Controverses d’hier, Bourges de demain
Dernière partie de cette longue interview : nous abordons des sujets qui fâchent, en restant toutefois courtois et souriants, et même en riant parfois. Serge Lepeltier reste droit dans ses bottes. Il acquiesce aux reproches quand il ne peut pas faire autrement, mais, dans la plupart des cas, il défend ses positions avec pugnacité. Nous sommes loin d’être convaincus par toutes ses explications, mais nous sommes persuadés qu’avec cet homme-là, on peut parler. Nous terminons l’entretien en abordant un thème qui devrait retenir l’attention de tous et mobiliser toutes les bonnes volontés : quid de la jeunesse à Bourges ? Quelles solutions pour la retenir, et préparer son avenir ?
Polémiques
Le Festival du Film écologique
Pendant le festival du film écologique...
Serge Lepeltier : Ah, oui, j’ai vu ça...

... il y a eu un jury lycéen qui s’est fait manipuler [1] .
Serge Lepeltier : Pour tout dire, je considère que c’est profondément maladroit et ce n’était pas du tout souhaité de ma part. Est-ce que cela a été une manipulation voulue aussi clairement que cela, je n’en suis pas sûr. Mais en tout cas, cela ne se reproduira pas. Cela n’a pas de sens. Les directives sont claires. La réponse qui m’a été donnée là-dessus, c’est qu’il y avait un film qui dépassait tout et qui pouvait avoir trois ou quatre prix. Du coup, il a été dit aux jeunes de choisir un autre film. Mais il semblerait que le film qui devait l’emporter n’a pas gagné les prix. C’est un peu ce que vous avez écrit. En tout cas j’ai très clairement indiqué que si un film méritait quatre prix, il devait les avoir. Je considère que c’était maladroit. Et cela ne se reproduira pas.
Les caméras de surveillance
Vous réfléchissez actuellement à une charte d’éthique. Aline de la Perrelle, Présidente de la section du Cher de la Ligue des Droits de l’Homme, se posait la question sur notre site de la marge de manoeuvre et des pouvoirs qu’aurait ce comité d’éthique. Qu’en est-il ?
Serge Lepeltier : Il aura un pouvoir moral. Et ce n’est pas rien dans ce domaine. J’ai fait la première réunion de mise en place. On va proposer une charte d’éthique que le comité adoptera. Ce pouvoir moral, c’est mon engagement de tenir compte de ce qui est dit, en relation avec eux. Un comité d’éthique, cela ne décide pas. Dans une ville, même les conseils de quartier n’ont pas de pouvoir de décision. C’est le pouvoir du conseil Municipal.
Vous avez considéré que c’était une nécessité, ces caméras de surveillance ?
Serge Lepeltier : Oui, vraiment. Il ne faut pas croire que cela me fait plaisir.
C’est assez désagréable...
Serge Lepeltier : Il y a deux ou trois mois, j’étais dans le métro, je marchais, et en levant la tête, j’ai vu qu’il y avait une caméra au-dessus de moi. Je n’avais jamais réalisé que dans le métro, on était filmé en permanence. J’ai regardé autour de moi et j’ai réalisé qu’il y avait des caméras partout. Et c’est vrai que ce n’est pas agréable quand vous en prenez conscience. On est dans une société qui oblige à cela et ce n’est pas franchement rassurant.
Non, ce n’est pas rassurant.
Serge Lepeltier : Alors j’ai considéré que c’était une nécessité parce que, réellement, on a des problèmes de sécurité. On compte sur une baisse d’environ vingt pour cent dans les violences faites aux personnes. C’est énorme.
Mais il n’y a pas trop de problèmes de sécurité à Bourges. C’est quand même une ville assez sûre.
Serge Lepeltier : Je vous amènerai un jour faire un tour avec la BAC, la nuit.
Est-ce que cela n’aurait pas été mieux de développer les effectifs de la police municipale ?
