Depuis 1997, notre conviction au sein de l’Agitateur est qu’il est essentiel d’être indépendant. Indépendant au niveau des idées évidemment. Mais aussi indépendant au niveau des moyens. Et c’est pourquoi, dès 1999, nous avons fait le choix de posséder notre propre domaine [1] et notre propre hébergement [2]. L’Agitateur, c’est la fusion entre l’esprit punk du "Do it yourself" et l’esprit libertaire des pionniers d’internet. L’Agitateur, c’est depuis le début, la volonté du débat, du partage de la connaissance et de l’information, de la liberté d’expression. Autant de promesses que permettait internet et le web à leurs débuts. Malheureusement, comme beaucoup de choses, le réseau a été rattrapé très vite par le capitalisme et la bêtise humaine.
Entre 1997 et fin 1999, l’Agitateur était hébergé chez le fournisseur d’accès internet français Infonie (sur ce qu’on appelait une page personnelle à l’époque...) et en a tiré une expérience malheureuse : suite à la plainte contre l’Agitateur par l’ancien maire de Bourges, Serge Lepeltier en 1999, Infonie - sous pression judiciaire ? - avait rendu l’accès au site de l’Agitateur impossible en prétextant une anomalie technique. Manœuvre plutôt maligne pour justifier une censure de fait sans aucun mandat judiciaire. On était en 1999 donc à la préhistoire du web mais on sentait déjà le danger qui nous guettait. La plainte du maire pour diffamation qui avait généré la saisie (totalement abusive) de notre matériel et qui aurait pu causer la mort de l’Agitateur était une censure qui ne disait pas son nom. La jeunesse de l’Agitateur a donc été un peu...agitée. C’est dans un contexte très évolutif que l’Agitateur a grandi et a maintenu ses positions. En effet, peu à peu sont apparus les blogs et les usines à blogs, puis Facebook en 2004 qui a peu à peu tué les blogs. Et enfin Twitter en 2006. Le point commun entre les usines à blogs, Facebook, Twitter et les réseaux dits sociaux est qu’ils fournissent, un service gratuit la plupart du temps, en échange de l’acceptation des conditions d’utilisation - dont l’insertion de publicité n’est que la partie émergée de l’iceberg des contraintes et des dépendances. Face à ces évolutions de l’écosystème Internet, compte tenu de la forte exposition médiatique de Facebook et Twitter et de la forte émulation que l’on y trouvait, nous avons fini par y ouvrir des comptes en 2007, il y a donc pas loin de 18 ans. L’objectif était surtout de pousser les internautes à débattre sur le site de l’Agitateur plutôt que dans le monde fermé et propriétaire de Facebook. Le compte Facebook a été arrêté il y a quelques années sans que l’on y pense vraiment et ce à la faveur d’une difficulté technique. Le compte Twitter lui est toujours actif théoriquement mais nous ne l’utilisons plus vraiment depuis le rachat de Twitter par Elon Musk en octobre 2022 qui l’a transformé en X.com.
