Artus : l’ours des Pyrénées était à Bourges mercredi soir

samedi 10 mars 2018 à 17:26, par epujsv

« Entuté, endormi, pataflé, fatigué, replié, caché, les yeux ouverts dans la grotte. Maintenant, il est temps de me lever ! Maintenant il est temps de me dresser ! C’est moi, l’Ours, endormi ! C’est moi, l’Ours, Roi maudit ! »

Artus : l'ours des Pyrénées était à Bourges mercredi soir
La pochette du dernier album d’Artus : Ors

C’est sur ce morceau, Desvelh (Réveil en gascon), que commence le cinquième et dernier album d’Artus, Ors (Ours, en gascon). Un magnifique et redoutable réveil d’ours incarné par un chant proche de l’incantation, une vielle à roue (Romain Baudoin), un violon (Matèu Baudoin et chant), un synthétiseur (Thomas Baudoin et chant, tambourin à cordes), une basse (Romain Colautti), une guitare (Nicolas Godin et percussion) et une batterie (Alexis Toussaint). Un ensemble saisissant d’entrée de jeu.
Encore tout engourdi, le puissant corps de l’animal légendaire sort de son sommeil, se lève fièrement sur ses grosses papattes puis part lentement vers sa périlleuse et dramatique destinée. Ecoutez et voyez plutôt dans la vidéo sur le bandcamp du label : Pagans. On n’est pas chez Winnie l’ourson, là.

Le reste de l’album, tout aussi dense et entièrement composé par les membres du groupe, continue de raconter l’histoire de l’ours sauvage, libre et traqué, au travers de Chasse Party, La hola (La folle), Aurost (Oraisons funèbres) et enfin L’ors Dominique. Il est dédié à Cannellito (le fils de Cannelle, dernière femelle des ours des Pyrénées abattue en 2004) et Néré, son père. Qui sont eux toujours vivants et se déplacent entre le Béarn, les Hautes-Pyrénées et l’Espagne pour se reproduire. Le morceau Aurost chante la mort de Cannelle ; L’ors Dominique celle d’un ours tué en 1848, inspiré des paroles d’un F. de Laborde, seule chanson de l’album issue du répertoire traditionnel.

Artus, d’abord nommé Artus Familha, est un groupe de Pau créé en 2001 qui a sorti son premier album en 2003, Omi. Hormis celui-ci qui est fondamentalement folk et créé par une première formation - fondée par le vielleux Romain Baudoin, Matèu Baudoin, flûtiste, chanteur, violoniste, le bassiste Romain Colautti, ensuite rejoints par Thomas Baudoin au chant et à la boha, puis par le batteur Alexis Toussaint et Nicolas Godin guitariste, percussionniste - les albums suivants abordent le répertoire gascon de manière plus brutale et savamment enchevêtré avec divers courants musicaux : rock progressif, musique électronique, rock métal, rock tout court, rock in opposition, noise, free jazz, post punk , musique expérimentale, fusion.... Et à la limite ça n’a pas tellement d’intérêt de décrire toutes les influences musicales qui imprègnent ce groupe. Voire cela peut lui nuir. Ou en tous cas vouloir lui coller une étiquette. D’autres pratiquent aussi le mélange des genres trad et musiques actuelles, avec plus ou moins de talent, et ne produisent pas du tout la même chose.
Artus se définit comme un OMNI (objet musical non identifié) au style Cosmotrad radical de Gascogne et « puisant son énergie rock dans la culture tribale gasconne ».
Sa culture gasconne vient principalement des trois frères et cousins qui ont baigné dans le folklore traditionnel durant leur enfance. Puis les diverses expériences musicales de chacun des membres font le reste aboutissant à un heureux équilibre entre les styles.

Les quatre albums Orb (2007), Drac (2010), Artus (2013) et Ors (2017) sont tous aussi bons les uns que les autres. Rien à jeter. Certains trouvent le dernier le meilleur. Difficile à affirmer. Artus évolue et est à chaque fois innovant et envoûtant tant au niveau de l’instrumentation, mélodies que des chants.

Et au fait que signifie Artus ? Cela vient du celtique arzh qui veut dire ours. Et c’est également la contraction en gascon d’« article dus » qui correspond à l’article deux de la Constitution lequel fixe la langue française comme seule langue de la République.

C’est un très bon et beau concert, organisé par le Sous-Off et le Nadir, qui a eu lieu ce mercredi 7 mars devant un public captivé. L’Ours des Pyrénées s’était déjà arrêté à Henrichemont, cet été, au 10e festival Quartiers Libres de l’association Viellux. Longue vie à lui.


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