Serge Lepeltier : Mais on le fait. Mais pour baisser de vingt pour cent la délinquance, je ne sais même pas si un doublement des effectifs serait suffisant. Dans les bus, cela a eu un résultat extrêmement positif. C’est un moyen technique qui n’est pas agréable. Mais cela va être géré de façon très sûre, pour qu’il n’y ait surtout pas d’effets pervers. J’ai presque tendance à dire, au regard des problèmes de sécurité, que c’est un devoir.
Il y aura un coût de fonctionnement ? Il sera de quel ordre ?
Serge Lepeltier : Oui, il y aura un coût de fonctionnement mais je ne pourrais pas vous dire le chiffre. Nous avons recruté six personnes. Il faut ajouter aussi un fonctionnement technique.
On en revient à la démocratie : est-ce que ce n’était pas une décision qui demandait une consultation de la population sur un mode démocratique, et non par l’intermédiaire d’une opération du type « Allô ici votre maire » ?
Serge Lepeltier : Le problème des référendums municipaux, c’est qu’il faut que la question amène une réponse qui soit « oui » ou « non ». Vous ne pouvez pas laisser la possibilité de choisir entre tel ou tel projet. J’avais prévu de faire des consultations de cette manière : « Entre un Palais des sports et une Piscine ludique, qu’est-ce que vous choisissez ? » Mais ce n’est pas possible sur le plan légal. Si vous demandez aux gens s’ils sont pour une piscine ludique, évidemment ils vont répondre oui. Concernant les caméras de surveillance, cela pouvait être un sujet, c’est vrai. Mais j’ai été très frappé par les résultats de cette consultation téléphonique. C’est la question à laquelle il a été répondu le plus clairement possible. Alors vous me direz : même dans les quartiers où il n’y a pas de problème de sécurité.
Il y avait deux questions : celle de savoir si les habitants estimaient que Bourges était une ville sûre (ils ont répondu oui), et une sur le sentiment d’insécurité...
Serge Lepeltier : Nous avons des comparaisons par rapport à d’autre villes. Nous sommes dans une ville où les problèmes de sécurité sont ressentis de façon beaucoup plus importante que dans d’autres villes. Et nous sommes dans une ville où la sécurité n’est pas le premier problème majeur. Mais, malgré cela... je connais les problèmes d’insécurité qu’il y a.
Ce serait plutôt l’expression locale d’un sentiment national d’insécurité...
Serge Lepeltier : Non, non, je vous assure que l’on a des problèmes d’insécurité. Vraiment importants.
Mais pas plus que d’autres villes ?
Serge Lepeltier : Ah non, pas plus que d’autres villes. Mais on a des problèmes d’insécurité. Vous savez, il suffit d’une fois. Je dis à mes amies femmes : « ne sors pas ta poubelle le soir, même si tu habites en centre-ville après que tes amis soient venus dîner chez toi et soient repartis à 23h-minuit ». Il suffit d’une fois.
Nous n’aurons jamais une sécurité absolue, de toute façon.
Serge Lepeltier : Non. Mais vous le savez bien, on a des problèmes de drogue, de trafics importants...
L’argument des adversaires, c’est de dire qu’ils iront faire leur commerce ailleurs. C’est ce que l’on appelle l’effet plumeau.
Serge Lepeltier : J’ai regardé et j’ai constaté que dans les villes où des caméras avaient été installées, il y avait une baisse de vingt pour cent. Après, est-ce que cela se déplace dans les villes alentour, je ne sais pas. Mais en tout cas en terme de délinquance pure, on est entre moins 20 et moins 25%. Ce sont des lieux de transit qui seront suivis. Souvent, là où il se passe des choses ils (NDLR :les délinquants) arrivent à se cacher des caméras. Mais c’est la préparation des faits qui est importante.
Le Printemps de Bourges
Un festival comme le Printemps de Bourges qui affiche un taux de remplissage dans ses salles de 100% : est-ce qu’il est nécessaire d’attribuer autant de subventions municipales ?
