Interview de M. Serge Lepeltier - Première partie

Serge Lepeltier : bilan et perspectives

dimanche 20 janvier 2008 à 23:01, par bombix, Charles-Henry Sadien

Deux heures d’interview pour treize ans de gestion de la ville. Plutôt détendu et souriant, Serge Lepeltier (UMP-Parti Radical), maire de Bourges sortant, a défendu son bilan en s’efforçant de montrer qu’il avait encore suffisamment de ressources pour briguer un troisième mandat. Dans cette première partie, l’ancien Ministre de l’Environnement s’offre, de par son statut de membre du Parti Radical, une certaine liberté de parole à l’égard de l’UMP, évoque la recette qui lui a permis d’élaborer sa liste, s’exprime sur ses adversaires et dénonce de manière parfois contradictoire, ou du moins confuse, l’alliance de la gauche avec les « trotskystes ».

Serge Lepeltier : bilan et perspectives

De l’UMP au Parti Radical

Dans quel état d’esprit vous sentez-vous au moment d’aborder cette troisième campagne pour les municipales à Bourges ?

Serge Lepeltier : Dans un état d’esprit très ouvert. J’ai toujours considéré que chaque élection était différente. C’est, d’abord, un état d’esprit très ouvert sur le résultat. Il n’y a jamais aucun résultat acquis d’avance. Et puis, ce qui m’est toujours apparu dans une campagne électorale, c’est l’intérêt de la relation à la population. Nous sommes dans un moment très fort fait d’échanges. La population a envie de dire des choses et nous-mêmes sommes en capacité de réception peut-être encore plus forte que d’habitude. C’est un moment d’accélération pour les idées et pour se cadrer sur ce que nous souhaitons faire de la ville.

Les milieux « autorisés » n’étaient pas certains que vous repartiriez pour une troisième campagne. Vous n’avez pas hésité avant de vous représenter ?

Serge Lepeltier : Je me suis quasiment interdit la question des municipales jusqu’à l’été dernier car je me suis dit que de toute façon, nous n’étions pas en situation. Si on se pose la question à soi-même deux ans avant, on n’aura pas la bonne réponse. Il y a de nombreux éléments qui peuvent venir entre-temps. La question que je me suis posée c’est « est-ce que j’en ai envie ? ». Et surtout « est-ce que j’ai envie de faire un troisième mandat pour faire des choses ? ». À partir de ce moment, je n’ai pas eu d’hésitation. Je pense que dans les années qui ont précédé, il y a sûrement eu dans ma tête des questions qui se sont posées. Mais de toutes façons, je ne voulais pas apporter la réponse avant.

Pourquoi avoir rejoint le Parti Radical aux côtés de Jean-Louis Borloo ?

Serge Lepeltier : Le Parti Radical est membre à part entière de l’UMP. Quand on est membre du Parti Radical, on est membre de l’UMP. Depuis le 1er janvier 2008, on peut maintenant adhérer au Parti Radical sans forcément adhérer à l’UMP. Je n’ai pas fait la démarche de sortir de l’UMP. Mais j’ai fait effectivement la démarche d’entrer au Parti Radical. En restant à part entière à l’UMP, j’aurais pu avoir des fonctions de Secrétaire Général adjoint, des fonctions de responsabilités, mais j’ai considéré que je pouvais être plus utile et avoir plus de moyens en étant dans un parti qui peut être ou qui pourra être à un moment donné, un aiguillon de l’UMP. En particulier sur le plan de l’écologie – et je suis comblé car Jean-Louis Borloo est ministre de l’écologie – où je pense que je peux apporter davantage en étant dans une petite structure. Voilà pour ce qui est de la stratégie pure. Et puis sur le plan des idées... au fond, c’est ce qui est le plus curieux aujourd’hui : le Parti Radical a souvent été opposé à De Gaulle – alors que je suis gaulliste et je le reste – mais si l’on regarde bien, l’on se rend compte que les idées du Parti Radical sont assez proches du gaullisme.

Sur tous les dossiers ?

Serge Lepeltier : Pas sur l’ensemble des dossiers, mais sur une grande partie, et spécialement sur les valeurs. Ce qui m’est apparu, c’est que les valeurs républicaines étaient les miennes. Si vous regardez bien, dans nos relations - en tant que secrétaire départemental du RPR et secrétaire général du RPR au niveau national - j’ai constaté que nous avions parfois des relations dures avec ce qui était la grande maison de l’UDF et que nous n’en avions jamais avec le Parti Radical.

