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St-Malo, Route du Rock 2003

La route du grand large.

jeudi 21 août 2003 à 09:06, par Mister K

Après la canicule de la première quinzaine d’août sur l’ensemble de la France, c’est à St-Malo, à la Route du Rock que nous sommes allés chercher une nouvelle fois un peu de fraîcheur. Une fraîcheur climatique, certes, mais surtout une fraîcheur musicale. Et cette année, elle nous est venue en grande partie du grand nord canadien, dont la scène musicale bouillonnante fait des étincelles depuis quelques temps.

De l’électronique face à la mer.

Au programme de cette édition 2003, outre le beau temps (pas de refus après les déluges connus en 2002), un nouveau lieu, le Palais du Grand Large, s’est ajouté aux lieux existants, la plage pour les mix de l’après-midi, et le fort de St-Père pour les concerts du soir. Outre l’objectif de ramener un peu de l’activité du festival à St-Malo même, l’ajout de ce lieu a permis de programmer des groupes dans un cadre plus intimiste (salle de 450 places face à la mer et au Fort National), un cadre plus adapté à leur musique. Et le pari est plus que gagné puisque les six concerts programmés ont affiché quasi-complet et se sont révélés être de grandes réussites.

Pour notre part, nous retiendrons plus particulièrement les prestations de Christian Bagnalasta alias Stuntman 5 dont les mélodies rythmées des guitares triturées nous ont charmées mais également les Canadiens de Manitoba (équipés pour l’occasion de vestes rouges et de masques de chats) dont le mariage entre rock et électronique a fait mouche, ainsi que les Belges de Styrofoam qui ont distillé une pop matinée d’électronique des plus envoûtante.

Quant à la Japonaise Tujiko Noriko (accompagnée par Lionel Fernandez), si sa musique a éveillé en nous une grande curiosité, mélangeant des mélodies minimalistes, bruits venants d’une autre planète et un chant (magnifique) qui se rapproche étrangement de celui de l’Islandaise Björk, sa prestation scénique qui consiste (pour caricaturer) à allumer son ordinateur portable et à lancer les morceaux en quelques clics, nous a plutôt dérouté. La loi du genre sans doute.

Rien à signaler de particulier en ce qui concerne Four Tet et Prefuse 73 dont les prestations nous ont laissé assez indifférent, et ce malgré la bonne réputation qui les précédait.

Du rock fort à Saint-Père.

Conséquence d’une programmation largement électronique au Palais du grand large, les concerts du soir au Fort de Saint-Père se sont révélés nettement plus rock que l’année précédente. La tendance actuelle d’un retour au rock brut n’y est peut-être pas pour rien non plus.

Du côté des têtes d’affiche, Death in Vegas, 2 Many DJ’s et Grandaddy ne nous ont pas déçus. Il faut à cela ajouter une bonne surprise concernant les Ecossais de Travis dont on craignait le pire, et qui s’est avéré finalement être un groupe plutôt sympathique, distillant un rock mélodique et énergique, engagé, plein de fraîcheur.

Si la grande coupure d’électricité de New York nous a empêché de découvrir Calla et Fat Truckers, cette édition 2003 de la route du rock nous a permis de découvrir notamment les Canadiens de Broken Social Scene et Hot Hot Heat, les Allemands de Ms John Soda, et les Français de Syd Matters et M83. Mention spéciale à Ms John Soda dont le mariage électronique et pop/rock parfois détonant, le tout allié à la douce voix de Stefanie Böhm ont envoûté nos oreilles. Hot Hot Heat, dans un rock brut de décoffrage, nous ont également convaincus de leur sincérité, bien loin des poses des Strokes. Du côté des déceptions, on notera Black Dice (set de 25 minutes à mourir d’ennui) et Playdoh. La musique de Buck 65, malgré une prestation scénique plutôt drôle, ne laissera que peu de souvenir. Ce qui n’est pas le cas de la prestation très hot des Yeah Yeah Yeah. Dommage que le groupe ait une belleuse en mini-shirt léopard en guise de chanteuse. Cette dernière, à force de cris répétés a fini par nous saouler. C’est bien dommage pour la musique du groupe qui pourrait, à part cela, valoir le détour.

Vivement l’année prochaine.

Le bilan artistique de cette édition 2003 est donc plus que positif. De belles découvertes, du beau temps, que demander de plus ? Une aussi belle édition 2004. Edition qui pourrait bien être compromise suite à une baisse de fréquentation (14000 spectateurs au lieu des 17000 l’année précédente), une baisse conséquente des subventions de la ville de St-Malo et une perte de sponsors liée à la loi anti-tabac. Il se murmure même que la 14ème route du rock pourrait quitter St-Malo. Espérons qu’il n’en sera rien.