MUNICIPALES 2008

Irène Félix : l’union de la gauche par la force ?

vendredi 28 septembre 2007 à 22:21, par Charles-Henry Sadien

Désignée officiellement candidate du Parti Socialiste pour les élections municipales à Bourges, Irène Félix entame une période délicate de sa campagne en tentant un passage en force pour s’imposer candidate de « l’union de la gauche ».

Irène Félix : l'union de la gauche par la force ?

L’union de la gauche devra se faire obligatoirement à partir du programme que le Parti Socialiste affirme préparer depuis deux ans. Pas de programme commun, donc. De plus, la tête de liste ne pourra être une autre personne que Irène Félix, qui juge « légitime » sa candidature et « inconcevable » qu’il y en ait une autre à gauche. Voilà des conditions qui laissent une marge de manoeuvre assez étroite aux hypothétiques partenaires de la gauche qui ont déjà le sentiment d’avoir été placés devant le fait accompli. Une méthode qui ressemble à s’y méprendre avec celle du maire sortant à qui il est souvent reproché de décider d’abord et de faire semblant de discuter ensuite. Malgré une stratégie pouvant apparaître comme assez autoritaire et un brin égocentrique, Irène Félix a tenté de développer un discours rassurant en expliquant que son programme comporte des valeurs communes à tous les partenaires de gauche et qu’elle entend aller au devant des associations et de la société civile pour écouter et affiner ses propositions.

Sources : Le Berry Républicain, blog de Irène Félix.

commentaires
Tout est bien qui finit bien - Zelda - 2 octobre 2007 à 21:43

Pas la peine de s’énerver : l’affaire est entendue. I. Félix se verra flanquée de JM Guérineau comme principal adjoint puisque JC Sandrier a décidé de donner un coup de main à N. Sansu. Cette doublette là me semble plus proche du but que la berruyère....


#8254
Tout est bien qui finit bien - Jean-Michel Pinon - 3 octobre 2007 à  10:00

C’est bien ce que je disais : tout ça, ce n’est pas de l’union, c’est de la négociation de bas étage. C’est nul.

#8260 | Répond au message #8254
Tout est bien qui finit bien - Zelda - 3 octobre 2007 à  18:48

Ce n’est pas tout à fait cela. Au regard de la situation à Bourges et à Vierzon, il n’apparaît pas absurde que le PS mène la liste d’union de la gauche à Bourges et que le PCF le fasse à Vierzon. C’est plutôt conforme à l’esprit "politique" des deux villes confrontées à des maires de la même obédience, pour aller vite, mais aux électorats différents.
D’une certaine façon, les candidatures de I. Félix et de N. Sansu, même si l’on ne peut comparer leurs personnalités très affirmées, constituent un renouvellement du paysage politique berrichon. Et ce n’est pas à bouder.Et contrairement à ce que l’on dit, à gauche surtout, un peu rapidement, les jeux ne sont pas faits...

#8262 | Répond au message #8260
Tout est bien qui finit bien - Jean-Michel Pinon - 4 octobre 2007 à  20:44

C’est bien ce que je disais, tout ça c’est des négociations minables ; Qu’elles se déroulent bien ou mal, ce n’est pas le problème (même si je sais pertinement que ces négociations ne se déroulent pas dans un climat idilique mais plutôt dans un rapport de force, provoqué par le PS d’ailleurs... qui récolte ce qu’il sème). Le problème c’est l’absence de travail commun auour de la conception d’un programme. Que le PS et le PC se partagent les villes, tout ça, je m’en fout et en plus je trouve que c’est de la m... qui ne crédibilise pas la gauche du département, bien au contraire.

#8268 | Répond au message #8262
"Rin, rin de rin !" - bombix - 29 septembre 2007 à 12:48

En tous cas, ça semble vraiment être l’enthousiasme dans les rangs du PS du Cher ; pas un mot de cette candidature ni sur le site de la Fédération, ni sur le site de Y. Galut (ça, c’est pas vraiment étonnant). Les querelles de personnes qui, du niveau local au niveau national fleurissent dans le désert des idées d’un parti socialiste déboussolé, ne laissent pas augurer une dynamique de victoire. Comment convaincre les autres quand on est pas convaincu soi-même ? Pourtant, Bourges mériterait qu’on se décide, un jour, à construire une alternative crédible au projet Lepeltier ; lequel s’appuie sur une petite bourgeoisie frileuse qui n’est vraiment rassurée que quand elle est convaincue que rien ne changera. Le petit roi a bien compris ce qu’il fallait faire : surtout, ne rien faire ! faire semblant. Rond, courtois, sans idées particulières (surtout, pas d’idées !) surfant du FN à la gauche radicale bon teint, avec l’environnement en tête de gondole pour la com’, il s’accroche à son siège et se maintiendra. Pas besoin d’être voyant extralucide pour le savoir. Personne ne le menace véritablement. En face, chacun ne pense qu’à sa gueule, sa carrière, son ego. Chacun ne pense qu’à se servir avant de penser à servir. La chose publique reféodalisée, une morosité atone plombe notre belle province. Dormez braves gens, y a rien à voir, ni à faire. "Rin de rin" qu’on dit, en berrichon.


#8231
"Rin, rin de rin !" - Serge - 1er octobre 2007 à  08:21

Enfin bombix se lache !
Il vient de comprendre que le PS est un ramassis de nazes.
Mieux vaut tard que jamais.

#8233 | Répond au message #8231
"Rin, rin de rin !" - Eulalie - 1er octobre 2007 à  11:09

C ’est quoi la " gauche radicale " ? ("bon teint "je vois ce que c’est mais pas la gauche radicale )Ah si, peut-être le PRG ? (au travers de son parti Borloois... euh... Valois ? )
Et surement qu’il s’appuie aussi sur une grosse bourgeoisie .