Sur la question de la laïcité, il n’y a pas de divergence de point de vue ?

Serge Lepeltier : C’est une question fondamentale pour le Parti Radical. Quand je regarde les engagements du Général de Gaulle par rapport aux valeurs républicaines et ce qu’il en a fait pendant qu’il était au pouvoir, j’observe qu’il était dans le respect complet de la République Laïque.

Alors justement, l’UMP d’aujourd’hui avec Nicolas Sarkozy, Président de la République amorce un virage un petit peu nouveau sur ce terrain là. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

Serge Lepeltier : C’est un vrai sujet. Cela s’est passé juste avant Noël et ce sont des questions sur lesquelles on va débattre au Parti Radical. Ce n’est pas un sujet sur lequel on peut réagir à chaud. Pour tout vous dire, je suis assez inquiet des propos tenus par le Président de la République à Rome. Je considère comme très difficile qu’un Président de la République puisse déclarer que pour le bien de la République, il faut davantage de croyants. Pour moi, la croyance est une croyance libre et relève du domaine privé. Mais il faut que j’étudie le discours exact du Président de la République.

Une proposition particulièrement surprenante concerne le fait que les instituteurs, parce qu’ils n’ont pas la foi, seraient moins bien placés pour transmettre des valeurs aux jeunes que les prêtres ?

Serge Lepeltier : Ce qui m’apparaît en tous cas, c’est que, pour moi, très clairement, on peut avoir des valeurs morales aussi fondamentales, que l’on soit croyant ou qu’on ne le soit pas. Dans la République Française, la religion est une notion privée. C’est très important. Il peut y avoir là un virage auquel je suis attentif et qui peut m’inquiéter.

Ce virage n’est pas nouveau puisque dans un de ses ouvrages, Nicolas Sarkozy soutenait les mêmes thèses.

Serge Lepeltier : Oui, mais aujourd’hui il est Président de la République. La parole n’est pas la même. Et surtout, ce qui m’est apparu, c’est que l’on avait l’impression, dans le propos, que lorsque l’on n’était pas croyant, on pouvait aboutir à des dérives plus importantes que lorsque l’on était croyant. L’histoire religieuse du monde montre que les dérives, lorsque l’on est croyant, peuvent être extraordinairement importantes et graves.

On vous a senti assez mesuré dans votre soutien à Nicolas Sarkozy durant la campagne présidentielle au point qu’il y a quelques clans qui sont apparus dans le département du Cher au sein de la famille de l’UMP. Êtes-vous bien sarkozyste ?

Serge Lepeltier : (Rires). Je connais Nicolas Sarkozy depuis mon engagement à l’UDR et au RPR. J’ai été ministre en même temps que lui. J’ai eu de longues conversations en tête à tête avec Nicolas Sarkozy. Je le connais donc très bien sur le plan politique. Pour moi, il n’y a pas de doute sur la dimension du Président de la République et sur ce qu’il représente. Dans l’engagement politique, j’ai été effectivement moins présent. Ce sont pour des raisons tout à fait personnelles. J’étais chiraquien. Jacques Chirac m’avait nommé ministre. On sentait bien à l’époque qu’il y avait pour le moins des difficultés entre les deux hommes. Nicolas Sarkozy n’a pas hésité à remettre en cause à plusieurs reprises le Président de la République sur divers sujets. Et cela me gênait. Cela me gênait tout simplement par rapport à ma fidélité au Président de la République. J’ai naturellement soutenu Nicolas Sarkozy mais je suis resté dans une position qui n’était pas en première ligne car j’étais ministre du gouvernement de Jacques Chirac. Pour tout vous dire, j’ai vu un certain nombre de changements à cent quatre vingt degrés en quelques jours, voire en quelques heures qui m’ont surpris. Ce n’est pas du tout dans mon fonctionnement et dans ma nature. C’est pourquoi tout en étant loyal avec Nicolas Sarkozy, ma fidélité à l’égard de Jacques Chirac était totale. Vous savez comment sont les écuries : on pouvait être pris à un moment donné en otage. Et je n’aime pas ça. J’ai préféré rester sur une réserve tout en indiquant très clairement que je n’ai aucun, mais vraiment aucun problème personnel avec Nicolas Sarkozy. Au contraire.

Comment avez-vous pu gérer cela au niveau local ?

