Musiques actuelles

Les Guns of Brixton au Nadir

Interview rock
mercredi 4 mars 2009 à 08:35, par Mercure Galant

Samedi dernier au Nadir, les Guns of Brixton débarquaient de Normandie pour nous faire découvrir « Cap Adare », leur troisième album très rock. Sur scène, une rythmique basse-batterie omniprésente, des guitares saturées lancinantes et un chanteur qui hurle avec ses tripes (à la mode de Caen ?). Ces Guns sont un peu comme le lait sur le feu… Il ne faut surtout ne pas les quitter des yeux. À l’occasion de ce concert à Bourges qui inaugurait leur tournée, ils ont bien voulu accorder leur premier interview à l’Agitateur.

Les Guns of Brixton au Nadir

L’Agitateur : Qui sont les membres de Guns of Brixton ?

Cyrille : Le groupe existe depuis 2003. Au départ nous étions cinq. Un guitariste et un DJ sont partis au bout d’un an. Sidoine (batterie), Nicolas (basse), Steven (machines) et moi-même (guitare-chant), nous sommes toujours là. Puis très récemment, Hairday (guitariste), nous a rejoints pour ce troisième album.

L’Agitateur : Pourquoi avoir choisi ce titre d’un morceau des Clash [1] comme nom du groupe ?

Cyrille : Nous sommes des fans des Clash … des punks ayant intégré la communauté jamaïcaine dans le rock blanc ! C’est le mélange des deux cultures qui nous intéresse.

L’Agitateur : Quel genre de musique écoutez vous actuellement ?

Cyrille : Plutôt des vieux classiques : En reggae, Prince Far I. En rock, des trucs plus lourds comme Cult of Luna, Neurosis, et tout le punk rock anglais, le hardcore américain… ce sont des trucs qui restent…. Mais aussi du post-rock, du métal. En fait, On est assez ouverts.

L’Agitateur : Dès le départ on a pu lire que votre musique était un concentré de dub, d’électro, de rock, de post-rock. Qu’en pensez-vous ?

Cyrille : C’est toujours vrai. Ce mélange est tout simplement lié à nos expériences… On a tous joué dans plein de groupe avant. Sidoine à la batterie dans une veine reggae-fusion, Nico et moi plutôt dans le punk hardcore bien trempé, Steve qui a intégré plus tard était batteur de reggae avant cela… On est tous un peu différents, mais avec plein d’influences communes… voilà.

Nicolas : On s’est beaucoup vu au bistrot aussi ! (rires)

Cyrille : Oui, on fait de la musique depuis un certain temps. On s’est donc retrouvé dans de nombreuses soirées… Puis, soit on a quitté nos groupes respectifs, soit ils ont périclité, soit on s’est fait virer !

L’Agitateur : En France, le « novo dub »semble être en plein essor depuis plusieurs années.

Cyrille :Il est plutôt en plein déclin ! Pas en terme de qualité mais plutôt en terme de public. Il y a eu tellement de groupes de cette veine à une époque, avec les Zenzile, High Tone, EZ3kiel, etc… que tous les festivals, toutes les salles, programmaient chaque mois des concerts de ce type …

L’Agitateur : Ce courant musical s’essouffle selon vous ?

Cyrille : En terme d’intérêt du public j’ai l’impression oui … et puis les groupes ont évolué. Les Zenzile sont partis dans un truc vachement plus rock , High Tones s’est tourné plutôt vers l’électro. On ne trouve plus vraiment la « matrice dub » telle qu’elle existait il y a trois ou quatre ans…

Sidoine : Kaly live dub reste sans doute le groupe le plus fidèle à ce mouvement là.

L’Agitateur : Justement, quel est votre public maintenant ?

Cyrille : C’est vraiment de plus en plus éclectique, aussi bien en terme d’âge qu’en matière d’affinités musicales. Pour les amateurs de dub, on fait du hard rock et pour ceux qui aiment le métal, on fait du reggae… mais c’est intéressant car rien n’est acquis. Ca peut surprendre les gens. Certains détesteront, d’autres trouveront ça super.

L’Agitateur : Vous avez déjà perçu des réactions très négatives ?

Cyrille : Oui, surtout aux débuts, quand nous étions étiquetés groupe dub… On jouait parfois avec des sound systems super roots et pour des types qui n’écoutaient que du reggae. Alors forcément, on passait pour des sauvages… mais on a aussi su créer complètement l’inverse avec des gens qui nous ont découverts et appréciés alors qu’ils venaient initialement voir d’autres groupes. Maintenant les gens ont bien la connotation « rock » en tête quand ils entendent parler de nous.

