La primaire du PS et de ses satellites

La gauche et les sept nains

mardi 17 janvier 2017 à 11:00, par Mister K

À l’instar de ce que l’on avait fait pour la primaire de droite, on va essayer de vous guider dans ce que l’on nomme vulgairement et abusivement la primaire de gauche mais qui s’appelle en réalité Les Primaires Citoyennes et que l’on a résumé en sur-titre comme la primaire du parti socialiste et de ses satellites. Pour certains, ils sont vraiment micro les satellites. Enfin, bref. Depuis le 17 décembre 2016, on sait qu’ils sont sept candidats à cette primaire.

Grosse différence avec la primaire de droite, le vainqueur de cette primaire a très peu de chances de remporter l’élection présidentielle en Mai 2017. Il a même peu de chances de se qualifier pour le second tour, c’est dire. Alors, c’est quoi le délire ?

Pour simplifier, on peut essayer de mettre les septs candidats dans des petites cases à l’intérieur de la case pas bien grande de cette primaire. Il y a déjà ceux qui ont été ministres sous le mandat de François Hollande et ceux qui ne l’on pas été. Seuls François de Rugy de Écologistes ! et Jean-Luc Bennahmias du Front Démocrate n’ont pas participé à l’un des gouvernements de Manuel Valls ou Jean-Marc Ayrault. Il y a ceux qui assument leur participation ou leur soutien à la mandature Hollande et ceux qui n’assument pas. Arnaud Montebourg et Benoit Hamon s’ils ont été ministres sont depuis très critiques vis-à-vis de la politique menée par Hollande et Valls. Enfin, il y a ceux qui sont naturellement plus proches des idées de Jean-Luc Mélenchon et ceux qui seraient plus près des idées de Macron. Ben oui, le PS se retrouve coincé entre une aile droite et une aile gauche au moins aussi importantes qu’eux. Du coup, leur stratégie à venir pose question.

Should I stay or should I go ?

Mais la première question à se poser est assez simple : est-il utile de se déplacer pour cette primaire socialiste ? Si vous êtes militant socialiste, la réponse est évidente. Si vous êtes simple citoyen (de gauche), c’est plus douteux. Certes, vous pouvez espérer vous faire un petit plaisir en participant par exemple à l’élimination de Manuel Valls dès le premier tour de la primaire. Mais au final, quel que soit le candidat gagnant, il y a peu de chances (euphémisme) qu’il entraîne le désistement de Mélenchon ou Macron. Paradoxalement, le candidat issu de cette primaire de gauche validera la stratégie de division de la gauche et entérinera la possibilité de l’absence d’un candidat de gauche au second tour. Bref, un peu l’inverse de ce qu’est censée être une primaire. Tout le monde se renverra la faute. Et tout le monde aura raison. Et hop ! Rendez-vous en 2022 si tout va bien pour tout le monde.

Recherche experts en nanométrie

Bon, vous allez me dire, si tout est joué d’avance, pas la peine d’aller voter, hein ? Ben le secret, c’est que même quand on n’y croit pas, il y a toujours un petit espoir que les choses ne se passent pas comme prévu. Et c’est là-dessus que va se jouer la primaire de gauche...et certainement l’élection présidentielle : sur le minuscule espoir que quelque chose se passe qui change un peu la donne. Là, il faut être expert en nanométrie pour voir de l’espoir en général et à gauche en particulier.

Alors qui sont ces candidats ?

Commençons par la seule femme, Sylvia Pinel. Elle a été ministre du tourisme puis ministre du logement où elle a défait une partie de ce qu’avait tenté de faire Cécile Duflot. C’est la Jean-Michel Baylet au féminin et c’est en cette qualité de présidente du Parti Radical de Gauche (PRG) qu’elle participe à cette primaire. Autant dire que son positionnement est tactique. Son objectif principal est de défendre les intérêts du PRG qui doit certainement devoir défendre un certain nombre d’investitures pour les législatives. Bon, le PRG est un allié historique du PS, sa participation à la primaire semble logique. De là à se démarquer nettement des idées du PS, il y a une marge... C’est une alliée de Manuel Valls à n’en pas douter.

