Conseil municipal, 26 février 2010 (suite)

2. Le Plan Communal de Sauvegarde de Bourges, un plan culte
mercredi 3 mars 2010 à 12:23, par Cyrano

Lors du conseil municipal de janvier, la discussion sur la Plan Communal de Sauvegarde avait été reportée pour que les conseillers municipaux puissent en disposer et potasser le pavé de 200 pages et... d’un gigaoctet.

D’après ce que j’ai compris...

Selon divers textes réglementaires, une commune ayant au moins un risque naturel, technologique ou autre se doit de publier un Document d’Information Communal sur les Risques Majeurs (DICRIM). Ce document à destination de la population doit être rédigé dans un souci de vulgarisation : quels sont les risques auxquels peut faire face la commune ? quelles mesures doit-t-on prendre ?

Une commune astreinte à la publication d’un DICRIM se doit d’élaborer un Plan Communal de Sauvegarde (PCS). C’est un document technique qui décrit en fonction des risques connus les diverses mesures que peut prendre la commune (information population, alertes, protection personnes, etc.) : c’est ce PCS dont la présentation a été reportée le mois dernier au conseil municipal de février :
« Après le Document d’Information Communal sur les Risques Majeurs (DICRIM) destiné à informer la population et à lui permettre de bien réagir, le Plan Communal de Sauvegarde est un document à usage interne permettant la mise sur pied rapide d’une cellule communale de crise. » Serge Lepeltier, préface au Plan Communal de Sauvegarde de la ville de Bourges.

Le DICRIM de Bourges peut être consulté via le site Portail DICRIM qui recense les documents DICRIM publiés par les diverses communes. J’avoue que je ne sais pas comment on peut trouver ce document en cherchant sur le site de la ville de Bourges.. Mais, via le site Portail DICRIM on a accès au DICRIM de Bourges.

Nous, à Bourges, on a un gros PCS de plusieurs centaines de pages, c’est ça être riche - tant pis pour les jaloux. [1]

Si vous découvrez cette histoire de PCS, relisez les diverses interventions de l’article "Les Hics du Numérique". Ce PCS ne justifiait pas de vote : le Conseil Municipal prenait simplement acte de sa communication aux conseillers.

Secret-défense

Il n’y a qu’Irène Félix qui semble avoir pris le temps de s’avaler le gros pavé, puisque il n’y a qu’elle qui fera des remarques. C’était pas la peine de rouincher que y’avait pas communication du document pour finalement n’avoir rien à dire. Irène Félix s’étonne que la documentation soit « très pauvre » pour les établissements présentant des risques Seveso niveau haut (haut !), au prétexte que ces établissement travaillent pour la Défense nationale.

Jugez par vous même. Dans la rubrique "Risques technologiques", on peut constater les entreprises classées SEVESO seuil haut suivantes :

Pour les risques pyrotechniques, on a :
 Nexter Munitions Guerry, à Bourges
 Nexter Munitions La Chapelle, à La Chapelle Saint Ursin
 MBDA, situé sur Le Subdray
Pour les risques Stockage produits phytosanitaires et liquides inflammables, on a :
 VIA Logistique, aussi au Subdray.

Et quel genre de risques, en particulier, à part les formules vagues des intitulés des risques ? On sait juste que "L’ensemble de ces entreprises ont fourni un Plan Particulier d’Intervention (PPI) qui est activé en cas d’incident grave sur leur site" (sauf VIA logistique, il semble : y’a noté "PPI en cours de réalisation au 09/07/09" - y’a 6 mois ?... depuis ce n’est pas fait ?).

Mais encore ? à part le PPI de l’entreprise, et pour la ville de Bourges ? Stooop, y’a écrit : "D’autre part, le fait que les entreprises Nexter Munitions et MBDA travaillent étroitement avec le Ministère de la Défense, peu d’informations seront communiquées."

Circulez, rien à voir. C’est rassurant, alors que voici deux semaines on a trouvé un missile, ou une maquette de missile (qui le sait vraiment ?) dans un champ, à côté de Bourges...

Secret des Dieux

Et dans le DICRIM de Bourges ? Bien que ça s’intitule "Document d’Information...", on n’en sait pas plus. Sauf que l’entreprise VIA Technologies, elle, eh bien n’y est pas même pas mentionnée. Par contre, dans ce DICRIM, pour les risques industriels, en plus de NBDA et Nexter, on trouve : E.T.B.S, Brabant Chimie, DDE Laboratoire. Et alors, c’est dangereux ? on sait pas, y’a pas de détails et.. le Plan Communal ne les mentionne pas... Vraiment de plus en plus rassurant !

Une émeute ? Non, monsieur le maire, une voiture qui brûle

Irène Félix trouvera aussi que les procédures listées pour les émeutes urbaines ne lui semblent pas adaptées. Emeutes ? Si, mais si, notre PCS évoque aussi la possibilité d’émeutes - ils pensent à tout, à Bourges... Oyez, rubrique "Emeutes publiques" (une émeute pas publique, mais "privée", ça serait quoi ?). On lit, dans un très bref rappel historique, que en octobre-novembre 2005, des émeutes ont affecté la plupart des grandes villes de France, suite à la mort de deux adolescents dans un transfo, à Clichy-sous-Bois. Y’a une carte de France des émeutes et un graphique des voitures incendiées en octobre-novembre.

Et Bourges ? Rien, même pas un rappel des incidents durant cette période. On ajuste une liste des endroits sensibles : les quartiers classés ZUS (Zone Urbaine Sensible) : Aéroport, Prado, Bigarelles, puis les quartiers en ZFU (Zone Franche Urbaine) : Bourges Nord, La Chancellerie, Turly, Les Gibjoncs. Le PCS prend soin de mentionner que "les cadres d’astreintes doivent demander une escorte policière lorsqu’ils interviennent en ZFU-ZUS."

Alors, si y’a émeute, on fait quoi ? Fastoche : "Le Plan Communal de Sauvegarde peut être déclenché lors d’émeutes urbaines dans des quartiers sensibles, ou lors de débordements importants autour de manifestations. Il est extrêmement important de contenir au maximum ses débordements car ils peuvent occasionner des dommages aux biens, mais également porter atteinte à l’intégrité physique et mentale d’un certain nombres de personnes."

Et si on déclenche ce satané Plan Communal, on fera quoi ? On ne sait pas, on sait juste que ça va se déclencher... Si ça fait pas peur aux futurs émeutiers, ch’ai pas c’qu’il leur faut !...

La sirène ? c’est pour de rire

Bref, on verra tout ça à l’usage puisque le Maire l’a dit : « Nous allons faire des exercices de simulation. » On va s’marrer. Qui, parmi les conseillers de la majorité, va se dévouer pour brûler la Toyota hybride du maire, hummm ?

Et ensuite ? Rien. A part l’intervention d’Irène Félix, rien... Le PCS de la ville a donc été communiqué aux conseillers municipaux. Greffier, notez ça.

[1Le PCS de Nancy intègre dans un même document le DICRIM en exergue et ensuite le PCS : 49 pages, fichier pdf de 2,9 Méga-octet. Le PCS de Metz est plus volumineux : 69 pages, fichier pdf de 12,6 Méga-octet - sans le DICRIM proposé en pièce jointe. Le PCS de Saint-Raphaël dépasse les 100 pages : 141 pages (y compris le DICRIM de 20 pages intégré en fin de document), fichier pdf de 4,1 Méga-octet.


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