Serge Lepeltier : Vous savez, cela s’est géré tout à fait normalement. L’UMP soutenait très clairement le candidat Nicolas Sarkozy. Il n’y avait aucun doute. Mon appartenance au Parti Radical m’a plutôt aidé dans cette phase car Jean-Louis Borloo a annoncé au dernier moment son soutient à Nicolas Sarkozy. Il n’y avait pas de courants. La totalité de l’UMP soutenait Nicolas Sarkozy. C’est une question d’engagement plus ou moins fort et d’élégance et de respect du Président Chirac.

Pourtant, au soir du résultat des élections présidentielles, on vous a vu avec quelques élus à un bar, et, en face, en traversant la route, dans un autre bar, il y avait l’aile libérale de Franck-Thomas Richard et de Rémy Pointereau ...

Serge Lepeltier : Vous avez un oeil attentif ! (rires). Je ne crois pas que c’était une question d’aile libérale ou pas. C’était davantage une question peut-être de comportement personnel. Il y a des individus avec qui je n’ai pas forcément envie de me trouver les soirs d’élections... il me suffit de regarder les journaux pour voir les photos (rires) !

Les affres du sélectionneur

Alors cette liste pour un troisième mandat : il a été dit qu’il y avait davantage de prétendants que de places disponibles. Êtes-vous parvenu à ménager la susceptibilité des uns et des autres et à faire en sorte que chacun puisse se retrouver et se sentir représenté dans cette liste ?

Serge Lepeltier : Oui, c’est vrai, il y avait beaucoup plus de candidats que les quarante-neuf places. C’est la première fois que je suis placé devant une demande aussi forte avec 150 à 200 personnes qui se sont manifestées pour figurer sur cette liste. C’est plutôt positif mais ce n’est pas forcément simple à gérer. Une liste, c’est une alchimie. Ce qui était important, c’est que la liste ressemble à la ville. Il faut évidemment que ce soit des personnes en capacité de gérer une ville. Tout cela tient beaucoup à des contacts personnels, à des sentiments, à des questions que l’on pose sur tel ou tel sujet. Vous avez des personnes qui peuvent apparaître à un moment donné, très en avant – sans évoquer bien évidement de noms qui figurent sur la liste adverse – qui sont connues par beaucoup de monde, mais qui apportent finalement plus de négatif que de positif tout en étant représentatifs de quelque chose. Sur une liste, il faut des personnes qui, en elles-mêmes, apportent quelque chose de positif, par rapport à leur milieu, par rapport à ce qu’ils sont. J’ai donc dû gérer cela : des personnes pour lesquelles il était presque un droit de figurer sur la liste mais dont je ne sentais pas ce qu’ils pourraient apporter.

Votre stratégie d’ouverture a également peut-être mis sur la touche quelques uns de vos amis politiques ?

Serge Lepeltier : Je n’ai pas eu une stratégie qui était de dire « il faut que j’aille chercher, débaucher telle ou telle personne ». En particulier, pour présenter Eric Maginiau je souligne que c’est lui qui est venu me trouver et qui m’a dit « Compte tenu de ce que vous avez fait, je considère que vous avez bien géré la ville et que vous ne l’avez pas gérée de façon sectaire et je n’ai pas envie de rester encore pendant dix ans sans participer à la gestion de la ville. J’ai envie d’apporter quelque chose ». Aujourd’hui, cette liste est davantage ouverte sur des membres de la société civile avec des engagements politiques qui ne sont pas forcément les miens, mais qui ont avant tout des engagements sociaux, qui sont impliquées dans la ville. Ils y a des prétendants à l’inverse qui manifestent leurs ambitions mais qui sont extérieurs à la vie de la ville. Cela n’a pas de sens.

Vous avez donc connu les affres du sélectionneur...

Serge Lepeltier : Ce n’est pas la chose la plus simple. Ce qui est vrai, c’est que l’on ne construit pas la troisième liste comme on a construit la première ou la seconde. Ma première liste était très politique. Parce qu’il fallait faire l’union. Il y avait des personnes qui depuis quinze ans attendaient de revenir à la gestion de la ville et qui s’impliquaient dans l’opposition municipale de l’époque, le président de tel parti, le président de tel autre... ils ne pouvaient pas ne pas être sur cette liste. La seconde liste a été constituée de manière très différente, en fonction de l’implication des uns et des autres dans la ville. Elle correspondait à mon avis mieux à ce qu’avait besoin la ville parce que l’on était davantage en gestion et en maîtrise des dossiers. Et cette troisième liste répond à la gestion de la suite : il faut penser à un rajeunissement, à un renouvellement pour l’avenir.

