Sushi de sieverts

lundi 28 mars 2011 à 20:26, par B. Javerliat

Dimanche 27 mars 2011, Tepco [1] annonce avoir mesuré des taux de radioactivité « 10 millions de fois supérieurs à la normale » dans la centrale de Fukushima. 10 millions de fois, panique dans les chaumières ! Le soir même, devant l’effroi provoqué par cette annonce, Tepco publie un communiqué expliquant piteusement s’être trompé, et que la valeur réellement mesurée n’est que de 1000 millisieverts.

Ouf, on respire !

Au fait, c’est quoi des millisieverts ? En cherchant un peu, on apprend que le sievert est une unité de mesure de la radioactivité. En cherchant un peu plus, on apprend qu’habituellement on mesure 100 nanosieverts par heure dans l’environnement [2].

Sushi de sieverts

Je sais pas vous, mais je crois me souvenir qu’on m’a appris à l’école que 1000 "milli quelque chose", ça fait 1 "quelque chose". Et que "1 nano quelque chose", ça fait un milliardième de ce quelque chose.

Donc 100 nanosieverts ca fait 100 milliardièmes de sievert, soit 10 millionièmes de sievert (100x10-9 = 10-7). Le chiffre de 1000 millisievert (1 sievert) est bien 10 millions de fois supérieur à la radioactivité ambiante et Tepco ne s’était pas trompé.

Mais devant l’énormité de la chose (ou de la dose), Tepco a été priée de publier des chiffres beaucoup moins effrayants et, surtout, que personne ne comprend s’il ne cherche pas un peu.

Vous reprendrez bien un peu de sushi ?

Voir en ligne le Petit cours d’auto­défense intellectuelle de Normand Baillargeon

[1Tokyo Electric Power opérateur de la centrale nucléaire de Fukushima

[2103 nanosievert par heure le 06/05/2010 a Neuvy sur Loire par exemple


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commentaires
Sushi de sieverts - Eulalie - 5 mai 2011 à 20:58

Le gouvernement Japonais et Tepco ont défini (le 23 avril je crois) le débit de dose légal aux environs de Fukushima à 3,8 mSV/h pour les enfants et les adultes (Soit 20 mSv/an,).1,5 mSv/h est 10 mille fois supérieur à la normale, comme il est dit dans cet article. Cette valeur était déjà très préoccupante : en 40 minutes de présence une personne reçoit du seul fait de l’irradiation externe une dose égale à la limite maximum admissible sur un an, soit 1 mSv/an.

Rappelons que les limites de dose (doses dites efficaces ou au corps entier) sont de 1 mSv/an pour les personnes du public et de 20 mSv/an pour les travailleurs les plus exposés. Elles ne correspondent pas à des niveaux de non risque mais de risques maximum admissibles. Par exemple pour 100 000 personnes exposées à 1 mSv, on s’attend à 5 décès par cancers radio-induits.

Donc le Gouvernement Japonais et Tepco fixent un débit de dose pour "ses" enfants 30 000 fois supérieure environ à la normale et ne les évacue pas.

C’est une des raisons pour lesquelles le conseiller nucléaire du gouvernement a démissionné.

Cette info, à ma connaissance, ne circule que sur internet. Je n’ai rien lu dans nos journaux, rien vu aux infos, entendu à la radio.


Sushi de sieverts - Eulalie - 5 mai 2011 à  23:54

Des organisations anti-nucléaires, citoyennes japonaises ont demandé à rencontrer le gouvernement pour savoir comment cette décision avait été prise et pourquoi puisque le gouvernement affirme qu’il n’y a aucun besoin de décontamination des sols, de la nourriture, alors que cette dose "limite" est une mesure pour les adultes en cas d’extrême urgence . Bien sûr, l’objectif de ces organisations est le retrait de cette dose standard et de réelles mesures de sécurité pour les enfants. Le compte-rendu de cette rencontre, en anglais, sur le site d’une de ces organisations : Green Action

où l’on peut comprendre (même si on n’est pas une bête en anglais) que les représentants du gouvernements et d’instances nucléaires répondent tout et son contraire aux questions des organisations et mentent mentent mentent....ce qu’on savait déjà, certes, mais ce site donne à mon sens plus les réalités de l’attitude du gouvernement vis-à-vis de la population que les "infos" qui nous "parviennent" de ce pays si loin de la France.