Donc, clairement, pour nous, la fermeture de notre compte X/Twitter est un non évènement. Ce n’est pas non plus un sacrifice même si nous risquons de perdre le lien avec nos 700 abonnés [3]. Nous avons depuis avril 2017, ouvert un compte sur Mastodon - @agitateur@mamot.fr - qui est lui aussi plus ou moins dormant mais que nous allons tenter de faire vivre un peu plus dans les semaines qui viennent. Du coup, la question légitime que vous allez nous poser c’est pourquoi faire un article sur un non évènement ? Tout simplement parce que s’il n’y a aucun enjeu pour l’Agitateur, il y en a un pour notre société. Vous ne pouvez pas ignorer qu’Elon Musk est l’un des hommes les plus riche du monde. Que s’il a acheté X/Twitter pour 44 milliards de dollars - un prix jugé complètement surévalué/dingue par les spécialistes - c’est pour gagner en pouvoir. Contrairement à un média de presse classique, X/Twitter n’a pas de rédaction organisée qui pourrait clamer sa volonté d’indépendance par rapport à son actionnaire. Les rédacteurs de X/Twitter, ce sont les 400 millions d’utilisateurs dans le monde : on estime qu’il y a environ 30 millions d’utilisateurs quotidien fin 2024. Et ce qui organise le contenu de X/Twitter, c’est un algorithme qui choisit parmi les millions de messages, lesquels seront mis en avant. Et parmi les messages mis en avant il y a ceux d’Elon Musk - devenu l’un des bras droits de l’ex et futur président des États-Unis Donald Trump - qui s’est mis à soutenir tous les mouvements réactionnaires, racistes, sexistes bien au-delà de son propre pays en intervenant dans le débat politique au Royaume-Uni ou en Allemagne par exemple. Si la ploutocratie est en marche aux États-Unis, il faudrait protéger la France et l’Europe de son influence par tous les moyens.
Alors comment faire ? Certainement en incitant un maximum d’utilisateurs de X/Twitter à quitter ce réseau et en s’organisant, en amorçant le mouvement. L’Agitateur, même s’il est minuscule, est pionnier du web à Bourges et dans le Berry et a, à cet égard, une petite légitimité pour lancer cet appel aux acteurs locaux. À défaut de quitter tous les réseaux sociaux - ce qui serait idéal - on appelle donc à quitter X/Twitter. Et ceux qui peuvent donner l’exemple sont la presse, le Berry Républicain (qui dépend du groupe Centre-France La Montagne) et La Nouvelle République, les journalistes, les élus et acteurs politiques locaux et en premier lieu nos députés : François Cormier-Bouligeon, Nicolas Sansu et Loïc Kervran. On suggère a minima au Berry Républicain, à la Nouvelle République et à Ici Berry de ne plus faire mention des messages des acteurs politiques issus de X/Twitter. Alors, évidemment, il peut y avoir de multiples objections à quitter X/Twitter. Certains pourraient être tentés de vouloir résister de l’intérieur. On leur souhaite bon courage, la bataille est perdue d’avance face à un algorithme qui ne fait que les invisibiliser s’ils ne vont pas dans le sens du clash. Et pour les élus qui pensent que leur devoir est d’occuper le terrain vaille que vaille, on leur suggèrera qu’ils contribuent surtout à servir la soupe à un milliardaire américain qui n’hésitera pas à les rabaisser plus bas que terre à la face du monde si l’occasion s’en fait sentir. L’autre objection peut être que X/Twitter n’est pas le seul problème avec les médias en France : l’empire Bolloré qui favorise les idées conservatrices et d’extrême-droite ainsi que la dépendance de nombreux organes de médias et de presse à des groupes industriels et financiers constituent un autre risque pour la pluralité et l’indépendance de l’information.
Vous êtes convaincus (ou vous l’étiez déjà bien avant de lire cet article) ? Reste à passer à l’action. Pour cela, on peut se raccrocher - comme l’Agitateur le fait - à une initiative nommée #HelloQuitteX qui permet de vous accompagner dans ce départ de X/Twitter. Tout est simple et très bien expliqué. L’idée est de quitter en masse officiellement et symboliquement X/Twitter le 20 janvier 2025, jour de l’investiture de Donald Trump comme 47ème Président des États-Unis. Et de le faire savoir au plus grand nombre. Si les acteurs majeurs de X/Twitter en France, la presse, les journalistes, les élus et acteurs politiques, les institutions, les sportifs, les artistes quittent X/Twitter, ce réseau sera en grande partie vidé de son contenu francophone. L’intérêt de l’utiliser deviendra nul. La marche est haute...mais il faut bien commencer. On compte sur vous !
[2] On en a changé plusieurs fois depuis 1999. Actuellement, l’Agitateur est hébergé chez Infomaniak
[3] dont combien de comptes fictifs ou abandonnés ?
