Plan de Déplacements Urbains planplan
Le PDU, le Plan de Déplacements Urbains, ça nous a occupé un certain temps, ce lundi 15 octobre. 7 documents à dépiauter, 1200 pages, ça en jette ! Mais la montagne de documents accouche de vœux pieux.
1120 pages, pour être perdu dans le PDU
Le PDU, ça veut dire Plan de Déplacements Urbains, avec "s" à la fin car ça concerne tous types de déplacements : pied, vélo, voiture, camion - pour le travail, les achats, la flânerie, les livraisons, la pollution, etc. (et ça concerne les communes de l’agglo). Pour ça, faut 7 documents : 1120 pages au total ! pas 120, mais 1120 pages. C’est un PDU « volontaire » (seules les agglos => 100.000 habitants sont tenues à le faire – nous, notre agglo, c’est 95.000 environ).
Ce PDU a un site : www.pdu-agglobourges.fr. Vous pouvez y lire le pourquoi et le comment de l’histoire, ça m’évite de recopier. Y’a de la lecture ! le CD-Rom que les conseillers municipaux devaient étudier contient :
Le diagnostic (369 pages) ;
Le rapport environnemental (72 pages) ;
Les résultats de l’enquête auprès de la population (94 pages) ;
Les orientations (43 pages) ;
Le plan d’actions (426 pages) ;
Une annexe accessibilité (54 pages) ;
Un guide technique "piétons" (62 pages).
Pfff, le gâteau basque, à côté, c’est hyper digeste.
On évita la navette
Stooop ! Allez d’abord lire la fable des navettes de Bourges, avant de poursuivre. Comme ça, vous verrez en réel, en pratique, les actions viriles de notre majorité municipale, concernant les transports en commun.
Là ?... z’avez lu ?... OK, capiche, on poursuit...
Jean-Michel Guérineau : one point - le Maire : une bulle
Irène Félix a particulièrement parcouru le document "Diagnostic" (369 pages...). Pour elle, « Ce diagnostic, par bien des aspects, est un réquisitoire ». C’est en partie vrai, mais j’avoue ne pas avoir tout suivi car elle se lança dans une critique presque rue par rue des embarras de Bourges. Heureusement, son intervention complète est en ligne.
Jean-Michel Guérineau fut plus court, plus synthétique : « Il y a beaucoup de documents. Ceci reste un travail de spécialistes » et ainsi « la population est peu concernée par ce plan ». Pour lui, ce PDU est « symptomatique » : « le réseau des transports collectifs date des années 1980... » ; « Il n’y a pas un mètre de plus de secteur piétonnier depuis ces années » ; Il y a, certes, la rocade verte, mais « c’est du vélo loisir et on n’a rien de nouveau pour les déplacements en ville ». Jean-Michel Guérineau conclut ces remarques sans appel : lorsque on lit ce projet sur les déplacements urbains, et alors qu’on a un maire qui a été ministre de l’écologie, on a envie de dire : « Enfin ?!... » et « Seulement maintenant ?!... »
Pour ceux qui sont pressés...
Allons tout de suite aux résultats pratiques. Enfin, au projet de résultats... Car « Le PDU propose notamment de façon indicative : », ce n’est qu’indicatif. Et donc, la mesure pratique, c’est « créer 1 ou 2 lignes de bus à haut niveau de services (BHNS) ». Putain, dis donc, c’est pas con ! Ça fait 600 pages de PDU par ligne, c’est du rendement... et donc, les horaires, c’est quoi ? Ho, eh ! pas de provocation perfide, svp ! C’est prévu « pour une mise en place en 2017 ». Travail bien réfléchi, travail à moitié fait. On est bien dans le good job des Majax de la navette. Pour les moins pressés, revenons un peu sur ce PDU.
Diagnostic et that is the question
Le diagnostic est établi par la société Adetec (bureau d’études avec domaine d’expertise dans les politiques de déplacements urbains) - Cette société était aussi représentée dans les réunions publiques. C’est aussi cette société qui s’occupera du questionnaire.
L’objectif du PDU c’est : « la réduction du trafic automobile, le développement des transports collectifs et des moyens de déplacement les plus économes et les moins polluants, notamment l’usage de la bicyclette et de la marche à pied ». Et l’objectif du diagnostic, ça serait quoi ? Comment dire ? Une impression que tout ça est un peu biaisé idéologiquement, pour arriver à un bla-bla terminal prévu en partie. Irène Félix trouvait que tout ça « tend à faire des réponses obtenues des affirmations définitives ».