#8235 | Répond au message #8231
"Rin, rin de rin !" - Pierre 18 - 2 octobre 2007 à  10:23

Il ne faut jamais se précipiter dans ses analyses, sinon on risque de glisser un peu, surtout avec cette chaussée mouillée en ces premiers jours d’automne...
L’annonce de la désignation d’Irène Félix comme "première des socialistes" pour les municipales fait la une du site internet de la fédération du P.S du Cher. Quant à Yann Galut, il vient de rendre public sur son blog un message clair et chaleureux de félicitation et de soutien à Irène Felix.
Pas de précipitation, donc ! Et ne vous inquiétez pas, l’enthousiasme est là !
Le parti socialiste part uni pour le combat des municipales, et est conscient de ses responsabilités,de l’importance de l’enjeu pour les berruyers. Aucune querelle d’ego n’est venue troubler cette désignation. Il est assez méprisant et un peu curieux de laisser croire qu’ "en face, chacun ne pense qu’à sa gueule, sa carrière, son égo".Cela est bien éloigné de la réalité. Cette aventure repose bien sur une dynamique collective, qui se fixe pour but de servir les berruyers, et, de même que le P.S avance uni et serein face à ce formidable défi, la gauche toute entière,une fois passée une phase (habituelle) de négociations entre toutes ses composantes, sera, n’en doutons pas, réunie dans le même désir d’améliorer la vie des berruyers , d’agir dans une perspective solidaire et de redonner à notre ville du dynamisme.
Cordialement.

#8244 | Répond au message #8231
"Rin, rin de rin !" - bombix - 2 octobre 2007 à  10:51

Je note que ces deux nouveautés sont intervenues après mon intervention dans l’Agitateur. Si on reprend les dates, mon billet est factuellement exact. Au reste, je traitais cette information au plus comme un symptôme.

Cette aventure repose bien sur une dynamique collective, qui se fixe pour but de servir les berruyers, et, de même que le P.S avance uni et serein face à ce formidable défi, la gauche toute entière,une fois passée une phase (habituelle) de négociations entre toutes ses composantes, sera, n’en doutons pas, réunie dans le même désir d’améliorer la vie des berruyers , d’agir dans une perspective solidaire et de redonner à notre ville du dynamisme.

Bel exercice de style : la voie officielle du P.S. parle. Elle ne peut certes pas tenir un autre discours. Laissez-nous cependant être dubitatif, surtout dans le contexte actuel. Par ailleurs, sur la méthode, il eût été préférable de négocier avant. Sans parler de stratégie, c’est déjà une faute de communication évidente cette échappée en solitaire d’I. Félix - qui pour être compétente n’en traîne pas moins l’image d’une personnalité rigide et isolée. Ce début de campagne ne peut que renforcer cette impression. La langue de bois n’y fera rien.
Cordialement aussi.

#8247 | Répond au message #8244
"Oup’s !" - bombix - 2 octobre 2007 à  12:15

Bel exercice de style : la voie officielle du P.S.

Oup’s ... il faut lire la voix officielle du P.S. parle. Je vous accorde finalement qu’on parle et qu’on écrit parfois trop vite sur internet. ;-)

#8249 | Répond au message #8247
"Rin, rin de rin !" - Pierre 18 - 2 octobre 2007 à  18:28

Eh bien, disons que lorsqu’on ne pratique pas la langue de vipère, on se voit facilement accusé de manier celle de bois...Chacun ses impressions, bien entendu, mais on peut, parfois, essayer d’être constructif et de penser à l’intérêt collectif...Enfin, face à cet intérêt collectif, ces petites "bisbilles" sont au fond assez secondaires, n’est-ce pas...
Pour le reste, je vous remercie pour votre jugement esthétique, mais quant à la "voie officielle", dans le contexte actuel que vous évoquez à juste titre,les positions défendues par le P.S berruyer tiennent peut-être plus de l’itinéraire bis. Oui, nous préférons nous concentrer sur ce que l’on peut proposer pour améliorer la vie des gens. On laisse les questions "people" à d’autres.
En gros , attendez un peu, ne vous hâtez pas dans vos jugements, vous verrez qu’il y aura bien un véritable projet de gauche proposé aux berruyers en face de celui d’une droite locale au souffle court après 12 ans de règne sans partage et qui, côté divisions, elle, en connaît un rayon...
Cordialement évidemment.

#8252 | Répond au message #8247
"Rin, rin de rin !" - Jean-Michel Pinon - 3 octobre 2007 à  10:26

Chacun ses impressions, bien entendu, mais on peut, parfois, essayer d’être constructif et de penser à l’intérêt collectif...

Le PS de Bourges aurait dû penser à cet intérêt collectif avant de faire son programme dans son coin et d’imposer sa candidate.

Oui, nous préférons nous concentrer sur ce que l’on peut proposer pour améliorer la vie des gens.

C’est très bien. Personne ne doute, pas même à droite, du sérieux et de la compétence de Irène Félix. Simplement, lorsqu’il est question d’établir une liste d’union, on ne fait pas sa petite cuisine dans son coin en obligeant sa petite famille à la bouffer sans moufter. J’espère que le PS sait ce qu’il fait et que son programme sera autrement plus sérieux avec une liste composée en fonction de la qualité des personnes et pas en fonction de leur cercle d’influence pour "ratisser large" ou motivés par leurs petits intérets perso, comme ce fut le cas aux dernières municipales. On voit où cela a mené.

On laisse les questions "people" à d’autres.

La personnalité d’une tête de liste est très importante. Ce n’est pas une question anecdotique. Si on ne peut nier les qualités d’Irène Félix, on ne peut nier également ses défauts, énoncés fort justement par Bombix (isolement, autoritarisme etc…). Personnellement, je lui reprocherais un côté très « politiquement correct » et moralisateur, avec une pincée de manque d’audace et d’impertinence, qui me laisse supposer qu’elle n’irait pas au fond des problèmes (PdB, sport à Bourges, attribution des subventions, développement universitaire, développement économique etc…) et qu’elle est, finalement, une Lepeltier de gauche, ce qui ne m’intéresse absolument pas. Mais puisqu’elle a dit qu’elle était persuadé de pouvoir convaincre ses partenaires et citoyens qui ne demandent qu’une alternative crédible au projet de M. Serge Lepeltier, et qu’elle irais à leur rencontre un par un, et puisque je suis de bonne fois, je l’attend en espérant qu’elle me fasse changer d’avis. Pour le moment, c’est pas gagné, loin de là.

En gros , attendez un peu, ne vous hâtez pas dans vos jugements, vous verrez qu’il y aura bien un véritable projet de gauche proposé aux berruyers en face de celui d’une droite locale au souffle court après 12 ans de règne sans partage

On ne demande qu’à vous croire, mais avouez que pour le moment, la candidature de Irène Félix, est un beau fiasco, au moins en terme de communication et de méthode.