Il est temps de quitter X
- epujsv
- 26 janvier 2025 à 13:17
Ca ne se passe pas que sur l’écran. Ca se passe dans les relations sociales, qu’elles aient cours dans un bistrot, dans les milieux professionnels, en famille, entre amis, dans les milieux politiques, etc....
[...]
"Le débat public et les discussions constructives entre internautes en deviennent de plus en plus difficiles, et cette sensation de différences irréconciliables se transfère vers les discussions en chair et en os9. Le discours de haine n’est pas qu’une abstraction numérique, il peut attiser la violence, miner la cohésion sociale, et causer des blessures profondes qui vont bien au delà des écrans, comme de nombreux rapports d’associations et institutions l’attestent10.
Ces contenus viennent nourrir des « visions du monde »11 basées sur la peur et une sensation d’envahissement, venant ainsi conforter encore les tenants du « Grand Remplacement » et autres arguments portés par les mouvements d’extrême-droite."
[...]
La Quadrature du Net, 20 janvier 2025, Les contenus haineux et négatifs sont rentables pour les médias sociaux publicitaires
https://www.laquadrature.net/2025/01/20/les-contenus-haineux-et-negatifs-sont-rentables-pour-les-medias-sociaux-publicitaires/
Pour moi, qui ne fréquentait pas plus que ça les réseaux sociaux avant le Covid, c’est là que j’ai pris conscience de ce que sont les réseaux sociaux et de l’influence qu’ils peuvent avoir " en chair et en os" comme le dit si bien la quadrature du net. Et en l’occurence toute l’influence de l’extrême droite qu’elle a pu avoir pendant cette période. Et qui venait notamment de toute l’idéologie libertarienne fasciste....Et qui continue et dans d’autres aspects de la vie. Mais dans ces réseaux sociaux, il y a également ce que j’appellerai, pour faire court, une organisation démocratique que forment bien d’autres utilisateurs.
Il est temps de quitter X
- epujsv
- 27 janvier 2025 à 17:22
"Je" rentre dans un bistrot, pour revenir à ton premier post, pour illustrer. Je rentre avec mon corps, ma tête, mes paroles, ma voix, ma personne. J’échange avec d’autres personnes de façon oral ou pas. Il y a des interactions quel qu’en soit l’aspect.
Mais est-ce que je rentre dans un réseau social ? Non. Qu’est-ce qui rentre de "moi" dans un réseau social ?
De la donnée. Je ne fais que produire de la donnée. De la data (je me rappelle " data gueule"). N’empêche que je l’utilise. Alors il ( le réseau social) a un retour sur celui ou celle qui l’utilise. Un retour physique, notamment, mais de quel ordre ? Et un retour intellectuel. Mais de quel ordre ?
Quand je prends un livre, un journal, je le prends avec ma main. Je le lis, je le touche. Le réseau social, le logiciel, l’application, je ne les touche pas. Je les utilise. Mais physiquement mon cerveau ne peut pas dimensionner, mesurer, appréhender cet outil. Certes c’est qu’on appelle la dématérialisation. Mais je crois que cette dématérialisation nous fait des trucs moches au cerveau et au corps. Je peine à expliquer. Je dirais juste que je crois que l’humain n’est pas du tout adapté à la dématérialisation. Qu’il s’use dessus ou dedans : mais comment savoir si on est dessus ou dedans ? Puisque c’est nulle part (sauf dans des serveurs) au niveau du contact physique et de notre perception. Je crois que ça nous esquinte. Et carrément. En fait on ne fait que regarder des images de données. Des images qui font mal aux yeux et à la tête et au reste du corps.
D’ailleurs on dit "un utilisateur" de réseau social ou autre. Ou on dit " les internautes utilisent" etc...Je trouve que c’est une disparition de tout, que c’est complètement contre nature et contre social. Et qu’on nous le vend depuis des plombes comme un progrès. A marche forcée.
