Meeting du Front de Gauche

Contrairement à ce que je redoutais, ce ne fut pas soporifique, au contraire : punchy, le Jean-Claude ! Après un rapide tour d’horizon de la répartition des richesses dans le monde (200000 personnes détiendraient plus que le PIB des USA et de l’Europe réunis !), il s’est employé a détailler les agressions que le capitalisme fait subir aux peuples. « Capitalisme », et non pas le réducteur « capitalisme financier » cher à la gauche molle qui se contente de vouloir le moraliser. La chose est enfin nommée, il n’y a qu’un capitalisme, amoral et prédateur. Ça démarre fort.

Eric Coquerel, secrétaire national du Parti de Gauche, prit ensuite la parole. Assez peu connu du public, il s’est avéré être un très bon orateur (une marque de fabrique du PG ?). Il a bien sûr développé le programme du Front de Gauche, mais s’est surtout employé à expliquer que la crise que nous subissons n’est pas un accident dû à une gestion hasardeuse, mais bien une politique voulue et organisée.

Car s’il y a 1600 milliards de dette publique en France, c’est bien parce que les caisses publiques sont vides. Et si elles sont vides, ça n’est pas parce que l’État (donc vous et moi) dépense trop, mais parce que les rentrées fiscales ne se font plus. En dix ans de gestion UMP de la France, ce sont plusieurs centaines de milliards d’euros de niches fiscales, et d’exonérations de charges sociales qui ont été escamotés. En récupérer ne serait-ce que la moitié suffirait pour qu’il n’y ait plus de dette ! Il est aussi proposé de renationaliser des banques pour créer un secteur bancaire public qui ne pourrait pas spéculer avec l’argent des déposants, et ne serait pas contraint d’emprunter à des taux d’usurier auprès des banques privées. La planification écologique est aussi un grand thème de campagne : le capitalisme vert, ça n’existe pas. Avec pour exemple le fait que, avec une SNCF de nouveau nationalisée, le ferroutage de tous les poids lourds en transit en France peut se réaliser en une seule mandature. Soit bien plus vite qu’une nouvelle voie de TGV élitiste et énergivore !

Puis ce fut au tour de Pierre Laurent, secrétaire national du PCF et ancien directeur de l’Humanitéde prendre la parole. Il revenait d’une visite à la porcelainerie Pillivuyt, où les employés craignent pour leurs emplois. En effet, les actionnaires (que personne ne connaît vraiment) ont décidé de délocaliser la production. Vous aurez peut-être bientôt de la “porcelaine de Vierzon made in China” ! L’avant veille il était à Athènes, où il a pu mesurer l’ampleur du désastre.

« Je reviens d’un pays où il est maintenant prouvé que les politiques d’austérité ça ne marche pas, au contraire. Plus on impose l’austérité, plus le pays s’enfonce », dit-il en substance. Il ne s’agit rien d’autre que d’un pillage généralisé du pays par le pouvoir de l’argent. Et de prévenir que rien n’arrêtera les pillards si on ne se ressaisit pas. Ils ont imposé l’Europe du traité de Lisbonne contre la volonté des peuples. Ils en sont maintenant arrivés à faire des coups d’État pour diriger les pays. En Grèce et en Italie, c’est bien par des « coups d’État financiers » qu’ont été mis au pouvoir dans ces pays des employés de « Goldman Sachs », pas par des élections. Et pas sûr que les Grecs et les Italiens puissent revoter avant longtemps. Le tour de la France ne devrait pas tarder, si Sarko est reconduit. Et de prévenir « nos amis socialistes » que vouloir « donner un sens à la rigueur » n’est pas un programme de gauche. Pas un programme du tout, d’ailleurs. Mais pas sans effet : c’est le meilleur moyen de désespérer les électeurs et les pousser vers l’extrême droite. Et de rappeler qu’en Grèce, où les socialistes ont été contraints de former un gouvernement « d’union nationale », ils ont accepté des membres de l’extrême droite, successeurs de ceux que les Grecs avaient, au prix de leur sang, chassé du pouvoir en 1974. 37 ans après, la dictature est de retour. Enfin, Pierre Laurent a insisté sur un fait : les élections présidentielles et législatives en France en 2012 sont une chance à ne pas manquer. D’une part parce qu’en cas de victoire de la droite, c’est le sort des Grecs et des Italiens qui nous est promis. D’autre part, le succès de la gauche en France serait un signal donné aux autres peuples européens, montrant qu’une autre voie est possible. La gauche « de gauche » est en marche. Elle est unie. Elle a un candidat combatif et populaire : Jean-Luc Mélenchon. C’est maintenant qu’il faut convaincre, et c’est maintenant qu’il faut changer la donne, car sinon, l’occasion risque de ne pas se représenter de si tôt.