Emploi : le Cher mal barré...
Une légère amélioration de la situation de l’emploi durant l’année 2004 dans le Cher, mais qui s’est vite essoufflée à partir du mois de septembre, ce qui devrait laisser augurer une année 2005 assez difficile. Tel est le bilan fait par les services de la Préfecture du Cher dans un rapport qui n’incite donc guère à l’optimisme malgré le lancement d’une batterie de mesures envisagées dans le cadre du Comité de Site de Bourges et du Cher.
Le Cher doit donc s’attendre au mieux à une année de stagnation au niveau de la situation de l’emploi pour l’année 2005, alors qu’au niveau national les responsables politiques, depuis des mois, ne cessent de marteler que la « croissance » aura des répercussions importantes sur l’emploi. Il faudra donc patienter. Encore. Depuis des années c’est pareil. Dès qu’une légère amélioration se fait sentir, M. Raffarin se prend pour madame Soleil (« Je vous l’avais bien dit »,) puis lorsque ça fait pchitt, il se transforme en vieux moine tibétain qui en appelle à la « patience » et à la « confiance ». Comme gourou de secte, on ne fait pas mieux.
SITUATION DEGRADÉE. Notons en prémices que le Comité de Site de Bourges et du Cher ne base son rapport que sur l’évolution du nombre d’emplois et non sur celui du nombre de demandeurs d’emploi, ce qui permet de jeter un voile pudique sur des réalités humaines parfois dramatiques. Les services de la Préfecture du Cher préfèrent donc établir une augmentation constante de l’emploi salarié privé (salariés cotisant à l’assurance chômage ») de 1997 à 2002 bien que le nombre de demandeurs d’emplois augmente bien plus vite que l’offre. Une augmentation du nombre d’emploi qui est d’ailleurs plus lente que la moyenne de l’évolution de la situation en Région Centre puisque « le Cher accuse un différentiel de croissance de l’emploi salarié de 7% ».
L’année 2003 a été marquée par une rupture du développement de l’emploi dans le Cher et au niveau national. Le regain d’activité économique constaté au premier semestre 2004 n’a permis qu’une timide reprise de la création d’emplois lors du deuxième semestre, à hauteur de 0,3% notamment dans le domaine de l’emploi industriel. Cette infime reprise de l’emploi ne s’est de toutes façons manifestée que par une augmentation de l’intérim (pourcentage non précisé) et de l’offre des contrats d’apprentissage et d’alternance (+10%). Le rapport qualifie donc cette reprise de « précaire » de « peu vigoureuse » et « en cours d’essoufflement ».
Dans ses prévisions, le rapport estime donc que « la situation devrait se dégrader ». Pour cela, elle se fonde une baisse du travail intérimaire sur le mois de septembre 2004 alors que ce mois est enregistre traditionnellement une hausse de ce type d’emploi : baisse de 8,3% par rapport au mois précédent et de 15,7% sur l’année précédente. En outre sur le mois de septembre l’ANPE a enregistré une hausse de 40% des demandeurs d’emplois suite à la fin d’un CDD ou d’une mission d’intérim. Le rapport note que la production industrielle est tombée en octobre à un niveau inférieur à celui de l’année précédente et que les liquidations et redressements judiciaires ont mis 134 personnes sur le carreau.
Fin 2004, on notait dans le Cher un taux de chômage sensiblement identique au taux national (9,8% de la population active contre 9,9% au plan national), masquant cependant des disparités importantes dans le département puisque la ville de Vierzon culminait à 12,1% de demandeurs d’emplois, malgré les stratégies de radiations de culpabilisation voulues au plan national. Le nombre de jeunes demandeurs d’emplois est en hausse de 4,5% et plus d’un demandeur d’emploi sur cinq a moins de 25 ans. La hausse du chômage de longue durée s’est également amplifiée (+4,1%) et un chômeur de longue durée sur deux a plus de 50 ans.
TIMIDES MESURES CONTRE LE DECLIN. Pour tenter d’enrayer le déclin infernal du marché de l’emploi dans le Cher, le Comité de Site de Bourges et du Cher a établi un plan d’actions sur différent axes. Le premier concerne le développement des pôles technologiques à travers la mise en place d’une plateforme multiservice santé. Il s’agit de faire du Cher « un département pilote pour la Région Centre dans le domaine du maintien et des soins à domicile » afin de « générer une activité créatrice d’emplois de services ». Concrètement, une plateforme de téléprésence ainsi que la création d’un appartement pilote sont envisagés à Bourges qui après avoir été un pôle majeur dans le domaine militaire et de l’armement, prépare sa reconversion avec la manne financière que représente l’aide aux personnes âgées.
Le second axe de développement concerne la promotion et la valorisation de l’appareil de formation. Pour cela, le Comité de Site mise sur le développement de l’apprentissage dans l’industrie et les services de production mais aussi sur la génération d’emplois grâce au Plan de Renouvellement Urbain.
La troisième orientation du Comité de Site concerne les actions destinées à « attirer et maintenir les jeunes actifs dans le département » à travers une optimisation des orientations professionnelles et la création d’une offre de services facilitant l’accès au logement.
Enfin, le quatrième axe de développement abrite des mesures pour « poursuivre la diversification économique et développer les réseaux d’entreprises ».
Au total sur les quatorze actions envisagées pour développer le dynamisme économique du département du Cher, douze constituent des actions de communication (création et diffusion de documents, sites internet, conférences, « observatoires » divers et variés, création de clubs d’entreprises...) à destination du grand public et des entreprises. A noter que les documents qui nous ont été fournis ne comportaient que très peu de données chiffrées au chapitre des investissements des coûts de fonctionnement et des prestations découlant de ces projets, ni de calendrier précis de mise en oeuvre.