Comment jugez-vous l’opposition municipale qui vous a fait face durant treize ans ?

Serge Lepeltier : Je trouve qu’à Bourges, nous avons des relations respectueuses. Cela n’était pas le cas avant 1989 date à laquelle nous étions nous-même dans l’opposition. Nous avons des relations et des raisonnements sur des dossiers et pas seulement sur des polémiques et des actions politiciennes. Je juge mon opposition plutôt de qualité, avec des personnes qui travaillent pour l’intérêt général. Je pense que l’on a la chance d’avoir à Bourges, à la fois du côté du Parti Communiste et du Parti Socialiste des personnes qui n’entrent pas dans des petites guerres personnelles mais dans des analyses de dossiers. Alors, vous allez me dire qu’ils ne s’opposent pas assez, mais c’est un autre sujet ! (rires) je vous lis un peu !

L’alliance de l’opposition avec l’extrême-gauche

Serge Lepeltier : Vous ne m’avez pas posé la question de l’alliance avec l’extrême gauche !

Oui...

Serge Lepeltier : Tout de même ! (Rires)

Ce n’est pas votre problème à vous, l’alliance avec l’extrême gauche ! (rires)

Serge Lepeltier : Mais si, car cela change considérablement la donne politique sur le plan de la ville. Nous sommes dans un fonctionnement qui, à partir de là n’est plus le même. Le fonctionnement de Lutte Ouvrière, parti trotskyste, n’est pas le même que le fonctionnement du Parti Communiste ou que le fonctionnement du Parti Socialiste. Je ne suis donc pas face à la même alliance. Je vois bien que Madame Félix ne s’adresse qu’à une partie de la ville. Elle a fait le choix, très nettement, de ne s’adresser qu’à la gauche et à l’extrême gauche. On ne peut pas gérer une ville en ne s’adressant qu’à une partie de la population.

Vous pensez que la gauche ne s’adresse qu’à la gauche et à l’extrême gauche ?

Serge Lepeltier : Bien sûr !

C’est ce que vous vous dites en voyant les propositions d’Irène Félix ? C’est un programme pour la gauche et l’extrême gauche ?

Serge Lepeltier : Oh, ses propositions, non, on pourrait presque faire un « copier-coller » de ce que j’ai proposé ces dernières semaines. Vous l’avez quand même vu ça : 5000 étudiants, une piscine ludique... enfin, il n’y a rien de révolutionnaire.

Ah, si, si, si, il y a une équipe de foot !

Serge Lepeltier : Je réponds simplement que quand j’ai pris la ville, l’équipe de foot était en faillite avec des financements du SIVOTU pris sur les usagers des transports publics. Il fallait voir les sommes financées par le SIVOTU, de façon incroyable et gigantesque, sans validation du Conseil d’Administration. Et malgré ça, le club était en faillite.

Vous considérez vraiment qu’elle est de bon aloi cette diabolisation de Lutte Ouvrière ?

Serge Lepeltier : Ce n’est pas une diabolisation, c’est un constat.

Il me semble que le mot « diable » a été prononcé.

Serge Lepeltier : Ah, peut-être. Mais je ne suis pas sûr que ce soit moi. De toutes façons, le texte, vous l’avez sur le site (NDLR : voir ici : « Elle a donc préféré s’allier avec le diable avec pour seul objectif : prendre le pouvoir à Bourges. »). Lutte Ouvrière, on connait tous. Mais c’est le fonctionnement de la liste avec Lutte Ouvrière qui change. En particulier, je considère que cela correspond assez bien au positionnement politique d’Irène Félix. Pas sur le projet... c’est quand même... enfin, je trouve stupéfiant de vouloir la gestion d’une ville pour ne rien changer ! Ou alors à la marge !

Il y a beaucoup de développement de services. Les transports gratuits, le chéquier culture, la remunicipalisation...

Serge Lepeltier : Cela veut dire qu’ils vont augmenter les impôts ! On va avoir une augmentation très forte des impôts !

Il n’y a tout de même pas pléthore de projets de constructions d’infrastructures comme dans votre programme.