Il est temps de quitter X
- epujsv
- 27 janvier 2025 à 18:04
Et que ce n’est que de la production, mais pas au sens créatif. Au sens production industrielle, dans une chaîne.
Même si ce n’est pas précisément de la production industrielle. Mais économique. Ce que je suis en train d’écrire ici, même si c’est sur l’agitateur qui n’a aucun intérêt économique, ça doit bien produire du fric à quelqu’un quelque part. Et ça ne fait pas avancer l’humanité ;-).
Quand je prends un livre, un journal, je l’achète. Mais tout ce que j’en ferai ensuite ne rapportera plus de fric à personne. Quand j’écris sur un papier, j’ai acheté le crayon et le papier. Mais par la suite tout ce que je ferai de cet écrit ne rapportera plus rien à personne. Je le rangerai dans un meuble ou tiroir et cette conservation ne rapportera plus de fric à personne.
Or là, ce que je fais rapporte quelque part. Et je ne sais où. Et en plus je suis dans l’ignorance. Je ne suis pas certaine qu’on explique bien au gens comment ça fonctionne dès qu’ils envoient de l’information, de la donnée sur internet et ce que le stockage de leurs données rapportent.
Je suis d’une génération où j’ai vécu sans l’informatique puis j’ai dû m’y plier. Et je ne vois pas ce que cela a apporté. Je veux dire pour le simple utilisateur. Je ne parle pas de ce que cela permet scientifiquement.
Mais de l’avoir démocratisé sous toutes ses formes, je ne suis pas sûre que c’était une bonne idée.
Il est temps de quitter X
- bombix
- 27 janvier 2025 à 19:28
Bon si je peux résumer, tu penses qu’une communication qui passe par la personne entière, parole, comportement, regard, etc. est plus authentique et humaine qu’une communication basée sur un échange de signes qui transitent sur des réseaux numériques. On ne peut pas te donner tort. Mais je ne suis pas sûr qu’il y a une différence si essentielle entre un texte qui passe sur internet, et le même texte dans un journal ou dans un livre. Ce que j’ai pu remarquer, c’est que les échanges en ligne sont souvent plus âpres que les échanges en direct. Parce qu’on ne s’exprime pas seulement avec nos mots mais aussi avec notre corps, notre regard etc. qui nuance et complète nos paroles. Par ailleurs, on a en face de soi une subjectivité, une personne. On a des indications sur la manière dont il reçoit les messages. On s’adapte alors, on précise, etc.
En tout cas, je ne pardonnerai jamais à internet d’avoir tué le courrier papier, et surtout les lettres d’amour. Un email d’amour, c’est vraiment ridicule. Il faut le papier, la trace de la main qui a écrit, l’attente du facteur, parfois un parfum ou une fleur séchée. Bachelard l’a dit merveilleusement :
"Notons d’ailleurs qu’une rêverie, à la différence du rêve, ne se raconte pas. Pour la communiquer, il faut l’écrire, l’écrire avec émotion, avec goût, en la revivant d’autant mieux qu’on la récrit. Nous touchons là au domaine de l’amour écrit. La mode s’en perd. Mais le bienfait demeure. Il est encore des âmes pour lesquelles l’amour est le contact de deux poésies, la fusion de deux rêveries. Le roman par lettres exprime l’amour dans une belle émulation des images et des métaphores. Pour dire un amour, il faut écrire. On n’écrit jamais trop. Que d’amants qui rentrés des plus tendres rendez-vous ouvrent l’écritoire ! L’amour n’a jamais fini de s’exprimer et il s’exprime d’autant mieux qu’il est plus poétiquement rêvé. Les rêveries de deux âmes solitaires préparent la douceur d’aimer. Un réaliste de la passion ne verra là que formules évanescentes. Mais il n’en reste pas moins que les grandes passions se préparent en de grandes rêveries. On mutile la réalité de l’amour en la détachant de toute son irréalité."