#8261 | Répond au message #8252
People - bombix - 4 octobre 2007 à  08:34

Tiens, en parlant de "people", on déguste hier dans Le Monde qui autrefois était un journal sérieux, les petits potins politico-mondains à propos du mariage de l’ancien trotskiste Henri Weber et de Fabienne Servan-Schreiber, productrice de cinéma et de télévision. "Pour le mariage, Fabienne portait d’ailleurs une robe bustier écarlate, dessinée par Sonia Rykiel". T’en veux de l’info, en voilà. Non, vous ne lisez pas Match. On s’est fait le "Le Cirque d’Hiver". La "Mutu" aurait été moins chère (entre 12 000 et 15 000 euros)mais il fallait de la place pour recevoir « les nombreux amis ». Ils sont venus, ils sont tous là, les ex-gauchistes reconvertis aux bienfaits du capitalisme : "du groupe trotskiste lambertiste OCI aux hauts fonctionnaires centristes des Gracques" "Enfin, last but not least, la gauche sarko-compatible, des chargés de mission aux ministres, avait fait le déplacement en masse : l’ex-patron d’Emmaüs, Martin Hirsch, haut-commissaire aux solidarités actives, le secrétaire d’Etat aux affaires européennes, Jean-Pierre Jouyet, le ministre des affaires étrangères, Bernard Kouchner - une des vedettes de la fête."
Le "psychanalyste" Gérard Miller, qui n’en rate pas une "Si on n’est pas invité ce soir, c’est qu’on n’existe pas socialement" On se demande ce que signifie "exister socialement" dans l’esprit de ces gens-là. "Mélange des étiquettes et des genres provoquent toujours quelques scènes dignes du cinéma" glousse la journaliste Ariane Chemin, "comme l’arrivée spectaculaire de Georges Kiejman accompagné de Fanny Ardant, ou le compagnonnage du journaliste Jean-François Kahn, patron de Marianne, avec Alain Minc, ami du président de la République." Mauvais film en effet que celui de la collusion des gens de pouvoir et du tout petit monde de la médiacratie française. "Est-ce la présence des banquiers - Bruno Roger, le patron de Lazard, Philippe Lagayette, de chez JP Morgan, ou Lindsay Owen-Jones, le patron de L’Oréal ? Celle des ténors du barreau, ou des patrons de télévision - Patrice Duhamel, Jérôme Clément, Patrick de Carolis ? " C’était comme si la gauche n’avait pas perdu les élections ", sourit un membre de la noce." Mais non, elle n’a pas perdu les élections, cette gauche-là. D’ailleurs, elle est au pouvoir. Au gouvernement, ou à la tête des grandes institutions du capitalisme international."Entre deux avions, Dominique Strauss-Kahn, alors futur patron du FMI, honorait les mariés de sa présence. On le regardait déjà différemment, il est devenu international." Un peu comme on regarde, dans les noces de la France d’en-bas, le cousin qui a réussi. Car cette bourgeoisie qui a la fin des années 60 a fait un gros chahut pour se donner des frissons de révolution, n’aspire finalement qu’à une seule chose : le fric, et le pouvoir. "Des convives présents, on n’a guère entendu que le chercheur Patrick Weil protester, les jours suivants, contre la politique d’immigration du nouveau gouvernement." Et pour cause ! Et puis, d’abord, faut quand même savoir ce qui est important. Depuis quand les Seigneurs s’inquiètent-ils du sort des esclaves ?

« Vous savez, ce rêve que vous exprimez ,il est même possible qu’il soit partagé par d’autres qui donnent parfois beaucoup de leur temps pour tenter de le réaliser...Et ce sans se poser forcément la question d’un quelconque "fromage" au bout de l’histoire... » écrit Pierre 18 dans un autre post. Excusez-moi, Pierre 18, mais quand on regarde vivre et évoluer les responsables de votre parti, je me demande si c’est de votre gueule (à supposer que vous soyez sincère, mais comme je suis naïf, supposons, et quand je parle de vous, je pense aux militants de base en général bien évidemment) ou de la notre qu’ils se foutent si ouvertement.

Mais toujours cordialement,

#8263 | Répond au message #8252
People - Mercure Galant - 4 octobre 2007 à  17:38

Car cette bourgeoisie qui a la fin des années 60 a fait un gros chahut pour se donner des frissons de révolution, n’aspire finalement qu’à une seule chose : le fric, et le pouvoir.

Au regard de l’Histoire, ce constat est - somme toute - désespérément banal... Ce n’est pas du cynisme d’affirmer que c’est une évidence. Parfois cette quête du pouvoir est plus ou moins habilement masquée par ceux qui aspirent à devenir les “califes à la place du calife”. Prenons une bonne dose de démagogie ou une belle panoplie d’idéaux et on entraîne le bon peuple avec soi... Une fois en haut de la pyramide, il faut tenir, s’accrocher, car d’autres, déjà, poussent au portillon ! Effaçons les considérations idéologiques et l’on constatera même que c’est une pratique tellement courante, qu’elle n’est pas l’apanage de notre espèce. L’Homme est un loup pour l’Homme, dit-on...

#8266 | Répond au message #8263
People - Pierre 18 - 4 octobre 2007 à  19:43

Je comprends vos interrogations et une partie de votre indignation, Bombix. Il m’arrive bien entendu de les partager. Mais je crois qu’il faut dépasser certaines approches. Vous me permettrez donc quelques remarques.

1°/ Si le chemin était facile, bordé de pétales de roses si vous voulez, ça se saurait. Le croire serait en effet faire preuve de naïveté. Entre nous, avant de s’investir dans les affaires de la "cité", il y a forcément des questions que l’on se pose, si on est honnête et que l’on n’est pas atteint de cécité. Bien sûr, selon la fameuse formule, "ils croyaient changer le monde et c’est le monde qui les a changés", on peut porter un regard désabusé sur certaines évolutions, on peut s’afficher désenchanté, pour peu que l’on ait été un jour enchanté...
Cela dit, il est toujours plus facile de garder les mains d’une blancheur virginale quand on ne fait rien ou qu’on ne tente rien. La pureté, c’est un rêve orgueilleux. On n’est pas loin de ce que les grecs appelaient le péché d’hybris. Mettre un pied dans les affaires de la cité, cela demande de l’humilité et de la ténacité. Tout le contraire de la naïveté. Cela demande de ruser avec l’Histoire. On peut être lucide et sincère. Se dire que des choses valent la peine d’être essayées. S’enfermer dans la satisfaction narcissique d’avoir raison contre tous, ne pas vouloir se "souiller" et refuser toute responsabilité politique dans la Cité , je ne sais pas si c’est forcément là la voie du courage. C’est peut-être celle d’une certaine tranquillité.