Serge Lepeltier : (Rires). Je le crois, sur le plan de l’équilibre.
Si un festival a besoin de subventions alors que ses spectacles affichent tous complets, c’est qu’il y a un problème de gestion quand même, non ? D’ailleurs, les subventions accordées ne sont pas proportionnelles au nombre de spectateurs : aujourd’hui, le PdB affiche autour de cinquante, soixante mille spectateurs mais bénéficie de beaucoup plus de subventions que lorsqu ’il en attirait jusqu’à 110.000.
Serge Lepeltier : A 110.000 entrées, il y avait beaucoup plus de déficit ! Il aurait fallu justement davantage de subventions.
Mais pourquoi, un spectacle qui fait salle comble est-il déficitaire sans les aides publiques ?
Serge Lepeltier : En 1986-1987, le Printemps de Bourges durait onze jours pour 110.000 à 120.000 spectateurs. Cela a été le trou. Les subventions n’étaient pas suffisantes. Cela a été un déficit considérable qui a mis en danger le Printemps de Bourges. Aujourd’hui, il n’y a pas un événement culturel d’importance qui ne soit pas subventionné.
Justement, il y a peut-être, là, un problème de gestion ?
Serge Lepeltier : Je crois vraiment que le Printemps de Bourges est bien géré. Soit les spectacles sont trop chers, mais c’est la loi de l’offre et de la demande. Soit c’est la question du prix du ticket. Mais l’entrée est déjà très élevée. Quand je dis cela à Daniel Colling, il me dit non, car pour une entrée, vous avez trois ou quatre spectacles. Il a raison : proportionnellement, ce n’est pas très cher. Mais l’entrée de la soirée représente quand même une marche importante à franchir pour un certain nombre de personnes. Comment est-ce que l’on ferait s’il n’y avait pas de subventions ? Il faudrait que le ticket soit plus élevé. Parce que la gestion elle-même n’est pas en cause. Le Printemps en lui même n’a pas de frais de fonctionnement très élevés. Encore une fois, il n’y a pas d’événement culturel digne de ce nom qui ne soit pas subventionné. Quand vous voyez que même pour un concert de Johnny Hallyday, les villes en arrivent à donner, des subventions ! Alors ça, je ne l’aurais jamais fait ! Cela n’a pas de sens quand on sait la rémunération de Johnny Hallyday pour un spectacle !
Dans le Printemps de Bourges, il y a une part de culturel avec des spectacles plus pointus, il y a aussi des artistes confirmés qui n’ont aucun mal à remplir les salles, et il y a des artistes « commerciaux » qui n’ont pas grand chose à voir avec l’expression culturelle. Et tout cela dépend du même budget de la culture... Est-ce que ces aides ne sont pas trop importantes ? (NDLR : Daniel Colling, directeur du Printemps de Bourges se vante d’être à la tête du festival musical le plus subventionné de France).
Serge Lepeltier : Je crois que le Printemps de Bourges, aujourd’hui, n’est pas un événement créatif en lui même. D’ailleurs, est-ce qu’il l’a un jour été ? C’est d’abord un événement commercial sur le plan culturel – et ce n’est pas péjoratif. Pour moi, l’intérêt du Printemps de Bourges, c’est d’être l’événement de l’année qui correspond à la jeunesse du moment. C’est le bonheur des jeunes de l’année x. C’est pour cela que le Printemps de Bourges réussit. Il n’est pas resté sur un schéma figé. A chaque fois, c’est l’événement culturel qui offre ce que la jeunesse souhaite cette année là. Le Printemps de Bourges ne cannibalise pas le budget de la ville. Il est peu cher par rapport à ce qu’il rapporte à la ville en terme d’animation, d’image, et en terme global de bonheur que cela apporte. Le Bourges Basket ne cannibalise pas non plus le budget des sports.