Il est temps de quitter X
- Mister K
- 15 janvier 2025 à 03:40
Effectivement, j’avais totalement oublié cet article. Avec 10 ans de recul, je trouve qu’il reste toujours globalement valable : je reste optimiste dans l’usage qu’il est possible de faire du web. Ce qui ne veut pas dire que je ne suis pas lucide sur la situation actuelle (ce qui était déjà le cas il y a 10 ans) : il faut vraiment faire le tri dans ce qui est disponible et utilisable sur le web. Mais il y a de très bonnes choses et il faut savoir les apprécier et même en faire la promotion histoire de nous entraider, nous internautes, à faire un tri permanent.
Là où il y a un manque, c’est que l’article n’insiste pas sur l’importance d’être indépendant et le risque d’être dépendant d’une plateforme. A l’époque, j’avais surtout des doutes sur Facebook. Mais c’était évidemment un risque aussi avec Twitter et tout autre plateforme. En 2025, ces risques sont devenus réalité à un point difficilement imaginable il y a 10 ans : un milliardaire fasciste qui s’achète une plateforme de réseau social pour s’acheter du pouvoir et favoriser potentiellement ses idées et ses affaires. Pourtant, ce scénario du pire que nous aurions pu proposer est devenu réalité en 2025.
Alors oui, il y a toujours un risque à être optimiste, c’est de ne pas voir le pire arriver et donc ne pas s’y préparer. Mais quand on lit bien ce site, nous sommes très loin d’être d’un optimisme béat. Et malheureusement, le pire, on le voit arriver peu à peu depuis très longtemps. Et malheureusement dans notre société, on l’a encore vu en 2024 en France lors des élections. Internet et le web sont un énorme enjeu de société dont les influences néfastes peuvent impacter notre vie quotidienne. Un peu comme on ne peut pas abandonner la société au pire, on ne peut pas abandonner le web et internet aux fâcheux. Alors oui, c’est un terrain sur lequel il faut lutter aussi. Quitter X/Twitter et les réseaux sociaux est une façon de lutter en proposant autre chose. On espère y contribuer un peu ici et que ce n’est pas totalement vain...
Il est temps de quitter X
- bombix
- 16 janvier 2025 à 10:08
Evidemment. Le problème est toujours le même quand on s’aventure à critiquer une technologie. On rétorque l"usage positif qu’on en peut faire. Pour moi la bonne façon de poser le problème est plutôt de faire un bilan et de peser le rapport coût/avantage. Ce qui est rarement fait. Allons voir du côté d’une autre technologie : l’automobile. C’est bien agréable une auto. On est indépendant, on voyage confortablement. On peut même trouver un charme à la route qui défile, aux paysages traversés, à la puissance qu’on tient sous son pied. La bagnole signifie concrètement la liberté.
Mais pour quel coûts ? Humain (nombre de blessés et de morts annuels, supérieur à toutes les guerres qui se mènent sur le globe ; santé publique : bruit, pollution, cancers ... ; métamorphose des conditions de vie : mitage des territoires, gentrification des centre villes, fin des commerces de proximité, etc.) écologique : réchauffement climatique par la production de gaz à effet de serre, pollution des hydrocarbures (extraction et consommation), chute de la biodiversité et bouleversement des écosystèmes, avènement de cette catastrophe absolue qu’est le tourisme de masse ... j’en oublie certainement.
Alors, le jeu en vaut-il la chandelle ? La question n’est même pas posée. C’était quand la dernière émission à la télé ou à la radio sur les conséquences réelles de la civilisation automobile ? On sacrifie à la bagnole, parce que la bagnole est devenue sacrée. Le sacré fascine et fait peur. On n’y touche pas. Augmentez le prix du gasoil et réduisez la vitesse de 10KMs/h et vous provoquez la plus grande crise sociale des 60 dernières années. C’est comme ça.
