EDITORIAL FEVRIER 2002

Le modèle bourgeois

dimanche 10 février 2002 à 14:07, par Charles-Henry Sadien

Avertissement : les propos tenus dans cet article ne sont pas toujours très cohérents. Veuillez en excuser son auteur qui vous livre en vrac ses dernières divagations sous influences médicamenteuses.

Pendant que nos élus locaux étaient en vacances à Porto Alegre pour montrer « qu’ils en sont » de la lutte contre la mondialisation j’étais chez-moi à regarder sur le bord de ma fenêtre un petit oiseau qui semblait me scruter derrière la vitre d’un il accusateur comme si j’avais fait une omelette avec sa famille. Trop flippant. C’est tout ce qui m’a marqué ces derniers jours. Il y a aussi un truc que j’ai entendu dans un bus : une petite mémé ne s’était pas acheté de pain depuis le 1er janvier parce qu’elle avait peur de payer en euros. Pour le reste, elle ne payait que par carte bancaire.

A part ça, il y a le grand cirque des élections présidentielles qui commence à se mettre en marche. Faudrait que je demande à Patrick Poivre d’Arvor pour qui je dois voter. Lequel de Chirac ou Jospin, fera quelque chose pour moi ? Car moi, ce que je voudrais, c’est un train électrique. Avec la gare, le passage à niveau et un tunnel. Mais les élus son beaucoup trop éloignés des préoccupations des gens. Et surtout des miennes. Alors, je ne voterai pas.

Il y a tout de même des trucs vachement plus importants que ça dans la vie. Payer son loyer, ne pas oublier la date d’anniversaire de sa grand-mère, trouver un cadeau pour l’être aimé à l’occasion de la Saint Valentin. Faire les poussières, le repassage, manger, travailler, dormir. Et là, j’ai vraiment du mal à savoir moi-même si je fais dans l’ironie ou pas.

Est-ce que ça vaut le coup ? Je veux dire, d’essayer de changer les choses ? C’est sans doute une manière de se donner l’illusion d’un quelconque intérêt à sa propre vie. On peut faire du ping-pong, du saut à l’élastique ou de la politique. Il n’empêche : on va tous crever un jour ou l’autre. Rejoignez ma secte : cest 1000 euros par semaine pour l’adhésion.

Avec L’Agitateur, c’est ce que l’on s’efforce de faire, modestement, à notre petit niveau. Changer les choses. Ça vaut largement un bulletin de vote dans une urne pour un gars qui ne nous a jamais invité à bouffer chez-lui.

Je ne suis pas de ceux qui portent en grande estime les hommes politiques. Ils me paraissent manquer trop souvent désintéressement personnel. Et puis aujourd’hui, un gars qui affirmeraient agir dans l’intérêt commun, ça paraîtrait un peu louche.

En revanche, j’ai toujours eu la faiblesse de penser que le changement pouvait venir des gens eux-mêmes. Et bien je crois que je me suis trompé. La société capitaliste moderne est bien trop forte. Elle formate les esprits et réduit les gens au simple rang de consommateurs préoccupés avant tout par le confort de leur petite vie minable. Le rêve d’une vie bourgeoise s’est imposé jusque dans les couches les plus fragiles de la société. Les gens ne veulent pas « changer les choses ». Ils veulent avoir une maison, une famille, une voiture, de l’argent sur leur compte en banque, un lecteur DVD. Ils veulent aller au cinéma, se rendre à des concerts, dîner dans les restaurants Certains veulent avoir des enfants mais c’est de plus en plus rare : c’est quand même chiant, les enfants ; il faut s’en occuper jusqu’à ce qu’ils rentrent à la maternelle. La société ne donne pas encore le biberon, c’est bien regrettable.

Porto Alegre, c’est ça : des gens qui veulent partout dans le monde pouvoir vivre comme des bourgeois, mais qui perçoivent très bien que la société mondiale ultra-libérale est en train de leur piquer leur chaîne hi-fi, et bientôt les sacs poubelle qui leurs servent à faire le toit de leurs taudis.

Changer les choses. Changer quoi d’abord ? C’est quoi au juste cette idée d’un bonheur universel ? Se bat-on pour un modèle bourgeois ? Moi, mon idée du bonheur, c’est de voir des gens qui chantent, qui dansent, qui font de la peinture ou n’importe quoi d’autre qui puisse les kiffer, sans être obligé d’avoir un boulot à la con à côté. Un bonheur individuel à partager avec les autres. C’est par rapport à ça que l’on peut voir que Porto Alegre, ce n’est pas du domaine de l’utopie. C’est même particulièrement terre à terre et matérialiste.

Le principe de la délégation de pouvoir mis en évidence dans « Le Contrat Social » de Jean-Jacques Rousseau, pouvait apparaître comme un bienfait pour nos civilisations modernes. Aujourd’hui, j’ai plutôt tendance à le concevoir comme une manifestation de passivité et de lâcheté. Donnons à d’autres la responsabilité et le pouvoir de nous rendre heureux. C’est une manière de se débarrasser d’un sacré boulet. Et puis si ça ne marche pas, on sait sur qui taper. Il suffit d’élire ensuite d’autres abrutis pour recommencer à zéro dans la quête du bonheur commun.