2°/ Je persiste à croire qu’il est dangereux , on l’a vu dans l’histoire du XXème siècle, de faire croire que "les" responsables politiques sont cyniques, corrompus, de faire de pareilles généralisations. D’abord, parce qu’elles sont fausses. Ensuite, parce qu’elles relèvent d’une vision désespérée de l’être humain , que l’on peut ne pas partager. "L’homme est un loup pour l’homme...". Réfléchissons-y, cette vision des choses est au coeur de la pensée dominante ultra-libérale...On veut nous faire croire que l’homme serait un loup pour l’homme et qu’il n’y aurait pas de place pour la solidarité dans les sociétés humaines. On peut aussi essayer de militer pour redonner ses chances au projet du progrès humain et à une vision solidaire de l’organisation des sociétés humaines. Quand on désespère de l’être humain, le pire devient possible.

Toujours cordialement

#8267 | Répond au message #8263
People - bombix - 6 octobre 2007 à  07:55

Cela dit, il est toujours plus facile de garder les mains d’une blancheur virginale quand on ne fait rien ou qu’on ne tente rien.

Je crois qu’on peut répondre à cet argument à plusieurs niveaux.

1.Concernant l’engagement politique, je crois qu’il y a derrière une problématique très personnelle. Vous semblez justifier tout engagement par un motif moral. Or pouvez vous affirmer que tous les militants le sont parce qu’ils en ressentent l’obligation morale ? Pour le coup, je vais croire que vous êtes vraiment naïf.

2.Même en admettant que « la morale » - allez, faisons au court, le sentiment d’injustice – soit l’aiguillon principal du militant de « gauche », je crois qu’il faut marquer une rupture très nette entre ce qui relève du « politique » et ce qui relève de la « morale » ; votre argument ressemble à celui de Péguy répondant à Kant qu’il avait les mains blanches, mais qu’il n’avait pas de main. Or en faisant cette réponse, il confondait ce qui ressort du niveau « pragmatique » dans l’action et ce qui ressort du « pratique » et qui est un fait de raison, de la raison comme raison pratique. Si nous sommes des êtres moraux, c’est justement parce que ces deux niveaux ne se confondent pas et ne se confondront jamais. C’est pour cela que la morale dit "Tu dois !" sans jamais s’embarrasser de savoir si "Tu" peut. Attention aux conséquences si on cède sur cette exigence, qui fait de la morale kantienne un très très haut sommet de l’éthique. Alors évidemment, en politique ... surtout depuis Machiavel ... Malraux avait résumé ça d’une formule : on ne fait pas de la politique avec de la morale, en ajoutant, c’est vrai : on n’en fait pas sans, non plus. Je crois justement que beaucoup ont oublié la fin de la phrase : le résultat, c’est qu’on a l’impression que morale et politique s’excluent mutuellement. Si l’on reste un peu moral, il devient très très difficile de faire de la politique. C’est peut-être le tragique de notre temps.

3.C’est un peu fort de café de demander à ceux qui sont sceptiques et qui pour cette raison hésitent à s’engager de justifier leur attitude, voire de la fermer. D’abord 1) parce que c’est une problématique très personnelle, et qu’on n’a pas à moraliser, à culpabiliser les gens là-dessus, 2) parce que ce sont les gens qui sont au pouvoir qui doivent se justifier, pas les quidams de base. Au passage, faut-il rappeler que ce qu’on appelle aujourd’hui démocratie sous nos latitudes, c’est le pouvoir pour les citoyens de choisir ceux qui vont commander, pas la possibilité de participer au pouvoir. Les gens qui acceptent ce type de responsabilités doivent des comptes, que vous le vouliez ou non. Et il n’y a pas réciprocité à ce niveau, parce que la donne n’est pas la même d’un côté et de l’autre.

Je persiste à croire qu’il est dangereux , on l’a vu dans l’histoire du XXème siècle, de faire croire que "les" responsables politiques sont cyniques, corrompus, de faire de pareilles généralisations.

Il ne me semble pas avoir dit ça. En revanche, je crois me souvenir que Michel Rocard a déclaré que M. Mitterrand n’était pas un honnête homme. Ça jette un froid quand même. Surtout qu’il ne faisait pas allusion à son époque pétainiste. Mais reprenons : il y a eu des De Gaulle, des Raymond Barre, des Jaures, des Pierre Mendes-France ... (j’ai choisi des personnalités de gauche et de droite) qui je crois ne furent pas corrompus. Aujourd’hui, nous avons des Chirac (qui devrait être en prison), des De Villepin (qui devrait bientôt y aller), des Bernard Tapie (qui en sort) des Juppé, des Pasqua (qui ne va pas en prison parce qu’il a des fiches sur tous les flics et sur tous les juges de France) des Carignon, des Michel Noir, plus tous ceux non cités ou qu’on ignore. Et puis aussi, plus intéressant, des gens qui comme M. Besson changent de camp pendant une campagne électorale. Un jour chez Mc Laren, un jour chez Ferrari : ce qui est original dans ce cas là, c’est qu’il change d’écurie pendant la course. Bref, je vous laisse mesurer la distance entre les géants cités et les nains qu’on nous fait subir.

Vous pouvez croire que l’histoire « ruse ». Je vous envie ce bel optimisme.

Le fond du fond, voyez-vous, c’est que je ne crois même pas qu’il s’agit d’un problème de personnes. Le fond du fond, c’est que le socialisme à la française a cru qu’on pouvait aménager le capitalisme, et qu’il est devenu le porte serviette de celui-ci. Voyez ses grands valets, M. Strauss-Khan par exemple, ou M. Lamy. Donc le fond du fond, c’est qu’il faudrait une rupture d’avec le capitalisme, mais qu’on ne voit rien pointer qui laisse augurer une telle éventualité.

