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Pourquoi les pauvres votent-ils Le Pen ? - bombix - 13 octobre 2011 à 00:37

C’est très bien de critiquer, encore faut-il lire, et viser juste.

1. L’enquête ne vient pas de « journaleux » comme vous dites, mais de sociologues et de professionnels rompus aux enquêtes sociales et politiques.

2. Vous dites :

dire que le FN monte grâce à ces cons des classes populaires qui votaient avant PC...Sauf que ça ne fonctionne pas ou peu. Les deux tiers de l’électorat FN viennent de la droite après être passé par une période d’abstention. Quand on reconstruit les biographies des électeurs FN, oh surprise...la figure du gaucho-lepénisme devient minoritaire (sauf localement comme à Hénin Baumont, ville marquée par les affaires de corruptions des anciens élus de gauche)

et j’écris :

Une partie de l’électorat populaire, ouvrier, a cru Sarkozy en 2007. C’est triste, mais c’est comme ça. La droite a toujours pu compter sur un électorat populaire et ouvrier. Sarkozy a su le séduire par un subtil mélange de démagogie, de xénophobie, de revendications identitaires, et de promesses d’amélioration de la vie matérielle (« travailler plus pour gagner plus »). C’est peu de dire que ces gens ont été déçus : ils ont le sentiment d’avoir été trahis. « On s’est fait avoir une fois et il pense pouvoir recommencer en 2012 ? Mais c’est qu’il nous prend pour des débiles » résument souvent sans ambages les questionnés [8]. Résultat : 30% de la population française, les moins riches d’entre nos concitoyens, les plus précarisés, des employés, des ouvriers, des chômeurs ou des bénéficiaires du RSA, et qui gagnent moins de 1250 euros par mois sont sensibles à l’offre lepéniste. 28% des électeurs des classes populaires qui ont voté Sarkozy en 2007 sont prêts à passer au FN. Seulement 46% revoteraient Sarkozy.

Donc, Fourquier et Mergier parlent principalement d’un électorat qui vient de la droite, on ne parle pas ici des anciens électeurs du PC. Bien difficile puisqu’il n’y en a plus. Vous pouvez me rappeler le score de M.G Buffet en 2007 ?

Vous écrivez toujours :

Alors avançons une autre hypothèse davantage en lien avec les histoires des scrutins et de l’électorat FN (très fluctuant d’ailleurs) : Ne serait-ce pas simplement l’impuissance d’un omniprésident qui banalise l’intolérance qui renverrait les électeurs de droite dans les bras de Marine ? Ne serait-ce pas finalement le discours sécuritaire qui à la manière d’une prophétie auto-réalisatrice ferait grossir le vote FN en le décomplexant.

Et moi je dis

Sarkozy a su le séduire par un subtil mélange de démagogie, de xénophobie, de revendications identitaires, et de promesses d’amélioration de la vie matérielle (« travailler plus pour gagner plus »).

C’est assez clair pour moi qu’il récolte la tempête après avoir semé le vent.

Mais voilà, si on arrête l’analyse là, on ne comprend pas grand-chose. Le fait est que les « petits blancs » se sentant lâchés par Sarkozy ne se tournent pas vers la gauche molle ou dure (ce qui ne l’empêche pas de préparer des alliances électorales et de marchander des strapontins quand la nécessité s’en fait sentir), mais vers Le Pen. En réalité, il ne font plus confiance dans les partis bourgeois traditionnels, dans l’UMPS comme ils disent. Renvoyer la responsabilité sur le seul Sarkozy est certes rassurant, voilà un diable bien pratique. Ca permet d’exonérer la gauche de toute responsabilité. Orienter l’analyse du côté d’une certaine logique politique propre au libéralisme — dont se réclame la gauche comme la droite — permet d’appréhender le phénomène sous un autre angle. Ici, c’est moi qui parle, et non les auteurs :

Le libéralisme dissout le lien social, éradique les identités collectives, favorise la montée des égoïsmes et débouche sur la guerre de tous contre tous. Il sacrifie aussi les plus démunis sur l’autel du « marché » mondialisé. Les dirigeants gagnés par cette idéologie sont logiquement perçus à la fois comme les artisans d’un délitement intérieur, et comme des spectateurs incapables de protéger la population des coups d’un environnement extérieur de plus en plus impitoyable.

C’est pourquoi je renvoie aux analyses de Michéa. On pourrait aussi mobiliser la critique des communautariens américains (McIntyre, Sanders, Taylor) contre le libéralisme de Rawls (philosophe politique classé à gauche) — mais mon article était déjà trop long ;-). Pour finir, je suis assez critique vis à vis du thème de la "protection" développée par les auteurs du rapport. Une bonne politique vise à la conquête de l’autonomie, pas à la recherche du bon berger.

Quoi qu’il en soit, la gauche serait bien inspirée d’entendre la leçon contenue dans ce rapport, d’internaliser la critique, plutôt que de renvoyer toujours la balle du côté de Sarkozy. Au reste, le phénomène Le Pen n’est pas né avec Sarkozy, comme vous le savez.


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