Un exemple, le questionnaire comporte une question où tout un chacun est pratiquement d’accord : « Chacun, par ses pratiques de déplacement, peut contribuer à améliorer le cadre de vie urbain ». D’accord ? Sans opinion ? Pas d’accord ? Bah, oui, d’accord, on peut améliorer, bien sûr, donc : D’accord à 86%. Et d’autres questions même style. Du coup, dans la conclusion, on se fait croire que « On peut résumer les réponses détaillées dans les deux chapitres précédents par : "Nous sommes prêts à changer, donnez-nous en les moyens" ». Qui ça, nous ?
C’est aller un peu vite en besogne. Mais faut bien se rassurer sur le changement : « Cette enquête confirme le diagnostic du PDU... et montre un vrai potentiel de changement » et que on serait d’accord pour dire que le stationnement sur les trottoirs est une nuisance majeure, il est encore difficile de circuler à vélo, les usagers du bus sont très majoritairement des captifs, le manque de ponctualité des bus nuit fortement à leur attractivité, etc.
Ton maire en slip en vélo
Pour bien montrer que le vélo, c’est bon à Bourges, Adetec étudie même le climat de notre ville, et si y’a des côtes douloureuses ou pas.
À Bourges, on a un « climat tempéré favorable aux déplacements en vélo » alors que des villes au climat pourtant plus rude, ont « un usage relativement élevé de la marche et du vélo, grâce une politique volontariste inscrite dans la durée ». De là, à dire que la politique vélo de la ville fut plutôt molle... y’a qu’un pas, qu’on franchit d’un coup de pédale.
Au sujet des axes partagés, avec les pointillés délimitant les caniveaux et les beaux panneaux verts, le diagnostic dit : « Enfin, la Ville de Bourges a développé par le passé des "axes partagés", lesquels ne peuvent pas être considérés comme des aménagements cyclables car ils n’ont quasiment aucun effet sur la pratique du vélo et sur la sécurisation des cyclistes qui les empruntent ». Là, c’est du bourre-pif !
Irène Félix l’avait bien vu, répétons : « Ce diagnostic, par bien des aspects, est un réquisitoire ». Lorsque Irène détaillait ce qu’elle considérait être un réquisitoire, notre maire arborait une mine d’enfant innocent, non concerné par ce réquisitoire.
Les conseilleurs ne sont pas les payeurs
Bizarrement, le questionnaire envoyé au bon peuple ne disposait d’aucune question sur... les tarifs.
C’est pourtant un élément qui entre en ligne de compte : un couple voyageant en bus pour se rendre en ville, débourse 2,60€ à l’aller (1,30€ x 2), 2,60€ au retour, soit 5,20€ - ce qui est déjà conséquent (un peu plus de 3 litres d’essence). Le même couple avec un enfant de 12 ans : 3,90 € puis 3,90 € soit l’aller-retour à 7,80 € !...
Alain Tanton dit :« On ne peut pas augmenter le nombre de voyageurs avec la clientèle captive ». Et si on essayait avec un transport moins cher ? Hum, hum ? Ça ferait une expérimentation pour le maire, il adore. La ville de Bourges comparée à d’autre villes est particulièrement petite joueuse pour la tarification des transports en commun.
En fait, le diagnostic, finalement, met en évidence ce que Jean-Michel Guérineau remarquait avec justesse : rien ne change dans cette ville pour les transports en commun, pour les piétons, pour le vélo en ville. Ça manque d’audace, mais ça ne manque pas de comm !...
Alain Tanton avait vaguement mentionné la possibilité de parkings-relais, c’est à dire de grands parkings extérieurs à la ville. On gagne ensuite la ville par des transports en commun (ou son vélo, etc.). Serge Lepeltier résume sa propre politique volontariste : « Les parkings-relais, c’est un coût élevé. Il faut être sûr que ça fonctionnera ». Ite missa est. On comprend mieux pourquoi les 1120 pages se résument en 2 lignes de bus super haut de gamme en 2017. Le reste, encore une fois, le syndrome navette : des formules pour nous faire prendre des vessies pour des lanternes.
A bicycleeeeette, quand on partait de bon matin...
Pascal Blanc y tient, et il réitère son invitation à Irène Félix : faire un tour en vélo. Irène se défile encore – peut-être qu’elle tombe en vélo, mais et avec des roulettes sur le côté ? Irène, zut ! ça fait 3 fois qu’il t’invite !? En plus, t’en fais pas : Pascal Blanc, pas fou, propose le tour en vélo, le dimanche, pas à une heure de pointe.
Le même Pascal Blanc trop optimiste, d’ailleurs ? Il soutient qu’un enfant peut aller, avec son vélo, du Val d’O à la piscine des Gibjoncs, en toute sécurité. À vérifier, j’y vas dès que j’ai un moment... pasque Cyrano a un vélo - c’est la conclusion de cet article PDU. OK, c’est nul, mais quand ça cause vélo, j’évite la chute.
Une vue partielle du parking-vélo à Bruges, en Belgique (c’est le grand parking-relais de la gare de Bruges, largement extérieur à la ville).