L’Agitateur : Par qui êtes vous distribués ?

Cyrille : Le premier album a été distribué par Mosaïc musique qui est toulousain et le deuxième par Pias, l’un des plus gros distributeurs. Les labels étaient à chaque fois des associations dont nous faisions partie. Le troisième album sort pour le moment uniquement sur un distributeur numérique qui s’appelle Believe et le producteur est l’association que nous avons créée : « L’assaut Fantôme ». On fera un pressage de disque physique qui sera uniquement en vente par correspondance sur notre site et sur les stands à partir du 30 mars. Pour l’instant, on part sur la base de mille exemplaires et puis on verra. De toute façon, on reste lucides sur le fait qu’il est maintenant très dur de vendre des disques, notamment pour des groupes de notre ampleur.

L’Agitateur : En dehors du groupe, quelles sont vos activités ? Avez-vous d’autres projets ?

Cyrille : Musicalement parlant, nous nous concentrons sur Guns of Brixton. En dehors du groupe nous sommes pratiquement tous intermittents du spectacle, notamment en tant que techniciens sur d’autres projets.

L’Agitateur : Votre dernier opus s’intitule « Cap Adare ». Il s’agit d’une péninsule de l’Antarctique ayant servi de camp de base à l’exploration de cette région polaire … Pourquoi ce titre ?

Cyrille : En fait, 2008 a été une année un peu difficile à différents degrés pour plusieurs d’entre nous… Nous avons donc considéré que personnellement et professionnellement il s’agissait d’une « année froide ».

Sidoine : C’est aussi parti du fait que sur chaque album on a un morceau qu’il s’appelle "8 minutes". Sur le premier, "8 minutes au Tibet". Sur le deuxième, "8 minutes en Corse". Avec ce début de composition, on a cherché une nouvelle destination qui correspondait un peu à ce qu’on a pu traverser au cours de cette dernière année. Cela a donné "8 minutes au cap Adare"…

L’Agitateur : Comment travaillez-vous sur vos morceaux habituellement ?

Cyrille : Toujours dans un local de répétition, en acoustique. Ensuite, l’ordinateur n’est qu’un outil supplémentaire…

Sidoine : Nous avons beaucoup utilisé l’ordinateur pour la fabrication du deuxième album, mais il est vrai que nous sommes revenus depuis à des bases plus rock au niveau de la composition.

L’Agitateur : Chacun d’entre vous participe à la composition ?

Cyrille : Oui, il y a toujours un ou deux riffs en ligne conductrice et après chacun insuffle ses idées…

L’Agitateur : Qui s’occupe des visuels de vos pochettes ?

Cyrille : C’est le travail de Steeve, un type méticuleux qui a pris beaucoup de temps pour fournir ce résultat « super classe ».

L’Agitateur : Votre tournée débute à Bourges… Pourquoi ? Y a-t-il des liens qui vous attachent plus particulièrement à la région ?

Cyrille : Non, ce sont les hasards du calendrier.

L’Agitateur : Appréciez-vous certains groupes de la région Centre ?

Cyrille : Oui, on est très potes avec EZ3kiel.

L’Agitateur : Fumuj ?

Cyrille : Nous nous sommes croisés, mais nous n’avons malheureusement jamais joué avec eux.

L’Agitateur : Poney club ?

Cyrille : J’en ai entendu parler, c’est plutôt post rock je crois…

L’Agitateur : Vous avez déjà eu l’occasion de vous produire au Printemps de Bourges…

Cyrille : Oui, pendant les Découvertes, on a joué à la Hune, puis au 22 dans le « in » l’année suivante…

L’Agitateur : Avez-vous retiré des bénéfices de ces différents passages au Printemps ?

Cyrille : Oui, cela nous a servi. C’est une belle vitrine qui nous a permis de décrocher des trucs chouettes …

L’Agitateur : Qu’attendez-vous de cette tournée ?

Cyrille : On va défendre l’album et voir comment il est reçu par le public…

Sidoine : Sur cet album, c’est vrai que l’on s’est un peu radicalisé par rapport au précédent.

Cyrille : Et puis j’ai repris un peu le micro... Il y a du chant alors qu’il n’y en avait jamais auparavant… C’est un virage beaucoup plus rock, même si l’on retrouve toujours notre touche personnelle… Si les retours sont bons, on espère évidemment que nous pourrons nous faire programmer davantage.

L’Agitateur : Y a-t-il une part d’improvisation au cours de vos prestations sur scène ?