Serge Lepeltier : Parce que moi, j’ai fait en sorte que la ville soit moins endettée et que nous ayons une marge de manoeuvre financière. Mes dépenses ne sont pas dans le fonctionnement, effectivement, elles sont dans l’apport d’équipements. S’il y a une différence, c’est sûrement celle-là. Je note quand même que l’équipement le plus cher qui est proposé, c’est la piscine ludique. C’est nous qui l’avons proposée en premier. Or, ils la proposent.

C’était dans les propositions de votre campagne précédente.

Serge Lepeltier : Oui, bien sûr avec la patinoire. Mais comme nous avons fait la patinoire, et qu’elle ne s’est pas faite de façon privée, nous n’avons pas fait la piscine ludique. Ce qui me paraît surprenant, au fond, c’est de vouloir gérer une ville – je vais reprendre la formule de Jean-Pierre Raffesthain – en ayant voté 97% ou 98% de nos propositions – c’est pour cela que je disais que l’on avait une opposition plutôt constructive. Il n’y a pas de changement d’orientation majeur. Il n’y a pas d’idée forte nouvelle, sincèrement. J’ai regardé, hein. Qu’est-ce qu’on va changer ? J’ai été très surpris. Je m’attendais à des changements fondamentaux. Néanmoins, dans ce qui est sous-jacent et qui n’est pas annoncé c’est qu’il y aura un changement profond de méthode, de par la participation de Lutte Ouvrière. Madame Cordat sera adjointe à quoi ? Il faut que l’on y réponde publiquement. On ne donne pas un poste d’adjoint à Lutte Ouvrière, parti trotskyste, sans que cela soit annoncé ! Imaginez que j’ai fait l’alliance avec le Front National et que j’aie un candidat potentiel pour un poste d’adjoint ! Qu’est-ce que l’on dirait ? Pour moi, nous sommes dans ce schéma.

Vous allez changer de stratégie de campagne par rapport à cette nouvelle donne ?

Serge Lepeltier : Non. Pas du tout. Mais il faut que l’on nous apporte des réponses. Je trouve dangereux que la ville puisse être, à un moment, gérée par une membre de Lutte Ouvrière. Pas qu’une membre d’ailleurs parce qu’il y en a deux ou trois. Nous cassons l’équilibre social de notre ville. Je suis désolé, mais quand la municipalité communiste gérait cette ville, elle ne le faisait pas qu’avec une partie de la ville. Cela a été la grande qualité de Jacques Rimbault à l’époque. Il s’adressait à l’ensemble de la ville. Dans le cas présent, nous sommes en présence d’une liste qui ne s’adresse qu’à une partie de la ville avec une volonté délibérée de la gérer avec l’extrême gauche de façon conflictuelle avec le reste de la ville. Il suffit d’entendre Madame Cordat au Conseil Municipal. Et je ne plaisante pas. Et ce n’est pas une diabolisation. Il faudrait que Madame Félix réponde à ça. Posez-lui la question.

Nous ne sommes pas au Parti Socialiste, ni à Lutte Ouvrière d’ailleurs !

(Rires)

Ce qui a vraiment changé à Bourges avec Serge Lepeltier

Rétrospectivement, quel serait selon vous le changement radical qui s’est opéré à Bourges depuis votre première élection en 1995 ? Quelle est la différence fondamentale entre la municipalité Rimbault et la municipalité Lepeltier ? Qu’est-ce qui a fait la césure ?

