L’histoire d’un concert annulé
C’est les dents serrées et les poings fermés que nous vous annonçons que le concert « Faces Grillées Productions » qui devait se dérouler samedi 22 mars 2003 à 15h à proximité de l’Ilot Victor Hugo dans le cadre de la Fête de l’Internet 2003 est annulé. La ville de Bourges n’avait pas les moyens techniques ( ! ! ! !) ou financiers ( ! ! ! ! ! !) pour la sonorisation de la scène. Et comme le comité d’organisation de la Fête de l’internet à Bourges n’a pas un rond…
Tout le monde s’était investi pour limiter au maximum le coût du concert : les groupes jouaient sans cachet (y compris les pointures comme DBH et DJ Ness), la Sacem ne demandait pas un centime d’euro, la scène couverte nous était gracieusement fournie, et nous avions obtenu un devis à prix sacrifié pour une sonorisation top niveau. Il manquait donc juste un petit coup de pouce pour que tout se passe comme sur des roulettes. Mais non, la ville aux deux arobases(interdiction formelle de pouffer de rire ! ! !) n’a jamais voulu cracher 1000 malheureux euros. Il faut dire que vu la grosse dizaine de millier d’euros investie par la ville dans la location du Pavillon pour « son » tournoi de jeu en réseau (quel rapport avec la fête de l’internet ?), et le coût des dizaines de milliers d’affiches et flyers en quadrichromie… il ne restait plus grand chose pour les autres. Le pire est que ce tournoi sera la seule manifestation payante de cette fête de l’internet à Bourges ! Les contribuables payent donc deux fois !
Et puis il convient tout de même de s’interroger : le rôle d’une municipalité est-il de se comporter comme un organisateur de spectacle ou d’encourager les initiatives citoyennes et associatives de ses électeurs ? Alors voilà, on attendait entre 500 et 700 personnes à ce concert pour un coût de 1000 euros. Il y aura 150 personnes au Pavillon pour un coût global que l’on peut estimer au bas mot à 10.000 euros. Les boules !
Remercions également le Conseil Général du Cher pour sa subvention de zéro centime d’euro qui montre ainsi que sa campagne d’affichage pour donner aux jeunes « l’envie d’agir » n’est pas uniquement une énième entreprise de propagande aux frais du contribuable.
Le concept que nous proposions avec retransmission en léger différé était pourtant intéressant. Il y a quelques années, l’internet avait provoqué des polémiques ahurissantes de la part des grosses maisons de disques qui estimaient que la musique en ligne allait sonner l’arrêt de mort des maisons de disques et assassiner les artistes. Or, aujourd’hui, on constate au contraire que l’internet est un moyens pour les jeunes artistes de faire connaître leur musique et s’exprimer en passant outre les maisons de disques qui ne jouent plus leur rôle de défricheurs de talents (préférant les coups montés d’artistes préfabriqués), mais aussi des radio et télévisions qui sont subordonnées aux maisons de disques. Le moindre petit groupe dispose de son propre site internet pour diffuser sa musique. Cela agace certainement les éditeurs (et la sacem !), mais ils l’ont peut être bien cherché. Seuls les artistes multimillionnaires peuvent estimer qu’ils ont un manque à gagner du fait de l’avènement de l’internet. Les autres trouvent avec l’internet un moyen d’exister et de s’auto-produire, de nouer des contacts et de décrocher des contrats.
Il y aura tout de même une Fête de l’internet à Bourges pour l’édition 2003 malgré un budget qui dépasse à peine 1000 euros (incroyable pour une ville de 80.000 habitants, fière de ses deux arobases), et qui sert essentiellement au frais de déplacement des intervenants (bénévoles malgré leurs CV souvent prestigieux). Quant à une éventuelle édition 2004, il appartiendra à la mairie de Bourges d’afficher une réelle volonté d’encourager et accompagner le dévouement des bénévoles.