Glitch, une belle surprise musicale

Au milieu des albums préfabriqués de l’aride industrie musicale, subsistent des milliers d’oasis habités par des artisans mélomanes. A n’en pas douter, les deux musiciens de Glitch ont leur oasis à eux ; oasis dont les trois rois sont leurs instruments, une vielle à roue alto, une guitare et une flûte traversière. Et la reine est la musique. Alors forcément, il n’est pas facile de pénétrer leur univers d’autant qu’ils prennent un malin plaisir à brouiller les pistes. Le site web du duo se trouve au milieu de la toile belge, un ".be" qui cache le berry. Et en effet, les deux gaillards sont bel et bien berrichons. Glitch, qui contrairement à ce que pourrait suggérer son nom, n’a rien à voir avec la musique électronique, propose une formule musicale plutôt expérimentale de par l’association des instruments. Cela donne une musique intemporelle, entre musique traditionnelle et pop. Mais ni trad., ni pop. Une musique juste inclassable.

Le premier album de Glitch, 170 604, se compose de 13 morceaux instrumentaux, alternativement des duos vielle-guitare ou vielle-flûte. L’association deux à deux de ses instruments est parfaitement réussie ce qui n’était pas forcément gagné d’avance. La flûte et la guitare arrivent parfaitement à trouver leur place au milieu du bourdon de la vielle. Cette alchimie d’influences de musiques traditionnelles et de mélodies pop que nous proposent Gregory et Marc-Albéric donne des morceaux tantôt joyeux, tantôt mélancoliques, parfois sombres, parfois bucoliques. L’écoute attentive de cette musique, extrêmement sensible, nous transporte, nous met des images plein la tête. Cet album est une grande balade mélodique à travers plein de lieux, d’époques et de situations différentes. À n’en pas douter, 170 604 est une bande son idéale pour les cinéastes et vidéastes qui chercheraient à retranscrire musicalement une ambiance précise ; il s’agit là de cousu main. L’enregistrement est particulièrement vivant ; les cordes qui grincent, les glitchs de la vielle, le souffle du flûtiste, les craquements divers donnent une ambiance de musique réalisée au coin du feu ou en plein champs c’est selon. Les titres des morceaux, alternativement en français, flamand, anglais ou allemand, donnent une idée des ambiances. Sur Somnambule, le bourdon de la vielle frôle la frêle flûte traversière sur un fil. L’Errance nous propose une ballade mélancolique où la vielle et la guitare rivalisent de velléités mélodiques. The Wedding nous transporte dans une ambiance de fête celtique. Après quelques écoutes de 170 604, vous vous surprendrez à fredonner les airs comme Le Cerf-Volant ou De Zwarte Vijvers qui sont des bijoux mélodiques.

Alors un conseil, si vous avez des envies de découvertes, procurez-vous cet excellent album de Glitch. Faites-le découvrir à votre famille, à vos amis. Ils vous remercieront pour ce cadeau musical précieux.