Serge Lepeltier : (Temps de réflexion). D’abord, si vous me le permettez, il y a eu une forte évolution, mais je n’irai pas jusqu’à dire qu’il y a eu une césure. J’ai eu, durant toute mon opposition de 1989 à 1995, une attitude de profond respect pour la majorité de l’époque. On sortait d’une période où l’on était dans une opposition systématique avec Camille Michel, qui était une opposition de tous les jours, de tous les matins, de tous les soirs. Cela n’avait pas beaucoup de sens par rapport à l’évolution et à la gestion de la ville. Jacques Rimbault, Maxime Camuzat et Margueritte Renaudat géraient la ville dans le sens de l’intérêt général. Un intérêt général qui leur était propre bien entendu, mais avec un profond travail. C’est pourquoi je ne crois pas qu’il y ait eu une rupture fondamentale car la ville de Bourges a été relativement préservée de certaines méthodes qui ont pu avoir lieu par exemple en Seine Saint Denis. Jacques Rimbault a relativement préservé les services municipaux. J’ai trouvé une ville qui était, disons-le, dans une situation un petit peu difficile financièrement, mais qui n’était pas dans une situation de faillite. C’était le cas, en revanche, de l’Office HLM. Je crois qu’il y a trois grandes évolutions. La première, c’est l’embellissement de la ville. Je ne dis pas que la municipalité n’avait pas fait des choses en la matière – il y a eu les rues piétonnes notamment. Mais il n’y avait pas la même notion de ce que j’ai voulu faire de la ville en terme de beauté et d’attractivité. Les services municipaux étaient extrêmement surpris quand je leur demandais de bien veiller à ce que l’on achète par exemple les mêmes candélabres. Je me retrouvais à des carrefours où il y avait parfois cinq types de candélabres différents et l’on me répondait « bah, c’est en fonction des arrivages, on commande en fonction de ce que le fournisseur nous propose » ! La deuxième chose, c’est que la ville se recroquevillait sur elle-même. En particulier sur le plan économique : progressivement, la question du déclin des industries d’armement se posait et l’équipe en place ne savait manifestement pas comment s’y prendre. Il est clair que l’image communiste jouait énormément en cela. Sur le plan économique, sur le plan des relations avec les entreprises, je pense vraiment avoir insufflé une autre dynamique. Dernier point, c’est celui évidemment du logement social. Là, effectivement, on peut parler de rupture. Nous étions dans un système de paupérisation total du logement social. Grâce au Plan de Renouvellement Urbain, il y a eu un changement d’échelle complet au niveau de l’État.

Dans vos treize ans de gestion de la ville de Bourges, quelle serait la chose dont vous seriez le plus fier et, à l’inverse, celle qui vous laisserait le plus de regrets ?

Serge Lepeltier : Je crois vraiment que... ce n’est pas terminé. Mais ce qui, sur le terrain social va être le plus marquant, c’est le Plan de Renouvellement Urbain. C’est sans doute la chose dont je serai le plus fier lorsque ce sera terminé. Au fond, je dirais que le reste était possible. Alors aujourd’hui, on est encore dans une situation compliquée, difficile, mais la population commence à comprendre ce qui se passe en voyant les maisons se construire. Le regret que j’ai – et cela ne vous surprendra pas – c’est de ne pas avoir pu faire le parking Cujas. Certes, la chose sera rattrapée avec le parking Avaricum mais on a perdu beaucoup de temps, c’est vrai. Ce parking Cujas était à la fois un choix d’attractivité et de structuration du centre-ville, et un choix – contrairement à ce qui avait été compris à l’époque – de suppression des voitures du centre-ville.

Et le projet de réaménagement autour de la gare pour réduire la « fracture » entre le centre-ville et les quartiers nord qui n’a pas abouti ?

Serge Lepeltier : Il va se faire. Ce projet a été extrêmement long à mener. Il sera totalement concrétisé fin 2008. On commence la création de la passerelle avec l’ouverture de la gare sur le nord et le parking qui va être aménagé.

C’était dans votre programme et ça n’a pas était fait. Qu’est-ce qui a ralenti ce projet ?

Serge Lepeltier : C’est la difficulté administrative et technique des relations avec la SNCF et au Réseau Ferré de France (RFF) – sans les mettre en cause – C’est extraordinairement compliqué par les délais, par les constructions à réaliser... Mais je considère que c’est fait, puisque cela va se faire. Donc, c’est une promesse tenue.

(A suivre...)

commentaires
Serge Lepeltier : bilan et perspectives - A. Cordelier - 26 janvier 2008 à 18:35

Serge Lepeltier est quand même culotté de vouloir faire croire que le prétendu Parti Radical serait différent de l’UMP. Depuis Servan-Schreiber et le départ des radicaux de gauche vers le programme commun, ce parti a toujours navigué à proximité de l’UDF et du RPR puis de l’UMP. Il ne compte en son sein que des gens très à droite convaincus des bienfaits du libéralisme. Son président M. Borloo n’a jamais eu le coeur un tant soit peu à gauche. Lui et son parti sont de tous les mauvais coups contre les droits des salariés. Ses parlementaires ont voté pour le CPE et le CNE, Oui au référendum sur le traité constitutionnel européen, pour les lois Balladur, Fillon et Raffarin attaquant notre système de sécurité sociale, etc... Le Parti radical de la place de Valois n’est plus qu’une succursale de l’UMP après l’avoir été de l’UDF giscardienne. Son aile "écologiste" dont Serge Lepeltier serait le fer de lance n’est rien d’autre qu’une aimable plaisanterie, tant l’actuel locataire de la Mairie de Bourges s’est si peu distingué à la barre de son éphémère poste ministériel.