Si je dis ça, je serai sans doute pris pour un dinosaure. Tant pis. Au moins, je n’ai jamais été trotzkiste, ni maoïste, ni communiste. Les gens de ma génération, nous sommes venus après tout ça. Nous avons vu les soixante-huitard faire un carnaval et essayer de nous faire croire qu’ils faisaient la révolution (un type lucide comme Pierre Goldmann ne s’était pas fait avoir sur ce coup), baiser à tout va, puis nous refiler le sida, faire du fric à tout va, puis nous inventer le chômage de masse, faire des carrières en surfant sur les opportunités, puis bloquer l’ascenseur social en cassant l’école et en cadenassant les postes. Aujourd’hui, ils arrivent à la retraite – et pendant qu’on va la leur payer leur retraite, ils font reculer la nôtre de cinq, dix ou quinze ans. Ils vont peut-être même nous demander de nous la payer nous-mêmes en capitalisant sur nos maigres salaires.

Et je préfère même pas parler du sort réservé à nos enfants. J’ai un neveu, 26 ans, bac + 2 (BTS dans une branche industrielle). Pour la première fois, il décroche un CDI, dans la boite qui l’a embauché pendant des années bon marché avec les aides au patronnat. Mais comme il bosse bien, ils l’embauchent en CDI. 1100 euros net. Elle est pas belle la vie ? M. Pierre18, vous connaissez le prix des loyers, de la baguette de pain et de la salade ? Et je ne parle pas du prix des maisons. Alors maintenant imaginez le sort des employés et des ouvriers non qualifiés. Et le sort du chômeur qui s’appelle Rachid.

La crise qu’on vit, c’est aussi la crise d’une certaine génération, que des observateurs attentifs comme Louis Chauvel ont su mettre en évidence. Précisément, c’est ce cynisme insupportable d’une certaine génération 68 que je pointais dans cet article débile du Monde (du temps de De Gaulle, on pouvait y lire Jean Lacroix ; du temps de Sarkozy, on y lit Ariane Chemin. Et vous voulez que je ne sois pas pessimiste ;-) ).

Car moi, voyez-vous, je ne le supporte plus.

Et je suis bien obligé de constater que parmi les gens de cette génération, beaucoup président aux destinées du Parti Socialiste.

Cordialement,

PS : tout ceci étant dit, j’aime bien quand même cette devise de Gramsci : concilier le pessimisme de l’intelligence et l’optimisme de l’action ;-) Si c’est ce que vous vouliez dire, nous sommes d’accord.

#8271 | Répond au message #8267
People - Pierre 18 - 8 octobre 2007 à  22:41

Tout d’abord, une remarque : autant j’ai pu trouver que certaines remarques, un peu trop précipitées, étaient injustes car elles obéissaient plus à la logique d’un billet d’humeur et à certains a priori qu’à une analyse de fond, autant votre média permet aussi de prendre parfois le temps de la réflexion et de la discussion avec l’autre. Ce temps là n’est plus si fréquent de nos jours. Ne serait-ce que pour cette raison, il est bon que l’Agitateur puisse exister dans le panorama berruyer.

Quelques remarques à mon tour en réponse à vos réflexions :

1°/ Je sais bien que vous évoquiez dans un message précédent une prétendue "voix officielle" s’exprimant par ma plume, mais je me garderai bien de parler pour "tous" les militants ! Parler en son nom propre, c’est déjà suffisant ! Cela dit, si on parle du militant "de base", je persiste à dire qu’il n’est généralement pas mû par l’ambition sociale (ou alors, il faudrait, pour le coup, qu’il soit très très naïf !). Le militant de base donne surtout, la plupart du temps, un peu de son temps par rapport à des convictions qu’il souhaite défendre. Après, qu’il y ait quelques ambitieux, qui pensent à un "plan de carrière", sans doute, on en connaît tous quelques uns, mais ceux-là vont rarement bien loin dans le militantisme car ils s’aperçoivent (surtout quand on choisit de militer à gauche !) que cela ne va pas assez vite ou assez loin par rapport à leurs attentes. Quant à sonder les tréfonds de l’âme humaine et de ses motivations "réelles" et coupables (narcissisme...), je laisse ça aux moralistes jansénistes ! Vous savez,nombre de leaders de la gauche locale ont dû attendre 20 ou 30 ans de militantisme avant de se retrouver dans la situation d’exercer une responsabilité à un échelon ou à un autre. Alors, au niveau national, on voit certes le comportement de certains politiciens de métier , prêts à se prostituer pour un portefeuille ministériel...Le spectacle nous est servi en technicolore, que voulez-vous rajouter ? D’autres encore trahissent leurs idéaux pour des raisons de stratégie électorale...Mais ce n’est pas parce que ces comportements existent qu’il faut conclure à leur généralisation.

2°/ Qu’il soit bien clair que je ne demande à personne de "la fermer" ! Je comprends que, pour de multiples raisons, on choisisse de ne pas s’engager. Mais vous reconnaîtrez qu’à l’inverse on n’a pas à moraliser et culpabiliser ceux qui s’engagent !

