Très intéressant article de J.P. Damaggio sur le site de la Sociale. Selon cet auteur, nous ne vivons pas une crise du capitalisme, mais une mutation de celui-ci. Le nouveau capitalisme ne s’appuie plus sur l’Etat. Ses structures rappellent fortement celles du monde féodal [1], qui concilie un centralisme invisible, et un éclatement réel. La mode du tout TGV en est une illustration exemplaire. Indiscutable TGV, dogme intangible. Sauf qu’il suppose des fonds publics pour alimenter des bénéfices privés, et rendre service à une classe sociale privilégiée. Sauf qu’il autorise une nouvelle gestion des conflits sociaux, au bénéfice de l’employeur. Sauf qu’il joue un train contre un autre, plus proche des gens et irriguant les territoires [2]. Sauf que le modèle de développement qui fait tant rêver les décideurs de gauche aux responsabilités dans les collectivités territoriales appartient à un autre âge. Sauf que les collectivités vont s’endetter jusqu’au cou pour, parfois, aggraver elles-mêmes la désertification de leurs territoires !
Bel exemple de duplicité de la droite et d’aveuglement crétin de la gauche. Que les VRP multicartes chantres du sarkozysme portent le TGV en ostensoir n’est finalement guère surprenant. Que penser cependant de ceux qui, à gauche, croyaient (et croient peut-être encore) soutenir une initiative « transpolitique »…
Voir en ligne : Le capitalisme féodal sur les rails de la grande vitesse
[1] Sur le même thème, on pourra également se référer aux belles analyses d’Alain Supiot : l’effacement de la loi au profit du contrat produit ce que Supiot nomme une reféodalisation du lien social. Cf. La contractualisation de la société
[2] Voir notre article, Transports ferroviaires : un rapport sans concession, où nous soulignions : Quand on parle des coûts des lignes à grande vitesse, qui représentent des sommes pharaoniques, il ne faut pas oublier que les moyens placés dans ces projets sont autant de moyens que l’on retire au maintien du réseau existant, qui pour être moins prestigieux, rend encore de nombreux services à la population. Il n’y a pas que le TGV qui désenclave !