Des informations qui ne sont pas "relatives", mais tristement objectives et consternantes, ce sont celles qui filtrent sur la gestion du nucléaire au Japon en général, et sur les responsabilités de Tepco, la société en charge de la production d’électricité nucléaire en particulier.
Fukushima : un rapport accable les autorités et Tepco titre le Figaro. Extraits :
Impréparation :
Le QG de crise de l’exploitant était abrité dans un bâtiment qui n’était pas équipé pour résister à un niveau élevé de radiation. Aucun filtre d’épuration à air n’était installé. Tepco n’a pas envisagé de scénarios où plusieurs catastrophes survenaient en même temps (tremblement de terre, panne de courant). La préparation des employés sur les systèmes de secours à mettre en marche a été insuffisante. Ils ne disposaient d’aucun manuel. Le 12 mars, lendemain du séisme, les ouvriers de Tepco ont ainsi passé deux heures à chercher une prise pour connecter un tuyau amenant de l’eau dans le réacteur n°1. Impossible de trouver un plan.
Bordel complet :
Faute des connaissances nécessaires, les équipes au sol ont commis des erreurs. D’après le rapport, la fusion du combustible dans les réacteurs et les rejets de substances radioactives auraient pu être limités si les techniciens avaient procédé à des relâchements de pression dans les réacteurs 1 et 3 et commencé à injecter de l’eau plus tôt. Or d’après le document, les employés ne maitrisaient pas le fonctionnement du système de refroidissement d’urgence du réacteur n°1 et ne sont pas rendus immédiatement compte que la coupure du courant le rendait inopérant.
Au réacteur numéro 3, les ingénieurs ont coupé un système de refroidissement sans s’assurer qu’un moyen alternatif avait été mis en place. Le réacteur en surchauffe a été laissé sans eau pendant sept heures. « Submergés par les rapports, nous n’étions plus capables de distinguer les informations importantes qui nous auraient alertés sur ses dysfonctionnements »
Mais le plus grave n’est pt être pas encore là. Dans un autre article du Figaro (désolé, je prends l’info où je la trouve ...) on apprend en effet :
À l’emplacement du site se dressait, en effet, une falaise côtière s’élevant à environ 40m d’altitude que les Japonais ont méticuleusement découpée et creusée, au début des années 1980, pour installer leurs réacteurs à seulement 7m au-dessus du niveau de la mer. Soit quasiment les pieds dans l’eau et, en tout cas, trois à cinq mètres plus bas que la vague meurtrière…
Pourquoi avoir détruit cette protection naturelle, bien plus efficace que n’importe quelle digue, dans une région pourtant réputée pour sa sismicité et la survenue fréquente de tsunamis ? Essentiellement, pour ne pas avoir à pomper l’eau de mer sur une trop grande hauteur car l’opération, coûteuse en énergie, aurait grevé le rendement futur de la centrale. Certes, mais quitte à perdre un peu de rentabilité, les ingénieurs japonais auraient très bien pu préserver quelques mètres supplémentaires de falaise et mettre ainsi les réacteurs hors d’atteinte…
Pour résumer : imbécillité + incompétence, joints à la volonté de faire un maximum de fric quitte à prendre des risques ahurissants (le Japon est le pays des tsunamis ... c’est dans leur culture et leur histoire ... ils ne peuvent pas ne pas y penser ... or ces centrales ont été fabriquées par des japonais) conduisent au résultat qu’on connaît. Le nord du Japon sinistré pour des dizaines de milliers d’années, des tonnes de déchets radioactifs rejetés dans la mer, des centaines de milliers de cancers à venir, des dizaines d’années pour réhabiliter le site.
Quelqu’un disait que la guerre était une chose trop sérieuse pour la confier à des militaires. L’électricité nucléaire est aussi une chose trop sérieuse pour la confier à des industriels capitalistes. Sarkozy a répété que Fukushima n’était pas un "accident nucléaire" mais une "catastrophe naturelle", façon de dire que la technologie n’était pas en cause. Comme si "la technologie" pouvait être considérée isolément du système dans lequel elle s’intègre ! En un sens, oui, Fukushima n’est pas un « accident nucléaire ». C’est bien pire et bien plus inquiétant : c’est un accident inhérent à l’industrie nucléaire et à ses modes de fonctionnement.
Plutôt donc que d’ironiser sur les peurs irrationnelles qu’engendre le nucléaire chez des gens de Greenpeace — après tout possibles — il serait plus utile de focaliser sur les angoisses très rationnelles que l’on peut éprouver lorsqu’on sait qu’on laisse des Tepco et des Areva — dont l’objectif est encore et toujours : le profit, le profit, le profit — jouer avec la santé de l’humanité, sans contrôle aucun sur leurs activités dangereuses.
Il faut rappeler en effet, avant toute discussion sur le nucléaire, que le problème se présentait (au passé) ainsi : risque infini pour probabilité infime. Or, après Fukushima, on sait que "probabilité infime" était un acte de foi et non une connaissance. Le nucléaire c’est désormais probabilité non négligeable et risque infini. Or, nous prenons des risques non seulement pour nous, mais pour ceux qui viennent après nous. C’est à dire sans leur demander leur avis. C’est à dire sans en avoir le droit.