François de Rugy est le président du Parti Écologiste (LPE). Ancien d’Europe Écologie Les Verts (EELV), il a été coprésident du groupe écologiste à l’Assemblée Nationale avant de rejoindre le groupe socialiste suite à son départ de EELV. Clairement, c’est un soutien du gouvernement. On peut s’attendre à ce qu’il soutienne Manuel Valls si ce dernier se qualifie pour le second tour. Pourquoi est-il candidat ? Pour défendre l’écologie pardi ! Et peut-être aussi faciliter sa candidature aux législatives...mais on dit ça parce qu’on est mauvaise langue.

Jean-Luc Bennahmias ancien du parti Les Verts (avant EELV), ancien du MoDem est désormais président du Front Démocrate. Il a longtemps été député européen. Pourquoi est-il candidat ? Votre mission sera de le découvrir. Bon, il a l’air sympa Jean-Luc...mais à part ça, il faut l’avouer, on ne sait pas trop ce qu’il fait dans cette primaire.

Vincent Peillon, c’est le candidat à l’arrache de cette primaire de gauche. Il a été ministre de l’éducation nationale du gouvernement Ayrault, député européen. Depuis deux ans, il avait disparu de la vie politique pour réapparaître suite à la défection de François Hollande le 1er décembre 2016. Il défend, semble-t-il, le bilan Hollande. Et donc un peu le bilan Valls... Bon, quelle est sa spécificité ? Il faut être expert en PSitude pour le savoir. Pourquoi est-il candidat ? Là encore, pas évident. À noter qu’il a été, tout comme Benoit Hamon et Arnaud Montebourg, co-fondateur du courant Nouveau Parti Socialiste (NPS).

Benoit Hamon, c’est le candidat qui monte. Sa proposition de revenu universel est pour l’instant un sujet central de débat dans cette primaire à gauche. C’est certainement celui, avec Arnaud Montebourg, qui a le plus bossé son projet qui semble très cohérent. Il part d’une logique simple : la croissance et l’emploi pour tous, c’est terminé. Clairement, c’est celui qui présente les idées les plus à gauche...même si la plupart à gauche ne partagent pas sa logique de la fin du travail. En tout cas, on ne se pose pas la question de savoir pourquoi il est candidat. Son projet est plein d’idées, pas si nouvelles que ça, mais nouvelles à l’intérieur du PS. Il a été ministre sous Valls mais il a plus facilement réussi à se défaire de cette image que son collègue Montebourg. En tout cas, il semble plaire. Montebourg et Valls ont du souci à se faire...

Arnaud Montebourg, ce sont des idées et des rêves. Non, ça c’était en 2012. Depuis, il est devenu ministre. Ensuite il a fait un stage chez Habitat, a dirigé une start-up qui bosse dans le vent. Il s’est découvert écologiste même s’il défend le nucléaire. C’est son "made in France" et sa marinière qui l’ont rendu célèbre. Et puis son style, très... comment dire...très Montebourgeois. Bon, clairement, difficile de faire la part des choses entre la grande gueule et le politique efficace, entre le discours et les actes. Le troisième homme de la primaire 2012 pourrait bien devenir le premier. Mais bon...il pourrait aussi très bien rester le troisième.

Manuel Valls, c’est le candidat qui tente de faire oublier qu’il a été premier ministre de Hollande durant près de 3 ans et, à ce titre, a conduit la politique du gouvernement. Il nous la joue comme Fillon, genre, moi, je n’étais que premier ministre sous les ordres du président. C’est celui qui est contre le 49.3 tout en l’ayant utilisé plusieurs fois. Bref, c’est le candidat qui nous prend ouvertement pour des cons. Et bizarrement, il est semble-t-il le favori de cette primaire. Son grand truc, c’est faire barrage à la droite et au Front National. Il n’aurait pas pu y penser pendant son mandat de premier ministre ?

Conclusion

Il faudra avoir beaucoup de courage et d’espoir pour aller voter à cette primaire du parti socialiste. D’autant que le candidat qui en sortira ne sera pas au bout de ses peines. Il risque même d’être ridiculisé. Bon, maintenant, tout peut se passer. Valls est favori. Montebourg a ses chances, tout comme Hamon. Par contre, le PS, c’est désormais le Parti Satellite de la gauche. Et le candidat du PS sera potentiellement un nain lors de l’élection présidentielle. Il lui faudra manger beaucoup de soupe pour espérer voir plus grand...


Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Qui êtes-vous ?

commentaires
La gauche et les sept nains - epujsv - 11 juillet 2018 à 20:05