FC Bourges : un bilan pour tourner la page

L’APRÈS DIAMÉ MAL NÉGOCIÉ. Au risque de se répéter, l’après Gaston Diamé a été très mal négocié. Parti au cours de la saison 2000-2001, à une période où le FCB semblait sur le chemin de championnat National, les dirigeants avaient pourtant devant eux de nombreuses semaines pour réfléchir dans la sérénité à sa succession de celui qui restera sans doute l’un des meilleurs joueurs que le FCB n’ait connu. Dans un premier temps, ils ont fait venir un joueur brésilien Miranda Junior, bourré de talent. Mais ils l’ont laissé partir au bout de deux matchs. A l’intersaison, alors que l’on attendait son retours avec impatience, les dirigeants ont mis leur veto, estimant que le brésilien était trop jeune pour avoir la responsabilité d’orienter le jeu à un poste aussi important que celui de milieu offensif. Le problème, est que le FCB était totalement dépourvu de joueur valable à pour ce poste. Cela s’est vérifié hélas par la suite, car le FCB a toujours été incapable de faire le jeu, ce qui a fait porter tout le poids des matchs sur la défense, et obligé le trio d’attaque à se démener sans compter... d’où, parfois un manque de lucidité évident dans le dernier geste.

RECRUTEMENT LABORIEUX. Le FCB a globalement raté le championnatde l’intersaison. L’objectif était de recruter des joueurs confirmés ayant une solide expérience à un niveau supérieur. Alors que certains joueurs de calibre étaient pressentis pour rejoindre les rangs du F.C. Bourges, ce sont finalement des joueurs plutôt jeunes et ayant assez peu d’expérience au niveau CFA qui ont été recrutés. Autrement dit : les dirigeants ont effectué exactement l’inverse de ce qui était escompté. Malgré tout, les "choix par défaut" ont fini, après une longue période d’adaptation par donner satisfaction, sachant qu’il n’était pas possible d’attendre de leur part des miracles. C’est le cas de Brunel et Salahovic dont on n’imaginait pas en début de saison qu’ils seraient capables de marquer chacun douze buts. On peut évoquer également Dubroca qui juste avant d’être blessé avait trouvé ses marques en milieu de terrain. Arrivés en cours de saison, Ali Hadjérès (12 buts) et plus encore le défenseur chevronné Dieudonné N’Soga, ont fait forte impression. En revanche, l’ancien castelroussin Chesnault a souvent eu un niveau de jeu insuffisant et n’a dû sa titularisation qu’à la faiblesse de l’effectif dans le secteur défensif.

UN CLUB SANS ADMINISTRATION FIABLE. Il faut dire que le FCB n’a pas eu les moyens de ses ambitions. La logique sportive réclamait l’arrivée de joueurs de bon niveau national ou D2 mais la logique économique a imposé un recrutement en CFA, CFA2 et Division d’Honneur. Durant trois saisons, les dirigeants se sont reposés sur les bons résultats de l’équipe première sans chercher à structurer le club pour accompagner et entretenir les bons résultats. Il fallait bien à un moment donné qu’il y ait un bon coup de frein. Le FCB a même frôlé un énième dépôt de bilan en cours de saison, malgré un recrutement plus que limité. Les joueurs ont dû tirer un trait sur leurs primes de match et se serrer la ceinture. En ne travaillant pas à la recherche de nouveaux partenaires dans une perspective de développement, le club a été dangereusement fragilisé. Ajoutez à cela que l’équipe dirigeante a été très prétentieuse en affichant des objectifs très ambitieux par rapport aux moyens dérisoires dont elle disposait. Faire croire à l’équipe qu’elle était beaucoup plus forte qu’elle ne l’était réellement a été très déstabilisateur pour les joueurs. Au premier faux pas à domicile face à Brive, la machine s’est logiquement enrayée.

