De 218 à 235.

samedi 12 juillet 2008 à 23:36

Le nombre maximal de jours travaillés par les cadres passera de 218 à 235.

Après d’autres catégories, Nicolas Sarkozy vient de se mettre à dos les cadres du privé. Dommage pour lui et pour l’UMP : les cadres sont une catégorie de plus en plus importante, et très disputée entre la gauche et la droite.

Dans un premier temps, rien ne devrait changer pour les grandes entreprises où s’applique un accord collectif.

Par contre pour les cadres des petites et moyennes entreprises, le seul garde-fou reste les 11h de repos consécutifs.

La référence risque fort de très vite devenir celle du « zéro RTT » : 5 semaines de congés payés, les week-ends, le premier mai et le 14 juillet.

Lorsque les entreprises se sentiront en position de force, elles dénonceront les accords existants pour les renégocier à la baisse.

Il serait étonnant que cette perspective réjouisse les cadres français, qui, depuis dix ans, ont plébiscité les jours de RTT, perçus comme la juste compensation de journées de travail de plus en plus stressantes. (par DanielB)


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De 218 à 235. - 13 juillet 2008 à 11:52

Le nombre maximal de jours travaillés par les cadres passera de 218 à 235.

Version sarkozienne de l’arroseur arrosé. Fallait y penser avant de voter ! Il leur reste 4 ans pour réfléchir, aux cadres managers-winners ! (si le droit de vote n’est pas aboli d’ici là, car au train où vont les choses, ça n’est plus impossible)


#13565
De 218 à 235. - Mister K - 13 juillet 2008 à  14:08

Un petit détail tout de même, les cadres ne votent pas tous à droite, loin de là. Il suffirait de ressortir les analyses de l’élection présidentielle 2007 pour vérifier que ceux qui ont voté Sarkozy sont très nombreux à ne plus travailler car en retraite... Quand aux français, il veulent avant tout gagner plus, mais certainement pas travailler plus. Et c’est bien pour cela que le slogan de Sarkozy fait rire tout le monde à gauche et même à droite. Il n’y a que ceux qui ne travaillent pas qui veulent que les autres travaillent plus. Les entreprises sont d’accord pour le travailler plus, mais certainement pas pour le gagner plus. Bref, tout ça, c’est une blague. C’est l’intérêt des uns contre celui des autres. Personne n’est vraiment d’accord avec l’ensemble du slogan "Travailler plus pour gagner plus" à part peut-être les militants UMP...et encore pas tous. Bref, tout ça est un jeu de dupe.

Quand au passage de 218 à 235 jours, ou de 35 à 39,40 ou 45 heures, il se fera peut-être de force (la loi du plus fort). Mais il ne faut pas rêver. La productivité va baisser d’autant, les pauses café et repas vont s’allonger, la motivation va diminuer. Et au final, tout le monde y perdra : les entreprises en productivité et efficacité. Les salariés en temps libre.

Un slogan, ça ne sert à rien. A part peut-être vendre un produit qui, comme tout le monde le sait, n’est pas miracle.

#13567 | Répond au message #13565
De 218 à 235. - 8 septembre 2008 à  14:57

Il y a beaucoup de cadres managers, winners ou pas, qui comme moi ont voté PS. Et je le referais si c’était à refaire.

#13955 | Répond au message #13565
De 218 à 235. - DanielB - 13 juillet 2008 à 10:57

Ce texte ne concerne pas que les cadres puisque qu’il ouvre le forfait jour aux salariés « qui disposent d’une autonomie dans l’exercice de leur fonction » , formule tellement vague qu’elle peut s’appliquer à un grand nombre d’employés.

Autre point très important, la primauté apportée à l’accord d’entreprise.

 Aujourd’hui, l’accord d’entreprise ne s’applique que si ses dispositions sont plus favorables que celles de l’accord de branche qui reste le seuil minimum applicable.
 Demain, un accord d’entreprise plus défavorable (plus favorable au patron) que l’accord de branche s’appliquera.