3°/ Je vous rejoindrai sur ce que vous dites sur la démocratie. Il y a un niveau où ça "coince". Elle a de sérieuses limites sur lesquelles il nous faut réfléchir. Effectivement, la liberté de l’électeur s’exerce par rapport à une offre politique qu’on lui soumet et sur laquelle il n’a pas forcément de prise. Ce qui peut créer cette sensation de choix par défaut qui est une des maladies de notre démocratie. Mais je vous signale que certains au parti socialiste critiquent cet état de fait. Je vous renvoie, par exemple aux analyses de Jacques Généreux dans son dernier essai, La Dissociété. D’accord , nous avons une série de "nains" politiques à contempler depuis quelques mois...Besson, Kouchner, Allègre (mais celui-là, franchement, il aurait dû être "offert" à la droite depuis longtemps !)...Mais bon, nous sommes quelques uns à ne pas êre surpris outre mesure par cette liste-là...Sarkozy , sur le fond, sait bien qui il peut débaucher et qui il ne peut pas...Oui, à mes yeux, certains au P.S ont franchi une ligne jaune et ont tout simplement rejoint le camp d’en face. D’autres n’en sont pas là mais entretiennent des ambiguïtés sur le plan des idées...Vous parliez de "nains"...L’oeuvre de "Nicolas le petit", pour copier la formule d’Hugo destinée à Napoléon III, permet au moins d’effectuer un tri salutaire ! Mais encore une fois, de grâce, ne commettez pas l’erreur de noyer tout le monde dans un même mouvement...Sur le plan national, il y a des responsables socialistes qui mènent une analyse de fond et qui luttent pour infléchir certains choses (je peux là aussi vous renvoyer aux travaux de Gérard Filoche, au livre de Guillaume Bachelay, aux travaux de l’économiste Liêm Hoang-Ngoc, même s’il peut agacer parfois au dernier livre de Mélenchon, et aux analyses de plusiers hauts responsables de ce que l’on appelle "l’aile gauche" du P.S). Alors, le "pessimisme de l’intelligence", c’est parfois de se sentir un peu isolé à la pointe de ce combat là, mais l’optimisme de l’action consiste à se dire que les seuls combats perdus d’avance sont ceux que l’on ne mène pas. Et sur le plan local, il y a effectivement , à gauche , des gens probes et qui ne renoncent pas à leurs convictions (oui, y compris en tête de liste, si vous suivez mon regard !), qui s’apprêtent à se présenter devant les berruyers pour solliciter leurs votes...Après, il y a des personnalités politiques dont on peut contester les choix, critiquer les résultats ou encore les méthodes, mais tout en respectant leur probité et leur sincérité.

4°/ La capacité d’indignation que vous exposez, reconnaissez que ce peut aussi être un facteur déterminant pour un engagement en politique !

5°/ Oui, je connais le coût de la vie...j’espère que votre question correspondait à un procédé rhétorique...parce que sinon, vous me prenez vraiment pour un autre ! Je fais partie, comme vous sans doute de ce que l’on appelle les classes moyennes, et je suis donc obligé (et ce de plus en plus !), moi aussi, de compter...

Votre citation de Gramsci est effectivement une manière intéressante d’aborder le débat.
La fameuse dialectique du réel et de l’idéal exprimée par Jaurès dans son discours à la jeunesse("tordue" et récupérée ces derniers temps, il est vrai, par des commentateurs mal intentionnés qui font rimer "réel" avec "pragmatisme" et lois qui régissent le système néo-libéral) est aussi un moyen d’éclairer le débat : "Le courage, c’est (...) d’aller à l’idéal et de comprendre le réel ; c’est d’agir et de se donner aux grandes causes sans savoir quelle récompense réserve à notre effort l’univers profond, ni s’il lui réserve une récompense. Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire ; c’est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe...".
Cordialement.

#8285 | Répond au message #8271
People - bombix - 9 octobre 2007 à  19:49

Tout d’abord, une remarque : autant j’ai pu trouver que certaines remarques, un peu trop précipitées, étaient injustes car elles obéissaient plus à la logique d’un billet d’humeur et à certains a priori qu’à une analyse de fond, autant votre média permet aussi de prendre parfois le temps de la réflexion et de la discussion avec l’autre.

Il est de bonne méthode, je crois, de distinguer les contenus des articles et ce qui apparaît sur les forums. Je parle en mon nom, mais je crois que cela vaut pour tous les rédacteurs réguliers de ce site : nous essayons de produire des articles qui s’appuient sur des informations vérifiées ou qui développent une réflexion informée. Ce qui nécessite du travail. En revanche, les forums sont plus proches de la conversation courante. L’humeur s’y épanche plus facilement, c’est vrai. C’est la complémentarité de ces deux approches - l’une plus immédiate, l’autre plus réfléchie - avec la possibilité d’une interaction rapide des lecteurs (qui sont aussi ou peuvent être auteurs), qui donne son intérêt à ce média, qui n’est pas le nôtre, mais qui doit devenir un bien commun.

Je sais bien que vous évoquiez dans un message précédent une prétendue "voix officielle" s’exprimant par ma plume, mais je me garderai bien de parler pour "tous" les militants ! Parler en son nom propre, c’est déjà suffisant !

Certes. Mais d’abord, je n’ai rien contre les voix officielles. Il est normal que les organisations ou les partis s’expriment. J’avais émis cette hypothèse au ton mesuré et rassurant de votre premier message, diplomatique allais-je dire. Il est vrai que vous avez personnalisé davantage votre intervention au fur et à mesure que la conversation avançait.

Cela dit, si on parle du militant "de base", je persiste à dire qu’il n’est généralement pas mû par l’ambition sociale (ou alors, il faudrait, pour le coup, qu’il soit très très naïf !). Le militant de base donne surtout, la plupart du temps, un peu de son temps par rapport à des convictions qu’il souhaite défendre.

Oui. Vous avez sans doute raison. J’en ai connu. J’ai connu un ouvrier, ami de mes parents, socialiste de la première heure. C’est à lui que je pense souvent quand je vois les frasques des Besson et consorts. Je me demande ce qu’il en pense, si ça valait bien la peine de coller, faire les cages d’escaliers, distribuer des tracts pendant des années pour en arriver là. Lui, père d’une famille nombreuse, n’a jamais pu s’acheter une voiture. J’ai beaucoup de respect pour lui et tous ceux qui lui ressemblent. Combien reste t-il d’ouvriers militants au PS ?

Après, qu’il y ait quelques ambitieux, qui pensent à un "plan de carrière", sans doute, on en connaît tous quelques uns, mais ceux-là vont rarement bien loin dans le militantisme car ils s’aperçoivent (surtout quand on choisit de militer à gauche !) que cela ne va pas assez vite ou assez loin par rapport à leurs attentes. Quant à sonder les tréfonds de l’âme humaine et de ses motivations "réelles" et coupables (narcissisme...), je laisse ça aux moralistes jansénistes !

Je n’ai jamais eu l’intention de sonder les reins et les coeurs. Mais quand on voit la distorsion entre les discours et les attitudes, on ne peut manquer de se poser des questions. Que certains aient parié sur le PS pour faire une carrière, vous ne pouvez pas le nier non plus. Enfin, que ce parti soit devenu un tremplin pour des notables (de gauche pour certains, mais notables quand même) et non un vrai parti de gauche avec une base populaire, cette réalité sociologique-là, vous ne pouvez pas la nier.