Répondre à ce message #32273 | Répond au message #32272
Sushi de sieverts - bombix - 31 mars 2011 à 16:16

Des photos haute définition du site de de Fukushima-Dai-ichi, après la catastrophe. Impressionnant !


Sushi de sieverts - Eulalie - 30 mars 2011 à 12:15

Bizarre. L’IRSN (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire) s’était lui aussi planté dans son bulletin d’information du 29 mars sur ses mesures de radioactivité en France. Il indiquait ses mesures d’iode 131 en Bq/m3. Or, il s’agissait de mBq/m3. Il a donc corrigé son bulletin d’information.

Bon, mais quand même, ça parait curieux que des professionnels, spécialistes, scientifiques du nucléaire se trompent carrément d’unités de mesures dans un bulletin d’information en pleine catastrophe nucléaire. Comme s’il était possible d’écrire par erreur 100 litres d’eau, au lieu de 100 ml d’eau. Je trouve ça suspect ces erreurs de mili-sieverts et de mili- becquerel, en même temps au Japon et en France.


Sushi de sieverts - Eulalie - 30 mars 2011 à  17:01

Pour comprendre (ou presque) les différentes unités de mesures de la radioactivité, Areva, sur son site, explique les Becquerels, les Siverts et les Gray.

" Le becquerel (Bq) mesure l’activité de la source radioactive, c’est-à-dire le nombre d’atomes qui, par unité de temps, se transforment et émettent un rayonnement.
1 Bq = 1 émission de rayonnement par seconde.
Il s’agit d’une très petite unité et l’on utilise souvent ses multiples :

* 1 MBq = 1 méga becquerel = 1 000000 Bq
* 1 GBq = 1 giga becquerel = 1 000000000 Bq
* 1 TBq = 1 téra Becquerel = 1 000000000 000 Bq

La radioactivité d’un milieu, d’un matériau, d’un aliment, s’exprime en becquerel par kilogramme ou par litre.
"

En Europe, suite à une catastrophe atomique à des milliers de kms, les résultats de cette mesure en becquerels sont donc exceptionnellement utilisables par leur sous-multiple. Au Japon, on évite de leur parler en becquerels.....On leur parle donc en Sievert, donc en milli, ça fait plus petit.... :

  Le sievert (Sv) évalue les effets des rayonnements ionisants sur la matière vivante. A dose égale, les effets de la radioactivité sur les tissus vivants dépendent de la nature du rayonnement (alpha, bêta, gamma...), de l’organe concerné et bien sûr du temps d’exposition.
Contrairement au becquerel, le sievert est une unité très grande dont on utilise couramment des sous-multiples :

* 1 mSv = 1 millisievert = 0,001 Sv
* 1 µSv = 1 microsievert = 0,000001 Sv

  Le gray (Gy) mesure la dose absorbée, c’est-à-dire l’énergie cédée à la matière par les rayonnements ionisants lorsqu’ils la traversent.
1 Gy = 1 joule par kilogramme
Les sous-multiples les plus utilisés sont :

* 1 mGy = 1 milligray = 0,001 Gy
* 1 µGy = 1 microgray = 0,000001 Gy
* 1 nGy = 1 nanogray = 0,000000001 Gy

Leur parle t-on de Gray ? En Europe, y’a t-il lieu de faire des mesures en Gray, Siverts puisque l’activité de la source radioactive serait infinitésimale ?

En lien, le site d’Areva dont j’ai repris les définitions, site néanmoins remarquable par la fraîcheur de ses dessins pédagogiques pour expliquer la radioactivité.