TROP DE BLESSÉS. Relativement épargnés ces dernières années, plusieurs joueurs de ont dû faire face à des blessures assez sérieuses, engendrant de longues périodes d’indisponibilité. C’est le cas de Carlos Duarte, Jean-Baptiste Nouaille, Arnaud Lerasle, Steve Descazals, Eric Lestrade et quelques autres. L’effectif berruyer étant qualitativement et quantitativement très limité, Jean Gomez puis Pavlé Vostanic, ont été forcés de puiser dans les réserves en titularisant des joueurs formés au club qui étaient capables de tenir la route sur un o deux matchs, mais qui n’étaint pas assez aguéris à ce niveau pour avoir la responsabilité de remplacer les titulaires sur des périodes plus importantes.

FAIBLE NIVEAU DE JEU. Conséquence de tout cela : jamais depuis ces quinze dernières années, le FCB n’avait pratiqué un football aussi pauvre et peu inspiré. Cela s’est révélé particulièrement criant lors des rencontres à domicile au Stade Jacques Rimbault. A quelques exceptions près, le FC Bourges n’a jamais été en mesure de jouer comme une équipe évoluant à domicile, capable d’imposer son style durant quatre-vingt-dix minutes. Au lieu de cela, les joueurs de Pavlé Vostanic ont souvent abandonné l’initiative du jeu à leurs adversaire pour ne jouer que par intermittences. Le milieu de terrain était inexistant, la défense, trop sollicitée, semblait souvent au bord de l’agonie, et l’attaque, très valeureuse, évoluait en permanence dans le rouge.

ET MAINTENANT ? Il faudra tenir compte de tout cela, dès maintenant pour ne pas vivre une nouvelle saison aussi peu enthousiasmante. Les dirigeants ont beaucoup de boulot devant eux puisqu’ils doivent rattraper le temps perdu et faire en sorte que l’équipe première ne soit pas livrée à elle-même pour la saison 2002-2003. Il a été annoncé l’arrivée de partenaires italiens et japonais, ainsi que des investisseurs locaux. Mais à Bourges, les déclarations n’ont souvent jamais été suivis d’effet. Il faut donc attendre, même si le nouveau président Arnaud Lebert peut bénéficier d’un a priori favorable au regard du travail de fond considérable qu’il a accompli depuis son arrivée en cours de saison.

Côté effectif, on sait que N’Soga et Salahovic ne porteront plus les couleurs du FCB la saison prochaine. Belradjaa, Annon, et Descazals pourraient également migrer sous d’autres cieux. Quoiqu’il en soit, un renouvellement en profondeur de l’effectif s’avère nécessaire, car les joueurs actuels ont laissé beaucoup d’énergie dans la lutte pour maintenir le club en CFA, et ne disposent peut-être plus collectivement des ressources nécessaires pour vivre une éventuelle seconde saison de galère. Il n’y a donc pas d’affolement à avoir si d’autres joueurs importants de l’équipe devaient quitter le club.

D’autant plus que les candidatures affluent actuellement sur le bureau de Pavlé Vostanic. Un défenseur central italien de 21 ans, Roberto Conti pourrait bientôt signer à Bourges. Il s’entraîne déjà depuis plusieurs jours au stade Jacques Rimbault, et selon nos sources, il s’agit d’un joueur de très bon niveau, capable de faire oublier haut la main l’excellent Dieudonné N’Soga. D’autres noms circulent, comme celui du frère de Claude Makélélé pour remplacer Vahid Salahovic... Globalement, pas de noms très "ronflants" pour le moment, mais néanmoins du "jeune" mais "solide" avec des joueurs en provenance du Red Star, Gueugnon, la Berrichonne de Châteauroux, Limoges et Tours. Un impératif semble s’imposer : le recrutement d’un milieu offensif de haut niveau pour orienter le jeu, afin que le FCB retrouve son style chatoyant.

Reste à savoir si le club aura les moyens de faire signer tout ce beau monde. La saison dernière, le FCB avai mis à l’essai de très nombreux joueurs mais avait effectué un recrutement minimaliste. Pour le moment, ce que l’on attend, ce sont surtout les fameux et mystérieux sponsors italiens et japonais pour y voir plus clair quant à l’avenir du FCB...