Philippe Poutou, a little kiss
Philippe Poutou, on l’a découvert en 2011-2012. À l’époque, il succédait à Olivier Besancenot. Et autant dire que la succession n’était pas facile puisque Besancenot avait réalisé un score de plus de 4% des voix en 2002 et 2007. Il avait surtout démontré de grandes qualités d’orateur avec un discours rodé et plutôt percutant. En 2012, on découvre Philippe Poutou, timide, mal à l’aise dans les médias. Mais durant la campagne présidentielle, on le sent progresser. Il fait le score modeste de 1.25% à l’élection de 2012 mais là n’est pas l’important. En 2017, il remet ça. Et ce n’est pas qu’il rêve d’être président mais comme ses camarades le désignent, il y va, pour la cause...
Car Philippe Poutou est désormais la tête d’affiche du Nouveau Parti Anticapitaliste plus connu sous l’acronyme NPA. Et le NPA succède à la LCR - Ligue Communiste Révolutionnaire. Au NPA, on a décidé de se débarrasser du communisme et de Trotsky, car Trotsky tue le ski [1]. Du coup, il y a un peu de tout au NPA. Cela va des (anciens) trotskystes aux libertaires. Philippe Poutou, lui, est ouvrier chez Ford et syndicaliste à la CGT. Et plutôt libertaire semble-t-il. Il est passé par Lutte Ouvrière mais en a été viré en 1997. C’est comme cela qu’il s’est retrouvé à la LCR puis au NPA. Et qu’il est de nouveau candidat à la présidentielle en 2017.
Poutou candidat à la présidentielle, c’est déjà une première victoire pour lui et les militants du NPA. Son but est de faire passer le message de la lutte contre le capitalisme. Et forcément, dans une élection où tous les candidats, en dehors de Nathalie Arthaud et lui, cherchent à réguler le capitalisme, le décalage est grand. Mais c’est le seul moment où le grand public peut entendre ce type de discours. Et puis Poutou, c’est aussi le seul ouvrier candidat à la présidentielle et c’est, avec Nathalie Arthaud encore, le seul non professionnel de la politique. Bref, Poutou, il représente.
Poutou, dans les médias, il a l’air sympa. Bon, il ne faut pas trop le faire chier quand même semble-t-il, il devient vite très mordant. Mais c’est ce qui le rend sympathique. Le débat des onze candidats du 4 avril 2017 a révélé Philippe Poutou à beaucoup de téléspectateurs : le petit a envoyé chier les gros. Et cela a été jouissif pour beaucoup de français. Pas très politique. Mais très efficace. Le buzz Poutou est né ce jour là. Et le tout sur un ton très naturel...même si l’on se doute que les formules et les idées ont été maintes fois répétées lors de réunions en plus petit comité. Il parvient à passer des messages simples qui parlent à tout le monde. La formule de l’immunité ouvrière restera célèbre et Le Pen n’est pas certaine de s’en remettre. Et c’est comme ça que la notoriété de Philippe Poutou a passé les frontières, tout cela parce que "Poutou was determined to address the elephant in the room" [2].
Vous allez me dire, c’est bien beau tout cela : Poutou, il est sympa, il a un nom rigolo, il fait le buzz. Mais est-ce que cela fait avancer son message politique ? Difficile à dire. Est-ce que les Français, les salariés, entendent le message que Poutou leur envoie concernant la nécessité des luttes sociales face aux classes dirigeantes du grand capital ? Pas certain. Renverser le capital, c’est changer complètement de paradigme. Pas sûr que les Français, abreuvés depuis longtemps par la société de consommation, puissent adhérer à un tel discours. Bons baisers du Medef [3]. Le renversement du capitalisme, ce ne sera peut-être pas pour 2017...
L’ensemble des candidats à l’élection présidentielle 2017 "bénéficie" d’un portrait subjectif. Il s’agit de présenter les candidats tels qu’on les voit ou qu’on se les imagine. Il n’est pas dit qu’il y ait que du faux dans ces portraits.
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