Le départ de Serge Lepeltier de la fédération du Cher de l’UMP tient en fait, bien moins à sa passion pour l’héritage d’Edourd Herriot, qu’ à la trahison dont il a été l’objet par les caciques de l’UMP berrichonne lorsque, débarqué sans ménagement du gouvernement, ils lui ont préféré le pâle Pointereau au poste de sénateur. Tout le reste n’est que littérature pour endormir les petits enfants.

Le seul intérêt de son adhésion au Parti Radical, c’est de rester à l’UMP sans être obligé d’y fréquenter dans le Cher, ceux qui lui ont si bien savonné la planche et à cause de qui, il n’a jamais pu retrouver son siège au palais du Luxembourg. Avec le Parti Radical, Il peut ainsi rassembler autour de lui et sans risque de contamination ses petits et grands courtisans. Et puis, autre avantage : il a compris qu’il ferait bien de ne pas trop se coller l’étiquette Sarkosiste s’il veut être réélu Maire.

Les petites combines et le camouflage ne font décidément pas les grands hommes...


#9950
Serge Lepeltier : bilan et perspectives - 21 janvier 2008 à 11:18

Serge Lepeltier, c’est indéniable, a oublié d’être un idiot, surtout quand il parle du projet de la Gauche Unie : "Ce qui me paraît surprenant, au fond, c’est de vouloir gérer une ville en ayant voté 97% ou 98% de nos propositions – c’est pour cela que je disais que l’on avait une opposition plutôt constructive. Il n’y a pas de changement d’orientation majeur. Il n’y a pas d’idée forte nouvelle, sincèrement. J’ai regardé, hein. Qu’est-ce qu’on va changer ? J’ai été très surpris. Je m’attendais à des changements fondamentaux." En clair, Lepeltier argumente : pourquoi voter pour des gens qui l’ont suivi à 98 % pendant des années et qui, aujourd’hui, simulent l’Opposition ? Or, depuis des lustres et par souci de défendre les chances de la Gauche, JMP et de nombreux contributeurs de l’Agitateur ont prévenu : en votant presque tout le temps les projets de la Droite, en refusant de s’opposer clairement sur des tonnes de dossiers régulièrement abordés sur ce site...la Gauche prend un grand risque et ce, uniquement pour présenter un visage d’honorable gestionnaire qui ne gêne personne, pas même les intérêts privés des sociétés qui tondent les berruyers, raflent le pognon de la ville et défilent régulièrement avec la morgue des possédants. Lepeltier a oublié d’être bête et c’est bien là le problème. D’accord, il se contredit quand il affirme que le projet de la Gauche est quasi identique au sien et qu’en même temps, il s’inquiète de la présence des "dangereux révolutionnaires de L.O." qui pourraient (enfin) mettre les pieds dans le plat des remunicipalisations de secteurs entiers privatisés par la Droite (ce que M. Lepeltier ne dit d’ailleurs pas).... Ainsi et comme prévu, le Maire somme la liste de Gauche de s’expliquer sur cette contradiction. En cela, il est plus que malin car personne de la liste de la Gauche unie ne pourra répondre à cette question sur le rôle de L.O... Si ce n’est que, malheureusement, L.O. n’a obtenu aucune promesse concernant des mesures qui iraient franchement dans le sens d’un retour en force du public dans les dossiers municipaux...Et voilà, le tour est joué : Soit la gauche répond à Lepeltier que L.O. a apporté de réelles propositions et dans ce cas, la Droite criera au "danger des rouges diaboliques". Soit la Gauche se tait ou répond vaguement du style "Nous n’avons rien promis à L.O. mais ils concourent à l’élaboration du projet résolument à gauche !" et les électeurs de gauche comprendront que Lepeltier a raison en affirmant que 97 à 98 % de ses propositions ont été approuvées par les mêmes personnes qui s’opposent aujourd’hui à lui pour briguer le suffrage des berruyers. Alors que faire pour que la Gauche ait une chance de l’emporter, si ce n’est d’aborder franchement les sujets qui fâchent ?