« Alors, qu’est-ce qu’il faut faire, toi qui es si malin ? »

Il faut voter pour soi-même.

Et tout casser.

commentaires
> Le modèle bourgeois - Patrick - 27 février 2002 à 11:47

Tu as tout à fait raison, mais comme disais Léo la révolution c’est pour dans 100 000 ans. Néanmoins tu es sur la bonne voie, de celle que j’appelle la révolution permanente, c’est-à-dire dans la mesure de ses moyens réagir, refuser, interpeller sur les faits de société aliénants etc...
Bien sur ce n’est pas valorisant et cela ne change rien sur le moment mais si de plus en plus de personnes si mettent alors....


#163
> > Le modèle bourgeois - bierefoot - 4 mars 2002 à  00:51

Ouais c vrai mais alors on en fait quoi du train électrique ? On le casse aussi ?

#164 | Répond au message #163
> > > Le modèle bourgeois - JMP - 4 mars 2002 à  16:35

Tout à fait et on invente autre chose : la modélisation d’un transporteur d’un transporteur d’individus et de bien périssables ou non, fonctionnant au jus de citrouille (très important pour tenir le chauffeur en éveil). Il n’y a plus de rails mais seulement un système de répulsion bi-polaire qui maintient l’engin à environ deux cent centimètres du sol (ce qui élimine les risques de suicide) et le fait avancer grâce à une carotte projetée à l’avant de la cabine de pilotage. Le réglage de la vitesse s’effectue de la manière suivante : plus la carotte est proche de la cabine, plus la vitesse est grande (sentiment d’accessibilité) ; plus la carotte est éloignée, plus la vitesse décroit jusqu’au freinage final(sentiment de découragement). Celà nécessite néanmoins du matériel de très grande qualité : une simple perche de bois pour maintenir la carotte est insuffisante. Il faut utiliser des cous de girafes. Celà induit bien entendu un élevage préalable de ces bêtes qui devront obligatoirement passer par un centre de formation de girafes afin que celles-ci reconnaissent les panneaux signalétiques et rapprochent ou éloignent leur cou de la cabine de façon automatique sans que le conducteur n’ait de requête à effectuer.

#167 | Répond au message #164
> Le modèle bourgeois - Le justicier aux dents transpirantes - 13 février 2002 à 14:44

Ah ! Là ! Là ! Comme je reconnais bien là ton côté anarchiste, nihiliste, frustré et révolté ! Mais mon pauvre ami, si nos ancêtres ne s’étaient pas faits tuer stoîquement sur les barricades au nom du droit de vote où serions nous toi et moi en ce moment ? Sans doute en train de manger de la soupe froide sans vermicelles dans les bas-fonds d’une prison, car la démocratiie n’existerait pas aujourd’hui ! Même si elle n’est que factice !
Toi, tu voudrais le beurre, l’argent du beurre et les cuisses de la crémière, mais si ce n’est pas nous qui allons nous occuper de la politique c’est elle qui va s’occuper de nous !
Alors, dégourdis toi un peu !!!

PS : et stopp etes médocs, mon vieux !


#147
> > Le modèle bourgeois - JMP - 13 février 2002 à  14:56

Une démocratie factice ne m’interesse pas, mon pauvre justicier aux dents transpirantes. La démocratie, ce n’est pas simplement le droit de vote.
Sinon, arrête de me parler des cuisses de la crémière : ça m’excite !

#148 | Répond au message #147
> > > Le modèle bourgeois - Le justicier aux dents transpirantes - 14 février 2002 à  10:31

Mais JMP, c’est vrai que la démocratie finalement n’est qu’unleurre, d’ailleurs on dit très souvent que la dictaure c’est ferme ta gueule et la démocratie c’est cause toujours !
Mais c’est à toi comme à moi de faire quelque chose pour que les choses avancent, alors arrête de baguenauder et de jouer au malin pour parler poliment et dis que toi aussi tu voudrais des contractuelles en mini-jupes, des boîtes d’échangistes gratos et du caviar en petit déjeuner !

Revendique toi aussi ! Présente toi aux élections puisque c’est la mode aujourd’hui ! Comme le chien saucisse qui se présente lui aussi !

#149 | Répond au message #148
> > > > Le modèle bourgeois - JMP - 14 février 2002 à  13:50

C’est ce que je passe mon temps à faire avec L’Agitateur. Malheureusement, tout le monde n’en fait pas autant. C’est pour celà que le monde est dirigé par une bande de...

Ceci dit, j’ai effectivement songé à me présenter aux présidentielles. Mais le chien saussice me semble infiniment plus crédible que moi. Mais c’est promi : si je suis encore de ce monde, je me présente aux municipales (sauf si une girafe hydrocéphale se décide à en faire de même, car là, je n’aurai aucune chance...)

#150 | Répond au message #149
> > > > > Le modèle bourgeois - Le justicier aux dents transpirantes - 15 février 2002 à  09:14

Bravo, enfin une sage décision, mais alors arrête de crâner et de dire que tu n’es capable de rien du tout ! Le tout est justement de se donner les moyens de plaire aux gens et c’est sûr que ce n’est pas en écrivant des textes burlesques sur ce journal que tu vas y parvenir, alors fais comme moi, va à la pêche des cinq cents parrainages !
A plus, vieux.
A dimanche,alors.

#151 | Répond au message #150