Vous savez,nombre de leaders de la gauche locale ont dû attendre 20 ou 30 ans de militantisme avant de se retrouver dans la situation d’exercer une responsabilité à un échelon ou à un autre.

Yann Galut a milité 30 ans avant d’être investi pour les législatives ? Il a du commencer bien jeune ;-) (Je n’ai rien de spécial contre lui, mais c’est un contre exemple qui vient immédiatement à l’esprit)

Alors, au niveau national, on voit certes le comportement de certains politiciens de métier , prêts à se prostituer pour un portefeuille ministériel...Le spectacle nous est servi en technicolore, que voulez-vous rajouter ?

Rien. C’est éloquent, en effet.

Qu’il soit bien clair que je ne demande à personne de "la fermer" ! Je comprends que, pour de multiples raisons, on choisisse de ne pas s’engager. Mais vous reconnaîtrez qu’à l’inverse on n’a pas à moraliser et culpabiliser ceux qui s’engagent !

Ce n’était pas spécialement mon propos. Ce serait quand même particulièrement idiot.

Je vous rejoindrai sur ce que vous dites sur la démocratie. Il y a un niveau où ça "coince". Elle a de sérieuses limites sur lesquelles il nous faut réfléchir. Effectivement, la liberté de l’électeur s’exerce par rapport à une offre politique qu’on lui soumet et sur laquelle il n’a pas forcément de prise. Ce qui peut créer cette sensation de choix par défaut qui est une des maladies de notre démocratie. Mais je vous signale que certains au parti socialiste critiquent cet état de fait. Je vous renvoie, par exemple aux analyses de Jacques Généreux dans son dernier essai, La Dissociété.

Alors à ce point précis de la conversation, on revient à ce qui l’a motivée. J’ai dit simplement, et JMP avec moi dans d’autres posts, et nous sommes sans doute nombreux à le penser, que la candidature à la hussarde d’Irène Félix n’allait pas dans le sens d’un processus démocratique qui prend en compte toutes les tendances et toutes les sensibilités et qui essaie de bâtir un consensus (y compris avec des membres de la société civile qui ne sont pas forcément encartés quelque part, mais qui peuvent jouer un rôle dans la vie de la cité) pour proposer une candidature unitaire à gauche. On parle beaucoup de "démocratie participative" ; mais tant que les règles de fonctionnement des appareils n’auront pas changé, tout ça restera des mots vides de sens.

Mais encore une fois, de grâce, ne commettez pas l’erreur de noyer tout le monde dans un même mouvement...Sur le plan national, il y a des responsables socialistes qui mènent une analyse de fond et qui luttent pour infléchir certains choses (je peux là aussi vous renvoyer aux travaux de Gérard Filoche, au livre de Guillaume Bachelay, aux travaux de l’économiste Liêm Hoang-Ngoc, même s’il peut agacer parfois au dernier livre de Mélenchon, et aux analyses de plusiers hauts responsables de ce que l’on appelle "l’aile gauche" du P.S)

Je prête une oreille attentive aux personnalités que vous citez. Certains, comme Mélenchon, ont, à mon sens, défendu l’honneur du Parti auquel vous appartenez, tandis que d’autres, beaucoup plus nombreux, le trainaît, cet honneur, dans la boue. Mais ils sont loin de représenter la majorité. Ils restent au PS comme des témoins, sans réelle influence sur les orientations du Parti.
Je soutiens, et je ne suis pas le seul, qu’il y a une logique dans la défection actuelle d’une partie de l’état-major du PS. Pardonnez l’outrecuidance, mais je me citerai, dans un article paru dans ces colonnes même :

On ne s’appesantira donc pas davantage sur le thème de l’éternelle trahison. Encore une fois, si l’on veut y comprendre quelque chose, ce n’est pas vers le mythe, fut-il celui de Judas, qu’il convient de se tourner, mais vers la logique politique. S’il fallait un seul argument pour dire combien il est insuffisant d’accuser les faiblesses personnelles de tel ou tel dans une débandade aussi énorme, il suffirait de dresser la longue liste des pressentis. Sarkozy non seulement n’a pas fait d’efforts pour débaucher à gauche, mais il s’est payé le luxe de choisir. Citons pêle-mêle dès avant le premier tour les Roger Hanin, Georges Benamou et autres Max Gallo, puis avant le 6 mai les encouragements de Charasse, les consultations de Védrine, Allègre, Lauvergeon, et j’en passe (Lang ?). Le débauchage ne fut si aisé que parce que les différences politiques se situaient à la marge.

Sarkozy dans les premiers jours de son quinquennat avait tout intérêt à réunir un gouvernement « d’union nationale ». D’abord parce qu’il en retirait un bénéfice politique immédiat, en mettant une belle pagaille dans le camp d’en face, ensuite parce qu’il faudra rien de moins que « l’union nationale » en effet pour faire avaler ce qu’il nous prépare. Cette « union nationale » était un objectif d’autant plus facile qu’il aura suffi pour l’atteindre de faire taire les fausses oppositions et de s’entendre sur l’essentiel. Examinons le cas Kouchner : au-delà de la popularité du french doctor, ce qui rapproche Kouchner de Sarkozy c’est la question européenne, l’Europe de « la concurrence libre et non faussée ». Voilà le point de jonction. Kouchner, déçu que l’on n’ait pas reconnu ses mérites, a changé de patron, certainement pas de politique. Les notables du parti socialiste qui ont dit oui au T.C.E. disent logiquement oui à Sarkozy. Faut-il encore des arguments ? On citera alors le cas Jouyet : Jean-Pierre Jouyet devient, aux côtés de Kouchner, Secrétaire d’État aux affaires européennes. Jouyet - ex passerelle potentielle du côté de Bayrou - ami intime du couple Hollande Royal, va tout naturellement appliquer pour Sarkozy la politique que le PS, contre le peuple, majoritaire le 29 mai 2005, a continué à faire sienne...

Que dire en conclusion, sinon que Sarkozy n’ouvre rien du tout mais se contente d’enfermer le parti socialiste dans ces propres contradictions, et de pousser son avantage...

