A la une de la Nouvelle République de ce jour :
Carrefour market : l’hyper gagne en économies
Et sur une pleine page, on peut lire un long papier faisant l’apologie du concept Carrefour Market (en gros, ils ont rogné sur tout pour faire encore plus de marge), avec une belle photo des dirigeants et du bâtiment. Pas de commentaire, pas d’analyse, pas de critique. Bref, un simple publi-reportage à la gloire de Carrefour. Non contente de faire de la pub déguisée en journalisme dans ses colonnes, la NR a fait de cet article le sujet du flyer [1] affiché chez tous les marchands de journaux pour promouvoir la vente de ce numéro.
La charte de déontologie du journalisme précise pourtant : « Il (le journaliste) ne doit d’ailleurs jamais signer de son nom des publicités... ». Mais cette charte est purement déclarative, libre à chacun de s’en inspirer ou pas.
Sabrina Lavric, docteur en droit à l’université de Nancy, dans un article intitulé Déontologie journalistique, simple formule magique ? relève que « L’absence d’un véritable code déontologique masque peut-être le problème majeur de la profession : celui de la connivence - avec les « capitaux », le « pouvoir », l’audience - et, in fine, celui de la - subtile - ligne de partage entre journalisme et communication… ».
La connivence avec le pouvoir, on l’a vu quand la Ville de Bourges a racheté précipitamment l’ancien Champion de la Chancellerie
La connivence avec les capitaux, on va la voir prochainement. En remerciement de cette magnifique pub gratuite, la NR va se voir arrosée de non-moins magnifiques pub bien payantes celles-là, lors de l’ouverture de ce hangar où il n’y a même « pas de carrelage au sol mais du béton. »
On espère que le journaliste n’a commis ce « papier » que sous la pression de sa hiérarchie, dans l’espoir de conserver son job. Si crise de la PQR il y a, ce genre de pratique explique en partie la désertion des lecteurs.
Voir en ligne : Carrefour market : l’hyper gagne en économies
[1] Tract ou affichette en papier qui est distribué ou déposé dans des endroits de passage pour promouvoir un évènement.
NR Immo, votre nouvelle agence immobilière
- 14 mai 2009 à 12:27
En ces temps de vaches maigres pour les recettes publicitaires de la PQR, la NR se plie en quatre pour attirer des annonceurs. Dernière idée : offrir gratuitement une pleine page aux agence immobilières*.
En page trois de l’édition du 14/05/2009, sous le titre "Bourges : 23 offres à saisir" on peut lire "Candidats à l’achat ? Voici quelques-unes des meilleures affaires du moment" suivi des 23 offres en question. Par ex :
1. Centre : rue des Armuriers. Appartement T1 bis de 36 m2, au 2e étage sans ascenseur. Logement (à rafraîchir) comprenant une entrée avec placard, une pièce de vie avec porte-fenêtre, une cuisine, une salle de bain et un WC. Cave. Chauffage individuel au gaz. Prix : 55.000 €. Clé Immobilier.
Elle est même légèrement améliorée par rapport au texte original de l’agence :
BOURGES CENTRE VILLE (18) - 55 000 € - REF : 3026 Rés. des ARMURIERS, CENTRE VILLE : Appartement T1 Bis 36 M2 au 2ème étage sans ascenseur comprenant entrée avec placard rangt, pièce de vie avec 2 portes fenêtre, cuisine, sdb, wc. Cave privative. Chauffage ind.gaz. A rafraîchir. 55.000 Eur FAI
Et ainsi de suite sur une pleine page, soit 23 annonces.
On espère au moins que le pseudo-journaliste qui a pondu ça aura une bonne remise en remerciement ! Ce "publi-rédactionnel" n’est d’ailleurs pas signé. Mais la première page d’intro à ces annonces est signée Dominique Hérault, qui nous apprend que "Des bons plans pour les acheteurs ne manquent pas, actuellement, à Bourges"
* Pour ne pas faire de jaloux, idem pour St Doulchard, Vierzon et St Amand.
#23108
PQR et déontologie
- B. Javerliat
- 13 novembre 2008 à 12:31
Il fut un temps ou quand elles relookaient leurs points de vente, les grandes surfaces tentaient de le justifier par un « meilleur service au client », un « environnement plus accueillant », etc.
Plus tard, les hard discounters nous expliquaient que c’est en faisant des économies sur la déco, l’éclairage et la présentation des magasins qu’ils pouvaient proposer des prix plus attractifs.
Maintenant, on ne s’encombre même plus avec ça. On nous annonce clairement qu’on a fait un magasin cheap (pas de carrelage au sol mais du béton, pas de faux plafonds, pas de décoration murale mais des parpaings blanchis), non pas pour proposer des prix moins élevés, mais pour faire plus de fric : « Selon les tests-magasins, un Carrefour market gagne 10 % plus qu’un Champion »
C’est ça, la nouvelle communication du consumérisme décomplexé : venez chez nous, on vous la mettra encore plus profond !
#14697
PQR et déontologie
- Jean-Michel Pinon
- 13 novembre 2008 à 13:22
Maintenant, on ne s’encombre même plus avec ça. On nous annonce clairement qu’on a fait un magasin cheap (pas de carrelage au sol mais du béton, pas de faux plafonds, pas de décoration murale mais des parpaings blanchis), non pas pour proposer des prix moins élevés, mais pour faire plus de fric : « Selon les tests-magasins, un Carrefour market gagne 10 % plus qu’un Champion »
Il est assez étonnant effectivement de relever que le journal n’ait pas eu cette réflexion pertinente. A force de vouloir s’enfermer dans une espèce de neutralité finalement factice, le journaliste, dépourvu de tout esprit critique - peut être sans le savoir et sans s’en rendre compte, comme M. Jourdain - se fait le simple relais des discours officiels. Celà est particulièrement perceptible chez les journalistes de la NR : lorsqu’on les interroge sur ce genre de choses, ils répondent qu’ils ont une sorte de devoir de neutralité ou ils invoquent une forme "d’objectivité". Mais la neutralité n’implique pas de laisser son cerveau dehors lorsque l’on rentre dans une salle de rédaction. Au contraire, l’intelligence et l’esprit critique concourent à cette recherche d’objectivité. Bref, dans l’exemple qui a été exposé dans cette brève, l’article de la NR n’est ni neutre ni objectif. Il se borne à répéter ce qui a été martelé par les responsables de ce commerce qui eux ne font que leur boulot de communication (et donc on ne peut pas leur reprocher de manipuler les journalistes puisqu’ils sont dans leur rôle de présenter les choses sous un jour favorable). En revanche, le sérieux et la crédibilité du travail du journaliste et du journal est indiscutablement critiquable.
Un deuxième exemple pour aller dans le même sens que votre brève ; Je lis ce matin dans Le Berry Républicain, ceci :
les inspecteurs jugent « positives » les conditions de relogement des six cent cinquante familles (sur mille seize) concernées par le Plan de renouvellement urbain.
Celà mérite tout de même quelques interrogations. Seules la moitié des personnes relogées dans le cadre du plan de renouvellement urbain l’auraient été dans des conditions "positives" ? Pourquoi lejournaliste n’a-t-il pas développé et précisé ce point, et c’est contenté de citer le rapport présentant les choses sous un jour favorable ?
Bref, il faut prendre le temps de la réflexion, de l’analyse, de la recherche. Et c’est ce qui manque, alors que nous avons pourtant affaire à e vrais professionnels (pas comme nous à l’agitateur).
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