Force de Frappe : la puissance réthorique de Vierzon
En concert sur la scène de l’Ilot Victor Hugo le 22 mars prochain à Bourges dans le cadre de la Fête de l’Internet 2003, le jeune groupe de rap Vierzonnais Force de Frappe inspire le respect et l’admiration par son enthousiasme, sa modestie et la qualité de ses textes. Rencontre avec quatre lycéens qui ont des choses à dire.
Pouvez-vous résumer la genèse de force de Frappe ?
Au début, en 1998, nous étions deux, moi (Rachid) et Karim qui chantait déjà en solo. HAmed, à cette époque était en Algérie où il est resté deux ans avant de nous rejoindre. On a commencé à faire des concerts. La création de Force de Frappe date de l’année 2000. Notre premier texte ensemble a été consacré à la Palestine. Le jour où on a joué ce titre en concert, on a pris conscience qu’on avait fait très fort en voyant la réaction du public et des journalistes. Depuis, on est quatre et on est resté ensemble puisque ça marche bien comme ça.
On sent que vos textes sont très travaillés…
Nos idées proviennent de l’actualité. On écrit chacun de notre côté et après, on rassemble tout et on en discute. A la base, les premiers thèmes concernaient la dégradation des conditions de vie dans les quartiers. Là, on a enregistré en novembre un maxi avec l’association Service Plus du directeur adjoint au service jeunesse de la mairie de Vierzon. Sur le premier titre, on se présente, sur le deuxième, c’est « Histoire d’argent » où on parle d’argent facile, le troisième c’est « On ne peut pas plaire à tout le monde », du même nom que l’émission (rire). Pour ce morceau, on a été faire écouter notre musique à des gens qui n’aiment pas le rap et on a enregistré leurs réactions. A partir de là on a écrit un texte (rires). Le quatrième titre, c’est celui sur la Palestine. Le cinquième, c’est une intro où on entend un Sénégalais qui va demander des papiers à un gars du consulat. Ensuite, c’est le titre « Clandestin » qui s’enchaîne où on parle de la difficulté des clandestins à se procurer des papiers. Pour le morceau final, on fait un mix spécial des morceaux précédents.
Vous n’avez donc pas trop de mal vous exprimer à Vierzon ?
(Hésitation). Pour répéter, ça revient cher, il nous faudrait des aides car on est encore au lycée, on ne gagne pas notre vie. Cinquante balles de l’heure par groupe pour accéder au studio de répétition, ça peut paraître peu, mais ce n’est pas évident pour nous, surtout si on veut répéter tous les jours. On manque d’aides et de structures dans le Cher. Bon, au pire, on prend un poste, on met des piles une cassette d’instrumentaux et on répète dans les cages d’escaliers. C’est ce qu’on a fait pour le concert à Case : on chantait chacun notre tour, on réécrivait nos textes, on disait « toi tu pose cette phrase là, moi je fais celle-là »… ça demande beaucoup de travail.
En concert, vous vous donnez vraiment à fond…
On nous l’a toujours dit : sur scène, on est hardcore, tout le temps. On aime être tonique, faire bouger le public. On a fait le concert de St Flo, c’était une bonne expérience, on a découvert d’autres rappeurs, on a pu situer notre niveau. On essaye d’apprendre des trucs. C’est bien d’apprendre par soit-même mais c’est bien aussi d’être aidé, qu’on nous explique tous les trucs que l’on ne connaît pas encore dans le rap.
Vous faites partie de l’aventure Faces Grillées Productions qui essaye de sortir une compilation regroupant les meilleurs groupes de hip-hop en Région Centre. Est-ce que vous avez prévu quelque chose de spécifique à cette occasion ?
On ne sait pas encore quel texte on va poser sur la compil’. On va peut-être essayer de chanter sur le thème de la musique en Région Centre ; Ce qui est sûr, c’est qu’on va faire quelque chose qui tape ! C’est un bon projet. Tu vas à la Fnac, il y a des CD’s de toutes les régions, mais en Région Centre, t’as rien ! Il faut faire quelque chose ! Tout le monde est dans la merde, personne n’arrive à sortir quoique ce soit ! Il faut que l’on se mette tous ensemble pour faire quelque chose !