Burger : sans frite mais avec la sauce !
Dans un article intitulé « le mix ouzbek et électro divise le public » paru dans son édition du lundi 18 janvier, le Berry Républicain évoque, en quelques lignes, un concert récemment programmé par la Maison de la Culture à l’auditorium : Planétarium projet ouzbek qui a - semble-t-il -laissé une partie du public sur sa faim… L’Agitateur était présent dans la salle et vous propose sa propre version de l’événement.
On prend ses marques...
À franchement parler, cette soirée à l’Auditorium débuta dans une ambiance morose, un peu guindée, typique des spectacles organisés par la Maison de la Culture. Dès les premières minutes on risquait même de se faire sermonner par une espèce de cerbère, signalant aux étourdis l’interdiction formelle de prendre des photos pendant le spectacle. Ah, c’est qu’on ne rigole pas avec les gens de la MCB ! Chacun à sa place pendant l’office ! Seul un photographe dûment accrédité (celui du BR) a le droit d’appuyer sur le déclencheur. Pendant la représentation, les spectateurs, eux, sont aimablement invités à regarder, à écouter et à la fermer … Bref, tout ça pour justifier la présence d’une seule photo originale - moche et floue de surcroît - en illustration de cet article de circonstance.
On lit le programme...
Il faut noter que certains spectateurs étaient sans doute là pour revisiter leurs vieux souvenirs. Le nom de Rodolphe Burger leur rappelant la belle époque de l’arrivée de Kat Onoma sur la scène musicale française dans les années 80. Quand un prof de philo se reconvertissait en leader de groupe rock... Le temps d’une chanson, Burger lancera effectivement un clin d’œil à cette période. Mais Kat Onoma n’existe plus depuis longtemps déjà. Rodolphe Burger poursuit dorénavant une carrière solo enrichie par de nombreuses rencontres et par des expériences musicales très diversifiées. Depuis 2003, le projet Planétarium , avec son vieux complice Yves Dormoy, a permis de multiplier les performances avec la volonté de présenter, sous un jour nouveau, des musiques dites "ethniques".
On écoute et on regarde...
C’est justement Yves Dormoy qui arrive le premier sur scène, suivi des musiciens qui composent ce « Planétarium projet ouzbek » : Mamur Zilolov qui joue du târ , Jamal Avezov du violon et Shuhrat Khlkhojaev du tambûr .
Lorsqu’au morceau suivant, Rodolphe Burger entre à son tour, sa grande silhouette dégingandée à la Higelin, ne passe pas inaperçue. Quand il s’assoit, pose sa voix grave, puis son jeu de guitare si particulier, on n’a pas besoin de tendre l’oreille. Le son est bien présent. Trop peut être.
Comme souvent dans ce genre de concert, on fixe d’abord son attention sur les instruments qui ne nous sont pas familiers. On les observe, on capte les sonorités, et l’on tente de s’immerger dans une ambiance. Ici c’est pourtant plus difficile en raison de l’omniprésence de la boîte à rythmes du chef d’orchestre de la soirée, Yves Dormoy … Le mélange des genres musicaux est un exercice d’équilibre délicat. On risque souvent d’obtenir une soupe insipide où l’apport des instruments traditionnels est noyé sous les "beats" électroniques et les "riffs" saturés. Ce fut malheureusement le cas sur quelques morceaux. Mais d’autres, au contraire, permirent de mettre en avant la richesse sonore de chaque instrument et la dextérité des musiciens. On peut donc comprendre l’avis mitigé des spectateurs.
On donne notre verdict…
Ce concept de musique "électro-ethnique" est sans doute esthétiquement discutable. Mais quand on assiste au spectacle, on constate qu’à l’évidence, les musiciens éprouvent de la joie à jouer ensemble et réussissent même à plusieurs reprises à communiquer leur enthousiasme . Ce n’est déjà pas si mal. Certes, Rodolphe Burger ne dégage sans doute plus la même "frite" qu’à l’époque de Kat Onoma, mais au moins, il y a la sauce... Et si cette "mayonnaise" n’a pas pris pour l’ensemble de la salle, il ne faut pas en conclure que le concert était sans saveur. On n’en voudra donc pas au grand Rodolphe, qui reste incontestablement un véritable artiste, doublé d’un type généreux, fonctionnant au coup de coeur.
Quelques passages précédents de Rodolphe Burger à Bourges :
Printemps de Bourges 1992:avec Kat Onoma à la salle Germinal.
Printemps de Bourges 2006 : Soirée hommage à Serge Gainsbourg, His Initials SG .
Festival Bandit mages 2006 : projet « Planétarium » déjà.