Mais dans le domaine sportif, vous aviez établi des règles d’attribution de subventions en fonction de critères précis...
Serge Lepeltier : Oui, nous avions établi des règles... Le Printemps ne cannibalise pas le budget culture, et le Bourges Basket ne cannibalise pas le budget des sports. Les proportions sont raisonnables. Si je prenais un festival très élitiste, de la musique classique par exemple : le coût serait alors proportionnellement plus élevé par rapport au public qu’il pourrait toucher et par rapport à ce qu’il pourrait apporter à la ville et aux habitants. Avec le Printemps, on touche une population qui habituellement ne vient pas aux spectacles, et, soyons clair, le public qui vient au Printemps de Bourges n’est pas le public qui se déplace à la Maison de la Culture qui concerne une population qui n’est pas particulièrement socialement défavorisée. Le Conservatoire de Musique, c’est de l’anti-distribution sociale : proportionnellement, on subventionne des familles qui ne sont pas les moins aisées de la population. Il est quand même normal que sur le plan culturel, on puisse aussi dépenser de l’argent qui va concerner l’ensemble de la population.
???...
Serge Lepeltier : Vous voyez ce que je veux dire : il faut faire attention à tout ça. Et les bons conservateurs de gauche, ils défendent quoi ? Des institutions conservatrices qui ne sont pas des institutions de redistribution sociale. Si vous regardez bien. Réfléchissez à ce que je viens de vous dire sur le plan social. Vous regarderez une salle...
Une salle de la Maison de la Culture...
Serge Lepeltier : Eh bien oui...
Quand elle joue Brecht ?
Serge Lepeltier : Quand elle joue Brecht en particulier (rires). Je veux dire : il suffit de regarder la composition de la salle : ce n’est quand même pas les quartiers nord qui sont là. C’est très important ce que l’on vient de dire. C’est une réflexion sociologique très difficile. On a aujourd’hui une population qui se considère psychologiquement comme une population plutôt progressiste, mais qui est on ne peut plus conservatrice et qui est figée sur des choses qui datent d’il y a quarante ans !
Les collectivités locales ont quand même un rôle de soutien de la création ?...
Serge Lepeltier : Bien entendu. Je suis en train de défendre une forme de culture qui est le Printemps de Bourges qui va beaucoup plus loin dans l’irrigation de la population. Ce n’est pas cher par rapport à d’autres équipements.
Je crois que personne ne conteste cela. Le débat porte surtout sur le fait qu’une fois encore, il y a des prospérités privées qui se greffent sur des subventions publiques.
Serge Lepeltier : Attendez, allez mettre en cause le cachet de tel ou tel artiste qui est démesuré pour une soirée, je le comprends, bien sûr. Mais il est normal que de grands professionnels de l’organisation du spectacle gagnent bien leur vie. Moi, cela ne me choque pas. Et ce n’est pas démesuré par rapport à ce que l’on peut connaître chez certains artistes, ou des joueurs de foot.
Justement, je pense aux petites structures qui négocient au plus juste les cachets d’artistes et qui parviennent à équilibrer leur budget sans avoir énormément de subventions.
Serge Lepeltier : Je veux bien admettre votre raisonnement. Mais donnez-moi un événement culturel important qui ne fonctionne pas de cette façon-là.
Si même une salle pleine ne parvient pas à équilibrer le budget d’un spectacle à cause notamment de cachets d’artistes mal négociés et trop élevés, est-ce que ce n’est pas le rôle des collectivités d’encourager un nouveau modèle de gestion ? Est-ce le rôle des collectivités de céder à la loi de l’offre et de la demande ? Au contraire, ne doivent-elles pas amener tout le monde à revenir à des prétentions plus raisonnables ?
Serge Lepeltier : Le problème, c’est que l’on est dans un système de show business qui fait que si l’on ne s’aligne pas sur les tarifs, les artistes ne viennent pas. Et vous n’aurez pas trente spectacles de qualité dans la même année.
