PdB 2008 : les découvertes Région Centre

Une mécanique bien rôdée

Le concert a encore l’avantage d’être gratuit. Pourtant cette année, - partenariat oblige - il fallait retirer ses places au préalable dans un “magasin spécialisé dans la distribution de produits culturels et électroniques”du centre ville. [1] A l’entrée du 22, le portier toise les nouveaux arrivants. Mais à la présentation du précieux sésame, il laisse passer en souhaitant une bonne soirée. Dans le hall, la buvette fournie et le stand du SCALP , sont incontournables. L’assistance n’est pas exclusivement composée de premières jeunesses, loin s’en faut . Dans la pénombre de la salle, on peut notamment reconnaître tous les acteurs de ce rendez-vous : les responsables d’ Emmetrop, un des piliers de radio résonance est également présent ainsi que Jean-Claude Marchet, responsable du pôle régional chanson et directeur des Bains-Douches à Lignières. Pour l’heure, le public se limite à une cinquantaine de personnes. Il est vrai que la soirée s’annonce longue, puisque 7 groupes sont en compétition. S’il faut le rappeler, le principe de sélection des groupes est simple. Après écoute des maquettes qui ont été envoyées [2] à chaque antenne régionale, le réseau Printemps, retient une poignée d’artistes pour une prestation de trente minutes sur scène. Celle-ci est filmée afin qu’un jury, composé de professionnels, puisse prendre ultérieurement sa décision quant au groupe ou artiste qualifié. L’heureux gagnant représentera sa région lors de la prochaine édition du Printemps de Bourges dans la catégorie Découvertes. [3]

Un programme éclectique.

Le premier à se lancer est Bastien Lucas. Ce jeune Saint-amandois compose des chansons à textes. Seul sur scène, il s’accompagne à la guitare ou au piano. De jolies mélodies, une voix toute en retenue. Idéal pour une introduction. Il repart sous des applaudissements proportionnels à sa prestation scénique assez sage...

On profite de la première pause à la buvette, pour discuter avec quelques connaissances... la bière est chaude et sans saveur.

Le groupe suivant vient d’Orléans. Kas est un combo rock constitué de quatre musiciens. Dans cette formation plutôt classique (guitares, basse et batterie) les quatre garçons délivrent un son léché qui porte les textes nostalgiques d’un chanteur à la voix posée.

Le quatuor cède la place au trio d’ Odran Trümmel . Un univers plus halluciné où les musiciens, avec une technique affirmée, osent se lâcher davantage.

A la deuxième pause que je m’accorde, on me prévient que le vin blanc de la buvette ne concurrence pas la bière en qualité...

Au retour dans la salle on peut compter maintenant une centaine de personnes [4] et nous sommes accueillis par les vociférations d’un groupe de rap issu de Bourges : Les évadés
On change naturellement d’atmosphère et la mise en scène prend toute son importance. Sur un rythme binaire et des samples de sirènes, les deux leaders au regard méchant, s’adressent au public avec des termes durs. L’insulte, omniprésente, affirme l’expression d’une colère mais à l’écoute des textes bien construits, les revendications condamnent avant tout les injustices.

A l’issue de cette prestation, une bouffée d’air frais s’impose. Dehors, des groupes de spectateurs, plus jeunes qu’en début de soirée, se forment pour discuter. Le prochain groupe semble être attendu...

Sommes- nous 200 à présent ? Je ne l’affirmerais pas... c’est Twice qui entre en piste. Ce jeune duo tourangeau, formé d’un guitariste et d’un beau brin de fille au chant , [5] nous ramène au rock. Avec l’apparition de cette formation restreinte, on pouvait penser que la sauce allait peiner à prendre. Erreur ! L’unique présence de ces deux là fonctionne. Par dessus les accompagnements pré-enregistrés, la guitare alterne les phrasés mélancoliques et les riffs plus rageurs pour accompagner la danse saccadée et la voix de la belle.

On enchaîne avec le rock énervé de Sukoï fever . Cet autre groupe orléanais se distingue tout d’abord par le port de la cravate imposée à tous les musiciens... mais surtout par la présence scénique de son chanteur. Malgré des mimiques rappelant parfois Mick Jagger, on peut dire qu’il se donne ! Les morceaux, très maîtrisés, s’enchaînent vite. Le groupe veut faire impression.

Enfin la soirée s’achève aux alentours d’une heure du matin avec un groupe électro de Tours EBS (Emergency Broadcast System) Les trois musiciens, cachés derrière des écrans d’ordinateurs, envoient d’emblée un gros son. La rythmique puissante est ornée d’une multitude d’ effets. A cela s’ajoute les jeux de lumières hypnotisants. Le public et les techniciens à la table de régie ont l’air conquis. La transe va s’installer ? Mes pauvres oreilles n’y tiennent plus. Abandon par KO. [6]Je file sans prendre le temps de tester les jus de fruits de la buvette mais je me promets de prendre le temps d’écouter EBS une autre fois...

Condamnés à réussir au 22 ?

Au final, ce fut une soirée riche mais où l’on sent que l’amateurisme est désormais proscrit. Si l’ambiance reste festive, elle ne cache pas le côté très professionnel du concert. Les groupes en présence savaient que l’ultime décision n’appartiendrait pas au public de ce soir, [7]. La règle est ainsi faite... Si l’on gagne, tout peut s’envisager, grâce aux opportunités qu’offre la vitrine du Printemps. Mais si l’on perd, il faudra patienter encore et chercher plus difficilement toutes les opportunités pour se faire connaître en dehors de sa ville ou de sa région. D’ailleurs, existe t’il des alternatives à ce circuit très jalonné ? [8] Pas sûr...Tous ont donc intérêt à bien s’entendre avec les structures partenaires du réseau Printemps qui semblent incontournables. [9] Sans cela, certains peuvent déjà craindre pour la suite de leur parcours...