d’action et ce mode d’organisation, nous ne pouvons que condamner :

 la mise en danger des grévistes et des automobilistes présent-e-s ;

 les propos et insultes sexistes à l’égard des personnes contrôlées

 les intimidations ou les menaces verbales et/ou physiques

Nous avons été bloqué-e-s pendant 30 min puis finalement relâché-e-s.

Nous ne rentrerons pas dans le jeu médiatico-policier de la division entre les étudiant-e-s, lycéen-ne-s, travailleur-euse-s, retraité-e-s, chômeur-euse-s et entre les syndiqué-e-s et les non syndiqué-e-s... Bien au contraire, c’est ensemble que nous organisons des actions et des caisses de grève en soutien aux secteurs en lutte (Panavi, Plyserol, les cheminots, raffineurs...).

Notre constat au niveau local se vérifie au niveau national. En effet, la lutte continue et les actions se multiplient... Rien que sur ces 2 derniers jours, il y a eu des piquets mobiles à Montreuil, le blocage d’une centrale d’Intermarché à Lectoure, le blocage des centres de traitement de déchets à Saint-Ouen et Laval, des Auchan bloqués à Boulogne, Montivillers et à Tours, un Chronopost à Nantes, des péages gratuits à Dozulé et Nîmes, un sabotage de ligne SNCF sur Le Mans-Rennes, la totalité des distributeurs de banques du centre-ville de Guingamp également sabotée, blocage de l’aéroport à Nantes et à Toulouse...

De plus, les grèves sectorielles dans un but intercatégoriel continuent également : déclaration de grève dans les transports aériens, des lycées et des universités qui votent le blocage après leurs vacances (Nantes, Le Mans, Grenoble, Pau...), la grève du centre de traitement des déchets d’Ivry... Quant à la répression, elle s’intensifie : plus de 3000 arrestations, de nombreux jugements expéditifs et des peines lourdes (prison ferme...), déblocages policiers de plus en plus rapides et systématiques de piquets de grève (quand ils peuvent se tenir)...

Enfin, le mode d’organisation en Assemblée Générale interprofessionnelle se généralise, comme à Rennes avec la « maison de la grève », au Havre avec la « maison du peuple »... D’ailleurs, une première Coordination nationale d’Assemblées Générales interprofessionnelles va se tenir à Tours le samedi 6 novembre.

Le combat n’est pas fini, il commence !

Les participant-e-s réuni-e-s après l’action du 3 novembre 2010.


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commentaires
La lutte à Caen - Eulalie - 8 novembre 2010 à 11:38

"Pourtant, on continuait et on continue de se battre. Mais dans le silence, ou presque."
Pour l’entendre, le savoir, on peut lire " Le Jura libertaire".