Répondre à ce message #31929 | Répond au message #31927
Sushi de sieverts - Eulalie - 31 mars 2011 à  00:09

Quand on parle de radioactivité, nous avons souvent tendance à mélanger deux termes : contamination et irradiation.L’irradiation ou radiation s’exprime en Bq/m3. La contamination s’exprime en mSv ou mSv/h.
Voici par exemple les doses actuellement tolérées dans les différents secteurs contrôlés d’une centrale nucléaire française :

 zone bleue : de 0.0025 à 0.0075 mSv/h

 zone verte : de 0.0075 à 0.02 mSv/h

 zone jaune : de 0.02 à 2 mSv/h

 zone orange : de 2 à 100 mSv/h

 zone rouge : >100 mSv/h

Une petite dose de rayonnement s’accumulant durant des mois devient rapidement fatale. Un seuil de 1 mSv/h jugé critique mais tout à fait tolérable durant quelques heures correspond à une dose annuelle d’environ 9 Sv par individu, une dose qui dépasse largement le seuil de tolérance de nos tissus (source : Luxorion). A raison de 1000 mSv (par heure ? par an ?) dans la centrale nucléaire de Fukushima, l’espèrance de vie des techniciens est donc des plus réduites. Or, Tepco compte sur eux pour retourner au turbin après une hypothétique et délirante évacuation de l’eau contaminée par un sous-marin américain....(voir la presse de ce jour)

Selon le dernier communiqué de laCriirad, ce jour à 18h, concernant la population japonaise (la Criirad s’exprime, elle, en micronSieverts) :
"Les débits de dose sont multipliés par 10 à bien plus de 100 km de la centrale nucléaire, par 100
à quelques 60 ou 70 km de distance et quand l’on considère un périmètre d’une cinquantaine
de kilomètres certaines valeurs dépassent de 1 000 fois le niveau normal. Il s’agit là de zones où
les populations n’ont été ni évacuées, ni confinées. Et ces niveaux d’exposition ne
correspondent pas à des élévations ponctuelles des flux de rayonnements. Rappelons qu’une
valeur de 8 μSv/h (qui ne constitue pas un maximum) correspond à 64 μSv pour 8 h de
présence et à 1 152 μSv sur 18 jours, soit une valeur supérieure à la limite de dose maximale
admissible sur 1 an (1 mSv). Et si les gaz radioactifs ont pénétré, comme nous le pensons, à
l’intérieur des habitations, il faut calculer les doses d’exposition externe sur la base de 24 h/jour
(on arrive alors à plus de 3 mSv/an, soit 3 fois la limite de dose maximale admissible sur 1 an
)"

PS : en France, le taux en mBq exprimé et communiqué par l’IRSN correspond à un résultat sur un échantillon d’analyse. C’est pourquoi c’est en milli.

Répondre à ce message #31932 | Répond au message #31929
Sushi de sieverts - Eulalie - 2 avril 2011 à  12:22

Les emissions radioactives de Fukushima : interview de Roland Desbordes, président de la Criirad, 31 mars.

Répondre à ce message #32043 | Répond au message #31927
Sushi de sieverts - DarekDysiast - 30 mars 2011 à 11:52

Comme disent les internautes japonais : T_T’’


Sushi de sieverts - 29 mars 2011 à 09:23

TEPCO tente de maîtriser la communication et l’arithmétique :

1000 mSv / h = 1000 x 24 x 365 = 8 760 000 mSv / an.
En France, l’irradiation artificielle ne doit pas dépasser 1 mSv / an d’après le code de la santé publique.
Ainsi, les flaques d’eau à Fukushima ne sont que huit millions sept cent soixante mille fois plus radioactives que la limite légale autorisée.
Alors pourquoi affoler les badauds avec des chiffres fantaisistes ?