Ce n’est pas parce qu’un artiste est populaire et qu’un spectacle est cher, qu’il est de qualité.
Serge Lepeltier : Bien sûr. Mais le choix de la ville de Bourges a été de se placer à un niveau d’événement qui soit un événement de notoriété. C’est Daniel Colling et moi qui avons remis la jauge à 50.000 entrées. Auparavant nous étions davantage à 80.000 et nous perdions l’âme du Printemps. On était beaucoup plus dans les grandes tournées des grands artistes. J’ai dit à Daniel Colling que j’étais beaucoup plus favorable à des choses qui soient de qualité, quitte à ce que l’on soit à 50.000 plutôt que 80.000 entrées. Nougaro dans une grande salle, ça, tout le monde savait le faire. Par contre, avoir le groupe détecté, qui soit dans sa période d’ascension, c’est autre chose. Il faut savoir le faire.
Le T.G.V.
À propos du TGV, n’avez vous pas manqué de prudence en présentant ce projet aux berruyers comme quelque chose d’acquis alors que nous n’en sommes qu’au stade de l’étude ?
Serge Lepeltier : Vous ne m’aviez pas posé la question sur le TGV, j’étais quand même étonné !
On pose quand même beaucoup de questions !
Serge Lepeltier : Oui, oui, c’est vrai (rires)
On ne fait pas un livre !
(Rires).
Votre adversaire a déclaré à propos du TGV lors de la présentation de sa liste « Au lieu de claironner, il faut travailler ».
Serge Lepeltier : Je voudrais que vous regardiez une chose : est-ce que j’ai beaucoup parlé du TGV jusqu’à maintenant ?
Vous avez au départ été assez mesuré, mais aujourd’hui, vous envahissez les boites aux lettres de tracts.
Serge Lepeltier : J’ai fait une campagne municipale en 1995 et en 2001. Je n’ai jamais parlé de TGV. Pourquoi ? Parce que je pensais que cela n’était pas crédible. On ne peut pas tromper les populations. Pourquoi est-ce que j’en parle depuis trois mois ? Tout simplement parce que j’ai les analyses SNCF qui ont permis de lancer l’étude RFF. J’ai rencontré Anne-Marie Idrac (NDLR : présidente de la SNCF) qui m’a mis le dossier sous les yeux. Elle m’a dit : « Je te permets de dire à la sortie que non seulement c’est plausible, mais en plus c’est réaliste ». Il y a deux événements qui ont changé la donne. Le premier événement, c’est la saturation de Paris-Lyon. La SNCF ne pensait pas que cela arriverait si vite. Actuellement, vous avez douze trains à l’heure et l’on ne peut en mettre que seize. Dans les deux à trois ans qui viennent, la signalisation va être changée pour atteindre ce maximum. Après, c’est fini. Les lignes seront saturées dans cinq ans. Or, la SNCF veut développer le TGV Lyon-Turin et le Sud-Est. Et tout cela passe à Lyon pour aller vers Paris. Donc, le Paris-Lyon doit être déssaturé si l’on veut augmenter le trafic TGV. La deuxième chose, c’est que le TGV nouvelle génération, ce n’est pas 270 km/h comme actuellement. C’est 350 km/h ! Mais pour atteindre cette vitesse, il faut de nouvelles voies. La SNCF veut en profiter pour irriguer des territoires qui ne le sont pas aujourd’hui, afin que toutes les métropoles régionales soient reliées par TGV. Il en manque une, c’est Clermont-Ferrand. Ce n’est pas le ministre de l’intégration qui le dit. C’est la SNCF. Autre point, le financement. La SNCF considérait que la dernière ligne TGV serait le Paris-Strasbourg qui était prévu être déficitaire. Donc, impossible d’en faire plus. Or, aujourd’hui, le Paris-Strasbourg fait beaucoup mieux que prévu. Il est déjà saturé en voyageurs, en particulier cette ligne est largement empruntée par les Allemands et les Suisses-Allemands. De plus, il est ressorti du Grenelle de l’environnement 2000 kilomètres supplémentaires de lignes TGV. La Présidente de la SNCF dit : « la première ligne que je veux, c’est le doublement de Paris-Lyon ». Et le doublement de la ligne Paris-Lyon passe par chez nous. Donc j’en parle. Je suis maintenant convaincu que cela se fera.
