LOL - Logiciel libre, une affaire sérieuse
Le jeudi 20 juin 2019 à Paris, au cinéma CGR de la Porte des Lilas, a eu lieu une avant-première privée du documentaire « LOL - Logiciel libre, une affaire sérieuse ».
François Zaïdi, réalisateur du documentaire, le précise avant la diffusion de l’avant-première privée : la salle est composée en gros de deux grandes familles de spectateurs : les proches des auteurs Léa Deneuville, Thierry Bayoud et du réalisateur d’une part ; et d’autre part des acteurs et militants du logiciel libre. Mais c’est bien aux premiers que s’adresse le documentaire, aux néophytes en la matière.
La première chose qui intrigue, c’est le titre. "Logiciel libre, une affaire sérieuse", peu de militants du libre trouveront à y redire. Mais pourquoi LOL ? L’auteur explique, sur radio Cause Commune dans l’émission Libre à vous du 11 juin 2019, que LOL représente l’usage majoritaire que l’on fait aujourd’hui du numérique, un usage souvent léger, un peu insouciant. Et puis LOL, c’est l’acronyme (ou presque) de LOgiciel Libre. Pourtant, l’informatique, les logiciels sont partout et leurs impacts sont très importants sur nos vies et dans notre société en général. C’est donc bien au final une affaire sérieuse, François Zaïdi parle d’impacts géopolitiques.
Thierry Bayoud, co-auteur du film, explique sa motivation à transmettre ce qu’est le logiciel libre dans un documentaire par sa propre découverte du logiciel libre en 2010 et par le temps important, 2 ans, qu’il lui a fallu pour en comprendre les tenants et les aboutissants. Et c’est ainsi que dans le documentaire, il est expliqué de façon très didactique ce qu’est un ordinateur, un logiciel, le code source jusqu’à des sujets qui décrivent l’impact et les risques de l’informatique dans nos vies ou même pour la sécurité nationale.
« LOL - Logiciel libre, une affaire sérieuse » est construit uniquement autour des propos de quatorze intervenants dont la plupart sont des historiques du logiciel libre en France, des acteurs ou militants de longue date comme Frédéric Couchet de l’April, Francois Pellegrini professeur à l’université de Bordeaux et chercheur à l’INRIA, Pierre-Yves Gosset de Framasoft ou encore Jean-Baptiste Kempf président de VideoLan et développeur principal du célèbre logiciel VLC. Et puis bien sûr, on y retrouve l’inévitable et inusable Richard Matthew Stallman [1], initiateur du mouvement du logiciel libre dans le monde, informaticien et chercheur au MIT. Henri Verdier, qui était encore directeur de la DINSIC au moment du tournage, intervient également dans ce documentaire. À noter qu’aucun intervenant pouvant amener la contradiction n’a souhaité intervenir, malgré les sollicitations des auteurs, ce qu’on ne peut que regretter.
Le documentaire de près d’une heure est bien réalisé avec des extraits de (vieux) films qui illustrent avec humour les propos des intervenants. L’humour geek est présent dès le générique et l’habillage réussi, même si certains tics de réalisation peuvent être agaçants à la longue (on pense à l’habillage de présentation des intervenants qu’on se coltine 14 fois...). Le documentaire est bien construit et les enjeux se dévoilent peu à peu même si on peut regretter que le film prenne une tournure un peu anxiogène au fur et à mesure des propos des intervenants. Mais à coup sûr, il peut faire réfléchir le grand public autour de certains enjeux de l’informatique et du numérique, bien au-delà du logiciel libre. Au sein de la communauté du libre, le documentaire a fait débat bien avant sa diffusion. On retrouve dans ces débats des tics malheureux et ultra-connus de certains membres de la communauté du libre qui se crispent sur des outils de fabrication du documentaire ou sur sa licence en oubliant le travail réalisé depuis 4 ans par les auteurs et réalisateur, leur volonté de toucher le grand public et de sortir le sujet du logiciel libre et ses enjeux de la niche militante.
On espère que le but des auteurs sera atteint via la large diffusion du documentaire. Pour l’instant, aucune autre diffusion n’est prévue mais les auteurs et le réalisateur ont la ferme intention de lui faire le tour de France des festivals et salles obscures. Ils sont à la recherche de distributeurs, de diffuseurs. La société de François Zaïdi, Gigowatt Film est une toute petite structure sans grands moyens. Si vous êtes intéressés et que vous pouvez les aider, n’hésitez pas à les contacter. Une diffusion à la Maison de la Culture de Bourges par exemple, ça aurait de la gueule, non ? En attendant, vous pouvez toujours visionner la bande-annonce pour vous faire une idée...
À noter qu’un autre documentaire, « Internet ou la révolution du partage » a été diffusé sur Arte et est toujours accessible sur le site de la chaîne jusqu’au 4 août 2019. Il s’agit d’une version réduite (55 mn au lieu de 87 mn) du documentaire « La bataille du libre » réalisé par Philippe Borrel qui va bien au-delà du logiciel puisqu’il s’intéresse également à l’agriculture et à l’industrie du médicament, deux autres domaines où l’impact sur l’homme sont immenses. À ne manquer sous aucun prétexte ;-)