J’avais évoqué Kouchner. Je ne pensais pas qu’il épouserait à ce point la position atlantiste de Sarko. Mais bon, l’essentiel, c’était la question de l’Europe ; c’est là la pierre d’achoppement entre la gauche à l’ancienne dont vous semblez faire partie, et la nouvelle gauche. Entre les conservateurs et les réformistes dirait Besson dans son langage inimitable. Le 29 mai a marqué une date. Ce qui a suivi n’est pas en contradiction avec cet évènement.

Alors, le "pessimisme de l’intelligence", c’est parfois de se sentir un peu isolé à la pointe de ce combat là, mais l’optimisme de l’action consiste à se dire que les seuls combats perdus d’avance sont ceux que l’on ne mène pas.

Je suis d’accord. Mais il y a aussi des combats qu’on mène avec des gens qui transforment la défaite de leurs troupes en victoire de leur caste.

Et sur le plan local, il y a effectivement , à gauche , des gens probes et qui ne renoncent pas à leurs convictions (oui, y compris en tête de liste, si vous suivez mon regard !), qui s’apprêtent à se présenter devant les berruyers pour solliciter leurs votes...

Comme disait Jacques Brel, "On fait c’qu’on peut, mais ... y’a la manière" Voir mes remarques plus haut.

Après, il y a des personnalités politiques dont on peut contester les choix, critiquer les résultats ou encore les méthodes, mais tout en respectant leur probité et leur sincérité.

Elle n’est pas mise en doute. Au moins l’unanimité est établie sur ce point précis.

La capacité d’indignation que vous exposez, reconnaissez que ce peut aussi être un facteur déterminant pour un engagement en politique !

Attention sur ce point. Elle peut aussi engendrer du ressentiment, vecteur des engagements les plus nauséabonds.

Oui, je connais le coût de la vie...j’espère que votre question correspondait à un procédé rhétorique...parce que sinon, vous me prenez vraiment pour un autre ! Je fais partie, comme vous sans doute de ce que l’on appelle les classes moyennes, et je suis donc obligé (et ce de plus en plus !), moi aussi, de compter...

Oui, c’était un procédé rhétorique si vous voulez. Une façon de vous prendre à parti, comme "existant", et non comme simple locuteur. Et nous ne sommes pas, vous et moi, membres des classes dites moyennes, les plus à plaindre loin de là.

Votre citation de Gramsci est effectivement une manière intéressante d’aborder le débat. La fameuse dialectique du réel et de l’idéal exprimée par Jaurès dans son discours à la jeunesse("tordue" et récupérée ces derniers temps, il est vrai, par des commentateurs mal intentionnés qui font rimer "réel" avec "pragmatisme" et lois qui régissent le système néo-libéral) est aussi un moyen d’éclairer le débat : "Le courage, c’est (...) d’aller à l’idéal et de comprendre le réel ; c’est d’agir et de se donner aux grandes causes sans savoir quelle récompense réserve à notre effort l’univers profond, ni s’il lui réserve une récompense. Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire ; c’est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe..."

Merci pour cette citation du grand Jaurès. C’est tout de même plus agréable à attendre dans la bouche d’un socialiste que dans celle de Sarkozy. ;-)

Toujours cordialement bien sûr,

#8294 | Répond au message #8285
"Rin, rin de rin !" - Jean-Michel Pinon - 2 octobre 2007 à  11:04

Cette aventure repose bien sur une dynamique collective

Il est évident qu’il s’agit d’une union de façade, mais passons... Ce qui me dérange surtout, c’est que cette "dynamique collective" s’est faite entre socialistes. Or, quand on a vocation à créer une liste commune, il me semble que la méthode employée est déjà foireuse. Pour moi, on ne fait pas un projet dans son coin entre socialistes en imposant à la fois une tête de liste sans discussion possible et un programme à ses "partenaires" de gauche. Toute union qui se fera (et j’espère néanmoins qu’elle se fera) ne pourra résulter que d’une tangouille politicienne ragoûtante (j’te donne tel canton, tu m’laisse la mairie etc...). Pour faire une vraie liste d’union, il faut un programme d’union : c’est à dire que les différents protagonistes se réunissent et travaillent ensemble pendant deux ou trois ans à l’élaboration d’un programme. Malheureusement, ce qui va se passer, ce sont de simples "négociations" pour une liste unique à gauche. Ce n’est pas cela l’union selon moi. Et c’est pourquoi je pense que la gauche va se faire exploser littéralement par la liste de Serge Lepeltier, lequel, une fois n’est pas coutume, a fait un travail de préparation et de concertation irréprochable. Seul espoir pour limiter la casse, c’est que le programme concocté par le PS soit au moins solide afin de faire oublier des pratiques et des méthodes à mon sens déplorables.

#8248 | Répond au message #8244
"Rin, rin de rin !" - 2 octobre 2007 à  12:34

Quand je vous dis qu’il faudrait faire une liste indépendante pour mettre un peu d’animation !

#8250 | Répond au message #8248
Tangouille’blues - bombix - 2 octobre 2007 à  16:15

une tangouille politicienne ragoûtante

Joli néologisme, Jean-Michel. À mi-chemin entre la tambouille peu affriolante où voisinent pêle-mêle des ingrédients disharmoniques difficiles à discerner, et la magouille qui trafique en catimini dans les arrière-cuisines, officines et autres coins sombres des orgas, des partis, parmi les tendances, au mépris des règles, de la transparence et des principes proclamés avec emphase. Est-ce qu’un jour, nos marmitons de la politique, les griffes acérées et les yeux agrandis par la passion du pouvoir, cesseront de nous présenter ces plats avariés, tandis qu’ils se réservent, eux, de gras et gros fromages nourrissants ? I have a dream ...

#8251 | Répond au message #8248
Tangouille’blues - Pierre 18 - 2 octobre 2007 à  18:44

A mon tour de vous féliciter pour vos effets de style..."Bon appétit messieurs", certes, écrivait Hugo. Mais j’oserai tout de même une suggestion : attention à ne pas tomber dans la confusion du "tous pourris". Vous savez, ce rêve que vous exprimez ,il est même possible qu’il soit partagé par d’autres qui donnent parfois beaucoup de leur temps pour tenter de le réaliser...Et ce sans se poser forcément la question d’un quelconque "fromage" au bout de l’histoire...

#8253 | Répond au message #8251