Mobilisation à Bourges pour la Nouvelle République
A peine rentrés de vacances, les habitants du Cher se retrouvent de nouveau face à la réalité de la crise avec comme information marquante de l’été, l’annonce par la direction du groupe Nouvelle République du Centre-Ouest (NRCO) d’un plan de licenciement de 181 personnes dont 125 à La Nouvelle République (NR), le fermeture de l’édition du Cher et la mutualisation de l’édition de la Vienne avec Centre-Presse qui fait également partie du groupe NRCO. Les salariés du Cher organisent une mobilisation à Bourges, mardi 1er septembre 2009 à la veille d’une réunion du Comité d’Entreprise qui doit avoir lieu le mercredi 2 Septembre à Tours.
La suppression d’un quotidien régional présent dans le Cher depuis l’après seconde guerre mondiale n’est pas un évènement banal et démontre la gravité de la situation économique que connaît actuellement la France. La disparition de la NR va laisser la place fin Septembre 2009 à un seul quotidien régional dans le Cher puisque seul le Berry Républicain (BR) subsistera. C’est donc une très mauvaise nouvelle pour la pluralité de la presse dans ce département de 315 000 habitants où s’écoulait tout de même chaque jour 13000 exemplaires de la NR en moyenne [1].
Une mobilisation difficile et un rassemblement symbolique à Bourges
La nouvelle de ce plan de licenciement à la NR est arrivée au coeur de l’été, ne permettant pas aux salariés de se mobiliser efficacement autour de leurs actions. Les salariés du Cher se sont retrouvés littéralement sonnés par la terrible nouvelle. Une grève a bien eu lieu les 22 et 23 juillet 2009 empêchant la parution de la NR durant ces 2 jours mais il était, aux dires même de certains salariés, difficilement envisageable d’aller au-delà au risque d’aggraver la situation économique du journal voir de le pousser vers une mort certaine. À défaut de grève, les salariés de la NR du Cher ont préféré un rassemblement qui sera avant tout symbolique. En effet, les salariés ne croient pas à un retournement de situation, la direction de la NRCO campant fermement sur ses positions et refusant de revenir sur la suppression de l’édition du Cher. Tout juste certains espèrent-ils que la mobilisation des habitants du Cher pèsera dans les négociations et peut-être permettra une casse sociale moins lourde que prévu. Certains salariés espèrent un éventuel reclassement au sein du groupe. Tout les pousse donc à la prudence afin de ne pas insulter l’avenir. 45 postes sont en jeu.
La crise certes, mais pas seulement
La crise financière a précipité la chute de la NR. C’est en tous cas la version officielle. La chute des revenus publicitaires intervenue à partir de la fin 2008 a entraîné de grosses difficultés financières pour le groupe qui, dès lors, ne pouvait plus absorber les lourdes pertes de l’édition du Cher et se devait de réaliser un vaste plan d’économies avec, comme premières victimes, les salariés du groupe. Sans cette crise, la NR se dirigeait lentement vers une approche bi-média avec un gros développement autour du web qui bénéficie d’un grand nombre de lecteurs mais dont les rentrées publicitaires sont encore trop faibles. Coté syndicats, on critique fortement les choix et la lenteur de réaction de la direction de la NR face aux mutations du secteur de la presse...une direction qui n’est, bien entendu, pas concernée par le plan social.
Des cordonniers mal chaussés
Paradoxalement, les journalistes de l’édition du Cher ont été, jusqu’à ce jour, dans l’impossibilité de communiquer la situation du journal à leurs propres lecteurs, pas plus qu’ils n’ont pu utiliser leurs colonnes afin d’évoquer leur lutte. Paradoxal pour ceux qui, depuis très longtemps, mais encore plus depuis Septembre 2008, réalisent de nombreux articles sur les plans sociaux dans la région. Voilà qui en dit également long sur l’ambiance qui règne à l’intérieur de la rédaction de la NR et de l’absence totale de transparence. Quand on connaît les aides financières dont bénéficie la presse écrite, la population et les lecteurs seraient en droit d’exiger plus de transparence et de démocratie de la part de ces entreprises de presse qui sont justement un des piliers de la vie démocratique.
Espoir d’un fort soutien
Autant dire que les salariés de la NR du Cher comptent sur une forte mobilisation de la part de la population et des élus. Un blog des salariés de la NR a été ouvert dès le 21 juillet afin de fédérer au mieux les soutiens venus de tous bords, lecteurs, élus et population. Les salariés de la NR ont reçu de nombreux soutiens d’élus dont ceux de Remy Pointereau [2], Irène Félix [3], Yannick Bedin [4] pour le Cher. Pour autant, tous les élus ne seront pas forcément très tristes de la disparition de la Nouvelle République dans le Cher à l’image du député UMP du Cher Yves Fromion qui, dans un courrier de 3 pages daté du 28 juillet 2009 adressé à Bruno Becard [5] suite à un article de la NR qui lui avait déplu [6], a ces mots : "La logique du sensationnel, du racoleur, du vendeur s’est imposée à la Nouvelle République. Elle en meurt ...hélas !". Le ’...hélas !’ dans le contexte est alors lourd de sens. Cet épisode montre, s’il en était besoin, la pression que subit la presse de la part des élus locaux et donc tout l’intérêt pour la population de posséder une presse qui ne soit pas aux ordres, quitte à déranger quelques susceptibilités. La disparition de l’édition du Cher de la NR sera forcément synonyme d’un affaiblissement de la démocratie locale. À l’Agitateur, nous ne pouvons nous y résoudre.
Le rassemblement organisé par les salariés de la Nouvelle République du Cher aura lieu à Bourges, mardi 1er Septembre 2009 à 12h30, devant les marches de la Maison de la Culture de Bourges, place André Malraux