On va assister à un dumping social et à un nivellement par le bas des conditions de travail. Les 235 jours n’étant que le seuil maximal applicable en l’absence d’accord d’entreprise, les salariés pourront être ammenés à travailler plus , et ce jusqu’a 285 jours dans l’année.

voir http://www.assemblee-nationale.fr/13/dossiers/syndicats_travail.asp


#13563
De 218 à 235. - bombix - 13 juillet 2008 à  11:24

Lire à ce sujet l’excellent article de Denis Collin sur La sociale : La contre-révolution en marche
extraits :

« L’habileté de Sarkozy - car c’est lui et lui seul qui a voulu cette loi - consiste à maintenir officiellement la semaine de 35 heures comme durée légale, mais au lieu d’être un plafond, les 35 heures deviennent un plancher. Comment cela se fait-il ? Tout simplement en déconstruisant la pyramide des normes (pour parler le langage des juristes). La doctrine juridique veut que le dernier mot appartienne à la loi (le code du travail) émanant de la volonté générale. Si la loi fixe la journée maximale de travail à 8 h, un accord de branche pour la porter à 7 h, mais pas à 9 ! Si l’accord de branche est 7 h, l’accord d’entreprise peut décider 6 h mais pas 8. Or la nouvelle loi inverse ce mécanisme. Le seul accord qui vaille et qui peut déroger à toutes les normes de niveau autrefois supérieur, c’est l’accord d’entreprise, une loi qui est évidemment décidée au nom de la liberté ! Si un patron qui n’a en face de lui aucun syndicat (sauf un syndicat maison, quelle que soit son étiquette), il a effectivement la liberté totale de faire travailler ses ouvriers 40, 45 ou 48 heures par semaine. »

...

« L’immédiat : une loi qui découle d’un accord signé par le MEDEF, la CGPME, la CGT et la CFDT qui modifie les règles de la représentativité syndicale. Cet accord vise à mettre en cause la représentativité nationale des grandes confédérations au profit de la représentativité locale. Il est la condition nécessaire pour que la suite - c’est-à-dire la négociation locale du temps de travail puisse être mis en œuvre. CGT, CFDT, patrons, médias, gouvernement : tous en chœur annoncent qu’une nouvelle ère vient de s’ouvrir dans les relations sociales. CFTC, FO, SUD marginalisés, les gens sérieux s’occupent des choses sérieuses et Thibault se voit dans le rôle de l’interlocuteur privilégié de Sarkozy. Patatras, Sarkozy avec une grande cohérence et une grande maestria bat le fer quand il est chaud. Il joint à l’accord sur la représentativité une loi qui liquide la limitation légale du temps de travail. Là-dessus Chérèque et Thibault crient à la trahison. Sarkozy apprécie lucidement ce qui s’est passé : la félonie des dirigeants de la CGT et de la CFDT les rend, à l’évidence, incapables de s’opposer à la félonie qu’il leur concocte. Les traîtres ne doivent pas s’étonner d’être payés de la seule monnaie qu’ils connaissent. Sans l’accord avec la CGT et la CFDT, Sarkozy n’aurait jamais pu jouer cette partie avec cette facilité. »

L’article de Denis présente en outre l’intérêt de placer toutes ces réformes dans leur contexte historique.

#13564 | Répond au message #13563
De 218 à 235. - DanielB - 13 juillet 2008 à  12:31

Article effectivement très intéressant, mais au delà d’une critique tout azimut qui me fait trop penser au "tous pourris" trop réducteur à mon goût, quelles solutions ?
 la révolution,
 le repli sur soi,
 ...

S’il est clair que l’Europe est plus celle des patrons que celle des ouvriers tout n’est pas à mon avis à jeter. Les dirigeants syndicaux seraient des félons : même si comme militant syndical, je ne comprends pas toujours tous les choix effectués, je n’y crois pas.

Où sont passés ceux qui, par millions, se sont dressés en 1995 contre Juppé/Chirac ? Où sont passés ceux qui manifestaient contre le CPE ? Quand Sarkozy affirme de façon provocatrice que plus personne ne fait attention aux grèves, il faut bien reconnaître qu’il a raison !

Voila la question centrale qu’il nous faut résoudre si nous voulons, un jour, que le progrès social soit à nouveau à l’ordre du jour.

L’insécurité sociale dans laquelle nous sommes plongés agit comme un anesthésiant, la méthode de l’autruche ne sauvera personne.

#13566 | Répond au message #13564