Dans la famille Royal, je voudrais la cousine. Selon le quotidien Libération, Anne-Christine Royal, candidate du Front national dans la 10ème circonscription de la Gironde et cousine de Ségolène Royal, s’est enchaînée pendant vingt quatre heures à un pied de vigne pour soutenir les viticulteurs en difficulté.
« J’ai engagé cette action pour évoquer la souffrance, les vies brisées, les revenus qui s’effondrent et ne dépassent parfois plus les 300 euros par mois », a-t-elle déclaré samedi lors d’une conférence de presse.
[...]
Egrenant les propositions du FN dans le domaine viticole dont la création d’un conservatoire du vignoble, elle s’est engagée, si elle était élue députée, à se rendre à l’Assemblée nationale « s’il le faut durant cinq ans » en traînant un cep de vigne « attaché à un pied ». (sic !)
Entourée d’une vingtaine de sympathisants et militants, dont Jacques Colombier, responsable régional du FN, elle a dit « craindre la disparition de notre art de vivre », synonyme d’« agonie de la France ».
C’est vrai que dans le bordelais, la misère guette.
On attaque le pinard français, l’heure est grave ! Admirons le courage de la cousine bravant le froid et l’humidité pendant vingt quatre heures, et le ridicule pendant ... cinq ans ! Non, je plaisante.
Mais vrai, au fond, tout ça ne serait-il pas, une fois de plus, la faute à Sarko ?
Sur vitiblog, le metablog de la vigne et du vin, on apprend que « pour la première fois de son Histoire, et pour la première fois sans doute depuis l’introduction du vin en France vers 600 ans avant J.-C., la France sera présidée par un buveur d’eau. »
Misère ! Sarkozy ne boit pas de vin. « Au cours de la campagne, poursuit l’article, lors d’un déplacement à Sancerre le 26 février, il avait cependant trempé ses lèvres dans un verre de vin blanc, soucieux de donner quelques gages à une viticulture française en crise. Il voulait ainsi rassurer les vignerons qui ont déjà baptisé « effet Sarkozy » un ensemble de causes ayant conduit, selon eux, à une diminution de la consommation de vin en France : l’augmentation des contrôles d’alcoolémie sur les routes, la peur du gendarme et la multiplication des campagnes de publicité contre le vin qui avaient entraîné des manifestations de colères des vignerons le 8 décembre 2004... »
Et vitiblog de conclure, citant Michel Simon : « Il n’y a que les buveurs d’eau qui sont méchants. »
Bécassine, c’est ma cousine - Aquae potoribus...
- Charles Baudelaire
- 5 juin 2007 à 17:11
« Nulla placere diu nec vivere carmina possunt quae scribuntur aquae potoribus » ;-)
Il faut être toujours ivre, tout est là ; c’est l’unique question. Pour ne pas sentir l’horrible fardeau du temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve.
Mais de quoi ? De vin, de poésie, ou de vertu à votre guise, mais enivrez-vous !
Et si quelquefois, sur les marches d’un palais, sur l’herbe verte d’un fossé, vous vous réveillez, l’ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l’étoile, à l’oiseau, à l’horloge ; à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est. Et le vent, la vague, l’étoile, l’oiseau, l’horloge, vous répondront, il est l’heure de s’enivrer ; pour ne pas être les esclaves martyrisés du temps, enivrez-vous, enivrez-vous sans cesse de vin, de poésie, de vertu, à votre guise.
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Bécassine, c’est ma cousine - Aquae potoribus...suite
- bombix
- 6 juin 2007 à 04:19
« Déguster est un désir. On peut d’ores et déjà y voir une forme de libération, car on est affranchi des revendications du besoin, donc du corps. Ce désir émane de notre âme : c’est elle qui souhaite déguster du vin ... Il s’agit de déguster un vin, et non du vin ; je veux dire par là qu’il faut s’entourer de toutes les précautions qui nous placeront dans les meilleures conditions pour une rencontre forcément neuve, inédite. Ce vin est singulier ; ... on peut essayer d’acquérir des connaissances, un savoir ... Finalement, il s’agit avant tout de prendre son temps, de laisser du temps à nos sens et au vin de se rencontrer ... L’essence d’une bonne dégustation est le temps, le temps qu’on parvient à s’accorder, et qui rend hommage au vin. »
L’on comprend donc qu’un hyperactif, un homme toujours pressé, ne peut rien comprendre au vin. Comprendre quelque chose au vin, ce serait comprendre quelque chose au désir et au temps. Soit que, par l’ivresse, il nous délivre du fardeau du temps, selon l’indication de Baudelaire ; soit que, dans la dégustation, il nous ouvre à ce temps suspendu qui est l’accomplissement du désir, le présent : vierge, vivace et beau. Or, un célèbre mathématicien du XVIIème siècle faisait remarquer que le présent n’est jamais notre fin : le passé et le présent sont nos moyens ; le seul avenir est notre fin. Ainsi nous ne vivons jamais, mais nous espérons de vivre ; et, nous disposant toujours à être heureux, il est inévitable que nous ne le soyons jamais. Ce qui est une description très exacte d’homo oeconomicus. Que Sarkozy en soit le parangon, qui s’en étonnera ?
Merci à Horace, Thierry Tahon, Charles Baudelaire, Stéphane Mallarmé, Nicolas Grimaldi et Blaise Pascal.
Et je dédie ce petit commentaire à Serge, naturellement. ;-)
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