Cyrille : Non, rien n’est improvisé car on travaille quand même avec des machines qui impliquent une certaine rigidité.

Sidoine : Il y a une volonté de notre part d’avoir un rendu « très carré ». Nous ne sommes pas des virtuoses, on ne tartine donc pas beaucoup. L’essentiel c’est de jouer ensemble et d’obtenir un truc efficace et sans mauvaise surprise. L’improvisation, ça peut être un moment super, mais aussi très nul… de plus ça n’est pas vraiment notre truc.

L’Agitateur : Vous sortez en moyenne un album tous les deux ans… Comment procédez-vous exactement entre les phases de création et de diffusion ?

Cyrille : On a sorti les deux premiers albums en continuant à tourner et à composer en même temps. Pour celui-ci, on a vraiment stoppé la tournée pour se consacrer à l’album en juillet et août 2008. Nous avons répété tous les jours pour écrire et composer les morceaux. En septembre, on a enregistré. En octobre, il y a eu le mixage et le mastering... Bref il a fallu mettre plein de choses en route et c’était la première fois que nous faisions une vraie pause… Alors ce soir c’est notre première date depuis neuf mois… Je pense qu’on va être un peu énervés !

Le site officiel de Guns of Brixton

Le site "my space" du groupe

[1Guns of Brixton est un morceau issu de l’album des Clash London Calling, sorti en 1979

commentaires
Les Guns of Brixton au Nadir - Rachel - 3 avril 2009 à 09:45

c’était un excellent concert, super présence sur scène, des morceaux bien efficaces, et mine de rien, des mélodies vraiment très élaborées. comme quoi on peut faire du "gros son" en finesse. je les conseille !!


#22673
Les Guns of Brixton au Nadir - Mercure Galant - 3 avril 2009 à  17:27

Pour les adeptes du groupe, une vidéo récente de leur prestation sur scène ici.

#22679 | Répond au message #22673
Les Guns of Brixton au Nadir - jmp - 4 mars 2009 à 12:44

Je suis assez content d’apprendre dans l’interview que le dernier album comporte davantage de textes (c’était pas difficile), car le groupe a parfois été comparé à diabologum (un groupe mythique que j’adule et qui s’est partagé en deux groupes au moins aussi intéressants), un groupe où les textes ne sont pas de simples illustrations de la musique.


#22418
Les Guns of Brixton au Nadir - Mercure Galant - 4 mars 2009 à  19:24

Salut Jmp,

Je suis assez content d’apprendre dans l’interview que le dernier album comporte davantage de textes

Euh... je n’irai pas jusqu’à parler de textes, mais des paroles certainement... hurlées et même crachées par un chanteur transcendant. Par contre, je serai bien en peine de t’en parler davantage car elles sont resté inaudibles pendant le concert. Ce qui était remarquable, c’était surtout l’énergie et l’atmosphère qui se dégageaient de tous ces morceaux.

#22430 | Répond au message #22418
Les Guns of Brixton au Nadir - Mercure Galant - 9 mars 2009 à  22:51

Pour être un peu plus précis, cela reste tout de même essentiellement un album musical , avec toutefois effectivement l’ajout de paroles (en anglais ou en français) tirées de samples ou de textes minimalistes dans une veine assez sombre...

#22467 | Répond au message #22430
Les Guns of Brixton au Nadir - Juju - 4 mars 2009 à 12:43

Du coup, j’en ai profité pour réécouter Guns of Brixton des Clash, un vrai classique dub-rock qui n’a pas pris une ride !!!


#22417
Les Guns of Brixton au Nadir - Mercure Galant - 4 mars 2009 à  19:10

Bonsoir Juju,
C’est vrai...
On peut effectivement comprendre que ce groupe inspire encore les jeunes générations .

#22428 | Répond au message #22417
Les Guns of Brixton au Nadir - emmetrop - 4 mars 2009 à 12:21

merci pour l’itw

bon concert franchement, tres noise par moment, pas grand monde hélas mais au moins le peu qui était la se sont motivés (l’interwviever en faisait parti !)


#22416
Les Guns of Brixton au Nadir - Mercure Galant - 4 mars 2009 à  19:08

Bonsoir,

le peu qui était la se sont motivés (l’interwviever en faisait parti !)

Et oui, c’est ça la conscience professionnelle... On mouille la chemise quand on va au concert ! ;-)
Plus sérieusement, j’ai vraiment apprécié les sons et l’ambiance dégagés par le groupe. Je leur souhaite tout le succès possible.

#22427 | Répond au message #22416