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CONCERT / PRINTEMPS DE BOURGES 2000

Sur les traces de Couleur Garba

lundi 1er mai 2000 à 00:00, par Charles-Henry Sadien

Couleur Garba : formation parisienne (guitare, saxo, violon, contrebasse, batterie), articulée autour d’un drôle de bonhomme monté sur ressorts. Spécialité : raconter des histoires rigolotes ou cruelles, voire rigolotes parce que cruelles.Tendance à montrer Satan sous un jour favorable. Recommandation : à suivre de très très près.

Sur les traces de Couleur Garba

Plaqué dans un coin du bar, Pierre Garbarini ne décolère pas. Difficile de faire de la musique entre des hôtesses distribuant des briquets à l’effigie du Printemps de Bourges et des représentants en pastis. Miss Cat, choriste et violoniste de Couleur Garba temporise : " Malgré les conditions difficiles, on a tout de même réussi à toucher les gens jusqu’au fond de la salle ".
Depuis des années, Pierre Garbarini a pas mal trimé en solo. Puis, lassé de l’image un peu pompeuse d’auteur compositeur qui lui collait à la peau, il a su au fil des rencontres, s’entourer de musiciens collant parfaitement à son univers. C’est ainsi que sur sa route, il a croisé Nick Whewell (contrebasse), Marydo (saxophone, choeurs), Jam (batterie) et donc, Miss Cat.
La formation en place depuis 1997 s’apparente d’ailleurs à un véritable collectif artistique, avec des intervenants occasionnels qui apparaissent en fonction des opportunités et qui donnent une colloration nouvelle à des compositions qui ne sont jamais figées.
Mais la musique de Couleur Garba reste au final, à l’image de son mentor : bondissante et caustique.
Dans un décor de bistrot parisien, se croisent des personnages gouailleurs et roublards, des filles vénales mais pas banales, un privé blafard mais en costar, un tueur en série à l’immoralité irréprochable, ou encore un clodo conservateur.
Tout ce petit monde " ribouldingue " se " bigorne ", " turbine ", s’enfile des " pastagas gratos " et s’en " pourlèch’ " sur fond de culte sympathique à Satan (le doux Jésus n’étant pas assez rigolo).
La simplicité des textes, le pétillant des mots employés, ramènent à un univers de bande dessinée ou de vieux polar, avec pour accessoires indispensables, un verre de whisky, la lumière d’un réverbère dans une rue mal famée, un imperméable contre la pluie qui tombe en continu, et une jolie poupée aux charmes machiavéliques.
On ne se refait pas : Pierre Garbarini est une sorte de poète, un grand raconteur d’histoires pour adultes et adolescents. Ce n’est sans doute pas pour rien si il avoue avoir pour référence Bernard Lavilliers qui est lui aussi une drôle de machine à stimuler l’imaginaire à partir de choses bien concrètes.

Coup de coeur du festival de Montauban

A l’évocation de la musique de Couleur Garba, on pourrait parler de " chanson néo réaliste ", de " chanson rock " ou de " jazz rock ". Autant d’étiquettes que Pierre Garbarini rejète en bloc. " Je sais que cela est péjoratif aux yeux de certains, mais je n’ai pas peur de définir notre musique comme de la variété ", explique-t-il sans complexe.
Rien à voir cependant avec la soupe dont on nous abreuve à longueur de journée sur les radios ou à la télévision.
On acceptera donc volontiers le terme de " variété " concernant Couleur Garba, mais uniquement dans son sens " étymologique " : une musique riche et variée, mêlant différentes influences, intelligente mais qui ne se prend pas la tête. Et non pas dans le sens le plus couramment employé : musique de supermarché aux mélodies convenues avec des textes sans intérêt mais interprétés par des voix de chanteuses d’eurovision.
Avec un CD autoproduit de huit titres, Couleur Garba donne un excellent aperçu de son potentiel, même si l’on n’y retrouve pas Craspougna, l’un de leurs titres phares. Et même si le groupe ne se dévoile réellement que sur scène, là où les histoires et les personnages prennent vie, grâce à un grand charisme des musiciens et à un contact facile avec le public.
Un peu trop à l’étroit lors du concert donné à Bourges, la bande à Garba a néanmoins mis l’eau (ou la bière) à la bouche du public du Pub Jacques Coeurs. De quoi donner quelques regrets de ne pas les avoir vu à l’oeuvre dans une " vraie " salle de spectacle.
Ce sera bientôt chose faite. Révélation des Francofolies de La Rochelle en 1998, Couleur Garba fait cette année partie des coups de coeur du festival Alors... chante ! de Montauban1 qui réunit chaque année la fine fleur de la chanson francophone. Un rendez-vous important pour ce groupe qui ambitionne légitimement sa Part de Sun.

Contact : Cantilène - 38, rue Davy - 75017 Paris - 01 46 27 97 45 Email : info@couleurgarba.com Web : http://www.couleurgarba.com