Il y a tout de même beaucoup de projets concurrents...
Serge Lepeltier : Mais non. Tout le reste, ce ne sont que des gens qui parlent. Là, c’est la Présidente de la SNCF et moi, nous nous connaissons depuis très longtemps. Entre quatre-z-yeux, elle m’a dit « cela va se faire ». Si je n’étais pas convaincu de cela, je n’aurais pas mis ce débat là-dessus.
La jeunesse
Bourges souffre de ne pas avoir d’établissements universitaires de taille importante. Beaucoup de jeunes partent à Paris ou Orléans ou Tours après leurs années Lycée. Quels sont vos projets pour que la jeunesse ait envie et puisse rester à Bourges ?
Serge Lepeltier : On constate tout de même que la jeunesse revient. Nous avons pas mal d’exemples et d’analyses qui montrent qu’au bout d’un certain temps, une fois que les études et le premier emploi sont effectifs, il y a un retour dans la ville d’origine. Nous sommes montés en puissance ces dernières années au niveau universitaire avec la création de l’Ecole d’Ingénieurs qui n’a pas été pour rien dans une structuration progressive universitaire. L’objectif est clair, c’est Alain Tanton qui s’est chargé de l’annoncer : 5000 étudiants sur Bourges, assez rapidement. Nous en sommes à peu près à 3500-4000. Cela est prévu en relation avec l’Université d’Orléans et des équipements universitaires. Le problème, c’est la notion de résidence universitaire. Si l’on offre des conditions de logement de qualité aux étudiants, ils viendront. Lahitolle est là pour ça et nous sommes en train de travailler en liaison avec le CFBS sur le développement des résidences universitaires ainsi que sur la création d’un nouveau restaurant universitaire. Ce sont les conditions de vie, les conditions d’hébergement qui font la différence aujourd’hui.
Donc vous allez créer de nouveaux logements universitaires ?
Serge Lepeltier : Absolument. Nous avons eu des étudiants qui sont arrivés en septembre, qui sont restés quinze jours en sustentation sans savoir où ils allaient habiter. Et pourtant, nous avons refait les résidences universitaires à Bourges Nord, nous avons fait une résidence universitaire à l’Hôtel-Dieu mais ce n’est pas suffisant. On va faire des logements sur Lahitolle.
Il faudra aussi régler les problèmes de transports : les étudiants remontent, le dimanche soir à pied de la gare jusqu’à Lahitolle ou la résidence universitaire de Turly, avec leurs sacs lourds et encombrants...
Serge Lepeltier : Je le sais bien. Nous avons mis des navettes en place mais cela n’a pas marché. Très peu d’étudiants utilisaient ces navettes. Je suis d’accord avec vous, il faudra régler ce problème.
Mis à part le problème du logement, est-ce que votre projet est attractif ? Prenons l’exemple de la Fac de Sciences, par exemple, qui ne fait pas le plein, loin de là.
Serge Lepeltier : C’est un problème qui n’est pas local mais national. Les facs de sciences connaissent actuellement une désaffection des étudiants partout au niveau national. Si l’on développe le droit avec un Master, on sait que ce sera attractif. L’attractif, ce sont les formations : on le voit bien avec l’école d’ingénieurs qui fait le plein et dont les étudiants sont parmi les premiers sortants au niveau des concours. Mais on a un goulot d’étranglement qui est la question de l’hébergement. Nous y travaillons. Pour les formations derrière, on les trouvera.