Galut très goulu
C’est un secret pour personne, la France a besoin de sous. Et pour les trouver, c’est de plus en plus difficile. Alors, évidemment, les têtes pensantes du ministère des finances ont toujours plein d’idées. Mais faire accepter ces idées aux français, ce n’est pas simple.
Heureusement, il y a Yann Galut, député socialiste du Cher. Galut, qui, tel une fouine, trouve les niches. Pas celles où se planquent les socialistes quand leurs maîtres du Medef haussent un peu la voix. Non, celles par exemple des gagnants de gros lots aux jeux de hasard. Et oui, il y a un salaud qui a osé gagné 169 millions d’euros. Et ben vous savez quoi ? Ce salaud de riche ne paiera rien comme impôts la première année. C’est trop injuste ! Alors, rien que pour ce salaud et quelques autres, on va faire une loi pour lui piquer tout de suite, 15% de ses gains. C’est quoi 15% sur 169 millions d’euros ? Presque rien ! A peine plus de 25 millions d’euros. Il n’en mourra pas ce salaud de gagnant du Loto...et puis quelque part, on lui enlèvera un peu du poids de son gain, lourd à porter. Finalement, c’est du social. Et puis après tout, est-ce que ces gains sont mérités ? Pas vraiment. Les gagnants du gros lot du Loto n’ont comme mérite que celui d’avoir tenté leur chance, un peu comme d’autres n’ont eu que celui de naître. Ils n’ont pas gagné cette argent à la sueur de leur front. Finalement, récupérer une partie des sommes versées, cela rend la somme gagnée un peu moins indécente en ces temps de crise. Alors bien sûr, quelques esprits chagrins feront remarquer que ce sont souvent les plus modestes qui se soumettent volontairement à l’impôt des jeux alors que les plus riches ne cessent de tenter de se soustraire aux impôts. Bon, mais une fois qu’ils ont gagné, ils deviennent des salauds de riches comme les autres, point. Et puis les gagnants de la Française des Jeux et du PMU ne sont pas les seuls dans le collimateur de Galut. Il y a aussi les joueurs de poker, professionnels ou pas. 15% sur toutes les sommes gagnées, ça pourrait rapporter gros à l’État qui en a tant besoin. Le député ose un chiffre : 1 milliard d’euros. Bon, le soucis, c’est que si l’on comptabilise les gains, il faudrait peut-être aussi prendre en compte les pertes. Et là, ça se complique car, dans tous les cas, il y a plus de perdants que de gagnants. Et les vrais gagnants ce sont toujours la Française des Jeux et le PMU...donc l’État.
Yann Galut est semble-t-il très fier de lui même et du buzz qu’il a créé. Lui, il appelle ça un débat. En réalité, de débat, il n’y a pas. Tout le monde sait très bien qu’une telle proposition est anecdotique voire ridicule. Elle est simplement symbolique du désarroi dans lequel se trouvent les politiques face aux difficultés budgétaires de l’État et à la crise qui touche la France. Les journalistes mi-sérieux, mi-rieurs, en interrogeant Galut, cherchent juste à illustrer ce à quoi nous en sommes rendus. Le pire, c’est que Yann Galut ose comparer sa nouvelle proposition à son combat ancien pour l’instauration de la taxe sur les transactions financières, la fameuse taxe Tobin popularisée par Attac. Pas très lucide le député du Cher. Mais bon, cela lui procure un moment de gloire. Ce n’est pas tous les jours qu’un député est interrogé dans le journal de 8h sur France Inter [1] ou qu’il a droit à un encart dans Libé [2] avec sa photo d’identité piquée sur le site de l’Assemblée Nationale. Le ridicule ne tue pas. Et peut-être même que le jeu en vaut la chandelle...