Archives
PROPAGANDE MUNICIPALE

Affichage sauvage : efficacité de la contre-campagne

vendredi 18 mars 2005 à 23:14, par Charles-Henry Sadien

Il y a quelques semaines, la municipalité de Bourges lançait une campagne d’affichage contre... l’affichage sauvage. Une opération de communication un peu démagogique qui a tourné au vinaigre avec le lancement d’une contre-campagne citoyenne réclamant à la ville de Bourges l’application de la loi sur l’affichage, qu’elle ne respecte pas. Lors du Conseil Municipal, le maire par intérim Roland Chamiot semble être logiquement revenu à la raison.

« Cette année, pour la Fête de Lutte Ouvrière, nous n’avons pas beaucoup collé dans la ville, mais plutôt en périphérie. Nous n’avons pas les moyens de prendre le risque de recevoir de lourdes amendes ». Si l’on en croit ce responsable de Lutte Ouvrière, la campagne menée par la ville de Bourges afin de lutter contre l’affichage sauvage semble assez dissuasive.

« L’affichage sauvage à Bourges, ça suffit ! » En grand format sur papier glacé et en quadrichromie : la municipalité n’a pas lésiné sur les moyens en utilisant l’argent du contribuable pour s’attaquer à la pollution visuelle. A cela, les Libertaires de Bourges, grands colleurs d’affiches sur papier recyclé répliquaient par une campagne : « Murs blancs, peuple muet ». Ceux-ci reprochaient à la municipalité de ne pas respecter la loi du 29 décembre 1979 (complétée par un décret du 25 février 1982) disposant qu’une ville de la taille de Bourges se devait de mettre à la disposition des citoyens, associations, partis politiques et syndicats, une surface d’affichage de 48 m2 répartie équitablement et située à moins de 1000 mètres de la surface habitable la plus éloignée.

Lors du Conseil Municipal du Vendredi 18 mars 2005, le maire de Bourges par intérim Roland Chamiot a déclaré qu’une vingtaine de lieux allaient être déterminés afin que la ville se mette en conformité avec la loi. Interrogé par le conseiller municipal d’opposition Yannick Bedin (PCF), Roland Chamiot précisait que le mobilier urbain pourrait être installé durant le mois de Juin et qu’en attendant, les services municipaux allaient s’efforcer de réguler un affichage sauvage pas trop envahissant. Implicitement, le maire par intérim a donc décidé de ne pas mettre en pratique sa menace d’infliger des amendes de 750 euros pour tout contrevenant, jusqu’à ce que les panneaux d’affichage soient opérationnels.

Le calendrier prévu par la municipalité sera donc chamboulé. Initialement, il était prévu une campagne de sensibilisation jusqu’à la fin du mois de mars, suivie d’une seconde phase répressive. Dans le journal municipal du mois de mars (édité par le quotidien La Nouvelle République du Centre-Ouest qui percevra 61.994,96€ TTC d’argent public pour sa collaboration à la propagande municipale), le maire adjoint en charge de l’environnement, Roland Narboux, déclarait que la municipalité serait « particulièrement vigilante » quant au respect des textes en vigueur. Il était d’ailleurs rappelé que, outre l’amende encourue, des sanction pénales pouvaient être prononcées par les tribunaux, et que l’enlèvement et les frais d’exécution pourraient être supportés par celui qui a apposé, fait apposé ou bénéficié de la publicité.

Cependant, Roland Chamiot a reconnu lors du Conseil Municipal que la loi ne pourrait être appliquée tant que la ville ne disposerait pas des surfaces exigées par la loi, revenant ainsi sur sa prise de position initiale. En outre, la municipalité était elle même largement actrice de l’affichage sauvage par l’intermédiaire d’associations ou de sociétés para-municipales. Les services municipaux ont indiqué qu’ils se montreraient « tolérants » durant la période du Printemps de Bourges. Daniel Colling qui rigole, Arlette Laguiller qui pleure.

En revanche, Roland Chamiot n’a toujours pas affirmé sa volonté d’appliquer la loi qui l’oblige a accorder un espace rédactionnel à l’opposition dans le journal municipal. Celà dure depuis des années. Mais cette fois, Irène Félix, responsable du groupe PS au conseil Municipal a exprimé son souhait que la ville soit sanctionnée pour le non-respect de la loi. De là à ce que la timide opposition municipale se décide à mettre en oeuvre les mesures pour aller au-delà des déclarations d’intentions... Roland Chamiot peut légitiment se dire : "cause toujours, tu m’intéresse !"

commentaires
> Affichage sauvage : efficacité de la contre-campagne - 21 août 2005 à 06:21
#2664
> Affichage sauvage : efficacité de la contre-campagne - 21 août 2005 à  14:04

Effectivement, ces informations sont sans intermédiaire, mais également sans objectivité et sans indépendance.

#2668 | Répond au message #2664
> Affichage sauvage : efficacité de la contre-campagne - 21 août 2005 à  15:52

Tout à fait d’accord. Ce site commet l’erreur d’être à la fois juge et partie ce qui l’empêche d’être un journal indépendant. Pour moi, c’est une vitrine plus ou moins libre pour les assos militantes mais en aucun cas un média indépendant. C’est l’exemple inverse mais pas opposé de ce que l’on rencontre dans la presse locale. Court-circuiter les intermédiaires n’est pas une garantie d’indépendance.

#2669 | Répond au message #2668