Revenons à internet. Qui fera le bilan entre le positif et le négatif ? Qui parlera des dégâts occasionnés par la pornographie industrielle en libre accès sur la psyché des très jeunes gens en formation ? Qui parlera de ce fléau que constitue le smartphone sur les enfants — à tel point qu’on songe à l’interdire (mais en fait il est trop tard) Qui s’inquiète de la dévalorisation de la notion même de vérité à l’heure des fake-news et de la post vérité ? Qui fait le lien entre la régression moyenâgeuse qui place le salut dans une religion, rétablit le blasphème, importe des préjugés discriminatoires sur les femmes et les homosexuels, bannit la liberté de penser et d’interpréter et la puissance décuplée de la propagande sans modération mis à disposition par les réseaux sociaux ? Je vais arrêter la liste qui pourrait bientôt ressembler à une liste à la Prévert.
A la naissance d’internet, on s’est bercé d’illusions. On a cru à l’émergence possible d’une intelligence collective (Pierre Levy). Or l’intelligence n’est jamais collective. Elle est singulière, personnelle, fragile, rare. "Penser est une exception à une règle générale : ne pas penser" (Alain). On pardonnera à Pierre Levy. Même un critique acerbe de la technique comme Jacques Ellul a cru aux possibilités sociales et cognitives du minitel. Avant de se raviser. Le minitel n’a rendu personne plus intelligent. En revanche il a permis à Xavier Niel de faire fortune dans des activités interlopes autour du minitel rose (une condamnation pour proxénétisme quand même).
Tu parles de l’importance de l’indépendance. Fort bien. C’est juste. Mais c’est un peu comme si tu parlais de monter une petite épicerie/quincaillerie au coin de la rue pour contrer Amazon. C’est un peu saugrenu quand même, à l’heure où Amazon est en passe d’avoir la peau des hypermarchés (Carrefour Bourges est sur la sellette) Il y a une loi d’airain du capitalisme : le gros mange le petit, avant d’être dévoré par un plus gros, et ainsi se constituent des monopoles. Et voilà comment naissent Facebook, TikTok et autres Instagram.
L’Agitateur correspond à un modèle d’une époque historique révolue. A la limite, c’est un témoignage. On peut essayer de résister comme on peut essayer de vider l’océan avec une petite cuillère. On peut.
Il est temps de quitter X et tout quitter ?
- Biturige
- 19 janvier 2025 à 11:36
Je ne comprends rien à cette histoire de pessimistes vs optimistes ? Je ne trouve pas que l’article de 2015 était particulièrement optimiste ou pessimiste : il parlait d’un monde qui était loin, très loin des préoccupations immédiates des utilisateurs d’internet.
Internet est un outil fantastique, un outil culturel comme jamais l’humanité n’a disposé. Alors le réseau X, Shoud I stay or shoud I go ? Je m’en bran, brr-brr, je m’en fiche. Ce qui me questionne : c’est pourquoi y aller ?
Internet, un sacré outil, avec les limites qu’impose un mode de société. En 2015 ou 2025. Une illusion perfide serait de croire à la liberté d’un mode auto-géré. Dans "auto-géré", y’a "géré", donc définir ou imposer des limites ou tout laisser fleurir ?
Je me souviens, bien avant 2015, à l’époque ou je me connectais sur internet via la Médiathèque de Bourges pendant l’heure attribuée. Il y avait une histoire de coucherie dans notre bonne ville qui s’était étalée dans je ne sais plus quel site, une histoire d’adultère, la honte, ciel ! Et on pouvait lire les détails les plus crapoteux, les plus salaces, sans aucun filtre, sans aucune considération pour les personnes concernées et pour l’autre personne, celle qui était trompée. Pour moi, alors, internet, le web, qu’importe le mot, c’était ouvrir les égouts. Il n’y a donc rien de nouveau sous le soleil – enfin, sous ce ciel gris permanent dans notre hiver.