Sushi de sieverts - 28 mars 2011 à 21:57

+1 pour votre raisonnement tout à fait "pied sur terre"

il faudrait y ajouter que si vous restez pendant 1/4 d’heure dans un environnement ou vous prenez une dose de 0.5 Sv (sievert) vous avez de fortes probabilité de mourir d’une forme ou d’une autre de cancer d’ici 20-30 ans.

en courte exposition reçues sur une période très courte :

au delà de 1 sievert (1000 mili sievert), on parle en Gy (Gray) qui est une mesure "équivalente"
et 1 Gy ou 1000 mili sievert c’est le mal des rayons

2 Gy à 4 Gy se sont les lymphocyte et les globules blanc qui diminue fortement

5 Gy 50% de morts

10 Gy diarrhées hémorragies....mort (10 000 mili sievert environ)

20 à 40 Gy mort instantanée...ou presque...

source wiki : http://fr.wikipedia.org/wiki/Sievert


Sushi de sieverts - bombix - 28 mars 2011 à 21:39

Oui, et pour bien se représenter les choses, il faut considérer que 1000 mSv correspond à une dose qui provoque des troubles sanguins. A 500 mSv, on a des nausées. A 5000 mSv, on décède un mois après l’exposition, pour une personne sur deux.
La dose moyenne subie par les liquidateurs de Tchernobyl était de 117 mSv, soit dix fois moins que la dose annoncée le 27 mars. A 100 mSv, la probabilité de développer un cancer augmente sensiblement. On autorise 20 mSv de dose annuelle pour les travailleurs du nucléaire ...

Je tire ces données d’un cahier spécial consacré au nucléaire paru cette semaine dans Le Point. Dossier plutôt pas mal fait. "Le mensonge est au cœur de l’atome depuis l’envoi, par A. Einstein, le 02 aout 1939, de la célèbre lettre dans laquelle il informe le président Roosevelt que, grâce à l’uranium, il est désormais possible de fabriquer des bombes extrêmement puissantes et d’un type nouveau. À partir de cette date, les dissimulations n’ont pas cessé, telle une réaction en chaîne. Comme au Japon, où les mensonges à répétition des différents exploitants nucléaires, surtout de Tepco, opérateur de la centrale de Fukushima, ont ébranlé, au fil des années, la confiance des Japonais envers cette industrie ..." (Soixante ans de mensonges d’Etat, Le Point, 24 mars 2011, p. 80)

Tout est dit ... Dans Mediapart, un article de Michel de Pracontal expose : « Dès 2006, le sismologue Ishibashi Katsuhiko s’inquiétait de la vulnérabilité des centrales nucléaires japonaises et claquait la porte d’un comité d’experts. Ses avertissements n’ont pas été entendus. Ils décrivent exactement ce qui est en train de se produire. »

Mais sommes nous prêts à réviser nos modes de vie et de consommation ? Et puisque nous sommes sur internet, petit rappel :

La vie numérique et connectée que nous vendent Minatec, Minalogic et les boîtes pour lesquelles travaillent les ingénieurs grenoblois contient, parmi ses multiples promesses, celle des futures catastrophes nucléaires. Voyez plutôt :

 chaque recherche sur Google brûle autant qu’une ampoule basse consommation pendant une heure .
 les technologies de l’information et de la communication (TIC) gaspillent 13,5 % de la consommation électrique française (soit 58,5 TWh) ; les téléviseurs à écran plat et leurs périphériques (décodeurs, équipement TNT) constituent le coût le plus important. Avec un taux de croissance moyen de 10 %, les TIC pèseront pour 20 % de la consommation d’électricité française dès 2012 - soient 9 réacteurs nucléaires.
 la consommation d’électricité dans le secteur résidentiel de l’Union européenne a crû ces dernières années à un rythme comparable à celui du PIB global (10,8 %). Cette demande croissante est due à l’usage généralisé d’appareils comme le lave-vaisselle, le sèche-linge, le climatiseur, l’ordinateur personnel, et à l’essor de l’électronique grand public et des équipements informatiques et de communication - décodeurs, lecteurs de DVD, équipements à haut débit et téléphones sans fil (source : Reuters).
 en 2006 les « datacenters » (qui hébergent des serveurs informatiques et équipements de télécommunications) aux Etats-Unis ont consommé 61 milliards de kWh - l’équivalent de la consommation du Royaume-Uni en deux mois – soit deux fois plus que cinq ans plus tôt .
 selon un chercheur de l’université de Dresde, Internet consommera dans 25 ans autant d’électricité que l’humanité en 2008 (source : www.dotgreen.fr).

Pièces et Main d’Oeuvre : Catastrophe nucléaire, on vous l’avait bien dit