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Élections piège à cons - bombix - 2 mars 2012 à 08:45

D’abord le texte de Rousseau ne justifiait pas l’abstention, mais mettait en question la démocratie représentative. A ça j’avais répondu précisément. Et mon édito était intitulé République ou monarchie élective ? Entre la démocratie représentative et la monarchie élective, il y a de nouveau un sacré saut.

D’autre part, ou ai-je dit que j’étais abstentionniste ? Je pourrais l’être, et je pourrais défendre l’option de l’abstentionnisme avec de solides raisons. Mais j’ai écrit :

C’est quand même curieux cette fixette sur la présidentielle, comme si quelque chose allait changer après cette élection.
Selon toute probabilité, on assistera au second tour à un duel Sarkozy-Hollande. Nous aurons le choix, comme d’habitude, entre un néo-libéralisme agressif à la Sarko et un néo-libéralisme bien tempéré à la Hollande. Bref, un changement dans le style, non dans le fond. Le plaisir de voir dégager Sarkozy pourrait inciter à voter Hollande au second tour ; mais la désagréable impression de participer à une mascarade démocratique, initiée avec les primaires, pourrait justifier d’aller à la pêche ce jour-là.
Pour le 1er tour, je cherche un vote utile. Le vote le plus utile que j’aie trouvé pour l’instant — mais si d’autres idées argumentées sont proposées, je les examinerai avec intérêt — c’est de voter pour un petit candidat afin de l’aider à se faire rembourser ses frais de campagne. Après tout, le seul intérêt qu’on peut trouver à ces élections est qu’elles constituent une tribune pour des voix qu’on étouffe systématiquement dans les médias. Alors les aider à s’y maintenir, pourquoi pas ?
Concernant Mélenchon, je ne focalise en rien mes critiques sur lui. Je constate simplement un certain nombre d’incohérences. Candidat anti-système dans le système. Candidat du peuple qui s’appuie sur une formation politique groupusculaire et taillée pour lui (qu’est devenu Marc Dolez, au fait ?). Candidat anti-socialiste qui appelera à voter socialiste au second tour. Candidat des communistes sans être communiste. Candidat de la "révolution par les urnes", contradictio in adjecto. etc. etc. Je dois ajouter que le style autoritaire et egocentrique du personnage m’irrite un peu. Les gourous ne sont pas de mon goût.
Mélenchon est un socialiste qui poursuit sa carrière de socialiste, c’est tout. On a quelques raisons de se méfier des « socialistes ». On a plus de raisons peut-être de se méfier des « socialistes » qui le sont encore par toutes leurs fibres et qui affirment qu’ils ne le sont plus.
Pour moi, au point où j’en suis de mon analyse, on ne s’en sortira pas avec les recettes de la gauche officielle qui aspire au pouvoir, "aux responsabilités" comme ils disent. Je n’attends donc rien de cette élection. L’essentiel se jouera ailleurs, s’il doit se jouer.

Ces quelques remarques pour remettre les pendules à l’heure. Mélenchon n’est pas encore au pouvoir, mais les bonnes vieilles techniques staliniennes de désinformation, de torsion des déclarations, de désignation de l’ennemi intérieur et d’excommunication pour que les fidèles communient dans la vérité sous l’oeil bienveillant du Guide bien aimé n’ont pas été oubliées.

Sur ce je me mets en vacances de l’Agitateur pour quelques temps, car l’atmosphère y est devenue irrespirable. Bernard a trouvé la lumière et la vérité, et ne supporte pas ceux qui errent encore dans les ténèbres. On va le laisser aller reprendre des Bastilles en carton pâte — son Iphone rempli d’applis super cool pour préparer la prochaine "assemblée citoyenne", avec la sono de la Cégét’ qui nous bassine "c’est dans la rue qu’ça s’passe" — en faisant remarquer qu’aucune grande manifestation nationale n’a été organisée à Paris par les mêmes pendant la bataille des retraites en 2010. Il s’agissait alors de calmer le jeu — et d’ailleurs Sarkozy a loué leur esprit de "responsabilité", c’est tout dire. Maintenant il s’agit de faire un bon score aux élections, c’est différent. La révolution, oui, mais "citoyenne" ! Pis si ça marche pas vraiment, bah, suffit de s’en remettre aux tractations des appareils pour notre salut. Au lendemain du premier tour, Mélenchon pourra dire "C’est le coeur serré que je vous demande d’arrêter le combat" "Il faut voter pour le candidat de gauche le mieux placé" et qui vient de ratifier le MES ! Et tout à coup le clivage libéralisme/antilibéralisme aura cédé sa place au clivage autrement plus clair droite/gauche qui permet aux sénateurs et aux députés de retrouver leurs sièges et de ne pas perdre leurs salaires.

Mais bon, la discussion est inutile alors arrêtons de discuter. "Une thèse n’est jamais détruite par les objections qui lui sont opposées : à la fois parce qu’il existe des rationalités et des logiques irréductibles les unes aux autres, et parce que fonctionnent des mécanismes psychologiques de défense des croyances auxquelles les individus sont émotionnellement attachés." Philippe Braud, Dictionnaire de la science politique.


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