#9824
Serge Lepeltier : bilan et perspectives - Eulalie - 21 janvier 2008 à  13:59

Et il est tellement pas con, qu’il est en train de nous dire sur l’Agitateur, " Chers électeurs socialistes, regardez comme nous sommes ouverts, et de toutes façons on fait le même programme que votre famille de pensée politique. On est ouverts à votre vote. Et, pour vous plaire, nous défendons la laïcité, chere au peuple de gauche. Et, chers electeurs socialistes, en majorité propriétaires, vous paierez moins de fonciers et de locaux par la main visible du privé, ce qui est beaucoup plus démocrate que les extrêmes-gauchistes de LO qui sont pour la remunicipalisation de tout un pan de l’économie qui vont venir vous voler votre piscine privée et votre télévision. "

J’ajouterai que ça l’emmerde que LO se soit collé avec le PS et les autres. C’est visible.

#9825 | Répond au message #9824
Serge Lepeltier : bilan et perspectives - Aude - 21 janvier 2008 à  15:04

Ou alors il est comme beaucoup d’autres et il comprend pas bien ce que LO se trouve comme point commun avec le PS. Je vois déjà Colette Cordat prendre ses vacances avec Ségolène pour décider d’une tactique qui permettrait au PS de récupèrer ses électeurs partis voter extrême gauche.

#9827 | Répond au message #9825
Serge Lepeltier : bilan et perspectives - Eulalie - 21 janvier 2008 à  15:55

Bonjour Aude, je ne sais pas si c’est à moi que vous faites suite ou à l’anonyme du dessus (je ne sais pas encore très bien déterminer les posts qui se répondent ou non- les posts gris clairs/les posts gris foncés). Si Serge Lepeltier ne comprend pas pourquoi LO s’est mis avec le PS et les autres, c’est qu’il est idiot. M^me moi j’ai compris : on dit communément que c’est pour faire barrage à la droite. (sinon, j’ai cru comprendre que Ségolène Royale n’aime vraiment pas l’extrême-gauche. Ca m’étonnerait qu’elle passe ses vacances avec Colette Cordat et réciproquement). En tous cas, moi ce qui me plait, et par les temps qui courent on se contente comme on peut, et avec ce qu’on a, c’est que Lepeltier ça le fasse chier que LO se soit mis avec les PS et les autres. Ca corrobore quelques discussions de bistrots philosophiques (et j’espère qu’on peut encore dire dans Bourges, l’expression "bistrots philosophiques" sans crééer de montées de sang... Pour rappel, l’expression "bistrot philosophique" peut être non partisane...)

#9830 | Répond au message #9827
Serge Lepeltier : bilan et perspectives - Aude - 21 janvier 2008 à  16:13

C’était bien à vous que je m’adressais Eulalie.

"faire barrage à la droite" : cette expression (dans le contexte) me fait beaucoup rire. En effet comme le souligne Bernard dans un autre post tout est question de mathématique.

Si 51% des électeurs de Bourges, sont aussi des électeurs de Serge, qu’il y ai une ou trente listes à gauche ne changera pas la donne, il aura toujours 51% d’électeurs et la gauche unie (ou non) n’en aura toujours que 49%.

Et donc si on veut vraiment peser dans la balance quand on est un parti politique autant ne pas renier ce que l’on est, ni ses idées.

[HS] avant d’entendre encore une fois, que j’ai réussi ma reconversion à l’UMP, je souligne que je ne suis pas reconvertie du tout mais que par contre j’ai beaucoup d’affection pour Serge (et d’autres) avec qui j’ai toujours eu de très bonnes relations quand j’étais présidente de l’association.

#9832 | Répond au message #9830
Serge Lepeltier : bilan et perspectives - Eulalie - 21 janvier 2008 à  17:49

LO vous dirait surement qu’elle ne renie pas ses idées en voulant faire barrage à la droite. Bombix me dirait "c’est à LO de le dire". Monsieur Javerliat a son point de vue et ses arguments qui tiennent la route, tout comme le projet d’une liste "à gauche Bourges" . Mais, là où à mon sens Monsieur Javerliat pêche, c’est ses mathématiques. Une gauche non unie peut déplaire à certains électeurs et aussi c’est prendre le risque que la droite passe au premier tour. Et moi je suis pas là pour dire "il faut penser que l’union c’est bien ou penser que l’union c’est nul". Un homme /femme politique interviewé(e) est toujours à la pêche aux voix. Monsieur Lepeltier a fait sa com’. Et il joue sur la présence de LO dans la Gauche Unie. C’est drôle. Voilà c’est tout.
Tout le monde s’amuse bien.

#9834 | Répond au message #9832