Le monde selon Trust
Pendant les élections de 2002 où Le Pen failli gagner, je me suis prise la plus belle baffe de ma vie en ré-écoutant au nom de la race [1] de Trust. Depuis les dernières élections, les textes de Bernie Bonvoisin passent leur temps à tourner en boucle dans ma tête.
Ils sont d’actualité ... 30 ans plus tard. Comme qui dirait, les bons textes sont intemporels, et pour démontrer que l’actualité kleenex c’est juste bon pour la branlette, commentons (massacrons) ces textes avec des commentaires d’actualité.
La gauche qui virevolte, la droite qui s’enrhume, j’ai compté dans mes poches j’ai toujours pas une thune.
Sarko qui virevolte, Ségo qui s’enrhume, on nous promet de travailler plus pour gagner plus, et moi je rêve juste de travailler moins de 48 heures par semaine.
Vos journaux quotidiens vous saoulent avec un rien, pensez avec votre tête il en est encore temps.[...]Pense avec ta tête pense plus avec ton cul !Laisse tomber ce beau rôle d’ingénu.Un jour, un jour c’est sûr, reviendra le jour pur :Où des maîtres-penseurs on fera de l’ordure !
L’intuition de Bernie est réelle : les émotions court-circuitent le raisonnement . En pensant avec son cul, en laissant parler les émotions on se fait manipuler. Il est encore temps de penser avec nos têtes.
Quand j’écoute le fracas des Jaurès et autres penseurs invoqués par nos politiques qui se retournent dans leur tombes, j’entends le jour pur se lever.
Je ne me sens par concerné par vos dires, le con et l’absurde sont mon point de mire ![...]Vos idées n’sont fondées que par overdose de télé, je ne peux que prêcher la déraison la destruction.Quelle sensation…la destruction…Tas de viande avariée vous allez payer.Quand vient la connerie vous êtes con-cernés, Je n’ai jamais aimé les gens préfabriqués !
Quand le dernier truc à la mode est de montrer son nombril sur internet, et que l’on prône concours de popularité comme valeur dominante du show-bizz (la meilleure star est celle qui reçoit le plus de vote), du monde professionnel (le savoir-être), ou de la rébellion (le crédit d’un texte mesuré aux nombres de hit d’un site web)... On se sent cernés.
Aujourd’hui les punks portent l’uniforme, et font de la provoc. digne de Franck Dubosc. Une rebelle-attitude pré-formatée, consensuelle et aseptisée.
Tes valeurs : le travail, la famille, la patrie !Milliers de gorges gavées de promesses.Les damnés de la force tranquille se redressent.[...]Nous sommes seuls, alors on triche !On a peur, alors on triche… Tu obéis, alors tu triches.D’autres prient, alors ils trichent !Y’a plus de travail.Y’a plus de famille.Y’a plus de patrie.Y’a plus de drapeau.Réac-prendre à vivre ![...]Y’a trop de travail.Y’a trop de familles.Y’a trop de patries.Y’a trop de drapeaux.Réac-prendre à vivre ![...]Toi qui parles de nouvelles libertés, fier de l’argent que ton père t’a laissé.Tu cracheras ta haine sur nous pauvres manuels, en répandant nos ghettos que tu nommes HLM.Tu veux que je vote pour te rassurer. Tu veux que je vote pour me sécuriser.Je ne suis qu’un bulletin qu’on intoxique et qu’on glisse dans une urne.
Un jour un message, l’autre son contraire ? Une fois les jeunes des cités sont la racaille, l’autre l’avenir de notre pays à qui l’on apprend qu’il faut chier sur la gueule des manuels en leur montrant comme exemple de réussite des héritiers trop gâtés, des patrons félons, et des politiciens bling-blings et mous-mous.
Sûr vous allez les plaindre, sûr vous allez pleurer.Vous penserez “quel dommage d’en être là à leur âge”.Ayez la politesse de les écouter, vous êtes assis au chaud devant la fatalité !Y’a que dans les H.L.M. qu’ils ont toujours des problèmes.
[2]
Les héritiers nous expliquent la valeur du travail, vantent la précarité, et rendent la pauvreté héréditaire, tout ça enrobé dans un discours de compassion.
A nous de choisir :
Demain pensez qu’on va voter, élire un fabuleux élixir qui donnera travail, prospérité.Alors vote, vote, vote, vote !!!
ou
Je crache à la gueule de tout ce système, dont quand je marche dans la rue je ne porte pas d’emblème.Je vais où je veux, je pense comme je veux, pas de pression j’crache à la face des nations.
Merci à la France de ne pas avoir changé, me permettant de pas me sentir croulante en réécoutant trust.
[1]
Descends dans ma rue, inconnuJe te le demande, tu n’as jamais vuToutes ces masse affalées, zombifiéesDans ce luxe aseptisé, immaculé.Au nom de la race, je passeSans te regarder, non identifié.Au nom de la crasse, je grimacePour rien au monde, je ne céderais ma place.Sous un ciel bleu chimiqueIls boivent et bouffent plastique.Beauté artificielle pareille au cielRegarde bien en face cet univers de poubelles.[....]
[2]
Well, I don’t mind stealin’ breadFrom the mouths of decadence -But I can’t feed all the powerlessWhen my cup’s already over-filled....
variante de Temple of Dogs sur l’humanitaire business